22° dim. ord. « B », 2024
Frères et sœurs, nous venons d’entendre l’un des plus grands apports de Jésus à l’humanité. D’où vient le mal ?
Nous sommes dans un amphithéâtre d’université aux Etats-Unis. Le professeur d’éthique raconte cette fable moderne à ses étudiants : Un grand savant reçoit un jour la visite du diable. Il lui propose une invention extraordinaire qui va révolutionner l’humanité. Elle va permettre de faire se rencontrer les gens,… plus de solitude, les gens vont communiquer, cela va les rapprocher, ouvrir leurs horizons… Elle va raccourcir les distances, transformer la planète en petit village, favoriser les rencontres…Mais, c’était le diable. Et il y avait une contrepartie. Le prix à payer, c’était… cent mille morts par an… Que faire ? ! Le savant était bien embarrassé… « Qu’auriez-vous fait ? demande le professeur. Est-ce que vous auriez accepté le marché ? » Évidemment, c’est alléchant ! Dans une société où l’on recherche toujours des innovations, où l’on paie très cher des ingénieurs de toute discipline pour améliorer, progresser en tous domaines, la proposition est attrayante. Mais la majorité des étudiants fait remarquer que cent mille morts c’est cher payé… et qu’il vaudrait mieux refuser… « C’est dommage, vous venez de condamner l’invention de l’automobile » dit le professeur.
… Le mal ne serait-il que l’ambiguïté des choix humains ? Dans ce cas-là, que pouvons-nous faire sinon essayer de mieux prévoir ?
Le mal ne serait-il qu’un manquement à un règlement extérieur ? Dans ce cas-là, du côté du contribuable, on vise le « pas vu pas pris » et du côté du législateur, on multiplie les lois et la répression.
Le mal serait-il comme une épidémie – cantonné à une époque (l’inquisition), un parti politique (suivant votre opinion l’extrême gauche ou l’extrême droite ou l’extrême centre), une idéologie (le nazisme ou le bolchevisme et tous les -ismes), un pays (la Corée du nord ou l’Absurdistan). Dans ce cas-là, vous êtes condamnés au fatalisme : que voulez-vous faire contre l’état islamique et ses actes terroristes, ou contre la corruption financière et politicienne ?
Et Jésus nous fait cette révélation qui nous libère et nous ouvre plein de perspectives : c’est du cœur de l’homme que vient le mal. La frontière entre le bien et le mal ne passe pas entre ceux qui se font prendre et ceux qui ne se font pas prendre, ou bien entre les nazis et les gentils, entre les collabos et les maquisards, ou bien entre la Corée du Nord et la Corée du Sud, entre le camp du bien et le camp du mal, mais elle passe dans le cœur de chacun. Le gros problème de nos sociétés occidentales c’est que nous sommes marqués par Rousseau qui a écrit que l’homme est naturellement bon et que c’est la société qui le corrompt. Ce faisant, il nie ce que nous appelons le péché originel. Et notre société croit que c’est en multipliant les lois que nous nous en sortirons alors qu’il faudrait prendre en compte ce que dit Jésus : le mal est enraciné dans le cœur de toute personne ; il ne suffit pas de changer les lois ou les systèmes mais il faut changer le cœur. Pourquoi est-ce une excellente nouvelle ? Pour deux raisons : 1. Le mal est comme « localisé » ! 2. S’il est en moi, il est donc possible de gagner du terrain sur lui !
Pour nous en libérer, que fait le Seigneur ? Il nous fait deux immenses cadeaux : la Loi et son Fils. Saint Jean dit dans son Prologue : « Si la grâce de la Loi nous a été donnée par Moïse, la grâce de la Vérité nous a été donnée par Jésus. » A notre époque, c’est curieux : d’un côté, en effet, on n’aime pas beaucoup les lois. (Le grand slogan de mai 1968 était : « Il est interdit d’interdire ».) Les Juifs, eux, se savaient les « chouchous de Dieu », précisément parce qu’il leur avait donné La Loi. D’un autre côté, on légifère à tour de bras. (André Frossard disait avec humour : « Quand chacun fera sa loi, on finira peut-être par regretter les Commandements qui n’étaient que dix. ») Il ne faut pas oublier qu’il y a des lois civiles contraire au Dessein de Dieu. Tout ce qui est légal n’est pas forcément moral. Mais la Loi dictée par le Seigneur ou inspirée par l’évangile est un cadeau.
A chaque baptême, le prêtre ou le diacre impose les mains au bébé ou au catéchumène et lui fait l’onction d’huile des catéchumènes. Ce symbole évoque les lutteurs. Ils s’enduisent le corps d’huile pour donner le moins possible de prise à l’adversaire, pour être comme un poisson qui glisse dans la main. Sans doute connaissez-vous l’histoire de Kirikou et la sorcière. Il s’agit d’un conte africain repris par Michel Ocelot. Un village souffre énormément du mal incarné par Karaba, la sorcière orgueilleuse et jalouse du bonheur des villageois : elle « mange » les hommes dès qu’ils s’approchent d’elle. Le mal est sans remède et la lutte totalement inégale, car Karaba est entourée de ses fétiches maléfiques. Mais ce serait sans compter sur la naissance d’un enfant, le petit Kirikou. Cet enfant sans peur et sans reproche va affronter, grâce aux ruses que lui inspire sa vive intelligence, cette femme qui est l’incarnation du mal. Il découvrira la faille de ce monstre de méchanceté : Karaba est méchante car elle souffre ! Elle souffre parce qu’une épine a été enfoncée dans son dos. Comme personne n’ose s’approcher d’elle, personne ne peut lui retirer cette écharde dans sa chair. Kirikou réussira ce tour de force et la méchante sorcière se transformera en une très belle femme, douce et aimante. Kirikou grandira rapidement et se mariera avec Karaba. Ce conte est très profond et nous réjouit, profondément et à bien des niveaux. La clef est cependant dans cette phrase qui sonne comme une révélation : elle est méchante car elle souffre.
Un jeune de l’équipe des « Jeunes professionnels » nous a raconté qu’un de ses neveux a visionné des dizaines de fois ce dessin animé. Et voilà qu’un jour, sur la cour de récréation, il est agressé par un autre enfant. Quand il réussit à se libérer, il lui dit alors : « Où est ton épine à toi pour qu’on puisse te l’enlever ? » … !
Le mal n’a de pouvoir sur nous que celui que nous voulons bien lui donner. Avec Jésus, il est possible d’enlever les épines, les nôtres et celles des autres. Il faut nous y employer, come Jésus, avec douceur et humilité. Amen !
8 septembre 2024 Nouvelle année pastorale
Samedi 18h à l’église du Valvert. Dimanche 10h aux Carmes avec deux baptêmes.
Frères et sœurs,
Pour une messe de rentrée d’une nouvelle année pastorale, que nous dit le Seigneur ?
Il parle de sa revanche, de sa vengeance. Les hommes lui font de la peine ne serait-ce qu’en le caricaturant en le faisant passer pour un shérif qui veut faire disparaitre tous ceux qui ne sont pas de son camp, ou un marionnettiste qui jouerait avec notre santé ou la date de notre mort, un œil culpabilisateur qui nous poursuivrait dans les moindres recoins, …
Les hommes lui font de la peine plus encore par leur indifférence. Dieu ? Bof ! Coefficient combien ?
Alors lui il se venge. En envoyant son Fils. Il passe son temps à nous envoyer son Fils. La où nous le recevons le mieux c’est à la messe. C’est pour cela que les prêtres se mobilisent tant qu’ils peuvent. Nous l’assurerons à Solignac, à Malpas et à Cussac comme ailleurs.
Quel est l’enjeu ? C’est que « l’eau vive jaillisse dans le désert », répond le prophète Isaïe.
Comment y parvenir ?
Reconnaître que nous sommes sourds. Dans un entretien sur Panorama Chrétien, l’humoriste Michel Boujenah, né en Tunisie, issu d’une famille juive, se définit comme “un clown mystique”. A la question : “Pensez-vous que Dieu est sourd ?”, il a cette belle réponse : “Non. Je crois au contraire qu’il a la voix cassée (…) à force de gueuler dans nos oreilles, désespérément.”
Et nous pouvons rendre grâce au Seigneur pour tous les fidèles laïcs ou consacrés, ordonnés ou … désordonnés qui s’activent depuis l’art floral jusqu’à l’animation de la chapelle de l’adoration permanente à Saint Laurent, en passant par les guides-funérailles, les catéchistes, les équipes liturgiques, les accompagnateurs pour les sacrements, etc etc pour que Jésus soit entendu.
Nous voudrions augmenter le nombre des auditeurs du Verbe. Un nouveau Parcours Alpha va se mettre en place. Le congrès mission fin septembre. Samedi : messe, formation puis exercice d’évangélisation dans les quartiers ou bien temps de prière pour rendre féconde la mission. Veillée de la Miséricorde à la cathédrale, et le lendemain, messe dans les clochers, temps de louange et spectacle de Joachim Leyronnas sur saint Noël Chabanel un saint de chez nous parti de Saugues partir évangéliser le Canada.
Il y aura aussi la visite pastorale de Mgr l’évêque du 9 au 13 octobre.
Reprenons simplement les mots de saint Jacques : « Écoutez donc, mes frères bien-aimés ! Dieu, lui, n’a-t-il pas choisi ceux qui sont pauvres aux yeux du monde pour en faire des riches dans la foi […] ?
N’ayons pas peur de nos pauvretés. D’après Michel Audiard « Heureux les fêlés, ils laissent passer la lumière »…
Laissons-nous aussi mettre à l’écart. C’est un détail important de l’évangile. « Jésus l’emmena à l’écart, loin de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles ». Dans une foule, il est impossible de bien entendre.
Et si nous ne savons pas faire mille choses, commençons par écouter. Ecouter est peut-être le plus beau cadeau que nous puissions faire à quelqu’un… C’est lui dire : tu es important pour moi, tu es intéressant, je suis heureux que tu sois là…Ecouter, c’est commencer par se taire… Ecouter vraiment c’est éliminer le poison de l’interprétation. C’est facile d’entendre « je serai garé devant la poste » alors qu’il avait dit « je serai posté devant la gare ». Interpréter c’est filtrer un mot et en faire tout un film. Alors qu’écouter c’est cultiver la bienveillance. Les statistiques disent que l’on n’écoute une personne qui a une lourde confidence à faire que 17 secondes. Avez-vous remarqué combien les « dialogues » sont remplis d’expressions de ce genre : « C’est comme moi quand… » ou bien : « ça me rappelle ce qui m’est arrivé.. » Bien souvent, ce que l’autre dit n’est qu’une occasion de parler de soi. Ecouter c’est commencer par arrêter son petit cinéma intérieur. Ecouter, ce n’est pas chercher à répondre à l’autre, sachant qu’il a en lui-même les réponses à ses propres questions. Ce n’est pas donner une solution ou une explication à sa souffrance, c’est lui permettre de la dire et de trouver lui-même son propre chemin pour s’en libérer.
Seigneur Jésus débouche-nous les oreilles. Fais-nous la grâce de l’écoute du cœur, qu’il s’agisse de bien entendre tes Appels ou de donner une oreille attentive à nos frères et sœurs. Amen !
15 septembre 2024 24°dim.ord.B Il fallait
« Il commença à leur enseigner qu’il fallait qu’il souffre beaucoup, […] qu’il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite. »
Frères et sœurs,
Bénédicte Delélis journaliste à Famille Chrétienne, raconte qu’elle est allée bavarder avec une pianiste qui venait de donner un concert époustouflant. Comme elle la félicite, cette femme lui apprend qu’elle est arrivée du Vietnam à Marseille comme boat people, à l’âge de 10 ans, avec ses trois petites sœurs et ses parents. Son père était en grand danger : il fallait fuir à tout prix pour sauver leur vie à tous. Le père, en effet, était un intellectuel connu, et le gouvernement communiste, qui avait pris le pouvoir au Vietnam, traquait ceux-ci comme de dangereux fomentateurs de révolte potentielle contre la nouvelle et implacable dictature. Aussi, y avait-il eu, quelques semaines auparavant, un conciliabule à la maison. Leur oncle était venu et avait déclaré à son frère, le père des enfants : « J’ai beaucoup réfléchi : Je te propose que nous échangions nos identités. Tu es recherché, pas moi. Tu parles plusieurs langues, moi, je suis plutôt manuel : je ne saurai pas me débrouiller dans un pays étranger. On va faire partir mes enfants. Puis, tu quitteras le pays avec les tiens, sous mon nom. Et là-bas, en liberté, tu t’occuperas de tout le monde. » Le père faillit s’étrangler de stupeur : « Tu es fou ? Ils veulent me tuer, tu risquerais la mort ! – Je sais, reprit l’oncle. Écoute, je suis trop vieux pour apprendre une autre langue. Toi, tu sauras permettre à la famille de survivre. En plus, mes enfants sont plus grands, les tiens ont besoin de toi. » La mort dans l’âme, le père finit par consentir au terrible troc. Et de nuit, ils partirent, l’estomac noué, silencieux, pour ce triste jeu de piste vers le bateau qui leur faisait tout quitter. Plusieurs mois après, parvenus à l’abri, ils apprirent que l’oncle, sous le nom de son frère, avait été fusillé. « Nous devons nous montrer dignes de son sacrifice pour nous », lui dit le professeur de piano.
L’histoire débute le 6 juin 1944 en Normandie à Omaha Beach. Le capitaine John Miller (Tom Hanks) et ses hommes débarquent sur une plage où la bataille fait rage. Les soldats américains se font massacrer sur les plages normandes et seuls survivent ceux qui se mettent à l’abri d’une dune. Mais impossible d’aller plus loin. Avec l’aide de torpilles bangalores, les unités américaines traversent les différents obstacles et éliminent les derniers défenseurs allemands. Les pertes sont effroyables. En Angleterre, on se rend compte que 3 des 4 frères de la famille Ryan sont morts au combat. L’un sur le sol de la Nouvelle-Guynée, le second à Omaha Beach et le dernier à Utah Beach. Une mission de secours est organisée pour retrouver le dernier des quatre frères, James F. Ryan (Matt Damon), parachuté derrière les lignes ennemies la veille du débarquement, avec les forces aéroportées. Le capitaine Miller, accompagné pour l’occasion d’un petit groupe d’élite de 8 hommes, part à la recherche de ce Ryan. Mais les soldats qui l’accompagnent commencent à douter de la mission et se posent des questions. mais le doute s’efface lorsque, dans un village normand en ruines, l’un des soldats du rang se fait tuer par un sniper allemand. La recherche de Ryan s’intensifie ce qui n’exclue pas parfois des erreurs concernant l’identité des parachutistes qu’ils rencontrent. Ce n’est que plus tard, par hasard, que Miller trouve Ryan. Ce dernier est chargé de surveiller un pont très important sur le Merderet. Le capitaine lui annonce qu’il a perdu ses trois frères et qu’il doit rentrer chez lui, mais Ryan ne veut pas abandonner ses amis qui ont défendu ce pont autant que lui. Pourquoi mériterait-il plus qu’un autre de rentrer au pays ? Miller décide alors de rester un peu avec Ryan et d’attendre les renforts américains. Mais il sait que les Allemands attaqueront avant l’arrivée de ces renforts. Alors, il décide de fortifier la ville en vue de l’attaque ennemie. Les Allemands attaquent ! La bataille fait rage entre un régiment S.S. avec des unités blindés et le petit groupe d’américains. Finalement, au dernier moment, alors que les hommes de Miller battent en retraite et que les allemands franchissent le pont avec leurs tanks, des avions alliés font fuir les assaillants. Sur les 8 hommes partis à la recherche de Ryan, seuls 2 parviendront à s’en tirer. Le capitaine Miller est en train de mourir ; il dit simplement à Ryan : « mérite mérite »…. Ryan sera rapatrié chez lui, aux Etats-Unis, en Iowa. Il essayera de vivre du mieux qu’il pourra pour honorer le sacrifice de ces hommes qui sont morts pour le sauver.
Je pense plus simplement à une maman à qui je disais mon admiration devant toute l’énergie qu’elle déploie pour son enfant porteur de handicap, qui me répond comme si c’était naturel : « Faut bien ! »
Il fallait que Jésus souffre beaucoup, qu’il soit tué…
Il faut aujourd’hui que nous méritions le sacrifice de Dieu pour nous.
25° du temps ordinaire 22 septembre 2024 année B
Prenant alors un enfant, il le plaça au milieu d’eux, l’embrassa, et leur dit : « Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille.
Prenant le pain, Jésus dit la bénédiction, le rompit et dit : « Ceci est mon corps ».
Frères et sœurs, la ressemblance est frappante au point que l’on pourrait dire que l’accueil d’un enfant est comme un sacrement.
Alors plutôt que d’expliquer, je veux vous raconter des enfandises qui montrent que l’accueil des enfants est vraiment une grâce. Une enfandise, cela fait penser à gourmandise. Et en même temps, c’est un jeu de mots : Les enfants nous disent.
Sylvana est institutrice des Cours Préparatoires. Ce matin-là, l’arrivée des enfants est sinon perturbée au moins échelonnée. En raison des manifestations des agriculteurs, les enfants arrivent en retard. Et chacun y va de son commentaire : « Maîtresse, c’est à cause des agriculteurs ; maîtresse, il y avait plein de tracteurs sur la route : maîtresse, ils avaient allumé un grand feu ;… » Enfin un petit garçon dit « Mais oui, maîtresse, c’est parce qu’ils opéraient les escargots »…. ! (L’opération escargot !)
Pauline une jeune maman me raconte : « Alors que nous nous promenions dans une forêt humide, Maximin réfléchit tout haut : « En fait, ici, on n’est jamais tout seul. Il y a toujours Jésus, ou notre ange gardien, ou alors un petit crapaud. » Ils sont nos professeurs d’émerveillement.
On leur posait à chacun la même question : qu’est-ce que c’est que l’amour ? Rebecca : ” Quand ma grand-mère a eu de l’arthrite, elle ne pouvait plus se pencher pour peindre ses ongles de pied … Alors mon grand-père le fait tout le temps pour elle, même quand ses mains ont aussi eu de l’arthrite. C’est ça, l’Amour. ” Danny : ” L’Amour, c’est quand ma mère prépare du café pour mon père et qu’elle en prend une gorgée avant de le lui donner, pour s’assurer que le goût est bon. » Dieu amour se donne dans les détails.
Une enfandise d’un petit Augustin de 5 ans : ” Jésus n’avait certainement pas de sourcils je ne comprends pas pourquoi ils en mettent sur les tableaux”… ?! “Ben oui il n’est qu’Amour alors il ne se fâchait pas, il ne devait jamais les froncer donc ça ne lui servait à rien !”
Son grand frère Joseph (8 ans) lui a vite rappelé la colère de Jésus face aux marchands du temple !
Ils nous aident aussi à ne pas nous prendre au sérieux : lors de la visite d’une église par les enfants de la catéchèse, une maman leur demande « Comment s’appelle la personne qui joue de l’orgue ? » – Je sais, répond un enfant de dix ans : un orgueilleux. (… !)
Une petite fille de six ans revient de l’école et sur son chemin, elle voit un cortège funéraire (la famille et les amis suivaient le cortège à pied). En arrivant à la maison, elle pleure et quand maman lui demande pourquoi, elle répond : « Y en a du monde qui va se faire enterrer ! » Elle pensait que tous allaient rester au cimetière. Aujourd’hui devenue grand-mère elle commente : La vérité sort de la bouche des enfants ! On peut penser que tous ceux qui accompagnent un défunt au cimetière sont en train d’enterrer une partie de leur vie.
On amène un enfant de 4 ou 5 ans voir sa grand-mère décédée. Il s’approche du cercueil de la grand-mère d’un pas dansant, il donne un baiser à sa grand-mère, lui caresse la tête et dit : “oh comme tu as froid, ne t’en fais pas, tu vas bientôt avoir très très chaud, tout sera chaud…” Quelqu’un lui demande pourquoi il dit cela : « oh dit il ma maman m’a dit que grand maman s’en allait près de Jésus. Il fait très froid en route mais une fois arrivé, il y fait chaud. ». Comme pour eux, Dieu, le Ciel, cela leur est naturel, ils nous apprennent la simplicité.
Une famille devant la Grotte de Lourdes : toutes les bougies du grand porte-cierges, au pied de la Statue de la Vierge, étaient allumées. Jean-François (quatre ans) dit à son Papa : « Elle doit être très vieille la Sainte Vierge pour avoir tout ça de bougies pour son anniversaire. »
Une catéchiste demande : « Est-ce que le Bon Dieu aime le diable ? -Oui, mais Il n’en raffole pas ! »
Plus taquin : « Quel est le premier commandement ? -Le premier commandement c’est quand Eve a dit à Adam de manger la pomme ! »
Toute la famille est réunie autour de la table et la discussion est fort animée autour du Dieu Trinité : Dieu est grand, il se fait tout petit, tout en délicatesse, il est fort, il est humble, il est pauvre, il est glorieux… C’est bien difficile pour le petit Herbert de s’y retrouver dans toutes ces tailles ! Grand et petit à la fois ? Soucieux, il s’interroge. Et finalement de demander : « Donc, si Dieu est grand et petit en même temps, est-ce qu’il boitait ? » Le petit Herbert est depuis devenu médecin, mais on ne sait pas si sa vocation est née ce jour-là…
Victoire a quatre ans ; elle est la cinquième d’une fratrie de six enfants. C’est une petite fille très autonome, très vive. Un jour elle surprend ses parents en discussion très serrée. Ils ne se disputent pas mais l’entretien est vigoureux. Victoire, sans quitter sa sérénité leur dit sagement : « Arrêtez de vous disputer, vous n’avez qu’à faire un plouf plouf. » .. ! Amstramgram piq et piq et colegram bour et bour et ratatam amstragram.. Ben oui, tirons au sort et achevons la discussion dans le sourire, plutôt que de nous endurcir !!.
Les enfants nous mettent le Ciel à portée de main. Prions pour que tous les jeunes adultes aient ce désir d’avoir ce « sacrement » à la maison ! Amen !
26° dim. ord. B 29 septembre 2024
« Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le jette à la mer. »
Frères et sœurs, ailleurs, Jésus dit : « il est inévitable que surviennent des scandales » Le Fils de Dieu n’avait guère d’illusions. Les paroles de Jésus sont terribles. On les connait par cœur et on frémit. « Mais malheureux par qui cela arrive » (Lc 17, 1-2) Jésus ne plaisante pas avec le caractère sacré des petits. Ils sont les plus grands, ils sont « lui-même ». A respecter, nourrir, soigner, servir. Dans le chapitre 17 de l’évangile selon saint Luc, Jésus, juste après ces paroles sur les scandales, évoque le pardon à donner à son frère, jusqu’à sept fois par jour si, sept fois, le frère vient à se repentir. L’enchainement tel que saint Luc l’a construit est intéressant. Il indique deux attitudes du cœur à tenir toujours ensemble : l’extrême gravité du respect des plus petits et la miséricorde inlassable de Dieu dans laquelle nous avons à entrer.
Dans la maison de l’Eglise secouée par la tempête, il y a ceux qui ont la charge de faire le ménage, de réparer les brèches, ceux qui doivent réfléchir à l’avenir pour consolider les réparations, ceux qui ont à communiquer sur l’état du chantier. Et puis, il y a des gens comme nous, de simples baptisés, de simples prêtres, de simples religieux. Sous nos pieds le sol est un secoué, c’est sûr. A nos oreilles sifflent parfois le brouhaha des reproches, des déceptions, de la défiance envers la hiérarchie, des découragements. Dans nos cœurs résonnent les cris des petits qu’on a souillés. Nous aussi nous avons du ménage à faire, des brèches à réparer, et nous devons réfléchir à l’avenir des reconstructions. Car dans la maison Eglise, tout le monde porte ensemble la responsabilité de la sainte demeure de Dieu, chacun à sa place. Mais quelle est-elle cette place ? Que pouvons-nous faire ?
A la veille de la Passion du Christ, alors que le démon est sur le point de triompher de Judas et qu’il paraitra avoir terrassé le Saint de Dieu lui-même, une femme qui, comme nous est dépassée par les événements qui se trament et dont elle ignore encore toute la gravité, fait quelque chose d’apparemment parfaitement inutile : elle verse un parfum extrêmement couteux sur les pieds de Jésus et elle les essuie avec ses cheveux. Un geste d’immense respect, d’une très grande tendresse pour le corps de Jésus bientôt violenté. Et le texte précise : « La maison fut remplie de l’odeur du parfum » (Jn 12, 3)
Voilà ce que nous pouvons faire, nous simples baptisés, simples religieux, simples prêtres : verser sur les pieds de Jésus le parfum de notre amour, dans la fidélité qui parfois coute cher. Nous accomplirons nos devoirs quotidiens, vous embrasserez vos enfants et petits-enfants … nous obéirons à la cloche, nous célébrerons la messe, nous servirons qui a besoin, nous nous laisserons humblement servir, avec davantage de ferveur encore.
Souvenons-nous de l’incendie de Notre-Dame. La cathédrale ne s’est pas effondrée, et la Vierge de pierre est restée intacte. La mère des croyants demeure debout dans tous les ciels de cendre et de honte. Aussi nous prendrons nos chapelets, nous dirons nos psaumes. La tempête faite rage ? nous nous rangerons près de ceux qui, la nuit, le jour, prient, espèrent, aiment. Ceux-là ne font que rarement des choses exceptionnelles. Ils tachent simplement de rester fidèles ; ils continuent d’aimer le Corps du Christ, et la maison de Dieu s’emplit toute entière de l’odeur du parfum. Amen !