Admirez ses proportions : 30 m de long, 14 m de large, 12m sous voûtes.
Elle est, comme beaucoup d’autres dans la région, du plus pur roman, caractérisé par les voûtes et ouvertures en demi-cercle, le plein centre. Sa construction s’est étalée sur plusieurs siècles, mais l’ensemble est d’une remarquable unité. Le chœur remonte à fin Xème – début Xlème siècle, la nef au Xllème siècle, et la dernière travée date seulement du siècle dernier.
Matériaux utilisées:
La pierre volcanique ocre ou noirâtre que les géologues appellent “basalte villafranchien”, provenant des coulées volcaniques du Mont-Denise proche et qui ont déversé des laves en quantité variable. Par refroidissement et suivant la profondeur et l’épaisseur, ces laves ont donné soit du basalte noir, parfois en prismes (les orgues), soit du basalte villafranchien, plus grossier et beaucoup moins homogène. La coloration est due à des proportions différentes d’oxyde ferrique (rouille) ou ferreux (noir). Cette pierre se prête mal à la sculpture fine, pour laquelle on fait appel à cette pierre blanche – la pierre de Blavozy – que l’on voit en façade et à certains chapiteaux.
L’ensemble de la construction est sur le modèle classique de la Croix latine, orientée à l’est : une nef centrale, deux nefs latérales et un transept incomplet.
La voûte :
En pierre elle aussi, est soutenue par des piliers en forme de croix. Dans les angles, de belles colonnettes en fuseau apportent une note d’élégance à ces piliers un peu austères. Certaines de ces colonnettes sont formées d’éléments de plusieurs mètres.
Les chapiteaux :
Une centaine. Ils peuvent être groupés en deux catégories.
– Ceux des gros piliers, de style corinthien plus ou moins pur, utilisent un motif simple, la feuille d’acanthe, ou plus simple encore, la feuille de lotus.
– Les chapiteaux des colonnettes (en pierre de Blavozy) sont beaucoup plus ornementés : motifs entrelacés, figures allégoriques, agneau pascal, vieillards, animaux (aigles, taureaux, dragons, monstres).
Le chœur mérite une attention particulière :
- Sur les quatre piliers, une voûte à pans coupés fait passer du carré à l’octogone, puis à la coupole arrondie, surmontée du clocher.
- La chapelle de l’abside est remarquable par ses fresques. La plus importante – du Xlle siècle – représente le jugement dernier, le ciel et l’enfer :
En haut, vraisemblablement, le Christ appelait au jugement : il n’en reste que les pieds.
En bas à droite, Saint Michel pesant les âmes dans sa balance. L’une descend : elle sera réprouvée ; l’autre monte : c’est une élue. Un petit ange la tend à Saint Pierre qui va l’introduire au paradis par la porte visible au-dessus. Le paradis – en partie détruit – est composé de huit rangées d’élus accompagnés chacun de son ange gardien. On se croirait au théâtre. Les lignes ondulées séparant les rangées sont en réalité les nuages célestes.
A gauche, une immense gueule de dragon. Tout autour, des diables de toute taille s’activent à saisir les réprouvés par les cheveux ou les pieds, et à les jeter dans la gueule du dragon. Là on peut voir un éventail important des supplices : certains damnés sont pendus à une potence, d’autres jetés dans des oubliettes, d’autres torturés par des fers rougis au feu, d’autres jetés dans une marmite à face humaine, et partout des diables armés de fourches s’activent en chantant ou dansant.
Ces représentations simplistes servaient de “livres d’images” pour les gens, illettrés pour la plupart.
Entre les deux fresques précédentes et le Christ de la partie supérieure, une bande, dite “frise des Anges”, a été peinte au XlVème siècle et a fait disparaître une partie de l’ensemble. Elle est de toute beauté et d’une pureté de lignes remarquables : Sur un fond pourpre semé d’étoiles, à gauche, un ange tient le livre sacré grand ouvert et, devant, deux autres anges les mains ouvertes, chantent ensemble.
A la suite, d’autres anges tiennent chacun un instrument de musique différent. On y voit un rebec (sorte de mandoline), un orgue portatif, un luth et une harpe. Il est vraisemblable que ces instruments étaient joués au moins dans les cérémonies solennelles.
Dans l’embrasure de la fenêtre, deux religieux sont agenouillés en face d’un saint qu’ils prient. Au- dessus, en médaillon, un monastère et, tout autour, les armes des abbés de Pébrac. Il s’agit vraisemblablement de Saint Pierre Chavanon, fondateur de l’abbaye de Pébrac – proche de Chanteuges Les moines de Pébrac desserviront Polignac pendant six siècles. Il est possible que Pébrac soit à l’origine de l’église de Polignac.
A gauche, dans la niche, une statue en bois polychrome, du Xllle ou du XlVe siècle : Sainte Anne aïeule ; Sainte Anne tient sur ses genoux sa fille Marie, qui elle-même tient l’enfant Jésus. Ce sujet, assez rare, s’apparente aux Vierges en Majesté, fréquentes en Auvergne et le Velay.
Dans la niche de droite, un reliquaire de Saint Martin, patron de la paroisse.
Dans la chapelle latérale droite :
Une autre fresque de même époque, mais de dessin différent, représente certaines étapes de la vie de la Vierge : annonciation, visitation, nativité, adoration des mages et fuite en Egypte en grande partie disparue. Au-dessus de ces scènes remarquables étaient représentées les figures allégoriques des quatre évangélistes ; seules subsistent l’aigle de Saint Jean et le lion de Saint Marc.
Les lustres :
L’ensemble de l’édifice est mis en valeur par un éclairage harmonieux. Huit lustres – dont six d’époque Louis XIV-Louis XV – dispensent une belle lumière dans cet ensemble un peu austère. /
Les vitraux :
Tous récents, n’ont pas une grande valeur artistique. La famille de Polignac est représentée dans la nef sud par trois de ses plus illustres membres : le chevalier Héraclès tué à Antioche lors de la première croisade, le cardinal de Polignac ministre de Louis XV, et le prince de Polignac ministre ce Charles X.
Sur les piliers du chœur :
Deux statues en bois doré (XVlle-XVIIIe) représentent l’une une vierge tenant la palme des martyrs et l’instrument de son supplice, l’autre Saint-Martin, patron de la paroisse.
Ailleurs, des croix de procession, emblèmes des diverses confréries.
Dans la nef latérale gauche :
Un grand tableau du XVIe ou XVlle siècle représente la compassion de Marie, sujet rarement traité de cette manière : Le Christ assis est revêtu de la tunique rouge des soldats romains, il tient le roseau et sa tête est couronnée d’épines ; A côté, sa mère “triste et désolée” contemple son fils. L’Evangile parle de Marie au pied de la Croix, immortalisée par le “Stabat Mater” ; Ici, le peintre a imaginé cette rencontre au début de fa passion.
EXTERIEUR DE L’EGLISE
Au nord, côté cimetière, sont visibles les restes de meurtrières et mâchicoulis. L’église était incluse dans la deuxième enceinte des fortifications.
Côté sud, un porche gothique du XIIE ouXIVe siècle. Très belle construction à allure de dais, sobre et élégante, elle abrite une porte gothique au milieu delà nef latérale, vraisemblablement réservée à l’entrée solennelle des seigneurs de Polignac.
Un édifice imposant pour un petit village, témoin d’un long passé.
Pensez un instant au travail des bâtisseurs et décorateurs au long des siècles, et à tous ceux qui y ont trouvé un peu de paix, le sens du sacré, et la tranquille assurance des choses qui durent. Puissiez-vous être de ceux-là.