1er dimanche de carême – 6 mars 2022
Frères et sœurs,
Comment se fait-il que Jésus ait pu être tenté ? Et en quoi cela nous concerne-t-il ? Trois réponses.
Jésus a pu être tenté parce que la tentation, ce n’est pas le péché. Avant de tomber dans le péché il y a la suggestion. La suggestion n’est pas un péché. Si nous prenons le récit du livre de la Genèse, c’est le moment où Adam et Eve entendent : « vous ne mourrez pas ! » et « vous serez comme des dieux. » Je vois quelqu’un de très attirant et je dis …. ? : « Amen, merci Seigneur pour la beauté de ta création ! » Nous ne sommes que dans la suggestion, il n’y a pas de péché. Mais il y a une deuxième étape, la convoitise. C’est le moment où Adam et Eve trouvent que le fruit est de bel aspect et qu’il doit être profitable puisqu’il apporte la connaissance. C’est le moment où Minnie fait un superbe clin d’œil à Mickey et l’adultère est déjà commis dans son cœur, comme l’affirme Jésus dans l’Evangile. Il paraît que le saut entre la convoitise et le passage à l’acte est très petit, nous sommes déjà dans le péché. Jésus, lui, a subi la tentation de la suggestion : sauver le monde autrement que de la façon dont la Sainte Trinité l’avait décidé au Ciel, et il a immédiatement repoussé la suggestion par trois fois.
Deuxièmement, Jésus a livré le Combat décisif contre le Démon : inauguré lors des Tentations au désert, et consommé dans la Passion et le mystère pascal : Duel prodigieux, comme le chante la séquence de Pâques. Ce qui veut dire que le diable est vaincu ; il a perdu mais il a encore un pouvoir de nuisance dont il tente de nous faire croire qu’il est très grand. Nous sommes bien armés pour nous en sortir indemnes, en nous rappelant que nous sommes engagés dans un combat spirituel, et que nous avons toujours la possibilité d’appeler Jésus au secours.
Car, troisièmement, Jésus a été tenté pour nous permettre d’identifier la tactique du diable. Il veut nous permettre de déjouer ses pièges qui sont toujours les mêmes : le mensonge et l’homicide. Surtout le mensonge, car il ne peut pas tuer par lui-même, il faut qu’il se cherche des suppôts pour le faire.
Sa tactique est vieille comme le monde, ou plutôt elle remonte à la toute première tentation de l’histoire. Il commence par un mensonge qui a l’air d’une vérité. Tout est là. Dans la panoplie du chrétien décrite par saint Paul (Eph 6,14), il y a le bouclier de la foi, le casque du salut, les rangers pour annoncer l’évangile, l’épée de la parole,… et la ceinture de la vérité. Deux séminaristes malicieux, un exégète et un dessinateur avaient montré que si le démon arrive à faire tomber la vérité, le pantalon tombe et pour le rattraper, le chrétien laisse tomber tout le reste.
Or le diable dit à Jésus : « Puisque tu es le Fils de Dieu » (jusque-là c’est vrai). C’est la suite qui ne l’est pas : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. » Dieu le Fils n’est pas venu sur terre pour résoudre nos problèmes de nourriture. Il n’est pas venu nous sauver du chômage ou de la précarité ; il n’est pas venu nous sauver de la varicelle ou de la rubéole, ni du corona dont la létalité somme toute très basse, n’a pas varié, vax ou pas vax. Le Christ est venu nous sauver de la « damnation éternelle ». L’expression est forte : c’est le malheur absolu et définitif, la seconde mort, comme l’appelle l’Ecriture. C’est ainsi que Dieu nous crée par sa Toute-Puissance ; et nous sauve par sa toute faiblesse.
Nous subissons les mêmes attaques ; le démon nous dit : « Puisque tu es créateur à l’image de Dieu, tu peux être le maître de l’atome, tu peux sélectionner des embryons d’enfants pour qu’il n’y ait plus de malade, tu peux faire un homme augmenté, peut-être immortel, etc. etc. et ce sera tellement mieux que ce que la nature vous impose» Après le mensonge, le démon flatte notre curiosité et notre orgueil ; et cela marche.
(A Adam et Eve il commence par dire le contraire de ce que Dieu leur avait dit. Chapitre 2 de la Genèse : « Le Seigneur Dieu donna à l’homme cet ordre : « Tu peux manger les fruits de tous les arbres du jardin ; mais l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n’en mangeras pas. » Chapitre 3 : Le serpent […] dit à la femme : « Alors, Dieu vous a vraiment dit : “Vous ne mangerez d’aucun arbre du jardin” ? » La femme rectifie d’abord, mais l’autre introduit le soupçon sur l’intention de Dieu, et ensuite il ment effrontément. « La femme répondit au serpent : « Pour le fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : « Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas, sinon vous mourrez.» Le serpent dit à la femme : « Pas du tout !»
Moralité : Il ne faut jamais discuter avec le Diable ; on se fera toujours avoir : car ses mensonges dissimulent une haine mortelle.)
Conclusion : il faut toujours se cramponner à la vérité, et la partager ; et pour ça, il faut du courage. André Frossard disait avec malice que le bloc soviétique a commencé de s’effriter quand un député a posé cette question : pourquoi mettons-nous les clous dans un magasin et les marteaux dans un autre ? De même on peut s’interroger sur ces dernières années chez nous : pourquoi continuer à dire « en l’absence de tout traitement connu », alors que tout le monde sait bien qu’il y a de nombreux traitements efficaces et peu coûteux. Ce qui répond déjà à une autre question : pourquoi avoir attendu les injections géniques expérimentales des laboratoires ? Et du coup: pourquoi avoir interdit aux médecins de soigner et de prescrire ? Et surtout : pourquoi avoir ordonné aux malades d’attendre d’étouffer chez eux pour appeler le Samu? Menteur .. et homicide, c’est ça ? Au contraire, un manifestant avait simplement écrit : « Il y a six mois, ceux qui annonçaient le pass sanitaire étaient pointés du doigt comme complotistes. » Et un autre « Une loi peut être supprimée, une injection non ».
C’est très important d’exposer ou de rétablir la vérité. Je le dis aux fiancés qui préparent leur mariage. Vous recevez la mission de parler de Jésus à vos enfants. Si vous le faites, d’abord vous-mêmes serez enseignés, et deuxièmement, Jésus vous simplifiera la vie . Exemple. Quand il y a dans la famille une mort tragique, que dit-on aux enfants : « Mamy est partie », « Mamy est une étoile ». C’est dans une bonne intention, mais on dit que « l’enfer est pavé de bonnes intentions ». Deux fiancés m’ont dit : « on ne leur dira jamais que Mamy est partie parce chez nos amis maintenant l’enfant est dans l’angoisse chaque fois que son papa part de la maison ». Alors que s’ils connaissent Jésus le meilleur des hommes et le Fils de Dieu, il suffira de lui dire : « Mamy est avec Jésus ». L’enfant sera rassuré et content de savoir que Mamy est en si bonne compagnie. Seigneur Jésus, merci d’avoir livré le Combat pour nous. Nous ne vivons pas pour gagner une victoire mais pour annoncer et gérer en vérité celle que tu as déjà remportée. Amen !
Dimanche 13 mars 2022 : 2ème dimanche de Carême.
Frères et sœurs, saint Matthieu et saint marc, quand ils décrivent le même évènement de la vie de Jésus disent aussi que les trois apôtres ont vu Jésus avec Moïse et Elie. Le Libérateur d’Israël et le Premier des Prophètes « s’entretenaient avec Jésus ». Seul saint Luc nous dit de quoi ils parlaient. Ils s’entretenaient avec Jésus « de son départ à Jérusalem ».
Saint Luc qui écrit en grec parle de « son Exode ». Qu’est-ce qu’il faut comprendre ?
Moïse représente les cinq premiers livres de la Bible. Elie représente tous les autres livres. Cela veut donc dire que toute la Bible parle essentiellement de ce qu’il va se passer à Jérusalem et que nous allons revivre du 9 au 17 avril, la Passion de Jésus, son Départ vers le Ciel.
Les alpinistes, quand ils partent sur un sommet encore jamais atteint, parlent d’ouvrir une voie. Et ils sont guidés par un Premier de Cordée. C’est le Premier de Cordée qui prend les décisions graves, c’est lui qui veille à la sécurité de ses compagnons. Voilà Jésus. Il est Le Fils de Dieu qui vient sur terre pour conduire tous ceux qui le veulent au Ciel pour une éternité de Bonheur. Sans lui personne ne peut aller. Même la Vierge Marie n’a pu y aller que par Jésus, avec lui et en Lui.
La première lecture nous rappelle que dès qu’il y a eu des hommes sur la terre ils ont compris qu’il y avait une puissance au-dessus d’eux et qu’il valait mieux être de son côté ; donc on a très tôt pensé à lui offrir des produits de la cueillette ou de la chasse puis de la culture et de l’élevage. Cela vaut le coup de sacrifier un agneau si cela permet de mettre le divin dans sa poche et d’avoir de plus beaux agneaux encore l’année prochaine. Mais avec Abraham, c’est déjà diffèrent. Abraham prépare les animaux mais c’est le Seigneur qui met lui-même le feu. Nous avons là l’annonce de la messe. Le prêtre prépare « le pain et le vin fruits de la terre et du travail des hommes ». Et c’est le Seigneur, quelques minutes après, qui en prend possession en en faisant son Corps et son sang pour pouvoir se donner en nourriture à chacun.
Dans son livre bouleversant « Sans yeux et sans mains », où il raconte comment il a surmonté le grand malheur de perdre non seulement ses deux yeux mais ses deux mains, à la bataille d’El Alamein, à dix huit ans, Jacques Lebreton raconte un fait de guerre. « En 1943, dans un village de Bretagne, les résistants avaient détruit un transformateur. Aussitôt, les Allemands arrêtent tous les hommes de la région – ils étaient trois cent cinquante et un – et les enferment dans deux granges. Ils disent que si le coupable ne se dénonce pas dans l’heure ils mettent le feu aux bâtiments. Le coupable est-il parmi les prisonniers ? Ce n’est pas leur problème. Au bout d’un certain temps, on voit un homme, (et tous les autres savaient qu’il était innocent) demander à sortir et se dénoncer. Il connaissait le sort qui l’attendait. Il fut pendu sur la place du village. Mais il sauvait la vie de trois cent cinquante autres. » Jacques Lebreton conclut : « La messe c’est ça. Mais celui qui s’offre en sacrifice c’est Dieu. Et nous qui ne sommes que de pauvres types, il nous invite à le suivre. »
La messe, c’est le « Départ de Jésus en direct ». A chaque messe, nous sommes embarqués dans son « Exode vers le Père». Nous comprenons pourquoi notre participation à la messe a tant de prix même si nous y avons des distractions, même si notre cœur n’est pas toujours dans la sérénité, même si nous ne sommes pas dans les dispositions idéales… Nous avons part au Service de Jésus ! A chaque messe nous renouvelons l’offrande de nous-même qui a été faite le jour de notre baptême, pour que le jour de notre mort -jour où nous serons enfin sûrs de ne plus nous « reprendre » nous soyons une « éternelle offrande à sa Gloire. » (cf. Prière eucharistique n°3)
Un jour, assistait à une retraite un vigneron d’une cinquantaine d’années. Il vient trouver le Père prédicateur et lui dit sa lassitude. « La vie devient de plus en plus compliquée. Les lois se multiplient. On dit que l’école est gratuite mais ce n’est pas vrai ! Quand on aurait besoin des allocations familiales, elles sont coupées et mes deux aînés en faculté me coûtent terriblement cher… » Le Père lui conseille de parler de tout cela à la Vierge Marie et aussi de bien profiter de la semaine pour se reposer : « Voilà au moins six jours où vous vous coucherez sans avoir mal au dos. » Ce vigneron avait apporté du vin, du bon vin. Comme les retraitants n’étaient pas très nombreux, la communion à la messe était sous les deux espèces. On avait disposé huit calices sur l’autel et ceux qui le voulaient venaient boire au Précieux Sang, au Sang douloureux, au Sang glorieux du Christ. Après la messe, ce vigneron vient trouver le Père : « J’ai reconnu mon vin… Eh bien, si mon vin – et on imagine tout ce que cela représentait pour lui – devient le Sang du Christ, je reprends courage »
Que ce soit aussi notre grâce : à chaque messe gagner en courage et en confiance, pour soi-même et pour les autres. Amen !
3° dim. de carême – Dimanche 20 mars 2022
Frères et sœurs, En quoi ce qu’il s’es passé ce jour-là sur le mont Sinaï nous concerne aujourd’hui ?
Témoignage : René est professeur de mathématiques en terminale. Comment lui qui a un esprit tellement scientifique est-il arrivé à la Foi ? Durant ses propres années de Lycée il se posait beaucoup de questions. Il voulait rencontrer Dieu si jamais il existait. En faculté de maths, un premier déclic s’est opéré, à partir de cette réflexion : nous sommes limités par la masse (nous avons un poids contre lequel nous ne pouvons pas grand-chose), par l’espace (nous ne pouvons pas être ici et ailleurs en même temps) et par le temps. Mais Albert Einstein a démontré la relativité. Ces notions de masse, d’espace et de temps ne sont pas aussi figées que nous l’observons à notre petite mesure. Cela a suffi à René pour que son intelligence admette qu’il puisse exister une autre façon d’être : Dieu, lui, n’est pas enfermé dans la masse, l’espace et le temps que nous connaissons. C’est pour cela que Jésus peut faire une faute de grammaire comme celle qu’il fait au chapitre huit de l’évangile selon saint Jean. Ce jour-là, Jésus est en discussion serrée avec les pharisiens. Ils s’apprêtent à ramasser des pierres pour les lui jeter pour cause de paroles blasphématoires. Juste avant, ils lui disent de façon ironique : « Tu n’as pas cinquante ans et tu as vu Abraham ! » Jésus leur dit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham fut, JE SUIS. » Normalement, il aurait dû dire : « Avant qu’Abraham fut, j’étais ». Mais Jésus est Dieu le Fils qui existe de toute éternité. Il est Dieu pour qui il n’y a qu’un éternel présent.
L’abbé Pierre a eu des phrases merveilleuses à ce sujet. Il disait : « La réponse que Dieu donne à Moïse est tout à fait impossible à mesurer, à sonder. C’est totalement inexprimable… Si on ajoute quelque chose à ce « Il est » on le diminue. Il est quoi ? un objet ? une idole ? un être cosmique ? un esprit ? Chaque mot le réduit. Mais, disait l’abbé Pierre, il n’existe qu’un mot qui puisse être joint à « Il est ». Ce mot représente le bouleversement de toute la pensée humaine. C’est « Il est l’Amour ». Son être est Amour. »
Quelquefois, en catéchèse, on me pose la question : « On dit que c’est Dieu qui a tout créé, mais Dieu, lui, qui l’a créé ? » Alors je commence par répondre avec un peu d’humour : Admettons que Dieu ait été créé. Celui qui l’a créé, on va l’appeler Super Dieu. Mais se pose aussitôt la question : « Qui a créé Super Dieu ? C’est Super Super Dieu ? Oui, mais … qui a créé Super Super Dieu ? C’est Super Super Super Dieu ? Bonjour pour continuer !!
En fait, le propre de Dieu c’est de n’être pas créé. Nous, les hommes, pour parler de nous, nous devons dire: « Je n’étais pas, puis j’ai été (environ 9 mois avant ma naissance), je suis, je serai peut-être, et ensuite je ne serai plus… » Pour parler de Lui, Le Seigneur dit : « Je suis ». Et ça suffit. L’abbé Pierre a dit souvent que lorsqu’il a lu la réponse de Dieu à Moïse, cela a été un tournant dans sa vie. Il avait seize ans. Il a compris que tout mot que l’on rajoute à l’Etre ne fait que le rapetisser. Car plus j’en dis, plus je le limite. C’est comme l’affirmation de l’amour. Je t’aime et il n’y a rien à rajouter. « Je t’aime », c’est beaucoup beaucoup plus que « Je t’aime beaucoup ». Le même qui dit : « Je suisCelui qui EST dit aussitôt après : « je suis descendu ».
Dans l’évangile, en partant de deux faits divers terribles – un massacre et des ouvriers qui se sont fait écraser – Jésus nous dit la même chose. Si nous voyons Dieu comme un Jupiter, nous allons assez facilement penser que ceux qui subissent le malheur c’est parce qu’ils étaient coupables de quelque chose. Si nous savons que Dieu pour nous sauver est venu chez nous, nous allons rechercher deux choses : ses grâces et ses appels. Je suis témoin du malheur que subissent certains ou je suis moi-même victime : quelles sont les aides que Le Seigneur nous envoie ? Quels sont les appels qu’il nous lance ? Voilà pourquoi Jésus raconte la parabole du figuier. Quels que soient les événements, avec l’aide du Seigneur, il est toujours temps de porter du fruit.
Florian Boucansaud a eu ses heures de gloire comme joueur de foot professionnel notamment à Gueugnon, Troyes et à Caen, comme gardien. Il est devenu « amoureux foot de Dieu ». Dans son dernier livre « Il revient : es-tu prêt ? » il donne ce témoignage : « L’été dernier, nous étions à la plage en famille. En fin d’après-midi, c’est le moment de partir, nous sommes pressés et avons de la route à faire afin de poursuivre nos vacances. Sandra habille notre fils Savio (deux ans) avant de quitter la plage. En lui enfilant son tee-shirt, son petit coude se luxe ! Ce n’est pas la première fois, il a une fragilité. A chaque fois, nous avons dû nous rendre à l’hôpital. Le petit bout pleure beaucoup, la situation est tendue. Nous ne savons pas trop quoi faire, l’hôpital n’est pas à proximité. Je suis vraiment agacé, j’ai perdu mon calme.
Plus encore, je sens monter en moi l’envie d’adresser des reproches à Dieu « Tu aurais quand même pu éviter cela, c’est bien le moment ! »
Finalement le médecin du Samu joint par téléphone me guide pour manipuler Savio, je peux remettre son coude en place. Pendant ce temps-là, mon grand Gabin (treize ans) a gardé son calme et prié la Vierge Marie.
Tout étant rentré dans l’ordre, nous pouvons donc reprendre la route. Savio s’endort ; le silence règne dans la voiture. Quant à moi, je suis mortifié d’avoir osé – même un seul instant – en « vouloir » à Dieu.
Intérieurement, je me dit : « Pardon Seigneur, pardon ! ça commence à bien faire d’avoir des réactions pareilles, je réagis vraiment comme « un démon » ! »
Je suis peut-être un peu dur avec moi-même, mais j’en ai marre de ces mouvements de mon âme dès qu’une difficulté se présente. Pendant vingt bonnes minutes, je rumine cela en secouant parfois la tête, jusqu’à ce que Jésus me console à sa façon … : à 130 km / h sur l’autoroute, un panneau en bord de route attire tout à coup mon attention. Un immense autocollant est placardé dessus : « Jésus t’aime » !!!
Cette anecdote de la vie de Florian l’ « amoureux foot de Dieu », nous dit bien l’état d’esprit du chrétien : Florian est désormais sans cesse aux aguets : quels appels le Seigneur me lance ? Quelles grâces il m’envoie ?
Quelles grâces pour me soutenir ? Quels appels pour m’élever à Lui ?
Amen !
27 mars 2022. 4°carême année C. Le Vrai Fils Prodigue.
Dans la deuxième lecture, saint Paul parle de Jésus et écrit : « Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché, afin qu’en lui nous devenions justes de la justice même de Dieu. » (2 Co 5, 17-21)
Nous le comprenons bien : cette parabole nous invite à revenir au Père, à ne pas nous entêter dans notre misère, à ne pas nous laisser décourager par nos péchés et à demander pardon à celui qui peut nous redonner notre dignité de fils ou de fille de Dieu. Mais cette petite phrase de saint Paul, tellement bouleversante, nous donne une clef ; elle nous invite à faire une lecture originale de la parabole des deux fils ;
Toutes les paraboles de Jésus véhiculent un mystère caché. Et ce mystère est celui-là même de Dieu, tel qu’Il s’est manifesté à nous dans la folie de son amour. Celle-ci nous parle de la descente sur terre de Dieu fait homme pour faire l’homme Dieu.
Ainsi, le vrai fils prodigue de la parabole c’est Jésus. Un Père avait deux fils (Luc 15,11) : l’un de la terre et l’autre du Ciel. Celui-là fut créé dans le temps. Celui-ci était engendré de toute éternité. Le premier reçut le nom d’Adam. Le second prit le titre de Jésus-Christ. Il se fit remettre un jour tout son héritage et il partit avec son héritage et le prix de toute une rançon (1 Timothée 6). Il partit pour un pays lointain, la terre lointaine, où Il devint en tout semblable aux hommes et s’y anéantit (Philippiens 2,7) Les siens ne le reçurent pas (Jean 1,11), et son premier lit fut un lit de paille. Très vite, Il connut l’exil, l’hostilité, la solitude. Après avoir tout dispensé dans une vie de largesse et de prodigalité : sa parole, sa paix, sa lumière, sa vie, tous les trésors de la connaissance et de la science et le mystère caché qu’Il tenait d’auprès de Dieu (1 Corinthiens 2,7) ; après s’être perdu parmi les brebis perdues de la maison d’Israël (Matthieu 10,6), passant son temps près de malades, des pécheurs et mêmes des prostituées à qui Il promettait l’entrée dans le Royaume du Père (Matthieu 21,31) ; après s’être fait traiter d’ivrogne et de glouton (Luc 7,34), d’ami des publicains et des pécheurs ; après avoir promis jusqu’au don de son Corps et de son Sang (Luc 22,19), ayant ressenti en Lui effroi et angoisse, l’âme troublée, au plus bas du désespoir dont Il s’était librement revêtu (Marc 14,34), se sentant, tout Fils qu’Il était, comme abandonné du Père (Marc 5,8), loin de la Source d’eau vive, sur la Croix où on l’avait cloué, Il s’écria alors : J’ai soif ! (Jean 19,28). On le coucha dans la poussière et l’ombre de la mort. Et là, se relevant soudain le troisième jour, du plus profond de cet Enfer où Il était descendu (1 Pierre 3,19), portant sur Lui les crimes de nous tous – car c’étaient nos péchés qu’Il portait, nos douleurs dont il était accablé (Isaïe 53,4-5) – Il s’écria debout : Oui, j’irai vers mon Père, vers mon Dieu et votre Dieu ! (Jean 20,17). Et Il remonta au Ciel ! Le Père l’aperçut et fut touché de compassion en voyant combien Il s’était mis tout en tous (1 Corinthiens 15,28), et comment Lui qui n’était pas pécheur, s’était fait péché pour nous (2 Corinthiens 5,21). Il dit alors aux anges et aux saints, en reconnaissant dans la figure de son Fils celle de tous ses fils : Vite, apportez la plus belle robe et mettez-la lui ! Mangeons et festoyons, car mes enfants que voici étaient morts et ils sont revenus à la vie, ils étaient perdus et ils sont retrouvés, mon Fils prodigue les a tous ramenés ! Et ils se mirent à festoyer. C’est en contemplant, dans le visage du seul Innocent, le mystère de l’amour compatissant que nous saurons par quel chemin retrouver la porte pascale de la maison du Père.