1 juin 2025 7ème Dimanche de Pâques Année C
« Père saint, […] Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé […]et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. »
Frères et sœurs, que fait Jésus aujourd’hui toute une sainte journée ? Et quelles conséquences pour nous ? Jésus est en prière continuellement.
Saint Jean-Paul II avait le génie des gestes qui touchent les cœurs : embrasser la terre en arrivant dans le pays, prendre un bébé dans ses bras, embrasser un enfant malade du sida, jouer avec sa canne à la manière de Charlot devant 4 millions de jeunes réunis aux JMJ de Manille. Mais ce qui frappait le plus, c’était peut-être sa façon d’entrer et de rester en prière, que ce soit dans sa chapelle privée quand on allait à sa messe au petit matin, ou devant des millions de fidèles. André Frossard a écrit : « Le Pape, agenouillé, me paraissait gigantesque. Sa pèlerine, posée sur ses larges épaules, me faisait penser à une montagne enneigée et je n’arrivais pas à concevoir comment ce géant avait pu enfiler un si petit bout de tissu … J’étais en présence d’un massif de prière. »
Le témoignage d’un Anglican cité par le Père Radcliffe quand il était Maître Général des Dominicains…On sait que la communion anglicane est blessée par de profondes divisions. Un jour, les trente-huit primats de l’Eglise anglicane se sont réunis : comment maintenir la communion ? L’archevêque de Cantorbéry, a dit ceci : « Qu’est-ce qui nous est demandé, à nous qui sommes invités dans cette fraternité ? Avant tout, de savoir que c’est le Christ qui a fait la paix. […] et notre vie repose sur ce qu’il a fait et sur rien d’autre. Notre volonté de faire la paix et d’être des témoins de paix dans le monde et dans l’Eglise ne doit donc pas être marquée par des efforts anxieux, par une volonté farouche de tout organiser, et tout de suite. Il a fait la paix par le sang de sa Croix et nous vivons dans la plénitude de ce qu’il a fait ; nous nous réchauffons à la colonne de feu qu’il a dressée chez nous, entre terre et ciel, par sa prière et son sacrifice. » Jésus est au milieu de nous la colonne de feu. Jésus est en prière continuellement et l’évangile de ce dimanche nous révèle sa prière. « Qu’ils soient un en nous ».
Quand il s’agit d’unité, il y en a certains qui sont concernés au premier chef. Il est écrit : « L’homme quittera son père et sa mère. Il s’attachera à sa femme et tous deux ne feront plus qu’un. » Pour un couple, le bonheur c’est l’unité. Qu’est-ce que l’unité ? Ce n’est pas l’uniformité : mêmes vêtements, même façon de parler, même façon de penser, mêmes idées. Un plaisantin disait : « Une seule chair, d’accord, mais chacun dans sa peau. » L’unité ne gomme pas les différences, au contraire ! Un autre disait avec un brin de provocation : « On est marié pour toujours mais pas pour tout le temps »… voulant dire par là que chacun peut avoir des activités sportives ou des hobbys différents de l’autre. L’unité, ce n’est pas non plus la fusion. Un humoriste disait : « Le jour de leur mariage, les deux sont devenus un. Mais lequel ? » Une amie malicieuse dit parfois à son mari : « J’aimerais bien que de temps en temps, on fasse un peu moi » ! Ce n’est pas l’absorption de l’un par l’autre… ! Au cours d’un entretien en conseil conjugal, un conjoint a fait un jeu de mots involontaire mais révélateur. Amère, cette personne disait à l’autre : « Mais j’ai tout fait pour toi » Elle avait fait le maximum et en même temps, elle étouffait ». L’unité, ce n’est pas non plus la cacophonie. On a dit, pour le regretter, que parfois une famille, cela pourrait se définir comme « l’ensemble des personnes qui utilisent le même frigo ». Sous-entendu : la mère de famille remplit le réfrigérateur et il n’y a plus de repas : chacun vient se servir de ce qu’il veut quand il en a envie… Or, on sait bien que les repas, c’est plus que nourrir les corps. Ce sont des moments de communion. En fait, l’unité, c’est l’harmonie.
Mgr Rouet, archevêque de Poitiers, a ces phrases merveilleuses au sujet du mariage : « Le mariage est une prophétie. C’est vivre à deux ce que Dieu voudrait que l’humanité vive dans son entier : une humanité « communionnelle », réconciliée, où les différences soient respectées comme source d’entente, d’enrichissement et non comme hostilité ou concurrence. Quand un homme et une femme s’aiment, leur amour a un sens pour l’humanité toute entière. » Mgr Brincard disait : « On ne juge pas de l‘unité d’un couple à l’absence de dispute mais en la capacité de réconciliation. »
L’enjeu est grand. Pourquoi ? Il circule plein de caricatures sur Dieu. Il serait un Jupiter, une force cosmique impersonnelle, un distributeur automatique, un tranquillisant, un sheriff qui demande à ses adjoints de semer la terreur auprès de tous ceux qui ne sont pas de son camp, un culpabilisateur, un marionnettiste (qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu ?) etc etc….. La grâce du mariage, ce n’est pas comme un petit porte-bonheur (on ne fait pas dans la superstition). Ni une assurance tous risques (on ne fait pas dans les assurances). La grâce du sacrement de mariage c’est recevoir une Mission. Il ne faut pas se demander « qu’est-ce que ça m’apporte » mais « Qu’est-ce que ça me fait apporter » ? » Pas « Qu’est-ce que ça va me faire ? » mais « qu’est-ce que ça va me faire faire ? » Parce que Dieu nous sauve en nous confiant une mission. Il donne aux mariés la Mission de le représenter, d’être la Vitrine de sa Vie Trine, Père Fils et Saint-Esprit. « Qu’ils soient un en nous ».… Amen !
Pentecôte 2025. Ceyssac et Malpas (Première communion)
Frères et sœurs, aujourd’hui, c’est la fête de la naissance de l’Eglise. On peut dire que c’est surtout la Fête du Saint-Esprit tant l’Eglise est liée au Saint-Esprit. Or, on a beau dire plusieurs fois par jour « Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit », et donc mettre sur le même pied d’égalité le Père, le Fils et le Saint-Esprit, on a du mal à le penser comme une personne. Ce qui peut nous aider c’est d’abord de nous rappeler que tous les humains sont des personnes mais que toutes les personnes ne sont pas des humains… Les anges aussi sont des personnes, et Dieu en premier est une Personne. Nos défunts aussi restent des personnes même si leur corps est tombé en poussière. Pour le penser vraiment comme une personne, certains l’appellent Monsieur Saint-Esprit ; personnellement, c’est une personne du groupe de prière qui m’a appris à l’appeler « Le Seigneur Esprit-Saint ».
Par le baptême nous avons été mis en lien plus particulièrement avec le Père – Abba, comme dit Jésus dans sa langue maternelle (d’ailleurs, dès qu’un bébé est baptisé, il dit volontiers Ab-ba, Ab-ba,…il sait qu’il n’est pas un fétu de paille ballotté par les tempêtes de la vie, mais le fils héritier du Créateur de l’Univers) Par la communion, je reçois Jésus comme com-pagnon, celui avec (com) qui je partage le pain (pagnon). Ce Compagnon est tellement appétissant qu’il devient ma nourriture hebdomadaire voire quotidienne.
Et pourquoi aujourd’hui une quarantaine d’adultes de Haute-Loire reçoivent-ils la confirmation au Puy-en-Velay ? Relisons les lectures de ce dimanche de Pentecôte à la recherche des symboles du Seigneur Esprit Saint. Lui que nous recevons à la Confirmation et qui apporte avec lui les moyens de l’accueillir et d’en vivre. Il est comme le Vent. Insaisissable mais capable de propulser de très lourds bateaux… pourvu qu’ils aient déployé leurs voiles. La Confirmation, c’est la voile qui permet de capter Le Seigneur Esprit-Saint. Il peut produire de la chaleur, de la force, de la lumière… si une éolienne peut l’emmagasiner. La confirmation c’est l’installation de l’éolienne. Le Seigneur Esprit-Saint est comme du Feu. Pensez à la veilleuse du chauffe-eau. La confirmation c’est le déclencheur qui propage le feu à tout le brûleur. Le Seigneur Esprit-Saint parle par les apôtres, c’est à dire par tous ceux qui proclament la Parole de Dieu authentique. Chacun l’entend dans sa langue maternelle. Encore faut-il avoir des oreilles. La confirmation c’est l’oreille qui permet d’entendre les confidences de la Tendresse maternelle du Seigneur. Le Seigneur Esprit-Saint est comme un « paraclet » c’est à dire un Défenseur, un avocat, un Conseiller, un souffleur. Peut-être aujourd’hui pourrait-on ajouter une image sportive : les coureurs du Tour de France reçoivent les bons conseils de leur Directeur d’équipe, de leur entraîneur, de leur médecin. Encore faut-il qu’ils aient l’oreillette. La confirmation c’est l’oreillette !…
Une histoire. Rappelons-nous pour bien la savourer que la Vierge Marie est appelée l’Epouse du Seigneur Esprit-Saint tant elle est proche de Lui. Un vieux Père missionnaire du Sacré-Coeur raconte qu’il s’était un jour perdu dans les montagnes de Papouasie. Là-bas les montagnes sont très accidentées, la végétation est hostile : touffue, piquante, pleine de sangsues et de lianes traîtresses. Le Père, aboutit enfin sur une petite crête. Mais il est perdu. Doit-il descendre à gauche ou à droite ? Une simple erreur d’orientation peut le faire errer pendant des jours. Alors, il tire de sa poche une médaille de la Sainte Vierge, pour faire tout simplement pile ou face ! C’est pile. Il s’engage donc résolument à gauche. Notre-Dame l’a toujours guidé et protégé. Mais après, des heures et des heures de marche, il doit se rendre à l’évidence : il est perdu ! Il aurait fallu descendre l’autre versant. La nuit tombe lorsqu’il arrive près d’un pauvre village inconnu. Il décide d’y passer la nuit. Assis près d’un feu où l’on a mis à griller pour lui une patate douce, il médite tristement sa mésaventure. C’est alors qu’on vient lui dire qu’un malade le demande. Quelqu’un le demande ? ! Mais il ne connait personne dans ce coin perdu ! En fait, le malade était bien un chrétien, baptisé jadis dans une mission lointaine et revenu dans sa tribu d’origine pour y finir ses jours. « Ah ! Mon père, dit le vieux, je vais mourir, et j’ai demandé à Marie de m’envoyer un prêtre. Je savais qu’elle m’entendrait. Marie entend toujours nos prières ! »
Le Saint-Esprit nous guidera. C’est sûr. A sa manière à lui. Amen !
Fête de la sainte Trinité, Première Communion à Polignac
Frères et soeurs, en cette fête de la Sainte Trinité, contemplons un instant le chef-d’oeuvre des chefs-d’oeuvre parmi les représentations de ce mystère… Icône que vous avez collée sur un bois, les enfants, lors de la première journée de préparation à Espaly, pour votre coin-prière à la maison. Cette icône a été peinte vers 1415 à Zgorsk, en Russie par un moine, Andreï Roublev. Il a voulu représenter une scène curieuse de l’Ancien Testament, au chapitre 18 de la Genèse. 1900 ans avant Jésus-Christ, la révélation ne fait que commencer. Abraham a répondu à l’appel de Dieu. Il a quitté son pays. Il est ce jour-là dans le désert, sous le chêne de Mambré. Et on annonce : « Voici comment Le Seigneur apparut à Abraham ». Or, on nous décrit l’arrivée de trois étrangers mystérieux. Abraham s’empresse de leur offrir l’hospitalité. Et ces visiteurs lui annoncent que dans un an, Sara sa vieille femme aura un fils. Cette « prédiction » fait rire Sara. C’est pourtant ce qui va arriver. Et ils vont appeler le fils de la promesse « Eclat de rire », en hébreu Isaac. On ne comprenait pas pourquoi Le Seigneur s’était montré ce jour-là sous la forme de trois personnes. On a compris lorsque Jésus nous a révélé que Dieu, le Très-Haut, le Transcendant, le Créateur est bien Un, Unique, mais il n’est pas solitaire : il est Père, Fils et Saint-Esprit. Un seul en trois personnes. Ce mystère est bien représenté : sur l’icône, les ailes dorées et les auréoles nous disent bien que ces personnes sont « D’Ailleurs ». Elles sont très grandes et malgré tout, elles sont inscrites dans un cercle : la sphère est le signe de la plénitude, de la perfection, de l’absolu, le signe de Dieu. Nous entrons dans l’intimité de Dieu.
Sur l’icône qui est le Père ? le Fils ? et le Saint-Esprit ? Mathématiquement, il y a six solutions. Trois seulement sont défendables. Je vous dis celle qui m’aide à contempler, à prier… Le Père est à gauche, le Fils est au centre, l’Esprit est à droite.
Chaque personne tient un long bâton très fin, de couleur rouge. Celui du Père, à gauche est parfaitement vertical. (Mon père à moi est charpentier et quelle que soit la pente du toit il doit, pour le construire, partir de la verticale donnée par le fil à plomb). Le Père est la référence de tout. C’est de Lui que tout « procède », que tout vient. C’est parce qu’il y a un Père qu’il y a un Fils et qu’il y a leur amour commun, le Saint-Esprit.
Les autres bâtons sont plus ou moins inclinés. Si vous faites l’effort de ne regarder que les bâtons, vous aurez l’impression d’un mouvement qui rappelle celui d’une cuillère dans un saladier. Si bien que rien n’est statique dans cette icône, tout est mouvement, communion, élan d’amour dans lequel est emportée toute la création : regardez le chêne au-dessus du Fils : il est devenu un roseau. Regardez le rocher : il est bien couleur sable mais il a la forme d’une vague soulevée par ce Vent d’amour.
Le Fils est au centre car il porte un vêtement rouge-marron couleur de la terre sur laquelle il est venu marcher, et bleu, couleur du ciel d’où il venait et où il veut nous emmener. Ils sont parfaitement égaux. Mais c’est le Fils qui a pris notre humanité : Il est à la fois Dieu et Homme. De plus ces couleurs ont un autre symbolisme : sur la croix Jésus a reçu le coup de lance qui a ouvert son coeur. Et il en est sorti du sang et de l’eau. On voit bien le sang qui part du côté du Christ pour descendre dans la coupe posée sur la table qui est devenue un autel. C’est par l’Eucharistie que nous recevons le sang du Christ.
On voit bien l’eau qui jaillit comme une fontaine qui devient un torrent, puis un fleuve. C’est la source du baptême.
Il y aurait beaucoup de choses à dire sur le symbolisme des couleurs, des motifs au-dessus de chaque personne, de la position des mains et des pieds, de la position du Père et du Fils et du Saint-Esprit.
Il y aurait beaucoup à contempler de la majesté de ses trois personnes, leur sérénité, leur paix rayonnante, sur l’échange des regards. (Ils sont en conversation. Ils s’entretiennent de la coupe placée sur l’autel. La coupe c’est la passion, la mort du Fils qui a pris nom Jésus… et qui a accepté de boire la coupe jusqu’à la lie pour nous sauver).
Le plus beau est peut-être ceci : en fait, il y a une quatrième personne dans cette icône. Ne cherchez pas un visage et un corps car elle est représentée symboliquement. C’est l’Eglise, c’est toi, c’est vous qui contemplez cette icône. Si vous regardez entre les deux personnes des deux extrémités, le Père et l’Esprit. Si vous suivez le contour intérieur du Père et de l’Esprit ainsi que le bas de l’autel, vous obtenez le dessin d’une coupe. Voilà : tu dois être, nous devons être une coupe vide qui se laisse remplir par les flots d’amour, de vie, de lumière qui jaillissent du coeur ouvert du Christ crucifié. Il nous « plonge » (= « baptise », en grec) dans l’amour du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Selon le mot de saint Bernard : « La sagesse consiste pour toi à jouer le rôle d’un bassin et non pas d’un canal. Un canal rend presque immédiatement ce qu’il reçoit. Un bassin au contraire, attend d’être rempli pour communiquer sans dommage ce dont il surabonde… Laisse-toi combler par Dieu avant de pouvoir partager avec les autres ». Amen !
22 juin 2025 Fête-Dieu et Première des communions aux Carmes
Frères et sœurs, pourquoi Jésus a-t-il multiplié les pains et les poissons ?
Pour se faire de la publicité ? C’est tout le contraire. Dès qu’il leur viendra à l’idée de le faire roi, il partira dans la montagne.
Est-ce que vous avez noté le rapprochement avec ce que le prêtre va dire dans quelques minutes :
Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, Il prit le pain
et, levant les yeux au ciel,
il prononça la bénédiction sur eux, il le bénit
les rompit il le rompit
et les donna à ses disciples et il dit « prenez et mangez-en tous »
pour qu’ils les distribuent à la foule. Ils mangèrent et ils furent tous rassasiés ;
puis on ramassa les morceaux qui leur restaient : cela faisait douze paniers. (Tout à l’heure nous recueillerons précieusement les hosties et nous les porterons dans le tabernacle).
Il ne manque que « Ceci est mon corps livré pour vous » (Il faudra que Jésus soit à la veille de donner sur la croix son corps, son sang, sa vie, son pardon, son Père , sa maman, tout, pour qu’il dise « Ceci est mon Corps livré ». Ce miracle se prolonge chaque jour mais en particulier chaque dimanche dans le monde entier.
Alors plutôt qu’un discours, je vais vous donner des témoignages de la force de la messe, de ce que produit la Communion.
Jean Christophe Parisot, est myopathe c’est-à-dire qu’une maladie terrible le paralyse de plus en plus. Et pourtant il est aussi diacre, préfet de la république, marié et père de 4 enfants. Il raconte : un jour, à Lourdes, j’étais assis durant la messe à côté d’une femme dont la langue était sortie. C’était très impressionnant de voir ce visage, d’où sortaient tube et tuyaux. Elle poussait des petits cris, et je me disais : « Pourquoi Seigneur permets-tu cela ? » Les passants détournaient le regard. Au moment de la communion, je vois surgir une religieuse, une seringue à la main. Elle saupoudre de la poussière d’hostie dedans. La femme peut ainsi communier paisiblement. Je me dis alors : « C’est donc cela, partager le repas de l’Amour vrai ! » Jésus vient visiter chacun grâce à la tendresse et l’imagination de nos communautés. Depuis, quand je parle de l’amour de Jésus pour les malades, moi tétraplégique trachéotomisé en fauteuil roulant, je comprends grâce à cette femme qui est le Dieu-Tout Autre qui se fait le Dieu Tout Nôtre.
Le Père Stan Rougier lui, est aumônier de jeunes, prédicateur de retraites et grand voyageur. Il raconte qu’un jour il était en Inde. Comme il faisait très chaud et qu’il passe près d’une rivière, il décide de piquer un plongeon. Quand il ressort de l’eau, une heure plus tard, toutes ses affaires ont disparu. Il avait pensé que le coin était tranquille, et voilà qu’il se retrouve non seulement sans sa guitare, sans ses papiers mais aussi sans son sac à dos, et sans ses habits de jour. En maillot de bain ! Que faire ? Il recherche une paroisse catholique. Il sonne à la porte du presbytère. Au prêtre qui paraît, il explique en anglais ce qui vient de lui arriver et il dit qu’il vient demander de l’aide ici parce qu’il est prêtre. Son confrère indien lui répond : « Qu’est ce qui me le prouve ? »… Que faire ? Stan Rougier, qui ne manque pas d’idées, lui propose : « Si je vous récite la messe, est-ce que cela vous ira ? »… Et c’est ainsi qu’il a pu trouver des vêtements et continuer sa route… Sauvé par la messe ! Dans un de ses livres il écrit ce témoignage très personnel : « Je revois le petit enfant que j’étais à huit ans, bête, pataud, superflu. Je me croyais né par erreur, incapable d’inspirer un intérêt quelconque, de trop ! Et l’on m’annonça que le Créateur venait me rendre visite. En sortant de l’église, ce matin de printemps, je pus marcher la tête haute. Cette première communion fut pour moi un « permis d’exister ». Victor Hugo fait dire à Ruy Blas : « Je suis plus que le roi puisque la reine m’aime. » Il y avait là bien plus que toutes les reines. C’est Dieu qui m’aimait.
Un jour, assistait à une retraite un vigneron d’une cinquantaine d’années. Il vient trouver le Père prédicateur et lui dit sa lassitude. « La vie devient de plus en plus compliquée. Les lois se multiplient. On dit que l’école est gratuite mais ce n’est pas vrai ! Quand on aurait besoin des allocations familiales, elles sont coupées et mes deux aînés en faculté me coûtent terriblement cher… » Le Père lui conseille de parler de tout cela à la Vierge Marie et aussi de bien profiter de la semaine pour se reposer : « Voilà au moins six jours où vous vous coucherez sans avoir mal au dos. » Ce vigneron avait apporté du vin, du bon vin. Comme les retraitants n’étaient pas très nombreux, la communion à la messe était sous les deux espèces. On avait disposé huit calices sur l’autel et ceux qui le voulaient venaient boire au Précieux Sang, au Sang douloureux, au Sang glorieux du Christ. Après la messe, ce vigneron vient trouver le Père : « J’ai reconnu mon vin… Eh bien, si mon vin – et on imagine tout ce que cela représentait pour lui – devient le Sang du Christ, je reprends courage »
A la messe, nous unissons nos vies à la Vie, à la Passion, à la mort de Jésus pour son Corps qui est l’Eglise.
Nous venons à la messe, pour tout offrir à Jésus, pour que rien ne soit perdu et que tout soit multiplié, nous venons comme celui qui a offert son pique-nique, cinq pains et deux poissons, pour que Jésus puisse nourrir tout le monde. Ou comme ceux qui ont offert les paniers vides, parce qu’ils n’avaient pas autre chose. Mais le Seigneur a besoin de tout et de chacun de nous. Amen !