Vendredi 21 juin 2024 bien investir
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 6, 19-23) : « En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Ne vous faites pas de trésors sur la terre, là où les mites et les vers les dévorent, où les voleurs percent les murs pour voler. Mais faites-vous des trésors dans le ciel, là où il n’y a pas de mites ni de vers qui dévorent, pas de voleurs qui percent les murs pour voler. Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. La lampe du corps, c’est l’œil. Donc, si ton œil est limpide, ton corps tout entier sera dans la lumière ; mais si ton œil est mauvais, ton corps tout entier sera dans les ténèbres. Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, comme elles seront grandes, les ténèbres ! »
Jésus nous parle de la puissance de notre regard. La psychologie actuelle exprime cela en disant que nous avons chacun des filtres. Certains ont un filtre positif. Ils vont voir la réalité sous son jour lumineux. D’autres ont un filtre négatif ; des événements, des personnes, et d’eux-mêmes ils vont d’abord voir le mauvais côté. Notre regard est puissant parce qu’il commande ainsi notre ressenti et de fil en aiguille notre santé. Si votre regard s’appesantit sur les côtés angoissants de l’actualité ou de vos collègues, cela peut impacter votre santé tant nous somatisons facilement.
Mais aujourd’hui arrêtons-nous plutôt sur le premier conseil de Jésus : « Ne vous faites pas de trésors sur la terre… Mais faites-vous des trésors dans le ciel. » Ce principe est inscrit tellement profond dans le cœur de certaines personnes qu’elles en arrivent à des sommets d’héroïsme ou de sainteté. En voici un exemple. C’est une histoire juive.
Mettre l’amour de Dieu en primauté nous détache de nous-mêmes. Une histoire juive le dit de façon très émouvante. Un village vient de perdre son rabbin. Il faut le remplacer. A qui demander ? On signale un homme encore jeune vivant avec son épouse très discrètement, et très pauvrement. Le conseil des anciens lui propose d’assurer la prédication. A cette première écoute, toute l’assemblée est subjuguée. Non seulement ce qu’il dit mais aussi ses silences et toute son attitude parlent du Seigneur. Evidemment, on le prend comme rabbin. On lui fait présider le Shabbat. Au cours du shabbat, on présente au président un kougel, un gâteau typique. Normalement le rabbin doit partager le kougel, se servir et le distribuer à chacun. Mais voilà qu’à l’étonnement général, le nouveau rabbin se jette sur le plat et le termine goulûment. Il demande même qu’on lui apporte le moule et il dévore les débris restés collés sur le moule. Alors – parce qu’il n’y a qu’un pas du Capitole à la Roche Tarpéienne – on se moque de lui et on le ridiculise par un surnom : « le goinfre du kougel ». On le garde comme rabbin parce qu’il faut bien quelqu’un pour les circoncisions, les Bar Mitzwa, les mariages, les obsèques, les sabbats, mais plus personne ne l’écoute vraimet. Il continue à étudier la Thora. Il passe sa vie dans l’anonymat. Un jour, lui aussi arrive au « Rendez-vous de tous les vivants », comme dit Job. Les anges l’accueillent à l’entrée du Ciel, mais ils annoncent son arrivée au juge suprême avec le surnom « le goinfre de kougel, le goinfre de kougel ». L’âme du pauvre en est toute retournée : jusqu’ici ce surnom ridicule qui avait gâché sa vie le poursuit. On dépose tous les actes du goinfre du kougel sur la balance. Sur un plateau les mauvaises actions, sur le deuxième plateau les bonnes actions. Et voici que ce deuxième plateau descend et descend. Ensuite on apporte un livre, le livre sur lequel est écrit en lettres de feu le déroulement de la vie de chacun. Il était aussi consigné de quelle manière et pourquoi le surnom humiliant de goinfre de kougel lui avait été attribué. Il avait subi toutes les humiliations à cause d’un acte de bonté. Le kougel extraordinaire qu’on avait servi ce fameux soir n’avait pas le goût de la vanille et de la cannelle mais du pétrole. Il n’avait jamais dévoilé ce secret à personne car si quelqu’un avait su cela, la cuisinière qui était une pauvre veuve chargée d’une grande famille aurait perdu son emploi et sa subsistance. Mais grâce au jeune rabbin, son erreur resta cachée à tous, même à elle même.
Le monde tient parce qu’il est rempli de ce genre d’actions. Notre œil est plus facilement exercé à prendre en défaut. L’amour venu d’en haut, patiemment, nous apprend à flairer l’existence de trésors de bonté et de beauté en l’autre.
Les bonus : La dépendance vous concernera demain ! – Carolina Leitao de Moraes (youtube.com)