24 juin 2024. Nativité de saint Jean-Baptiste

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Tous les soirs, à la fin du bulletin météo, la présentatrice nous dit : « N’oubliez pas de fêter les Romuald, ou bien les Sophie ». Au fait, pourquoi fêtons-nous saint Romuald le 19 juin et sainte Sophie le 18 septembre ? Parce que c’est le jour anniversaire de leur mort. Nous fêtons leur entrée au Ciel. Il n’y a que trois personnes dont l’Eglise fête l’anniversaire de la naissance sur terre : Jésus le 25 décembre, la Vierge Marie le 8 septembre et … saint Jean Baptiste le 24 juin.

Nous savons en effet par l’évangile selon saint Luc qu’il a été conçu six mois avant Jésus. Et on se souvient de la rencontre entre le petit Jésus dans le ventre de sa mère, alors qu’il avait tout juste quinze jours et ce bébé qui en était à six mois de grossesse. François Dolto s’est rendue célèbre par son livre « Le bébé est une personne ». Nous le savions depuis 2000 ans grâce à l’évangile.

C’est la pensée chrétienne qui a forgé le concept de « personne » Dès les premiers siècles de l’Eglise, pour parler du mystère de la Sainte-Trinité, un seul Dieu en trois personnes, il a fallu réfléchir, préciser, définir ce terme. Il existait déjà mais il a fallu dire clairement que Père, Fils, Saint-Esprit, ce ne sont pas trois façons de parler comme quelqu’un peut être à la fois père de famille, médecin et pianiste ; ou bien trois effets de Dieu comme l’électricité produit de la chaleur avec les convecteurs, de la lumière avec les lampes, de la force avec les machines. Non ! le Père est bien distinct du Fils et le Saint Esprit n’est pas un deuxième Fils : Ce sont trois personnes. On a pâti pour l’exprimer avec justesse. Et comme la Bible nous dit que l’homme est à l’image et à la ressemblance de Dieu, l’Eglise a dit : « Chacun est une personne. » Avant, quand on croyait que Dieu était un vieux solitaire, grand architecte un peu tyrannique, on disait : individu. « Personne », cela dit beaucoup plus. Une personne, ce n’est pas un numéro, c’est quelqu’un. C’est un être en relation. Et en relation d’abord avec son créateur.

Un jour à table, je disais à un ami prêtre mon émerveillement devant le mystère de la naissance, le mystère de la transmission de la vie. Cet ami est aussi un grand théologien mais il n’a pas toujours le langage châtié et policé des académiciens. C’est d’ailleurs ce qui fait son charme. Il m’a dit : « C’est vrai : que deux petits bouts de viande deviennent au final une personne, c’est extraordinaire. Il y a une disproportion totale entre le commencement et le résultat. » Chaque être humain a une valeur absolue simplement parce qu’il est un membre de notre espèce. Aujourd’hui, on répand l’idée de pouvoir bricoler l’origine de la vie pour l’améliorer !… C’est extrêmement dangereux. Le professeur Jérôme Lejeune racontait une anecdote pour dire la folie de ce rêve. Au cours d’une soirée, se trouvaient côte à côte un monsieur qui était renommé pour son humour corrosif et une demoiselle qui était la plus jolie femme de son époque. Vraiment émoustillé par la beauté de sa voisine, le monsieur est éblouissant pendant toute la soirée, si bien qu’à la fin de la soirée, devant tout le monde  la demoiselle lui dit : « Maître, il faut que vous me fassiez un enfant, ça sera la merveille du monde, je lui donnerai ma beauté, vous lui donnerez votre esprit ». Et le conférencier de la regarder avec intérêt et un petit sourire dit alors : « Oui, mais si c’est le contraire ? »… Quelles qualités héréditaires qu’on a choisies seront finalement transmise à la descendance ?

La naissance est la naissance d’une personne humaine, c’est à dire le commencement d’une histoire qu’elle seule peut écrire : aucun conditionnement de départ, si pesant qu’il soit, aucun handicap, si déconcertant qu’il soit, ne peut occulter la dignité de la personne qui ne consiste pas justement dans l’arbitraire illimité, mais précisément dans l’effort persévérant pour assumer loyalement les conditionnements, non pas dans la résignation servile, mais dans la vérité et avec l’aide d’autrui pour faire les choix possibles et s’y tenir.

Saint Jean-Baptiste, priez pour que cessent les espoirs fous de certains d’améliorer l’humanité par des bricolages astronomiquement dangereux ; qu’ils découvrent la joie de l’espérance d’accueillir ce que le Seigneur fait ; vous êtes la preuve vivante qu’il n’ y a rien de mieux.

Les bonus : Quelle est la vraie religion ? (youtube.com)