Homélie du Dimanche 2 juillet 2023
Baptême de Léonie première communion d’Eugénie, 10° anniversaire de sacerdoce de Père Nicolas Pourrat et Père Pierre Besson.
Frères et sœurs, comment est-on sûr que ce Jésus de Nazareth que l’on a pu voir, entendre, toucher, que l’on a vu marcher, prier, embrasser les personnes, travailler de ses mains, manger, que l’on a surpris ému, fatigué, en pleurs, ….comment est-on sûr qu’il est 100% Dieu ? Parce qu’il est mort et ressuscité. Il le dit : « J’ai pouvoir de donner ma vie – nous aussi ! Mais la suite pour nous est plus problématique – et j’ai le pouvoir de la reprendre ». C’est la première raison. Mais il y en a d’autres, notamment ce qu’on peut appeler ses « prétentions » inouïes : sans parler de ses miracles réalisés en son propre nom, il prétend pardonner les péchés, par exemple ! Et puis ce qu’il dit à son sujet : « Je suis la Vérité, Je suis la Lumière du Monde, je suis le Pain Vivant, je suis le Bon Berger (au sens où l’on dit que l’on a la bonne clef de la porte), …Et encore des paroles comme celle que nous venons d’entendre : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi
n’est pas digne de moi ;[ celui qui aime son mari, son épouse plus que moi n’est pas digne de moi] … » Qu’un Père Nicolas, qu’un Père Pierre aient laissé la possibilité de fonder un couple, une famille, d’avoir des enfants, d’exercer un métier qu’ils aimaient, on arrive à comprendre. C’est un peu radical, mais c’est possible. Mais si un jour, un animateur, un coach, même un prêtre vous dit ça, c’est que vous êtes tombés sur un gourou, il faut vite fuir. Mais si c’est Jésus, vous pouvez y réfléchir… J’ai des amis dont le couple a été sauvé du divorce le jour où lui a rencontré Jésus et qu’il l’a mis en pôle position dans sa vie. Non seulement ils ne se sont pas séparés mais ils ont eu deux enfants de plus, et il est devenu diacre. Et ils sont plus amoureux que jamais.
Monseigneur Brincard avait un jour ce dialogue avec un jeune : « Est-ce que tu es la source de l’amour ? Si tu me réponds oui, je te dirais : pourquoi tu n’aimes pas tout le temps ? Une source ce n’est pas un robinet, c’est continuel. Si tu me réponds non, je te demanderais : alors d’où vient l’amour ? Qui en est la source ?… C’est Jésus, une source pas du tout vaporeuse, pas du tout « invertébrée gazeuse », mais bien concrète, bien identifiable ». Le barrage de la Grande Dixence, dans les Alpes, est haut de 285 mètres et large à la base de 200 mètres. Il permet d’accumuler une énorme énergie : 400 millions de mètres cubes d’eau provenant de 35 glaciers ! Il produit 20 % de l’énergie totale consommée en Suisse. Des conduites amènent l’eau aux turbines 1800 mètres plus bas, mais pour faire tourner celles-ci, il faut ouvrir les vannes. Cet ouvrage formidable, source de tant d’énergie, peut nous faire penser à la puissance de Dieu, toujours à la disposition du chrétien. Encore faut-il que nous ouvrions les vannes pour que disparaissent les blocages qui nous paralysent si souvent. Quels sont ces obstacles ? Le premier est le péché. Dieu qui est fidèle ne peut pas nous montrer sa bénédiction et sa puissance si nous tolérons le mal (mensonge, orgueil, immoralité, etc.) dans nos vies. La puissance de Dieu peut aussi être limitée si nous faisons de nous-mêmes le centre de tout. Non, le centre de tout, c’est Jésus. Comment allons-nous le mettre en pôle position ? L’été arrive, ne le mettons pas en vacances. Au contraire prévoyons des pèlerinages, des retraites, allons dans les monastères. La France est parsemée de ces oasis spirituels où Jésus nous console, nous libère, nous construit. Ce serait un péché de passer à côté. Amen !
Homélie du Dimanche 9 juillet 2023 14°dimanche ord. A
Frères et sœurs, que de révélations dans ce passage d’évangile !
Jésus n’attend pas de nous des performances et des exploits mais la confiance des tout-petits. « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. » Savez-vous pourquoi le mois de février n’a que 28 jours, parfois 29, les années bissextiles ? Le calendrier s’est formé pendant l’empire romain. Mars était le premier mois de l’année (et donc février le dernier) parce qu’il était dédié au dieu Mars. Jules César étant empereur, donc à ses yeux dieu sur terre, a voulu que lui soit dédié un mois de l’année. Cela a été Juillet qui vient de Julius. Rappelons que les chrétiens étaient envoyés aux jeux du cirque, condamnés à être déchiquetés par les lions ou trucidés par les gladiateurs parce qu’ils refusaient de faire brûler de l’encens devant la statue de l’empereur. Après Julius est arrivé l’empereur Auguste qui a voulu lui aussi qu’un mois porte son nom. Cela a été Août (Augustus en latin). Mais Auguste a dit : « Vous ne pensez tout de même pas que je vais me contenter d’un mois de 30 jours après celui de Jules César qui en compte 31 ! Donc on est allé spolier février (à ce moment-là, le dernier mois de l’année) pour qu’Auguste ait ses 31 jours… Jusqu’où peut aller l’ego !
Le tout-petit c’est un bébé tout confiant entre les bras de ses parents. Avouons que nous donnons du fil à retordre au Seigneur en jouant à ceux qui savent. Alors que nous gagnerions à nous situer comme des enfants qui ont tout à apprendre. Une catéchiste : selon vous, quel a été le plus grand miracle de Jésus ? Steven : C’est qu’il n’est pas descendu de la croix. Il en avait pourtant le pouvoir. Une catéchiste a proposé un chemin de croix dans une église avec un groupe d’enfants. -Treizième station : Jésus mort est descendu de la croix et remis à sa mère. Arrêtons-nous un moment et contemplons en silence la scène que vous voyez sur ce petit tableau. Zoé, 10 ans, tout bas : Que fait Marie ? La catéchiste, un peu étonnée de la question : Je ne sais pas. A ton avis ? -je crois qu’elle se penche vers son fils…Elle lui souffle à l’oreille : « Je suis fière de toi »
« Oui, Père » Jésus, le premier est dans cette attitude. Ce « oui Père » le résume complètement. Saint Paul écrit dans sa deuxième lettre aux Corinthiens : « Car le Fils de Dieu, le Christ Jésus, que nous avons annoncé parmi vous, Silvain et Timothée, avec moi, n’a pas été « oui et non » ; il n’a été que « oui ». Et toutes les promesses de Dieu ont trouvé leur « oui » dans sa personne. Aussi est-ce par le Christ que nous disons à Dieu notre « amen », notre « oui », pour sa gloire. » Dieu le Fils vient sur terre pour nous faire entrer dans son Oui éternel au Père. Et nous, nous disons : « Oui, mais pas maintenant, oui, mais pas tout le temps, oui, si… »
« Venez à moi, vous tous qui ployez sous le poids du fardeau. Je vous procurerai le repos… Prenez sur vous mon joug … Mon joug est facile à porter et mon fardeau léger. » Le joug c’était le joug de la Loi. Jésus veut libérer de l’observance scrupuleuse des 613 commandements dénombrés par les pharisiens qui poussent soit au découragement, soit à l’orgueil, soit à l’entourloupe. Son joug à Lui c’est la Loi, la Vie selon le Seigneur Esprit-Saint. Pourquoi ce joug est-il facile à porter ?… Comme tout le monde, j’ai eu deux grands-pères. Mon grand-père maternel Jacques qui avait servi dans la cavalerie travaillait ses terres avec le cheval. Pour l’atteler à la charrue, au char à foin, à la herse, au râteau faneur, à la bineuse, ou au tombereau, il lui passait autour du cou un « collier » de bois enveloppé de cuir. Mon grand-père paternel, lui, travaillait avec les bœufs. Dans ce cas, une seule bête ne suffit pas ; il en faut deux ; et on leur lie sur la nuque le joug de bois. Par cette image du joug, Jésus nous assure de sa présence à nos côtés. Il s’attelle au même joug que nous. La religion chrétienne c’est d’abord cette amitié avec Jésus, ce compagnonnage avec Lui. Comme dit saint Jean (1 Jn 3,23) : « Voici le commandement de Dieu : avoir foi en son Fils Jésus-Christ ». De plus, on ne lie pas deux animaux de trait pour ne rien faire ; on les lie ensemble pour labourer, semer, engranger le foin ou les raves, le trèfle ou les pommes de terre pour l’hiver, bref pour entretenir la vie. Ainsi par l’image du joug, Jésus veut nous dire qu’avec lui, nos vies sont fécondes, produisent du fruit. C’est tout de même assez motivant. Un mot de sainte Bernadette Soubirous : atteinte de tuberculose, elle doit rester le plus souvent au lit, à Nevers. La sœur infirmière manifeste un peu d’agacement à devoir la soigner. Sainte Bernadette lui dit alors : « Ma sœur, l’Eglise c’est comme une horloge – nous avons tous vu de ces horloges dans leur belle caisse en bois et leur fronton de cuivre modelé : il y a de belles aiguilles finement ciselées et dorées qui indiquent l’heure à tout le monde, un balancier qui réfléchit la lumière. Mais une horloge ne fonctionne pas sans poids et moi, je dois être un de ces poids… » Même lorsque nous nous sentons « poids » à certains jours, nous comptons aux yeux du Seigneur.
En résumé : méfions-nous du tout-à-l’ego. Recherchons l’esprit d’enfance qui nous fait découvrir des trésors. Entrons autant que faire se peut dans le OUi de Jésus. Son joug, nous fera porter du fruit en toutes circonstances. Amen !
Homélie du Dimanche 16 juillet 2023. « Paucis vivit genus humanum ».
Frères et sœurs, j’ai eu la grâce d’aller trois fois en Terre Sainte. La troisième fois, entre Noël et le Jour de l’an, nous avons trouvé les habitants dans une joie immense parce qu’il … pleuvait des cordes ! Et nous avons vu un miracle : le désert au pied de Jérusalem, a reverdi en un rien de temps. Un pays gorgé de soleil comme est Israël ne demande qu’à refleurir dès la première pluie. Isaïe n’a pas trouvé de meilleure image pour parler de l‘efficacité de la Parole de Dieu. Jésus, lui, file la métaphore de la graine ; à chaque printemps, ceux qui font un peu de jardin, sont plongés dans le même émerveillement. Pourvu qu’il y ait de l’eau et du soleil, la graine a son propre dynamisme. De même il suffit d’une Parole de Dieu pour dissiper de la tristesse (« C’est moi, je suis celui qui vous console »), pour donner une orientation de vie (« Va au large, jette le filet »), pour guérir, pour libérer, pour redonner courage, pour nourrir l’espérance, et ceci pendant des années. Petit témoignage personnel : je ne suis pas un bavard, et chaque prise de parole est pour moi un peu difficile même après 35 ans de sacerdoce. Dans sa délicatesse, un jour, le Seigneur m’a donné cette parole : « Ouvre ta bouche, moi, je l’emplirai ». La parole ensemence nos vies de confiance, de joie, de liberté, d’audace.
Mais il faut aller plus loin. Ce grain semé en terre, c’est Jésus, au fond. Mais ce devrait être aussi chacun de nous. Jésus attend que nous soyons cette graine. Peut-être avez-vous vu le film d’un très grand réalisateur Terrence Malik une vie cachée. Trois heures de cinéma sublime. Tout est beau : les paysages, les personnages et l’histoire ; bouleversante. Histoire vraie de Franz Jägerstätter béatifié par le Pape Benoît XVI en 2007. Son épouse qui a vécu 100 ans était présente à la célébration de béatification. Franz est un jeune paysan autrichien, papa plein d’affection de trois petites filles. Il circule à moto, il rend service, tout le monde l’aime. Mais l’Autriche est envahie par l’Allemagne nazie le 15 mars 1938. Franz doit faire son service militaire sous l’uniforme allemand de juin 1940 à avril 1941. C’est une période d’entrainement qui lui apprend beaucoup sur les nazis, notamment les assassinats qu’ils pratiquent par euthanasie. Il retourne environ deux ans chez lui. Un jour il reçoit son ordre d’incorporation. Quand il est appelé, il refuse de prêter le serment à Hitler. Il est donc emprisonné, d’abord à Enns puis à Berlin, pendant cinq mois. Il est torturé physiquement et surtout moralement. Tous les arguments sont invoqués pour essayer de le faire changer d’avis : « Signes le document et penses ce que tu veux. On te versera dans la santé ; tu n’auras pas l’occasion d’utiliser un fusil. Tu n’aimes donc pas tes filles ni ta femme ? ! à quoi servira ton sacrifice ? Personne ne le saura jamais ! C’est un grain de poussière par rapport à tous les événements de la guerre. De toute façon, tout le monde a du sang sur les mains. Signe et puis la guerre finira bien par se terminer ainsi tu gagnes du temps. » Mais par fidélité à Jésus, il reste inflexible dans sa décision. Seule sa femme le soutient car tout le village est contre lui et persécute son épouse et leurs petites filles. Il est guillotiné le 9 août 1943.
Jean Guitton, dans son livre sur Marthe Robin, cite cette maxime qui dit que le monde a toujours vécu « de quelques-uns » : « Paucis vivit genus humanum ». Nourrissons-nous de la graine de la Parole pour être à notre tour graine vivante ! Amen !
Homélie du Dimanche 23 juillet 2023 Bien et mal en chrétienté. 16° A
Frères et sœurs, tout l’heure, nous allons professer notre foi : « Je crois en Dieu le Père Tout-Puissant ». S’il est Tout-Puissant, pourquoi y a-t-il tant de mal dans le monde, tant de souffrances ? Peut-on croire en Dieu après Auschwitz ? En quoi l’évangile d’aujourd’hui éclaire cette question ?
Dieu est Tout-Puissant en tant que créateur. Il est la Source de tout ce qui existe. Il a mis en route l’univers à partir de rien. Et à chaque instant il donne l’existence au moindre atome de tout l’univers. Mais il n’est pas un marionnettiste, ni un dresseur de chiens savants. Il est Père. « Je crois en Dieu le Père Tout-Puissant ». Un vrai papa a le souci d’éduquer la liberté de ses enfants, et donc il prend le risque que ses enfants non seulement se trompent mais fassent exprès de faire le travers. Un papa peut expliquer qu’il ne faut pas polluer la planète et montrer le bon exemple. Il ne peut pas empêcher son fils de jeter des produits toxiques dans la rivière. Mais il pourra lui montrer tout le mal qu’il a fait et le lui reprocher, et l’aidera à réparer avec le ferme propos de ne pas recommencer.
Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus nous apprend que ce n’est pas le Seigneur qui a semé la zizanie dans le cœur de l’homme et dans le monde. C’est l’ennemi. Il nous apprend aussi que le Seigneur vis-à-vis du mal, « fait avec ». Ce qui fait dire qu’en fait il y a deux sortes de personnes : celles qui essaient de dire « Mon Dieu que ta volonté soit faite ». Et celles à qui le Seigneur dira, à la fin : « Eh bien mon petit gars, si tu ne veux pas de moi, que ta volonté soit faite »… ! « ‘ FAUT FAIRE AVEC » : cela doit devenir un principe de vie spirituelle. En quel sens ? Cela nous dicte deux attitudes.
1)vis-à-vis du mal que nous subissons.
2) vis-à-vis du mal dont nous sommes capables.
1) vis-à-vis du mal que nous subissons. Tout est bien résumé par le proverbe rwandais : « Quand le diable jette des pierres contre l’église, les anges les ramassent pour continuer la construction ». Un exemple. Appelons-la Martine. Elle participe avec une quarantaine d’autres jeunes de 13 ans, en 5ème,deux jours de retraite. Le soir du premier jour, on leur propose une célébration du sacrement de la réconciliation. Arrive le moment de la rencontre personnelle avec un prêtre. Martine vient s’asseoir près du prêtre dans un coin de la chapelle et entame elle-même le dialogue : ” On doit dire seulement des péchés ou on peut dire des trucs ?- On peut dire des trucs (?).- Mon frère me tape toujours.- Quel âge il a, ton frère ?- 15 ans.- Et ta mère, qu’est-ce qu’elle dit ?- Elle dit rien parce qu’elle a peur de lui. Il traine toujours dehors, avec ses copains. Il rentre tard. – Et ton père ? – C’est pas mon père, c’est mon beau-père. – Et tu t’entends bien avec lui ? – Pas trop, ils s’engu… irlandent trois fois par jour. » etc… Que dire à Martine ? Peut-être ceci : et toi dans cette situation, que fais-tu ? Car nous avons toujours deux possibilités : saisir l’alibi pour justifier notre propre paresse ou notre propre méchanceté, ou au contraire consoler, aider le souffrant. Martine pourrait dire : « Pourquoi c’est toujours à moi que tu demandes des services alors qu’à mon frère tu laisses tout passer ? » Ou bien elle peut s’efforcer d’être le rayon de soleil de maman qui dira finalement : « heureusement que j’ai Martine, c’est une perle !». Cela peut aller très loin. ‘Faut faire avec : C’est peut-être cette pensée qui a inspiré cette prière à un juif pendant sa détention dans un camp de concentration : “Seigneur, lorsque tu viendras dans ta gloire, ne te souviens pas seulement des hommes de bonne volonté, souviens-toi également des hommes de mauvaise volonté. Mais ne te souviens pas alors de leurs cruautés, de leurs sévices et de leurs violences. Souviens-toi des fruits que nous avons portés à cause de ce qu’ils ont fait. Souviens-toi de la patience des uns, du courage des autres, de la camaraderie, de la grandeur d’âme, de la fidélité qu’ils ont réveillés en nous. Et fais, Seigneur, que les fruits que nous avons portés soient, un jour, leur rédemption”.
2)et puis il y a le mal dont nous sommes capables. On sait que l’Abbé Pierre avait ses entrées auprès du Général de Gaulle parce que pendant la guerre, il avait sauvé un de Gaulle. On raconte qu’un jour il taquina le grand Charles en lui disant : « Une personne ce sont des qualités et des défauts ; et en général, les défauts sont les contrepoids de nos qualités. Et vous les De Gaulle, vous n’avez que d’immenses qualités »… ! (Vous avez compris le sous-entendu !) Pourquoi Le Seigneur ne nous débarrasse-t-il pas de nos défauts ? Pourquoi laisse-t-il pousser le chiendent avec le bon grain ? Parce que quelqu’un qui est têtu peut être persévérant. Quelqu’un qui est taciturne peut être quelqu’un qui écoute beaucoup. Quelqu’un qui est bavard peut être quelqu’un qui aide beaucoup en racontant. Quelqu’un qui est remuant peut devenir quelqu’un apprécié pour son dynamisme et ses bonnes initiatives. Quelqu’un qui est colérique peut devenir un lutteur contre les injustices dont souffrent les autres. Quelqu’un qui est timide est quelqu’un dont on va apprécier la sensibilité et la délicatesse… etc, etc, …. Les grands éducateurs le savent bien. Don Bosco a sauvé des milliers de jeunes avec ce principe. Un jeune braconnier se révélait être un excellent garde-chasse.
Jésus est le plus grand des transformateurs ! Pour la Gloire du Père et le salut du monde ! Amen !
Homélie pour la St Jacques– 25 juillet 2023 saint Jacques
De la deuxième lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens (2 Co 4, 7-15) : « Frères, nous portons un trésor comme dans des vases d’argile ; ainsi, on voit bien que cette puissance extraordinaire appartient à Dieu et ne vient pas de nous. En toute circonstance, nous sommes dans la détresse, mais sans être angoissés ; nous sommes déconcertés, mais non désemparés ; nous sommes pourchassés, mais non pas abandonnés ; terrassés, mais non pas anéantis. Toujours nous portons, dans notre corps, la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus, elle aussi, soit manifestée dans notre corps. En effet, nous, les vivants, nous sommes continuellement livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus, elle aussi, soit manifestée dans notre condition charnelle vouée à la mort. Ainsi la mort fait son œuvre en nous, et la vie en vous. L’Écriture dit : J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé. Et nous aussi, qui avons le même esprit de foi, nous croyons, et c’est pourquoi nous parlons. Car, nous le savons, celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus nous ressuscitera, nous aussi, avec Jésus, et il nous placera près de lui avec vous. Et tout cela, c’est pour vous, afin que la grâce, plus largement répandue dans un plus grand nombre, fasse abonder l’action de grâce pour la gloire de Dieu. »
Vases d’argile, saint Jaques et les apôtres de Jésus de 2023, nous le sommes.
Mais nous portons un trésor. Jésus veille à nous le rappeler. Le 8 juin dernier, je vais faire quelques courses au petit supermarché juste à côté de la cure. A la caisse, devant, un monsieur de 60 ans environ, qui semble fragile sur ses jambes, avec des allures de SDF, le nez abimé avec des cicatrices qui semblent relativement récentes. Quand je sors à mon tour, je vois qu’il m’attendait assis sur les marches, sous l’auvent. Il me rattrapé et me demande d’une voix malhabile : « -Vous êtes monsieur le curé ? – Oui. – Moi j’ai tout perdu : mon papa, ma maman, mes frères et sœurs, des neveux. Tout le monde. Est-ce que vous êtes sûrs que je vais les retrouver ? – Oui , je peux vous l’assurer. Le Seigneur nous aime et il répondra au désir de notre cœur de revoir ceux que nous aimons, sans plus aucune tension entre nous, sans plus aucun malentendu » – merci merci merci beaucoup. » Ce jour-là, ce paroissien des périphéries en désarroi avait reconnu le vase d’argile grâce à l’étiquette : le col romain.
« Toujours nous portons, dans notre corps, la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus, elle aussi, soit manifestée dans notre corps. » On peut penser qu’il est plus facile de témoigner de Jésus quand on est jeune et beau. Certes, il y a la grâce de la jeunesse, mais il y a aussi la grâce de la calvitie, des rides, de la surdité, de la démarche malhabile. Pensons au saint curé d’Ars : il convertissait les cœurs alors qu’on le comprenait à peine à cause de sa voix faible et des dents qu’il lui manquait. Et saint Jean-Paul II ! et sainte Mère Térésa ! et tant d’autres qui acceptent de montrer leurs fragilités. En réalité c’est le cœur qui rayonne.
Et le Seigneur est assez fort pour faire fi non seulement de nos limites, mais même de nos péchés. Un garçon chrétien catholique raconte que tombé amoureux d’une fille non-croyante, il priait pour qu’elle rencontre Jésus. Un jour, alors qu’ils visitent ensemble une ville, il lui propose de participer à la messe du soir. Elle accepte. Mais quand il voit le prêtre sortir de la sacristie, il lui semble qu’il est ivre. Sa façon de parler et de se tenir à l’autel confirme son impression. Le jeune fiancé se dit que tout est fichu pour que celle qui l’aime ait envie d’en savoir plus sur la force de l’eucharistie. Il sera facile à sa dulcinée de dire que la messe ne sauve même pas le premier intéressé, le célébrant lui-même. Mais à la sortie c’est le contraire qui vient de se passer. Elle sait désormais que Jésus est vivant et qu’il se donne principalement dans l’eucharistie. Elle a bien vu elle aussi le problème du prêtre mais elle a été touchée par son humilité à célébrer dans cet état. Elle a été saisie par le fait que Dieu s’en remet à des pauvres pécheurs, que Dieu se donne dans des vases d’argile.
Un homme issu d’une famille athée racontait avoir cherché Dieu dans sa jeunesse. Par simple curiosité, pour comprendre ce qui pouvait animer les croyants. Engagé auprès d’une association qui accompagnait des enfants en situation de handicap mental, il devait s’occuper d’un jeune garçon autiste. Un jeune garçon qui ne parlait pas, ne regardait jamais dans les yeux et n’établissait aucun contact physique.
Au cours d’un week-end organisé par l’association, tous deux sont partis faire une promenade. L’air était doux et la nature épanouie. Ils se sont assis au bord d’un cours d’eau pour profiter de la beauté des lieux, quand, tout à coup, notre étudiant s’est tourné vers le jeune garçon et lui a demandé : « Est-ce que tu peux me dire qui est Jésus ? » Avant même d’avoir fini sa phrase, l’étudiant s’est demandé ce qui lui passait par la tête. Il ne savait même pas si le jeune garçon était croyant. Celui-ci n’a pas répondu bien sûr et n’a même rien manifesté. Au moment de repartir, le jeune homme s’est pourtant entendu insister : « Allez, dis-moi qui est Jésus. » Et là, contre toute attente, le jeune garçon s’est tourné vers l’étudiant, l’a regardé dans les yeux et l’a serré très fort dans ses bras, avant de l’embrasser sur la joue. L’étudiant est rentré bouleversé par ce geste, si surprenant chez une personne autiste. Il l’a reçu comme un cadeau, mais s’est arrêté à ça. Il lui a fallu plusieurs mois encore pour comprendre que le jeune garçon avait parfaitement répondu à sa question. Dans la force de son étreinte, il lui avait montré qui était Jésus.