26°d.t.o.  « A », 28/09/2014. Monistrol et Foi et Lumière- Dim 1er octobre-

Frères et sœurs, voici l’histoire de la maman qui voulait envoyer son fils à la messe. C’est un dimanche matin. Il est 9 heures. Elle frappe à la porte de la chambre d’abord discrètement puis un peu plus énergiquement : « Dominique, c’est l’heure, il faut te préparer.» Pour toute réponse elle entend un grognement. Elle avait pensé que cela voulait dire : « Oui je me lève ». Mais trois quarts d’heure plus tard, la levée de corps n’est toujours pas faite. Elle retourne frapper. « Dominique, c’est dimanche, il faut se lever.»  Deuxième grognement. A 10 heures, elle fait une troisième tentative. En vain. Alors à 10 heures et quart, elle insiste : « Dominique, est-ce que je peux entrer ? … La messe est dans un quart d’heure, l’église est pleine, et je te rappelle que tu es le seul prêtre du village  … ! » Cette petite histoire nous dit bien que dire oui au Seigneur, c’est difficile pour tout le monde.

A la fin de notre vie, nous paraîtrons devant le Seigneur. Il nous posera la question :  Veux tu être avec moi pour toujours ?  Il faudra répondre  « Oui ». Ce oui éternel se prépare durant toute notre vie. Où en suis-je de mon « Oui » ? C’est un mot qui revient souvent dans nos journées Il y a le  « oui »  tranquille de l’affirmation vraie et sans hésitation.  Vous avez appelé Untel ?   « Oui ».  Il y a le  « oui »  exclamatif qui ne cache pas sa joie :  ça vous dirait un pèlerinage à Rome ?   « Ouiiii » !  Il y a le «  oui »  douteux qui se dédouble, pour faire semblant d’être un vrai consentement.  Vous avez appelé Untel ?   « Oui oui, je le fais tout de suite ».  Il y a le  « oui »  qui veut dire  « non ».  Vous penserez à répondre à Machin qui se plaint de n’avoir toujours pas reçu de réponse de votre part ?   « Mais oui, je m’en occupe. »  C’est le  « oui cause toujours ». Il y a des  « oui »  de tendresse, voire plus si affinités. Des  « oui »  solennels, sacramentels, que la foule émue guette dans les églises ou les salles de mariage quand les mères écrasent des larmes. Il y a la rubrique Carnet blanc de la presse locale :  Marcel et Germaine se sont dit oui.  Il y a le  « oui »  ironique, donneur de leçons :  « Oui, bravo ! Eh bien maintenant il ne te reste plus qu’à ramasser les morceaux ».  Il y a le  « oui »  triomphal du coup gagnant, souvent traduit aujourd’hui par un  « yes »  de conquérant. Et le  « oui » pâteux, mollasson, sans conviction, extorqué, qui se prononce « mouaais ». Celui-là se rapproche dangereusement du  « non »  . Il y a le oui facile à dire mais pas facile à tenir. Un jeune amoureux écrivait à sa petite copine : et dans cette lettre il mettait tout son cœur et le maximum de poésie :  « Ma chérie, je t’aime. Je t’aime tellement ! Pour toi je traverserais les torrents les plus impétueux, j’escaladerais les rochers les plus vertigineux, je braverais toutes les tempêtes   Et il continuait ainsi, tout aussi lyrique. Puis il concluait :  Bon, alors, je te dis  à dimanche  s’il ne pleut pas   ! »
Tous les enfants ont un passage où ils ne savent que dire « non ». Ils s’opposent en espérant retrouver la toute-puissance qu’ils avaient tout bébé quand on osait rien leur refuser. Tu veux aller te promener ?   « non »  Tu veux manger ?   « non »   Tu veux aller te coucher ?   « non »   Tu veux rester éveillé ?   « non ». En grandissant, on devient plus filou. On ne s’oppose pas franchement mais on fait la sourde oreille, on répond  « oui attends, attends ».  Quand on a terminé le repas, on sait très bien qu’il faut lever le couvert, passer la balayette et l’éponge, donner un coup de balai, ranger les assiettes sales dans le lave-vaisselle. Quand chacun s’y met, c’est vite fait. Mais moi j’ai trouvé l’astuce : dès que le repas est terminé, je vais dans un petit endroit. Sur la porte il y a écrit  « toilettes ». Là j’attends tranquillement.
            Ce n’est pas facile de dire oui. Cela demande du courage, de la persévérance, de la fidélité, de l’humilité, et ce qu’on appelle du discernement. Discerner, cela veut dire réfléchir, chercher, se creuser la tête. Jésus a accompli lui-même ce qu’il nous demande :  Que votre oui soit oui, que votre non soit non  (Mt 5,37). Saint Paul nous dit :  Jésus n’a pas été oui et non Il n’y a eu que oui en lui  (2Co1,19) Tout Jésus se résume en  « Oui Père ». Pour cela il lui a fallu dire non aux solutions de facilités de transformer des pierres en pain, de sauter du sommet du temple sans parachute ou de prendre un pouvoir international. C’eut été pourtant pour la bonne cause Il a dit non à Pierre quand celui-ci a sorti l’épée. La vie de Jésus c’est le  « oui Père »  de plus en plus libre, de plus en plus clair, de plus en plus ferme. Et saint Paul nous dit « C’est par lui que nous disons notre oui à Dieu pour sa gloire »  (2Co1,20).
Au cours d’une réunion à Paris des Equipes Notre Dame, nous devions échanger sur la Règle de vie que chacun se fixe pour progresser dans le Oui Père  , voici ce que nous a partagé Elisabeth une jeune maman enceinte de son quatrième enfant. Elle est institutrice dans une école publique de banlieue où le directeur et tous ses collègues sont communistes. Sachant qu’elle est catholique, ils la harcèlent de critiques et d’observations blessantes. L’affaire Gaillot, le préservatif, la visite du Saint-Père : tout est prétexte à l’attaquer. Or elle venait de prendre comme règle de vie de répondre par le sourire à toute agression quand au cours d’une réunion de parents d’élèves une maman prend la parole et en la fixant se met à lui faire de vifs reproches complètement injustes. Dès que la réunion est terminée, elle n’a pas le cœur de rester plus longtemps. Durant le trajet jusqu’à la maison, elle parle au Seigneur :  Oui Seigneur, je t’avais promis. Mais c’est trop dur pour la première fois Bien sûr, j’ai promis de ne rien dire ; mais toi, venge-moi   Et malgré l’affection de Philippe, son mari, et de leurs trois filles, cette histoire trouble sa nuit. Le lendemain après-midi, mercredi, on sonne Elle va ouvrir. Son sang ne fait qu’un tour quand elle aperçoit la maman qui lui a fait tant de mal la veille. Elle l’accueille du mieux qu’elle peut. Et cette maman lui dit :  Je viens vous demander pardon. Je suis timide et parmi les instits, il n’y avait que votre visage qui m’était sympathique et qui ne me faisait pas peur. C’est pourquoi j’ai parlé en vous regardant. Mais ce n’est pas vous que je visais  . Elisabeth se dit :  Merci Seigneur  . Mais elle lui dit tout de même :  Je vous remercie mais comprenez que vis-à-vis de mes collègues je suis maintenant très gênée   –  Justement, lui répond la maman, je voulais vous dire aussi : hier soir vous êtes partie très vite. Je n’ai pas eu le temps de vous parler. Alors j’ai fait le tour de toutes les instits pour lui dire que je ne parlais pas du tout de vous.  Sourire de Dieu : il nous prend au mot et soutient vraiment nos efforts quand nous décidons de lui dire Oui. Si je viens à la messe, c’est que le Oui de Jésus m’aide à découvrir quels Oui le Seigneur attend de moi. Et il me donne le courage de les lui dire. Amen !

8 octobre 2023 27ème dim. T.O.

Frères et sœurs, cette parabole peut avoir plusieurs applications « à grande échelle » : par exemple les Chefs des prêtres de l’époque de Jésus refusant d’accueillir leur Messie, c’est l’Eglise qui a pris le relais. Aujourd’hui, les pays d’Europe qui doivent tellement à Jésus, le refusent jusqu’à nier leurs racines chrétiennes ; en Corée, au Vietnam, en Inde, en Afrique, en Amérique du Sud, les séminaires et les noviciats sont pleins.

Mais les paraboles du Christ ont presque tout le temps aussi une application à une échelle plus réduite, ou au niveau individuel : elles s’appliquent à toute personne individuelle et pas seulement à l’humanité ou à la chrétienté en général. Nous sommes invités à nous demander : quel sort ai-je réservé, moi, au Christ dans ma vie ? Comment est-ce que je réponds à l’amour incompréhensible de Dieu pour moi ? Ne l’ai-je pas par hasard moi aussi jeté hors des murs de ma maison, de ma vie… c’est-à-dire oublié, ignoré ?

Je me souviens qu’un jour j’écoutais, assez distraitement, cette parabole au cours d’une messe. Au moment où le patron de la vigne se dit : « Ils respecteront mon fils », je sursautais. Je compris que ces paroles s’adressaient directement à moi, à ce moment-là. Le Père céleste était sur le point de m’envoyer son Fils dans le sacrement de son corps et de son sang ; avais-je conscience de la grandeur de ce moment ? Etais-je prêt à l’accueillir avec respect, comme le Père s’y attendait ? Ces paroles m’arrachèrent brusquement à mes pensées… Que veut dire « respecter son Fils » ?  Concrètement qu’est-ce que le Père attend de moi ? Disons-le avec trois sourires.

Deux grand-mères parlaient ensemble de leurs petits-enfants. L’une dit : ‘chaque année j’envoie à chacun de mes petits-enfants une carte avec un généreux chèque dedans. Puis je n’entends pas parler d’eux, pas même un merci où une visite’ L’autre dit : ‘Je fais la même chose que toi mais dès la semaine suivante ils viennent tous me rendre visite et me remercier’ ‘Vraiment? dit la première. Comment fais-tu?’ ‘Je ne signe pas le chèque !’ Le respect commence par la reconnaissance, la gratitude. Jésus est Le Don, en permanence à disposition. Il n’y en a pas de plus grand.   

Un prêtre faisait un enseignement dans une église. Ce prêtre était d’une sensibilité aiguë, et alors qu’il aborde un sujet très délicat, il voit un monsieur se lever et sortir de l’église . Pour se rassurer, il essaie de se dire qu’il va aux toilettes. Mais au bout de trois quarts d’heure, il n’est pas revenu. Le prêtre va parler à l’épouse de ce monsieur et lui dit : « j’ai vu votre mari sortir, je l’ai peut-être blessé par mes propos un peu vifs. Je parlerais volontiers avec lui. » Mais la dame lui dit : « oh vous savez , mon mari est somnambule »

Le respect, c’est aussi l’écoute. Il nous a écrit une Bible et le catéchisme de l’Eglise catholique. Une enfandise qui témoigne que dès tout petit on peut savoir la Parole de Dieu et la bien placer.  Baudoin crie à la cantonade dans la maison : “quelqu’un a t’il vu le doudou de Théophane”, Cyr – qui a cinq ans et demi – passe devant Baudoin et lui dit : “le Seigneur a dit cherchez et vous trouverez !” Il est la Parole.

Troisième sourire. Voici un bon moyen mnémotechnique pour retenir les 7 péchés capitaux : il faut d’abord penser que la jalousie et la colère sont à cheval. Et un cheval au galop : g comme gourmandise, a comme avarice, l comme luxure, o comme orgueil, et p comme paresse. Le respecter, c’est non seulement connaître la liste des péchés mais savoir les identifier chez soi (parce que chez les autres c’est assez facile). Et puis ne pas s’accuser mais se confesser. Il est le Sauveur.

Exauçons la prière du Père « ils respecteront mon Fils » : en prenant du temps pour rendre grâce, en prenant du temps pour lire sa Parole, en prenant du temps pour identifier nos péchés et lui demander de nous en délivrer. Amen !  

15 octobre 2023 l’urgent et l’important

Frères et sœurs, il est instructif d’observer quels sont les motifs pour lesquels les invités de la parabole refusent de se rendre au banquet. Matthieu dit qu’ils « ne tinrent aucun compte » de l’invitation et « s’en allèrent, l’un à son champ, l’autre à son commerce ». Sur ce point, l’Evangile de Luc est plus détaillé et présente ainsi les motivations du refus : « J’ai acheté un champ, et je suis obligé d’aller le voir … J’ai acheté cinq paires de bœufs, et je pars les essayer… Je viens de me marier, et, pour cette raison, je ne peux pas venir » (Lc 14, 18-20).

Qu’ont en commun ces différents personnages ?  Ils ont tous trois quelque chose d’urgent à faire, quelque chose qui ne peut pas attendre, qui requiert immédiatement leur présence. Et que représente en revanche le banquet nuptial ? Il indique les biens messianiques, la participation au salut apporté par le Christ, donc la possibilité de vivre pour l’éternité. Le banquet représente donc la chose importante dans la vie, la seule chose importante. L’erreur commise par les invités est donc claire ; elle consiste à négliger l’important au profit de l’urgent, l’essentiel au profit du contingent ! Aujourd’hui, il s’agit d’un risque tellement répandu et tellement insidieux, non seulement sur le plan religieux, mais aussi sur le plan purement humain, qu’il vaut la peine d’y réfléchir un peu.

D’abord, précisément sur le plan religieux. Négliger l’important au profit de l’urgent, au niveau spirituel, signifie renvoyer continuellement l’accomplissement des devoirs religieux, parce qu’il se présente chaque fois quelque chose d’urgent à faire. C’est dimanche et il est l’heure d’aller à la messe, mais il faut faire cette visite, ce travail dans le jardin, le déjeuner à préparer. La messe peut attendre, le déjeuner non ; alors on renvoie la messe et on se remet aux fourneaux.

J’ai dit que le danger de négliger l’important au profit de l’urgent est présent aussi sur le plan humain, dans la vie de tous les jours, et je voudrais également en parler en peu. Pour un homme, il est certainement très important de dédier du temps à la famille, de passer un peu de temps avec ses enfants, de parler avec les grands, de jouer avec les petits. Mais voilà qu’au dernier moment il y a toujours des choses urgentes à faire au bureau, des heures supplémentaires au travail, et l’on renvoie à une autre fois, finissant par rentrer à la maison trop tard et trop fatigué pour penser à autre chose.

Pour un homme ou une femme il est très important d’aller de temps en temps rendre visite à un parent âgé qui vit seul chez lui ou dans une maison de retraite. Pour quiconque il est très important de rendre visite à une connaissance malade pour lui montrer notre soutien et lui rendre peut-être quelque service pratique. Mais ce n’est pas urgent, et si on reporte la visite, le monde ne va pas s’écrouler, en apparence. Il est même possible que personne ne s’en rende compte. Et ainsi, on renvoie.

Il en est de même pour la santé, qui figure aussi parmi les choses importantes. Le médecin, ou tout simplement le kiné, nous avertit que nous devons nous surveiller, prendre un temps de repos, éviter certains types de stress… On répond : oui, oui, je le ferai sans problème dès que j’aurai fini ce travail, quand j’aurai arrangé la maison, quand j’aurai remboursé toutes mes dettes… Jusqu’à ce que l’on se rende compte qu’il est trop tard. Voilà où est le piège : on passe sa vie à courir après les mille petites choses à faire et l’on ne trouve jamais le temps pour les choses qui changent vraiment les relations humaines et peuvent apporter la vraie joie (et, si elles sont négligées, la vraie tristesse), dans la vie. Ayant découvert qu’elle s’était fait leurrer par des ambitions bien futiles finalement, une personne avouait : « Je me suis vue comme un chien lévrier sur le champ de courses, qui finit par s’aviser que ce sont des lapins mécaniques qu’il a courus tout ce temps-là ; toute cette dépense d’énergie et pas même un vrai lapin ! ». Un auteur anglais a écrit que le plus tragique dans la vie, c’est de parvenir tout en haut de l’échelle de la réussite, pour découvrir que l’échelle était placée sur le mauvais mur.

Ainsi, nous voyons comment l’Evangile, indirectement, est aussi une école de vie ; il nous enseigne à établir des priorités, à tendre à l’essentiel. En un mot, à ne pas perdre de vue l’important en se concentrant sur l’urgent, comme il est arrivé aux invités de notre parabole.

Amen !

29° « A » 22/10/2023 Dimanche des Missions.

Frères et sœurs, le piège tendu à Jésus était assez bien pensé. S’il dit de payer l’impôt, il est un  « collabo » de l’occupant romain ;  s’il dit de ne pas le payer, il sera poursuivi comme un résistant. Mais Jésus est très astucieux et plein d’humour : il prend ses opposants à leur propre piège en leur  demandant « innocemment » de lui montrer une pièce de monnaie. Et ils le font ! Ils sont donc eux-mêmes compromis avec l’occupant  puisqu’ils ont de l’argent romain sur eux… ! Ne serait-ce pas un encouragement à utiliser aussi l’humour pour couper court à des discussions tendues ?

Mais ce que dit Jésus ensuite, éclaire la grave question des liens entre la religion et la politique. Jésus affirme d’abord qu’il y a une autorité civile et qu’elle a des droits sur nous. Il affirme ensuite qu’il y a l’autorité divine et que Dieu a des droits sur nous. Par cette formule, Jésus affirme les droits de Dieu sur César lui-même (le pouvoir politique), ce qui n’anéantit pas les droits de César sur nous mais les relativise… à Dieu justement. C’est ce qui est devenu dans la doctrine politique classique, la distinction de l’ordre temporel et de l’ordre spirituel, mais non pas leur séparation, d’une part parce que l’homme – parce qu’il est corps et âme – vit dans les deux, mais surtout, et d’autre part, parce qu’il est ici-bas en son corps pour préparer sa vie éternelle. On vit dans une société mais on vit aussi pour le Royaume de Dieu et la société dépend du Royaume de Notre Seigneur.  Ce qui est tout à fait logique :  Ce qui est éternel vaut plus que ce qui éphémère.

Voilà pourquoi le chrétien doit refuser certaines lois de la république qui ne sont pas des lois mais des transgressions. Il doit non seulement les refuser mais les combattre car elles ne peuvent conduire l’humanité qu’à d’énormes souffrances.

Cela fait partie de la Mission. Même si la mission est plus large. Comment rendre à Dieu ce qui est à Dieu ? Comment permettre au maximum de trouver son bonheur à se donner à Dieu ? Comment être missionnaire ? En transformant de votre argent en nouveaux chrétiens. Chaque année les 3000 diocèses catholiques existant dans le monde  viennent en aide à 1300 d’entre eux pour les soutenir dans leur vie et leur mission d’évangélisation. Le Saint-Père par les Œuvres Pontificales missionnaires reverse chaque année près de 140 millions d’euros qui sont répartis pour la moitié aux Eglises d‘Afrique et pour le reste aux Eglises d’Asie, d’Amérique latine et d’Océanie. Il faut penser que chaque année dans le monde il y a 15 millions de baptisés supplémentaires, une dizaine de nouveaux diocèses créés, plus de 5000 projets financés par les OPM. Votre argent servira  à construire et entretenir des églises, des presbytères, et des chapelles (15%), former des prêtres dans les séminaires et les noviciats (27 %), soutenir les diocèses (40%) , pour des urgences (5%), pour des crèches, orphelinats et la catéchèse (13%). Donc, on peut être missionnaire simplement en donnant de notre argent. C’est à coup sûr un très bon placement. 

Il nous faut aussi nous efforcer d’être missionnaires ici sur place. Tout le monde ne peut pas être catéchiste, responsable du parcours Alpha ou faire de l’évangélisation de rue comme les foyers Anuncio, Mais tout chrétien peut être missionnaire. Faisons un test : pourriez-vous nommer les trois personnes les plus riches du monde ? Les trois gagnants des derniers Prix  Nobel ? Les trois derniers gagnants des Oscars du meilleur acteur ? Vous n’y arrivez pas ? C’est difficile ! Ne vous inquiétez pas : personne ne s’en souvient. Les applaudissements passent. Les trophées prennent de la poussière. Les gagnants sont vite oubliés.

Maintenant, répondez à ces questions :  nommez cinq professeurs qui ont contribué à votre formation, cinq amis qui vous ont aidé dans les moments difficiles, cinq personnes qui vous ont permis de vous sentir important, cinq personnes avec qui vous aimez passer du temps. Il faut réfléchir, bien sûr, faire remonter des souvenirs, mais c’est possible. Beaucoup plus facile en tout cas ! 

Les personnes qui ont un sens dans nos vies ne sont pas celles qui sont « cotées » au maximum, avec le plus d’argent, les plus belles médailles. Ce sont celles  qui se font du souci pour nous, qui prennent soin de nous, celles qui, en toutes circonstances, restent auprès de nous. Combien de jeunes fiancés que nous préparons au mariage, nous disent que c’est grâce à leur grand-mère ou leur grand-père mais aussi à leur maman, à leur papa qu’ils ont la foi. C’est leur gentillesse, la cohérence de leur vie et de leur pratique, leur bienveillance qui les a encouragés à  explorer ce chemin de bonheur même s’ils n’ont pas toujours commencé de bonne heure !

30° dim. « A », Vals et Polignac, 29 octobre 2023

Frères et sœurs,

Quelle est l’urgence aujourd’hui ? Aimer Dieu ou aimer les autres ?

Si on faisait un sondage, on peut parier que 95% des réponses affirmeraient que l’essentiel c’est d’aimer les autres. Premièrement parce qu’il serait étonnant que Dieu attende après notre amour. Deuxièmement parce que ce qui compte c’est bien que les autres soient plus heureux.

Et pourtant certains faits posent question :  Comment se fait-il qu’une fille aussi brillante, aussi douée intellectuellement, aussi généreuse que Bénédicte Bidan ait arrêté ses études de médecine à la quatrième année pour entrer au Carmel de Surieu ?! Quel gaspillage !

Autre fait :  sainte Jeanne d’Arc qui était d’abord une femme d’action – il lui a suffi d’un an pour retourner complètement la situation du Royaume de France – avait comme devise :  « Dieu premier servi ».

Pourquoi le premier des commandements c’est d’aimer Dieu de toute son intelligence, de tout son cœur, de toutes ses forces ? Voici deux raisons parmi d’autres.

Au nom de l’amour des autres on a commis et on commet beaucoup de crimes. Le Professeur Lejeune racontait une petite histoire qu’un confrère américain lui avait un jour confiée : « L’un de mes amis, le professeur Varkany, qui enseigna l’embryologie à Cincinnati, m’a rapporté le fait suivant : « La nuit du 20 avril 1889, mon père, médecin à Braunau en Autriche, fut appelé pour deux accouchements. Pour l’un, c’était un beau petit garçon qui hurlait très fort ; pour l’autre, c’était une pauvre petite fille… porteuse de trisomique 21… Mon père a suivi la destinée de ces deux enfants. Le garçon a eu une carrière extraordinairement brillante ; la fille a connu un destin assez sombre. Pourtant, quand sa mère fut atteinte d’hémiplégie, cette fille, dont le quotient intellectuel était très médiocre, a tenu la maison avec l’aide des voisins et donné quatre ans de vie heureuse à sa mère grabataire. Le vieux médecin autrichien ne se souvenait plus du nom de la petite fille. Mais il n’a jamais pu oublier celui du petit garçon. Il s’appelait Adolf Hitler. » Aujourd’hui, au nom de l’amour on pratique l’eugénisme… Or, aimer quelqu’un c’est l’écouter. Aimer Dieu c’est d’abord l’écouter. Le Seigneur nous dit –entre autres – que les plus petits, les plus faibles, les plus fragiles ont aussi leur place. Nous en avons la preuve dans nos familles.

Pourquoi commencer par aimer Dieu ? Une autre raison.  : prenons une comparaison : il y a à Rome, tout près du séminaire français, dans le centre historique, une curiosité architecturale. C’est le panthéon, un édifice gigantesque. C’est un bâtiment circulaire, un cylindre de briques rouges surmonté d’une coupole. On sait que ce qui tient tout l’ensemble, c’est la clef de voûte, c’est-à-dire le sommet de cette demi-sphère qui coiffe le cylindre. Cela doit être très solide. Or, dans ce bâtiment, la clef de voûte, c’est un … trou de cinq ou six mètres de diamètre   ! Les Romains avaient dédié ce temple à tous les dieux (pan-theon, en grec) et cette ouverture symbolisait l’accès de la terre au ciel. Il y a là un symbole de ce qu’est l’être humain. La clef de voûte qui donne à l’être humain sa cohésion, son harmonie et qui fait sa grandeur, c’est son cœur profond. Et ce cœur profond est une ouverture, une possibilité de passage vers l’infini, un accès à Dieu infiniment grand, infiniment saint, infiniment beau, infiniment bon, infiniment vrai,… Notre clef de voûte est une capacité à entrer en relation avec Dieu. C’est notre grandeur et notre fragilité. En effet, cette ouverture est en chaque homme. Et si elle n’est pas remplie par la bonne lumière, la lumière du vrai Dieu, elle sera forcément remplie par autre chose : la passion du jeu, l’ambition effrénée, la recherche du plaisir, l’argent, l’attachement au gourou d’une secte, la superstition qui fait courir après les horoscopes, les tireuses de cartes, ou encore des anesthésiants comme la télévision, internet, les jeux vidéos, ou le sport devenu une idole. Dans la Bible il n’y a qu’une seule allusion à l’athéisme : « L’insensé a dit en son cœur : Dieu n’existe pas ». (Psaume 14, verset 1). En revanche, la Bible parle très souvent de l’idolâtrie. Le danger, si nous n’aimons pas le Seigneur, c’est que nous remplissions notre cœur de contrefaçons. Nous naissons tous avec le désir naturel du surnaturel. Aimer Dieu c’est lui faire de la place. Beaucoup d’hommes cherchent Dieu de façon pathétique.  Nous les chrétiens nous sommes gâtés. Nous savons qu’accueillir Dieu c’est accueillir Jésus, Jésus que nous pouvons imaginer facilement, que nous pouvons toucher à la communion, qui répare notre cœur à la confession, qui nous parle dès que nous ouvrons son évangile.

Continuons de prier pour que de plus en plus de chrétiens remettent Le Seigneur en pôle position. Amen !