15-16 avril 2023 Saint-Antoine (samedi soir)
Fête de la Divine Miséricorde.
(Lectorat et acolytat d’Arnaud Pinart, le dimanche aux Carmes ; prédication par Mgr Yves Baumgarten)
Frères et sœurs, nous avons tous entendu cette réflexion un jour ou l’autre « moi je suis comme saint Thomas, je ne crois que ce que je vois ». D’ailleurs si saint Jean prend la peine de préciser que le prénom Thomas signifie « jumeau » c’est un petit clin d’œil pour nous dire qu’en chacun il y a un saint Thomas qui sommeille. Et si je vous dis qu’il y a un Australien de 35 ans qui est né sans bras et sans jambe, qui maintenant écrit des livres, qui s’est marié qui a eu un enfant, qui conduit une voiture, il s’appelle Nickolas VUJICIC, vous pourriez me dire : « moi je suis comme saint Thomas j’attends de voir ». Que penser de cette réflexion « moi je suis comme saint Thomas » ? Premièrement c’est une bonne attitude. Le Seigneur nous a fait avec une « comprenote » et une jugeote, c’est pour que nous les exercions. Il faut essayer de comprendre donc essayer de chercher et après il faut poser un jugement, une évaluation, un discernement. Mais si vous voulez être saint Thomas vraiment, il faut l’être jusqu’au bout. Et il y a au moins 3 étapes dans le cheminement de saint Thomas, 3 étapes qu’il faut intégrer parce que c’est le Chemin de Foi.
Tout d’abord il faut poser les bonnes questions : quelles preuves saint Thomas demande-t-il à voir ? Les marques des clous dans les mains, les pieds et du coup de lance dans le côté de Jésus. Il n’a pas dit qu’il attendait de voir le visage de Jésus. Un jour quelqu’un m’a dit : « Moi je croirai en Dieu quand je rentrerai dans une église avec un de ces hypocrites que je connais bien et que cette personne tombera raide-morte en passant la porte de l’église ». (C’était 2 heures du matin, un repas de classards) j’ai essayé de lui expliquer que le signe qu’il demandait ne correspondait pas du tout aux façons de faire du Seigneur. Saint Thomas demande à voir les signes d’Amour de Jésus, les cicatrices. Les cicatrices sont le plus grand des « Je t’Aime » que Jésus peut dire à chacun. Jésus veut, en effet, nouer avec chacun de nous la plus belle des histoires d’amitié du monde. Il faut le savoir. Dieu rêve de ça de toute éternité ; il ne sait pas comment nous le dire il parle d’alliance tout au long de la Bible. Dans l’Apocalypse, le dernier Livre de la Bible, il dit : « Je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu’un m’ouvre, j’entrerai et je prendrai mon repas avec lui et lui avec moi ». Jésus veut vivre un dîner aux chandelles avec chacun. Alors, quand on lui demande un signe, il ne faut pas lui demander de gagner au loto ou de nous venger de nos ennemis ; il faut lui demander les signes d’Amour.
Deuxièmement, saint Thomas est fidèle au rendez-vous : il a demandé un signe, alors il est là pour le recevoir le dimanche d’après. Jésus est Ressuscité le dimanche matin, le dimanche soir il apparaît à ses apôtres ; saint Thomas n’est pas là ; mais quand il apprend la nouvelle, il demande ce signe mais il est là le dimanche d’après. Jésus ne se révèle qu’à ceux qui persévèrent. Il faut que nous montrions au Seigneur que nous avons envie de le connaître, envie de son Amour, envie de ses grâces et rien de tel que la fidélité, la persévérance, l’assiduité : je ne lâcherai pas Seigneur, je ne lâcherai pas tant que ton amitié ne sera pas inscrite dans ma vie. Si saint Thomas était allé laver sa voiture, faire son footing, préparer son barbecue, Jésus n’aurait pas pu se révéler à lui.
Troisièmement, que dit saint Thomas quand il voit Jésus ? Il aurait pu dire « Je constate que Jésus est vivant après sa mort, qu’il est capable de rentrer dans une pièce alors que les portes et les fenêtres sont verrouillées. » Magnifique ça pouvait faire une émission à la télévision « Mystère mystère » ; mais saint Thomas dit « Mon Seigneur et Mon Dieu ». A ce moment-là, saint Thomas fait un saut, le saut de la Foi comme quand vous êtes sur le plongeoir : avant de monter l’échelle, en mettant votre gros orteil dans l’eau, vous vous êtes aperçu qu’elle un peu froide, mais vous plongez quand même. Quand un diacre est ordonné, quand un prêtre est ordonné, quand une Religieuse ou un Religieux font Profession Perpétuelle, à un moment de la célébration ils s’allongent de tout leur long à plat ventre sur le tapis devant l’autel pendant que toute l’assemblée chante la Litanie des saints ; ça peut durer ¼ d’heure. Beaucoup disent : « C’est vraiment le moment le plus impressionnant de la célébration (même si ce n’est pas le moment le plus essentiel). Et pourtant c’est moins difficile que le saut en hauteur ou que le saut en longueur ; c’est un saut en profondeur : je me jette dans les bras du Seigneur, je m’en remets à lui ; je le reconnais comme Mon Seigneur et Mon Dieu ; et parce qu’il a lu un peu la Bible ( !), le candidat à l’Ordination ou à la Profession Religieuse, sait que ce Seigneur c’est lui qui dit « je suis descendu pour les délivrer » et qui vient de dire « tous ceux à qui vous remettrez leurs péchés ils leur seront remis, la Paix soit avec vous ». Pour avoir la Foi, il faut donc pleurer ses péchés. Il faut reconnaître qu’on a sur soi une bombe à retardement, peut-être plusieurs bombes à retardement qui peuvent exploser et qui peuvent faire beaucoup de mal. J’ai la bombe à retardement de la colère, la bombe à retardement de la jalousie, la bombe à retardement de l’orgueil, la bombe à retardement du mensonge, la bombe à retardement de l’égocentrisme. J’ai tout ça et je viens dire au Seigneur que j’ai vraiment besoin de Lui. « Tu es Mon Seigneur et Mon Dieu. Tu es mon Libérateur Tu es mon Sauveur ».
Et c’est pour cela, très certainement, que le Seigneur a demandé par la voix de sainte Faustine que ce dimanche soit le Dimanche de la Miséricorde. Saint Jean-Paul II a fait de ce deuxième dimanche de Pâques le dimanche de la Miséricorde. La Miséricorde c’est l’Amour du Seigneur tel qu’il se présente en situation de péché. C’est l’Amour du Seigneur capable de tout rattraper, capable de nous sauver et surtout capable de faire de nous des sauveurs. Pensons à saint Pierre et à Saint Paul : ils ont renié ou combattu Jésus. Ils pleurent leurs péchés. L’un devient le premier Pape, l’autre l’Apôtre des Nations, l’Apôtre de tous ceux qui n’étaient pas Juifs ; et il nous écrit la moitié du Nouveau Testament. Pensons à saint Thomas : il doute, il rencontre Jésus, il devient Evangélisateur de l’Inde. Si nous donnons notre foi en Jésus, nous passerons du stade de consommateurs de religieux, à disciple, et même à apôtres. Nous deviendrons autant sauveurs que sauvés.
AMEN