22° dim. 3 septembre 2023 Ceyssac et Guitard

Confronté à la croix : VOULOIR PREVOIR REVOIR.

« Si quelqu’un veut être chrétien, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ». Très bien. Nous connaissons par cœur cette Parole.  Mais on ne comprend pas bien pourquoi Jésus conclut : « Car je vais venir avec mes anges dans la Gloire de mon Père ; et je rendrai à chacun selon sa conduite ».

La croix, il n’y a pas besoin de la foi pour la voir, il suffit d’échapper au martèlement des média pour voir que personne n’est toujours beau, riche, et en bonne santé, et que la croix est partout. Prenez un couple très amoureux, il y aura toujours un moment ou l’autre des ennuis techniques pour la voiture ou le lave-linge, des soucis au sujet de leurs ados, des préoccupations au sujet de leurs vieux parents, des inquiétudes pour la santé de l’un ou de l’autre, des questions graves et des contrariétés quand ils veulent témoigner de leur foi chrétienne, etc.. La croix est omniprésente. En revanche, croire que la croix ouvre sur la Résurrection et un au-delà de bonheur, là il faut l’immense grâce de Dieu et la persévérante obéissance de la foi.

Benoit XVI dans son Jésus de Nazareth fait un magnifique commentaire du mystère de l’Ascension. Il fait remarquer une chose étonnante : Jésus s’en va définitivement et les apôtres sont dans la joie. Normalement, nous n’aimons pas les départs des proches même quand il s’agit pour eux d’un beau voyage. Mais Jésus ne s’en va pas pour une galaxie lointaine. Le jour de l’Ascension, il retrouve sa Toute Puissance Divine mais dans son humanité. Toute croix peut désormais être l’occasion de communier à Jésus en nous offrant, comme vient de nous dire saint Paul, « en sacrifice vivant, saint, capable de plaire à dieu : c’est là, pour nous, la juste manière de lui rendre un culte ».

Car toute croix nous est l’occasion de devenir meilleur. Saint Ignace de Loyola nous propose trois verbes : VOULOIR, PREVOIR, REVOIR. Imaginez un directeur qui suit une retraite selon les Exercices de Saint Ignace de Loyola. Il prend conscience qu’il n’est pas très sympathique avec sa secrétaire. Elle est très dévouée mais elle l’agace par ses côtés perfectionnistes. Alors, il prend la décision d’être plus aimable avec elle. VOULOIR. Il déclenche ce qu’il appelle le « plan Pétronille » puisque c’est le prénom de cette secrétaire. Pour le moment, ils sont en congé l’un et l’autre. Il reste encore quelques jours avant de retrouver le bureau, donc le plan « Pétronille » n’est pas trop difficile. Mais il PREVOIT comment réagir dès qu’il sera en sa présence. Et le lundi de la rentrée arrive. Quand il arrive, sa secrétaire est déjà au bureau : « Ah ! Monsieur le directeur, j’ai commandé du gel hydro-alcoolique. » Il se sent agressé par cette entrée en matière mais il répond en la complimentant. Un quart d’heure après : « Monsieur le directeur, j’ai photocopié la note de service pour tout le monde et je m’aperçois que j’ai fait une faute de frappe, une virgule au lieu d’un « n » à l’avant dernière ligne. » « Ce n’est pas grave du tout Pétronille. » Un quart d’heure après, Pétronille lui dit « Monsieur le directeur, je vous ai envoyé la copie du mail de l’entreprise machin pour la livraison des cartons. » « Très bien. Merci. » Arrive midi, il est content : le plan « Pétronille » fonctionne bien. La première matinée est réussie. L’après-midi, il est en réunion avec ses collaborateurs. On toque à la porte. Pétronille apparaît. « Monsieur le directeur….. ». Et là, il explose : « écoutez Pétronille, fichez moi la paix, ce n’est pas le moment. » La réunion se poursuit. Les collaborateurs quittent la pièce. Il avait voulu être aimable. Il avait prévu presque tout. Mais son agacement a repris le dessus à l’improviste. Mais il reste le troisième verbe indiqué par Saint Ignace : REVOIR. Il sait ce que cela veut dire : aller demander pardon. Il va voir si Pétronille est encore dans son bureau. Elle y est. (En général, la Providence bénit nos efforts). « Pétronille, je vous demande pardon , j’ai explosé, alors que vous croyiez bien faire. » Et Pétronille dit : « C’est moi qui aurais dû penser que ce n’était pas le moment. Un lundi de rentrée, vous êtes surchargé. Et puis, vous avez bien le droit d’être parfois de mauvaise humeur.

Envisager tout comme une croix c’est recevoir l’énergie de ne pas lâcher. On se rappelle un certain match France-Italie. Juste avant la dernière minute, les Italiens gagnent 1-0. Dans les familles, on avait déjà débouché le champagne. Et puis voilà que les français égalisent. Et dans les prolongations, ils marquent le but qui les fait gagner. Alors on demande : « comment faire pour reboucher une bouteille de champagne ? » réponse : « il faut demander aux italiens. »

Benoit XVI à Fatima en 2010, 7 ans avant le 100ème anniversaire des apparitions a rappelé que la Sainte Vierge a promis que son cœur immaculé triomphera. Elle reprenait la promesse de Jésus : «  Dans le monde, vous aurez des tribulations mais ayez confiance, j’ai vaincu le monde. » Ne lâchons pas ! Amen !

10 septembre 2023. 23° A. Messe de rentrée à St Laurent (18h) et Carmes(10h).

Frères et sœurs, est-ce que nous aurions pu choisir meilleure page d’évangile pour une messe de rentrée ? Merci au Seigneur, par son Eglise, de nous engager dans la vie fraternelle ! « Frères, n’ayez de dette envers personne, sauf celle de l’amour mutuel, car celui qui aime les autres a pleinement accompli la Loi. Les commandements se résument dans cette parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. L’amour ne fait rien de mal au prochain. Donc, le plein accomplissement de la Loi, c’est l’amour. » Et dans l’évangile Jésus nous donne une procédure très concrète pour réussir cet impératif de la vie fraternelle. Quand nous sommes heurtés par un frère, aller le trouver seul à seul. Si nous n’arrivons pas à nous entendre, demander à un tiers de nous aider. Puis, si   ça ne marche toujours pas, susciter une réunion en équipe. Et enfin considérer ce frère comme un païen ou un publicain. Qu’est ce que cela veut dire considérer ce frère comme un païen ou un publicain ? Jésus nous connait comme s’il nous avait fait !… Il y a un homme politique français qui ne s’est jamais marié essentiellement parce qu’il concevait la politique comme une vocation à part entière. Mais un jour qu’un journaliste revenait sur cette question, il a répondu par une boutade. Une boutade riche d’enseignements : « Eh bien, dit-il, un jour je me trouvais dans le métro. Il y avait un monde fou. Et par inadvertance je marche sur les pieds de ma voisine. Avant même que j’aie le temps de m’excuser, elle se met à brailler :  « Espèce d’idiot, tu ne pourrais pas regarder où tu mets tes gros pieds ? ! » Au moment où elle finit sa phrase, son regard se porte sur moi et elle me dit en rougissant :  « Oh excusez-moi, monsieur, je croyais que c’était mon mari ». Cela nous ressemble… Nous faisons supporter à nos proches ce que nous cachons aux étrangers. Jésus nous dit : en ce qui concerne ceux qui ne sont pas de votre sphère, vous pouvez trouver beaucoup de patience et leurs trouver beaucoup d’excuses. Alors trouvez-en aussi pour vos proches. On pourrait aussi traduire la phrase de Jésus  en disant de considérer le frère agaçant comme un bébé spirituel ; un bébé c’est inutile de lui crier dessus. C’est seulement avec de l’affection et des attentions qu’on le fera grandir.

Avouons que la plupart du temps, nous faisons exactement le contraire. La plupart du temps, nous préférons la préposition « de » à la préposition « à ». Un ami gendarme me confie qu’il voit chaque jour arriver à son guichet des personnes qui viennent déposer plainte. Il leur dit souvent : « Vous me parlez de votre voisin qui vous crée des nuisances ; est-ce que vous avez parlé à votre voisin ? » Très souvent en effet, nous parlons de notre agresseur au maximum de personnes alors qu’il faut commencer par lui parler à lui. (Première lecture) « Si tu ne lui dis pas d’abandonner sa conduite mauvaise, lui, le méchant, mourra de son péché, mais à toi, je demanderai compte de son sang ». Et quand nous parlons dans le dos de notre frère, tous les démons s’engouffrent dans l’affaire. Quels démons ? Je les dis avec humour.  Un lundi matin, en ouvrant la porte de son église, monsieur le curé s’aperçoit que le tronc des cierges a été fracturé. En ressortant, il tombe sur une paroissienne à qui il confie la surprise du matin.  Elle-même raconte l’histoire dans un magasin quelques minutes après. Le soir : « Le curé s’est fracturé le tronc en tombant sur une paroissienne » ! Le démon de l’interprétation. Nous savons que les propos sont forcément déformés, amplifiés, mal interprétés. Et pourtant ! Ce faisant nous nous exposons à un autre démon : Toto demande à sa maman : « Dis, maman pourquoi, tu as des cheveux blancs par ci par là ? Comme il l’a agacée le matin même, elle lui dit, un peu énervée : « C’est à cause de tes bêtises ; chaque fois que tu fais une bêtise, ça me cause du souci, et hop un cheveu blanc de plus ». Toto réfléchit puis il dit à sa maman : « ah ben dis donc : toi tu as du en faire beaucoup des bêtises, parce que mamy elle, est couverte de cheveux bancs ». Jésus dit : « La mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous »…

Jésus embraye sur la prière. En 2023, il y a encore des gens qui parlent de Dieu. Jésus préconise autre chose. Il vaut mieux, comme pour le frère qui nous a fait du tort, parler à Dieu. Et si possible, à plusieurs. « Amen, je vous le dis, si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux. » Car il est le maître de l’impossible.  Et prier c’est inviter le Maître de l’impossible dans le conflit, dans la tension, et lui donner l’occasion de dénouer ce qui paraissait sans solution. « En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. »

Seigneur, à la préposition « de » apprends-nous à privilégier la préposition « à ». Amen !

14 septembre 2023 La croix douloureuse et la croix glorieuse

Lecture du livre des Nombres (Nb 21, 4b-9) : «En ces jours-là, en chemin à travers le désert, le peuple perdit courage. Il récrimina contre Dieu et contre Moïse : « Pourquoi nous avoir fait monter d’Égypte ? Était-ce pour nous faire mourir dans le désert, où il n’y a ni pain ni eau ? Nous sommes dégoûtés de cette nourriture misérable ! » Alors le Seigneur envoya contre le peuple des serpents à la morsure brûlante, et beaucoup en moururent dans le peuple d’Israël. Le peuple vint vers Moïse et dit : « Nous avons péché, en récriminant contre le Seigneur et contre toi. Intercède auprès du Seigneur pour qu’il éloigne de nous les serpents. » Moïse intercéda pour le peuple, et le Seigneur dit à Moïse : « Fais-toi un serpent brûlant, et dresse-le au sommet d’un mât : tous ceux qui auront été mordus, qu’ils le regardent, alors ils vivront ! »  Moïse fit un serpent de bronze et le dressa au sommet du mât. Quand un homme était mordu par un serpent, et qu’il regardait vers le serpent de bronze, il restait en vie ! »

Saint Jean reprendra cette image pour parler de la croix. De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert…

Aujourd’hui, 14 septembre, fête de la croix glorieuse, la croix n’est pas présentée aux fidèles sous son aspect de souffrance, de dure nécessité de la vie, ni même de chemin pour suivre le Christ, mais sous son aspect glorieux, comme motif de fierté et non de pleurs.

Il y a eu dans l’histoire deux manières fondamentales de représenter la croix et le crucifix. Nous les appelons, pour des raisons pratiques, le mode ancien et le mode moderne. Le mode ancien, que l’on peut admirer dans les mosaïques des basiliques anciennes et sur les crucifix de l’art roman, est un mode glorieux, festif, plein de majesté.

Dans les crucifix en bois de l’art roman, ce type de représentation s’exprime à travers le Christ qui trône en habits royaux et sacerdotaux sur la croix, les yeux ouverts, le regard droit, sans une ombre de souffrance, mais rayonnant de majesté et de victoire, non plus couronné d’épines mais de pierres précieuses. C’est la traduction en peinture du verset du psaume « Dieu a régné du bois (de la croix) » Jésus parlait de sa croix en ces mêmes termes : comme du moment de son ‘exaltation’ : ‘Et moi, une fois élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi’ » (Jn 12, 32).

Le mode moderne commence avec l’art gothique et s’accentue toujours davantage. C’est la crucifixion de Matthias Grünewald sur l’Autel de Isenheim. Ce sont les crucifix de Velasquez, de Salvador Dalì et de tant d’autres.

Ces deux modes soulignent un aspect authentique du mystère. Le mode moderne – dramatique, réaliste, déchirant – représente la croix vue, d’une certaine manière, « de face », dans toute sa réalité crue, au moment où l’on y meurt. La croix comme symbole du mal, de la souffrance du monde et de la terrible réalité de la mort. La croix est représentée ici « dans ses causes », c’est-à-dire dans ce qui en général la produit : la haine, la méchanceté, l’injustice, le péché.

Le mode ancien soulignait non pas les causes mais les effets de la croix ; non pas ce qui produit la croix mais ce qui est produit par la croix : la réconciliation, la paix, la gloire, la sécurité, la vie éternelle. La croix que Paul définit « gloire » ou « fierté » du croyant. La fête du 14 septembre est appelée « l’exaltation » de la croix, car elle célèbre précisément cet aspect « exaltant » de la croix.

Il faut unir le mode moderne de considérer la croix et le mode ancien, redécouvrir la croix glorieuse. Si au moment de l’épreuve il nous a été utile de penser à Jésus sur la croix en proie à la douleur et aux tourments, car nous le sentions ainsi proche de notre souffrance, il faut maintenant penser à la croix d’une manière différente. Je m’explique à travers un exemple. Nous venons de perdre une personne chère, peut-être après des mois de souffrance. Eh bien, il ne faut pas continuer à penser à elle telle qu’elle était sur son lit ; en telle ou telle circonstance, dans quelle condition elle se trouvait à la fin, ce qu’elle faisait, ce qu’elle disait, en se torturant peut-être le cœur et l’esprit, et en alimentant d’inutiles sentiments de culpabilité. Tout cela est fini, n’existe plus, c’est une chose irréelle ; en agissant ainsi, nous ne faisons que prolonger la souffrance et la garder en vie de manière artificielle.

Il y a des mères (je ne dis pas cela pour les juger mais pour les aider) qui, après avoir accompagné un enfant pendant des années dans son calvaire, refusent de vivre différemment une fois que le Seigneur l’a rappelé à lui. A la maison, tout doit rester comme au moment de la mort de cet enfant ; tout doit parler de lui ; les visites au cimetière sont continuelles. S’il y a d’autres enfants dans la famille ils doivent s’habituer à vivre eux aussi dans ce climat imprégné de mort, avec de graves dommages psychologiques. Toute manifestation de joie à la maison leur semble une profanation. Ces personnes sont celles qui ont le plus besoin de découvrir le sens de la fête d’aujourd’hui : l’exaltation de la croix. Ce n’est plus toi qui portes la croix, mais désormais c’est la croix qui te porte ; la croix ne t’écrase plus, elle t’élève.

Il faut penser à la personne aimée telle qu’elle est, maintenant que « tout est fini ». C’est ce que faisaient les artistes anciens avec Jésus. Ils le contemplaient tel qu’il est maintenant : ressuscité, glorieux, heureux, serein, assis sur le même trône que Dieu, avec le Père qui a « essuyé toute larme de ses yeux » et lui a donné « tout pouvoir sur la terre et dans les cieux ». Non plus en proie aux tourments de l’agonie et de la mort. Je ne dis pas que l’on peut toujours commander son cœur et l’empêcher de saigner en pensant à ce qui s’est passé, mais il faut essayer de faire prévaloir la considération de la foi. Si non, à quoi sert la foi ?

15 septembre. Nous fêtons aujourd’hui Notre-Dame des Douleurs, au fond la Vierge Marie en tant que Reine des  Martyrs.

On dit qu’une maman met au monde son enfant trois fois. Quand elle le conçoit ; c’est dans le secret. Peu de mamans savent qu’elles sont en train de mettre un bébé en route. Même s’il y a un grand désir c’est une surprise. Deuxièmement, quand elle accouche. C’est douloureux pendant longtemps. Mais la souffrance cède la place à la joie très vite. Et puis, troisièmement,  quand il doit prendre son envol ; quand il doit quitter le nid familial pour voler de ses propres ailes. C’est difficile pour la maman. Le papa a un rôle important pour séparer l’enfant de sa mère parce que les deux sont dans l’amour fusion. Pendant assez  longtemps le bébé pense que le corps de sa maman et le sien ne font qu’un. On dit que la maman ne comprend qu’elle doit vraiment faire son deuil que lorsqu’elle ne lave plus le linge de son fils.

Et puis il y  a des mamans qui mettent au monde leur enfant une quatrième fois…. ! C’est la plus douloureuse. C’est lorsque leur enfant meurt. La Vierge Marie a connu cette souffrance. Mais c’est une consolation très grande pour une maman qui perd son enfant d’accident, de maladie, voire de suicide ou de meurtre, de savoir que la Vierge Marie sait ce que c’est. Il y a la mort de l’enfant, du jeune homme, de l’adulte, mais aussi les fausses couches qui sont aussi une grande souffrance et qui représentent un deuil parfois très très douloureux. Mais quand un enfant souffre de maladie, de tension familiale, d’addiction, de chômage, de rejet, la maman vit ce que la Vierge Marie a subi durant la vie publique et la passion de Jésus.

En Haute-Loire, nous avons quelque chose qui est peut-être unique au monde. Dans nos montagnes, se trouve une magnifique petite église, plus précisément à Montusclat, au-dessus de St Julien Chapteuil ; près de l’église, vous prenez le chemin balisé en jaune.
Vous irez ainsi jusqu’à la petite chapelle de Notre Dame de l’Etoile. Au-dessus de la chapelle un petit chemin vous conduira jusqu’à une plate-forme où l’on a reproduit les statues du sanctuaire de La Salette. Entre les deux, on a érigé sept croix qui représentent le chemin de croix de la Vierge Marie, Notre Dame des Sept Douleurs.


J’ai eu une surprise :
1. La prophétie du saint vieillard Siméon.2. La fuite en Egypte.3. La disparition de Jésus au Temple pendant trois jours.4. La rencontre de Jésus portant Sa croix et montant au Calvaire.5. Marie debout au pied de la croix.6. La descente de Jésus de la croix, la remise à Sa Mère et l’ensevelissement de Jésus dans le sépulcre.

Tout en marchant jusqu’à la septième croix, je me demandais bien ce que pouvait être la septième douleur de Marie. Qu’est-ce qu’il pouvait y avoir après la peine de voir le tombeau fermé sur le corps de son fils ?
La septième douleur c’est… la solitude de Marie.
N’est-ce pas très vrai ! e deuil, comme toute souffrance se conjugue d’abord à la première personne du singulier.
C’est pour cela qu’il faut demander au Seigneur son Esprit de Consolation.
Littéralement, ce mot veut dire : avec (cum) le seul (solus)… Se mettre avec celui qui est seul, être avec la personne seule, enlever la solitude ,…

Que toutes les mamans qui traversent l’épreuve connaissent la grâce de la Consolation qui vient de la présence maternelle de la Vierge Marie.

25°dim ord. A 24 septembre 2023 Tant qu’il est encore temps.

Frères et sœurs, cette parabole de Jésus nous bouscule.

Elle peut questionner nos relents de jalousie.

Elle fait ressortir l’immense grâce de pouvoir travailler, de pouvoir servir, de se sentir utile, avant même la considération du salaire.

Elle peut nous faire réfléchir sur les notions d’égalité et de justice. Egalité en dignité et en droit, mais certainement pas en mission.

Mais nous pourrions lire cette parabole des ouvriers de la onzième heure avec la clef qui est donnée par le prophète Isaïe dans la première lecture : « Cherchez le Seigneur tant qu’il se laisse trouver ; invoquez-le tant qu’il est proche. » Le point commun entre tous les ouvriers de la parabole, c’est qu’ils ont répondu OUI à la proposition d’emploi. Alors posons-nous quelques questions :

Où en suis-je de la promptitude à lui répondre ? Les moines ont dans leur règle de cesser immédiatement leur activité dès qu’ils entendent la cloche qui les appelle à l’office ou au chapitre. Mais dans une autre parabole, Jésus dit que ce n’est pas très grave si le premier réflexe c’est de dire non pourvu qu’on se ravise et qu’on dise Oui. Le plus grave c’est de commencer par dire oui et de ne pas le faire.

Quand je me suis trompé, combien de temps je mets pour rectifier ? Du côté du Seigneur, on a dit que qu’il est comme un GPS c’est à dire qu’avec lui, il est toujours temps : un GPS ne nous fait pas de remontrance quand nous nous trompons. Il nous annonce simplement un nouveau calcul d’itinéraire. Mais de notre côté, nous avons le redoutable pouvoir d’éteindre le GPS et de nous endurcir dans le péché. Quelqu’un disait un jour son admiration à un moine. Celui-ci a dit : « Vous savez, au monastère, nous tombons et nous nous relevons, nous tombons et nous nous relevons ». En effet, un saint ce n’est pas quelqu’un qui ne tombe jamais ; c’est quelqu’un qui se relève toujours. Il n’est pas si facile que ça de croire en la miséricorde du GPS, le Grand Pardon du Sauveur.

Où en suis-je de mon désir de vivre à l’écoute du Seigneur ? Le témoignage de saint Paul est merveilleux : j’aimerais bien aller au Ciel, être en communion pleine et entière avec Jésus dès maintenant, mais il me semble que le Seigneur me veut ici avec vous, pour vous, alors Gloire à Dieu ! « Soit que je vive, soit que je meure, le Christ sera glorifié dans mon corps. En effet, pour moi, vivre c’est le Christ, et mourir est un avantage. Mais si, en vivant en ce monde, j’arrive à faire un travail utile, je ne sais plus comment choisir. Je me sens pris entre les deux : je désire partir pour être avec le Christ, car c’est bien préférable ; mais, à cause de vous, demeurer en ce monde est encore plus nécessaire. »

Comment est-ce que je reconnais les appels du Seigneur dans ma vie ? La parabole nous rappelle que Dieu nous sauve en nous mettant au travail, en nous faisant faire. La plupart des gens imaginent Dieu comme une espèce de Zorro qui vole au secours du faible et du malheureux, une espèce de Dépanneur, d’interventionniste. Or il nous sauve surtout en se faisant mendiant, pauvre, pour réveiller et développer notre capacité d’aimer. On raconte qu’un prince entendait parler depuis longtemps d’un de ses sujets un paysan pieux dont on disait qu’il était le plus sage des hommes. Un jour qu’il visitait son royaume, le prince voulut le coincer en lui posant une question piège : « Combien de mètres d’étoffe faudrait-il, pour habiller Dieu dont on dit qu’il remplit la terre et les cieux ? » Le brave paysan réfléchit un instant puis dit calmement : « Je pense que 4 ou 5 mètres de tissu suffiraient largement. » Le prince étonné lui demande pourquoi. – « Eh bien, lui répond le brave homme, Jésus a dit : « Ce que vous faites, aux plus petits d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites » et 4 mètres d’étoffes suffiraient largement pour faire un manteau au pauvre malheureux que je suis. »…Un économiste recommandait de prendre chaque matin dans sa poche deux ou trois pièces de un ou deux euros pour pouvoir en donner aux SDF, de façon à pouvoir dire au quatrième qui me sollicite : – « Vous n’avez pas une petite pièce ? » – « Si, mais je les ai déjà données ».

On raconte qu’à la fin du 19° siècle, dans une paroisse de Nice, un soir, un curé qui semble plutôt pauvre et qui ne parle pas très bien français –on comprend qu’il est italien – frappe à la porte d’un presbytère ; il demande l’hospitalité pour la nuit. La bonne de monsieur le curé le reçoit et, mi-méfiante mi-charitable, elle le conduit jusqu’au grenier. Ce n’est pas isolé, on voit les tuiles et les liteaux qui les retiennent. C’est propre, mais pas très confortable.  Il y a une paillasse, pas de lavabo évidemment mais un broc d’eau et une cuvette. Quelques années après, monsieur le curé de cette paroisse reconnaîtra Don Bosco, saint Jean Bosco, un très grand saint. C’était lui qui avait couché au grenier ! Et lui et sa bonne diront : « Ah ! Mais si on avait su, on lui aurait donné la chambre de l’évêque » !…

Tant qu’il est temps, Seigneur, évite-moi de procrastiner, de me décourager si je n’ai pas réussi du premier coup, de m’étourdir et de dériver loin de toi. Et fais-moi la grâce d’entendre tous tes Appels à travailler à ta Vigne ! Amen !

17 septembre 2023 la rancune et la rancœur (24°dim ord A)

Frères et sœurs, on dit : « Je lui garde un chien de ma chienne », « Il ne perd rien pour attendre », « La vengeance est un plat qui se mange froid »… La rancune, ce sentiment tenace que l‘on garde d’une offense, d’un préjudice, avec de l’hostilité et un désir de vengeance, c’est une bombe à retardement ! On parle aussi de rancœur, pour dire que c’est un poison qui ronge. « Rancœur » est formé du nom « cœur » et de l’adjectif « ranci » : un cœur ranci ; un morceau de lard qui sent le ranci, ce n’est pas agréable.

Comment guérir de la rancœur, comment dépasser la rancune ?

Un témoignage. Dix jours avant le mariage, Marc reçoit un coup de téléphone de son père, furieux. En effet, Marc a choisi de prendre sa sœur pour témoin au mariage civil, mais non au mariage religieux et son père trouve cette décision inadmissible : c’est un affront fait à la famille. Une heure de discussion, orageuse, s’en suit. Marc raccroche, pris entre le désir de se soumettre et la révolte : deux réactions infantiles, qui, en fait, réveillent et révèlent toutes les dépendances affectives qui n’ont pas encore été clarifiées en lui. Comme prévu, il part en retraite, avec sa fiancée. Cinq jours de silence et de prière dans un monastère, juste avant le mariage. Les trois premiers jours sont inscrits sous le signe de la colère, incontrôlable. Il commence à écrire à son père six pages où alternent l’accusation et la justification. Puis, ne trouvant pas la paix, sur le conseil de sa fiancée, il se met devant le Saint Sacrement, supplie. Alors, là seulement, il découvre qu’au fond de son cœur, plus profond que toute rancœur, il se trouve un amour, une véritable reconnaissance à l’égard de son père. Il se met à lui écrire une belle lettre de remerciement : « Grâce à l’amour, qui existait entre toi et maman, j’ai pu découvrir qu’il était possible d’aimer. Merci. » Cette démarche de pardon a non seulement permis la réconciliation et un mariage paisible et joyeux, mais elle a commencé à guérir l’offensé de ses liens affectifs régressifs.

Il faut se rappeler que le diable n’a accès qu’à nos sentiments, nos ressentis. Pour lutter contre les sentiments négatifs, les ressentis poisons comme la rancune et la rancœur, il faut donc opposer notre volonté.

Il est important de renforcer notre volonté en demandant l’aide d’une personne de confiance, une personne qui peut tout entendre et qui ne dira rien à personne. Son écoute fait droit à la blessure qui nous a été causée.

Ensuite, on peut discerner quel est le meilleur moyen :   parfois il suffit de dire dans une prière personnelle : « Au Nom de Jésus, je prends autorité sur cette rancune »  « Au Nom de Jésus, je prends autorité sur cette rancoeur »

Mais il est bon aussi de demander au Seigneur de bénir la personne qui nous a offensée. Récemment, quelqu’un qui a choisi cette voie me disait : « Quand j’ai réalisé combien l’enfance de mon père a été difficile, j’ai compris et pardonné son attitude à mon égard. Depuis lors, à mon grand étonnement et à ma joie, j’ai pu constater que nos relations se sont détendues, améliorées. C’est comme s’il avait fait, simultanément du mien, son propre cheminement personnel. Et pour couronner le tout, un jour il m’a dit : – « Tu sais, si j’ai été si dur avec toi, c’est aussi parce que j’ai beaucoup souffert. » J’ai reçu cet aveu comme une demande de pardon. Je suis en paix. »

Comme il est important d’aider les enfants à se lancer sur la piste du pardon ! Deux témoignages : «  C’était il y a longtemps… J’avais une dizaine d’années. Un jour de printemps, ma grand-mère est arrivée. De Toulouse. Pour ma mère, elle avait apporté un bouquet de violettes. Le voyage étant long jusque dans l’est de la France, elle en avait pris grand soin. Maman était très heureuse de ce cadeau. En classe, je n’avais pas su ma leçon d’histoire. La maîtresse m’avait gardée « en retenue », comme on disait alors. Arrivée en retard à la maison, je m’attendais à être réprimandée. De plus, j’étais très fâchée, non pas contre moi-même, ce qui aurait été logique, mais contre la maîtresse qui m’avait punie. Au moment de repartir à l’école, l’après-midi, maman m’a donné le bouquet de violettes, me disant simplement : « Tu donneras ces fleurs à ta maîtresse. » C’est ainsi que j’ai appris la réconciliation. Je m’en suis toujours souvenue. J’ai 75 ans. Je remercie ma mère, encore aujourd’hui. »

Un garçon avait un caractère difficile. Il se fâchait facilement. Têtu, tête de cochon, vif, il fuyait dans le silence. Mais en général, deux ou trois heures après sa maman trouvait sur la table de la cuisine un ananas. Il savait que sa maman aimait beaucoup les ananas. Pour lui demander pardon et tirer un trait sur sa colère ou sa bouderie, il cassait sa tirelire et filait chez le primeur.

Il est important que les enfants apprennent au contact de leurs parents qu’un chrétien c’est quelqu’un qui demande pardon, qui pardonne, qui dit « stop » à la rancune, qui élimine la rancœur.  La prière familiale du soir, pour ça  c’est génial. A table, le papa a explosé parce que son petit Bruno se grattait le nez. En fait, ce n’est pas parce que le petit  se grattait le nez qu’il est sorti de ses gonds, c’est parce qu’il avait eu des ennuis avec ses collaborateurs au boulot. C’est ce qui s’appelle un tir indirect. Ou bien la maman qui est une armoire à glace et qui crie sur son petit haut comme trois pommes «si je suis énervée, c’est de ta faute». Eh bien, à la prière du soir, il est assez facile de dire :»Seigneur, je te demande pardon d’avoir été trop sévère avec Ludovic » …

Supplions le Seigneur de nous libérer de toutes les toxines qui nous empoisonnent l’âme, les toxines de la rancune notamment qui sont elles-mêmes nourries par les toxines de la peur, les toxines de la tristesse, les toxines de la suffisance, les toxines de l’orgueil. Le Seigneur nous greffera son propre cœur, doux et humble. Amen !