5ème dimanche de carême C 3 avril 2022
Frères et sœurs, pourquoi Jésus écrit-il sur le sol et est-ce qu’on peut savoir ce qu’il écrit ?
Voici 8 explications qui se complètent.
- Le geste de Jésus qui se baisse pour écrire sur le sol est d’abord un geste génial pour arrêter la violence et imposer à tous les spectateurs un temps de réflexion.
- C’est en même temps un geste de délicatesse : pour ne gêner personne, il fait autre chose ; il s’est baissé, il regarde le sol, il ne porte pas de regard accusateur.
- Pour saint Ambroise et saint Augustin, il s’agit d’un geste prophétique qu’ils comprennent à la lumière de Jérémie 17,13 : « Ceux qui se détournent de toi seront inscrits dans la terre ».
- Pour d’autres, Jésus écrit les versets de Exode 23,1-7 : « Tu ne colporteras pas de fausses rumeurs tu ne prendras pas le parti du plus grand nombre pour commettre le mal Tu ne feras pas dévier le droit de ton pauvre dans son procès. »
- D’autres encore émettent l’hypothèse qu’il écrivait la Loi nouvelle, le cœur de l’évangile.
- D’après saint Jérôme, il a écrit tous les péchés des présents. Vous voyez qu’on ne manque pas d’imagination !
- Et il y a encore une autre thèse ! C’est celle d’un prêtre qui est resté de longues années missionnaire en Afrique, le Père Léon-Marcel à qui l’on doit un très beau livre : La sagesse africaine. L’Afrique nous aide à mieux comprendre le geste de Jésus. Le Père Léon-Marcel nous dit que s’il est un cas où un vieux sage évite de répondre c’est bien le cas où Jésus se trouve. Répondre par des paroles ne peut que susciter une discussion sans issue, à cause de la mauvaise foi de ceux qui interrogent, et encombrer de questions les esprits de ceux qui assistent à la discussion ou encore donner des prétextes à une accusation officielle auprès des autorités juives. C’est pour nous un premier enseignement : en certains cas, le silence est d’or. Jésus est consulté à titre de juge d’une cause d’infidélité, et en fait, la cause est déjà instruite. Jésus prend alors l’attitude de quelqu’un qui chez les Cotocolis du Togo ou dans de nombreuses races du sud du Sahara, commence à instruire l’affaire pour son propre compte, comme si rien n’avait encore été fait. Il se présente comme celui qui a le droit et le devoir de chercher le vrai coupable et qui est seul responsable de son enquête. Chez ces tribus, par exemple, lorsqu’une chasse n’a rien rapporté malgré l’habileté des chasseurs, lorsqu’un troupeau de moutons a été décimé par la maladie, on attribue ces faits à des causes naturelles mais on va consulter le voyant pour qu’il découvre le coupable, celui qui n’avait pas le coeur clair et qui avait l’intention de nuire au groupe. Pour découvrir le coupable, le sage s’assied à un endroit entre les cases où il y a beaucoup de sable, il traces des signes , il les efface rapidement , il égalise , il recommence, (On comprend pourquoi les Cotocolis qui ont cette pratique sont appelés « les tapeurs de sable ».) Quand le sage a désigné le coupable, c’est une CONDAMNATION SANS APPEL. Jésus se présente comme le vrai Juge à la recherche du vrai coupable. La femme adultère est coupable, mais elle ne fait que représenter la véritable épouse infidèle, Jérusalem et ses habitants. « Ce peuple m’honore des lèvres mais son coeur est loin de moi ». Les plus anciens du groupe ont compris le sens de l’énigme jouée par Jésus. Ils se sentent déclarés coupables d’une infidélité plus grande que celle de la femme.
- Nous voyons dans cette scène des gens qui agissent sans aucun souci du bien de cette femme ni même de sa correction, ils ne veulent que perdre Jésus. S’il protège cette femme, il s’oppose à la Loi sacrée donnée par Dieu. S’il fait appliquer la Loi, il n’est pas aussi bon que les foules le disent.
Comment Jésus se tire-t-il de ce piège ? La Loi était bien une grâce. Seulement voilà : la Loi montre le péché, elle ne donne pas d’échapper éternellement à son emprise. Jésus est seul Sauveur : la Loi est venue par Moïse, la grâce de la Vérité par le Fils. Et voilà pourquoi il écrit sur la terre avec son doigt : l’Ecriture même, tracée par le doigt de Dieu sur les tables de rocher ne sert que dans le Christ, par lui et pour lui, elle conduit à lui et si elle est utilisée contre lui, elle est plus vaine que des traces insignifiantes dans le sable effacées par le vent. Le doigt qui écrit, c’est le Doigt de la Droite du Très-Haut, le Saint-Esprit, qui inscrit la Vie éternelle au coeur de ceux qui croient au Christ en leur communiquant la capacité d’aimer comme Dieu aime.
L’évangile de ce dimanche nous dit bien l’importance cruciale de fréquenter Jésus. Sa réaction est totalement inattendue, et géniale. Quel est le « pharisaïsme » d’aujourd’hui ? Il ne viendrait à personne l’idée de demander de lapider quelqu’un pris en flagrant délit d’adultère. On dirait plutôt : « C’est son problème, il ne faut pas juger, il faut être tolérant …» Que fait Jésus ? Il ne montre aucune tolérance, aucune indulgence. Il pardonne, ce qui est différent. En refusant de condamner cette femme, il ne lui dit pas que sa faute est légère. Il ne l’encourage pas non plus à récidiver, puisqu’il ajoute : « Va et ne pèche plus ». Il veut lui donner la chance d’un repentir, c’est-à-dire changer de pente. La tolérance qu’on réclame parfois est aussi désespérante que la condamnation. Elle enferme l’autre dans son erreur ou sa médiocrité ou sa marginalisation. Elle l’abandonne à son triste sort. La force de l’évangile c’est de lier exigence et miséricorde. Voilà pourquoi notre ambition doit être d’entrer dans le coeur de Jésus, d’en épouser le mouvement, de nous abandonner à son élan. Amen !
Pâques 2022 à Vals et Ceyssac
Frères et sœurs, on raconte qu’un jour, dans une grande ville, un monsieur pressé prend un taxi. Il explique au chauffeur qu’il a beaucoup de travail et comme le trajet doit durer pas moins de trois quarts d’heure, il en profitera pour préparer ses dossiers. Il se met donc à l’arrière. Voilà qu’ils roulent depuis une bonne demi-heure plutôt lentement. A ce moment là, le monsieur pressé veut demander au chauffeur un renseignement. Pour cela, gentiment, de sa main gauche, il lui fait une tape sur l’épaule. Immédiatement, à sa grande surprise, il voit le chauffeur sursauter comme rarement il a vu quelqu’un sursauter et lâcher le volant. La voiture fait une embardée mais finalement s’immobilise, Dieu sait comment. Une fois que l’un et l’autre ont retrouvé leurs esprits, le chauffeur présente ses excuses : « J’étais complètement dans la lune. En fait, c’est mon premier jour de conduite d’un taxi ; jusqu’à présent et pendant des années, j’étais chauffeur de corbillard des pompes funèbres. »… !
La nouvelle de ce dimanche matin, a de quoi nous faire sursauter. Un mort , un cadavre est sorti de son caveau ! Quelles preuves nous en avons ?
-S’ils avaient inventé, les Evangélistes auraient-ils résisté à l’envie de décrire le moment même de la Résurrection ? – Valorisé les femmes aux dépens des Apôtres ? – Réduit les apparitions à des scènes toutes familières ? – Livré des récits difficilement conciliables, comme des pièces de puzzle (ce qui révèle, finalement, des témoignages indépendants sur un événement complexe) ?
-S’ils avaient inventé, les témoins auraient-ils tous maintenu leur faux témoignage jusque sous la torture, autant à Jérusalem (Jacques), qu’à Rome (Pierre), à Madras en Inde (Thomas), etc. ?
Est-ce qu’ils n’ont pas eu des hallucinations ? – Quand il y a hallucination il y a un affaiblissement mental ou nerveux que tout dément chez ces pêcheurs de Galilée, et qui les aurait empêchés d’être crus. Elle ne peut expliquer des apparitions aussi variées pendant 40 jours (disciples d’Emmaüs marchant des kilomètres en parlant avec Jésus ; Thomas, incrédule, mettant la main dans ses plaies ; Jésus préparant un feu sur le bord du lac ; etc.).
Est-ce qu’il ne s’agit pas d’autosuggestion ? – « L’attente crée d’ordinaire son objet » (Renan, niant les apparitions). Outre que cela est faux, les disciples n’attendaient rien ! Marie-Madeleine s’attend si peu à voir Jésus qu’elle le prend pour le jardinier ; les disciples d’Emmaüs le prennent d’abord pour un étranger ; Thomas refuse de croire ; etc.
En fait la foi en la résurrection de Jésus repose sur de nombreux faits :
- La disparition du corps du Christ.
- Le témoignage de dizaines de témoins qui affirment catégoriquement l’avoir revu vivant (ressuscité).
- La subite métamorphose des Apôtres : lâches, fuyards, démoralisés et désorganisés par la mort du Christ, ils proclament tout à coup sa résurrection, bravant héroïquement la mort tellement ils sont sûrs de ressusciter avec Lui.
- Malgré toutes les persécutions, la conversion progressive de l’Empire romain au culte d’un Juif crucifié.
- Mais aussi l’existence de l’Eglise, l’institution du dimanche, le célibat consacré, le Saint-Suaire, etc etc..
Isolé, chacun de ces faits est une énigme. Réunis, ils mènent tous vers la même et unique solution rationnelle : Jésus est vraiment ressuscité. Si on la refuse, on a des énigmes insolubles. Si on l’admet, tout reçoit une explication lumineuse.
Jésus est ressuscité ! Il est vraiment Vivant, parmi nous , aujourd’hui. Amen !
Récemment des scandales de la part de ceux qui avaient charge de représenter la loi et l’ont délibérément transgressée, ont jeté le soupçon sur les prêtres et le sentiment de honte sur l’Église du Christ…. Mais le Christ est ressuscité.
Les pollutions de toutes sortes, signes de l’incapacité de notre humanité ́à voir plus loin que le bout de son plaisir à très court terme… Mais le Christ est ressuscité.
Abstention record, rejet du pouvoir, discrédit du politique. Mais le Christ est ressuscité. Des villes martyres, victimes de la violence … Mais le Christ est ressuscité. De l’irrespect, du mépris, du cynisme un peu partout. Mais le Christ est ressuscité. Les drames dans nos familles. Mais le Christ est…
Dans les évangiles, la Résurrection n’est pas un conte de fée. Ce n’est pas la résolution de tous les problèmes du monde d’un coup de baguette magique, ni une couche de peinture bleu ciel posée sur l’histoire de notre humanité. Lorsque saint Paul écrit que «rien, ni la détresse, ni l’angoisse, ni la persécution, ni la faim, ni le dénuement, ni le péril, ni l’épée… rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu en Jésus-Christ », il évoque des réalités qu’il a vécues.
Jésus nous dit : « Je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un m’ouvre, j’’entrerai et je prendrais mon repas avec lui et lui avec moi ». Dans la Bible il est dit que Satan représenté par un serpent a été condamné à manger de la poussière. c’est terrible. parce que la poussière ce n’’est pas bon et surtout, la poussière il y en a toujours, si bien que le drame c’’est qu’il n’aura jamais faim de Dieu. Heureux qui a faim il sera rassasié
Témoignage d’une grande personne : « J’ai vécu pendant vingt ans sans aller tellement à la messe, sauf pour les communions et le baptême de mes enfants ; à la maison on ne parlait pas de religion. Nous sommes entrés à l’église pour nous marier et nous n’y sommes plus jamais retournés. Mais depuis j’ai trouvé la foi et quand je rencontre une personne qui ne l’a pas je prie pour elle, car je me dis : « Quelle chance, j’ai du caviar et eux n’ont rien à manger ! ».
Deuxième dimanche de Pâques 24 avril 2022
Frères et sœurs, pourquoi saint Jean nous révèle-t-il que saint Thomas avait comme surnom Didyme et pourquoi prend-il la peine de nous dire que Didyme signifie « jumeau » ? Parce que saint Thomas devrait être le jumeau de tout chrétien. Il sait d’intuition qu’être chrétien c’est faire l’expérience de la rencontre avec Jésus ressuscité, une rencontre très personnelle, unique au monde. Il a beau entendre l’annonce par ses collègues disciples, pour lui l’argument d’autorité ne suffit pas. Deuxièmement, pour cela, il est présent le dimanche d’après. Jésus se révèle dans son Eglise, par son Eglise, quels que soient les défauts ou les péchés de ses membres.
Comment savons-nous que quelqu’un a vraiment fait la rencontre avec Jésus ressuscité ? Il suffit de glaner dans les lectures de ce dimanche .
Premièrement, il sait qu’il est vraiment pardonné. Jésus a réglé la dette. Jésus a effacé l’ardoise. Il a fait l’expérience d’une vraie libération. Tous ses péchés lui sont « remis ».
Deuxièmement, quelque chose a été guéri en lui. Parfois au niveau physique, parfois au niveau psychologique. A coup sûr au niveau de ses relations avec les autres ; il a été introduit dans une simplicité, une fraternité, une liberté intérieure, une capacité de pardonner qui font qu’il peut clairement dire qu’avant de connaître Jésus il était « handicapé ». Le passage de Jésus dans une vie entraîne des guérisons.
Comme saint Pierre, il n’a plus peur de dire qu’il est du Christ, qu’il est chrétien. Il en est même fier. D’ailleurs il n’a pas besoin de le dire ; ça se sent. Cette personne a envie de parler de Jésus. Une de ces convertis me raconte, qu’elle et son mari, ont la joie de voir entrer dans leur famille une éventuelle future belle-fille. Cette jeune fille n’a eu aucune éducation religieuse. Peu avant Noël, les deux femmes décorent la maison. On installe le sapin et les guirlandes. La jeune fille lui dit : « mais pourquoi mettez-vous cette petite cabane ? Maman, elle, met juste le sapin, elle ne met pas la cabane». Cela a été l’occasion de lui expliquer avec joie la crèche, l’incarnation, la naissance de Dieu parmi nous.
Cette personne a un intérêt nouveau pour la Bible. Normal : elle a rencontré Celui qui « ouvre l’intelligence à la compréhension des Ecritures ». Elle a envie de trouver Jésus à chaque page de la Bible. Elle sait que toute la Bible a été écrite « afin que nous sachions que Jésus est Dieu le Fils et qu’en croyant cela nous ayons la vie en Son Nom. »
Cinquièmement, comme saint Jean, il peut dire qu’il traverse aussi bien « la détresse que la royauté avec persévérance ». Il n’est pas comme un animiste qui n’attend de Dieu que des avantages. Il sait que Dieu est présent aussi bien à la croix qu’au matin de Pâques. Il sait qu’avec Jésus on ne perd jamais : soit je gagne, soit j’apprends.
Sixièmement, sachant que Jésus « détient les clefs de la mort et du séjour des morts », il lui fait confiance aussi pour son rapatriement au Ciel. La mort lui permettra de voir celui que l’on reconnaît aux marques dans les mains, les pieds et le côté, signes indélébiles de son Amour pour chacun.
Un ami artiste m’a offert « une petite sculpture moderne » comme il dit. Sur un socle de bois, il a vissé deux tire-bouchons, de ces tire-bouchons qui, au fur et à mesure qu’on les visse, voient se lever deux bras. (Il suffira ensuite de baisser ces bras pour faire sortir le bouchon). L’ami artiste a appelé cette sculpture « L’Envol ». Il me semble que cela dit bien la grâce de la résurrection de Jésus pour nous : elle est comme un tire-bouchon qui nous ouvre enfin (et nous permet de répandre notre bon arôme, nos bonnes saveurs) et nous fait prendre notre envol. Amen !