1er novembre 2024 Espérance

Frères et sœurs, si l’on faisait un sondage sur le bonheur, qu’est-ce que l’on obtiendrait comme réponses ? Heureux qui a la santé d’abord, heureux qui ne manque de rien, heureux qui sait se faire respecter, heureux qui est né sous une bonne étoile. Rien de tout cela dans la bouche de Jésus. Et même parfois le contraire : heureux les pauvres, les doux, heure les persécutés… ! Il faut se dire que les béatitudes, c’est comme un fruit exotique inconnu que l’on met sur votre assiette. Si on ne vous dit pas que c’est bon, si on ne vous encourage pas, vous vous abstiendrez d’un air dégoûté. Mais après la première bouchée absorbée, la chose devient évidente : ce fruit n’est pas mauvais du tout. Les besoins les plus grands de l’homme sont cachés profondément en lui. Le bonheur durable réside précisément un peu plus loin que ce que nous pensons au premier abord, un peu plus profond que nous ne le supposons.

Un saint c’est quelqu’un qui est heureux au sens évangélique. Un saint c’est quelqu’un qui vit d’Espérance. Qu’est-ce que l’Espérance ?

Il faut d’abord distinguer l’espoir et l’espérance. L’espoir c’est être convaincu que ça ira mieux demain.

Dans la Bible, on espère pas quelque chose de mieux, on espère en quelqu’un. Espérer c’est attendre quelqu’un, c’est attendre Dieu. Et c’est attendre Dieu de Dieu. On peut dire que l’espérance c’est un miracle qui transforme tout ce qu’elle touche. Il y a dans la Bible cette belle parole :  « Les garçons se fatiguent et les jeunes gens ne cessent de trébucher, mais ceux qui mettent leur espérance dans le Seigneur trouvent des forces nouvelles ; ils déploient comme des ailes d’aigles, ils courent sans se lasser, ils marchent sans se fatiguer. » (Isaïe 40,30-31) L’espérance n’enlève pas les motifs de fatigue mais elle donne des ailes. Petit témoignage : je vous avoue que je suis plutôt frileux (c’est peut-être signe que j’ai du « sang froid » !) La température d’octobre est la même que celle du mois de mars grosso modo. Eh bien j’ai beaucoup moins froid en mars. Pourquoi ? Parce qu’en mars je sais que je vais vers des jours pleins de soleil tandis qu’en octobre je sais qu’il me faudra passer novembre décembre, janvier et février… Le ressenti n’est pas du tout le même sachant que je vais vers du froid ou du chaud. L’espérance ne change pas les circonstances de ma vie, ni les évènements. Mais elle change tout. Espérer c’est être sûr que tout a un sens que ça finisse par s’arranger ou non. Si je sais que je suis ici en préparation, en gestation, ça change tout. Voilà le secret des saints. Leur horizon c’est l’éternité. Seule l’éternité enlève tous les obstacles qui vont à l’encontre de l’espérance y compris le dernier obstacle qui est la mort. Seule l’éternité est le véritable horizon parce qu’elle assure un espace illimité. S’il n’y pas l’éternité comme horizon, l’attente se transforme en angoisse. Or dans l’incarnation de Dieu, quand Dieu s’est fait homme, l’éternité est entrée dans le temps. Etre dans l’attente du bien c’est espérer. Etre dans l’attente du mal, c’est avoir peur. Donc, le contraire de l’espérance c’est la peur. Si on fait abstraction de l’éternité, on tombe dans la peur, la résignation, le fatalisme. Ceux qui nous gouvernent ont tout intérêt à détruire l’espérance. Au contraire quand on a l’espérance on a peur de rien. Conclusion : c’est la même chose que lorsque quelqu’un s’évanouit : on va vite chercher quelque chose de fort pour le ranimer, un peu d’alcool de menthe sur un sucre. Quand quelqu’un désespère il faut lui proposer un « possible ». L’homme a besoin de possible. Sans cela il meurt d’asphyxie spirituelle. Dans la Lettre aux Hébreux, l’espérance est représentée par une ancre. L’espérance c’est l’ancre de notre âme. Elle est solidement plantée en Dieu. Elle est plantée non dans le temps mais au Ciel, dans l’éternité. L’Ancre c’est la sécurité. Mais l’espérance est aussi représentée par une voile de bateau. C’est ce qui fait avancer le bateau. L’espérance fait les deux : la sécurité et le dynamisme. Les saints sont solides et ingénieux. La voile qui est maniée par un bon marin transforme n’importe quel vent en force motrice. Les saints sont des bons marins qui réussissent à utiliser n’importe quels vents pour avancer dans la direction voulue. L’espérance contribue à notre progrès spirituel.  L’espérance c’est une attente qui transforme la réalité.  C’est savoir qu’il y a toujours quelque chose que l’on peut faire pour améliorer la situation : travailler autrement, progresser dans l’humilité, prier, implorer sur les personnes la bénédiction de Dieu.  

On m’a raconté une anecdote un peu cocasse.  Une jeune femme savait qu’elle n’avait que quelques semaines à vivre. Elle a contacté son prêtre pour lui dire ses dernières volontés. « J’aimerais que sur mon lit de mort, on me mette une fourchette dans la main, lui dit-elle. Cela vous surprend, n’est-ce-pas? » « Pour être honnête, oui » dit le prêtre. La jeune femme explique : « Quand dans un repas de famille ou un repas officiel arrivait le moment où l’on nous changeait les assiettes, j’aimais que le serveur me dise : « Gardez votre fourchette ». C’était ma partie préférée car je savais que quelque chose meilleur  allait arriver…. Je veux juste, que lorsque les gens me verront dans mon cercueil avec une fourchette à la main, qu’ils se demandent: « Pourquoi cette fourchette? » et ainsi vous pourrez leur dire « Gardez votre fourchette… le meilleur est à venir! » »

En fait ce que nous avons entendu c’est le portrait de Jésus : le Pauvre de Cœur, c’est Jésus ; le doux, c’est Jésus ; le miséricordieux c’est Jésus ; l’artisan de paix, c’est Jésus ; le Cœur pur, c’est Jésus. Pour être éternellement avec ce grand Frère parfaitement heureux, nous cherchons à lui ressembler et nous le supplions de nous imprégner de sa simplicité de cœur, de sa douceur, de sa capacité de pardon, de sa force pour encaisser les revers, pour lâcher prise et s’en remettre à son Père Tout-Amour et Lumière. Dans l’espérance. Amen !

2 novembre 2024 Des messes pour les défunts

L’histoire suivante est véritable. Elle a été racontée à Sœur M. Veronica Murphy par une sœur âgée qui l’a entendue des lèvres mêmes du défunt père Stanislas Père du Sacré-Coeur.  Un jour, dans un petit village du duché du Luxembourg, un capitaine des gardes forestiers était en grande conversation avec le boucher alors qu’une vieille femme arrive. Le boucher demande à la vieille dame ce qu’elle veut. Elle lui dit qu’elle veut un petit morceau de viande mais qu’elle n’a pas d’argent pour payer.

Le capitaine trouve cela comique. « Seulement un petit morceau de viande, mais combien allez‑vous lui en donner ? »  dit‑il au boucher.

La vieille dame dit alors au boucher : « Je suis désolée de n’avoir pas d’argent mais je vais entendre la Messe pour vous. » Comme le boucher et le capitaine sont indifférents à la religion, ils commencent à se moquer de la vieille femme.

« Très bien » dit le boucher « Allez entendre la Messe pour moi et revenez, je vous donnerai autant que la valeur de la Messe. »

La femme va donc entendre la Messe et revient trois quarts d’heure plus tard. Elle s’approche du comptoir et le boucher dit: « Maintenant nous allons voir. »

La femme prend un morceau de papier et écrit dessus: « J’ai entendu la Messe pour toi. » Le boucher place le papier sur un côté de la balance et un os sur l’autre côté, mais le papier est le plus lourd. Ensuite il met un morceau de viande au lieu de l’os, mais le papier est toujours le plus lourd.

Les deux hommes commencent à avoir honte de leurs moqueries mais continuent leur jeu. Un gros morceau de viande est placé sur la balance mais le papier est toujours plus lourd. Exaspéré, le boucher examine la balance mais la trouve normale.

« Que voulez‑vous, ma bonne dame ? Est-ce que je vais devoir vous donner un gigot de mouton entier ? » II place donc le gigot de mouton sur la balance, mais le papier est toujours le plus pesant. II met un morceau de viande encore plus gros, mais le poids demeure toujours du côté du papier. Cela impressionne tellement le boucher qu’il se convertit et promet à la femme de lui donner de la viande chaque jour.

Le capitaine ce jour-là est parti de la boucherie lui aussi converti et il devint un fervent de la Messe quotidienne. Deux de ses fils devinrent prêtres, un Jésuite et l’autre un père du Sacré‑Cœur.

Plus tard, quand ses enfants devinrent prêtres, le capitaine leur conseilla de bien dire leur Messe chaque jour.

            Paul Claudel, dans une lettre qu’il adressait à un prêtre en réponse à un courrier dans lequel le prêtre faisait part de son découragement, lui écrivait : « « La messe que vous dites chaque matin déverse non seulement sur votre village, mais sur l’humanité tout entière, sur le purgatoire qu’elle dépeuple, un torrent de bénédictions inestimables et incommensurables…. »  Le purgatoire qu’elle dépeuple… !

Que Dieu  purifie les défunts de leurs fautes, sanctifie tous les recoins de leur être, sur la base de la prière de l’Eglise dont la source et le sommet est la messe n’est pas étonnant puisqu’il a choisi de nous sauver en famille. Nous entrons dans le Mystère (c’est-à-dire la réalité) du Salut en étant inscrits dans le Corps du Christ : « Si un membre souffre, explique saint Paul, tous les membres partagent sa souffrance ; si un membre est à l’honneur, tous partagent sa joie ». (1 Co 12,26)

            Quelle grâce de savoir que nos défunts sont entrés dans la Vraie Vie et que s’il y a encore des liens qui les retiennent par suite des fautes qu’ils ont commises de leur vivant, les liens de nos complicités dans le mensonge, la jalousie, l’égoïsme, le matérialisme ou l’orgueil, nous pouvons contribuer à les dénouer en offrant le Sacrifice de « Celui qui est notre Paix » (Eph 2,14) « Par Lui en effet, les uns et les autres nous avons accès auprès du Père, dans un seul Esprit. Et donc vous n’êtes plus des étrangers ni des gens de passage, vous êtes citoyens du peuple saint, membres de la famille de Dieu ». (Eph 2,18-19)   

            Nous sommes tout à fait pour le port de fleurs au cimetière ou l’achat de plaques funéraires, comme signes d’espérance en la Vie et hommage de fidélité, mais le plus beau cadeau pour nos défunts n’est-ce pas l’offrande de messes ?

L’eucharistie nous fait passer ensemble de l’enfermement (quel mot tellement expressif : le mal nous recroqueville sur nous-mêmes et « l’enfer me ment » le mal m’induit en erreur !) à la « vie Trine », la vie de la Trinité. ! Rappelons-nous bien que les offrandes de messes sont affectées exclusivement à la subsistance matérielle des prêtres: ils en ont réellement besoin pour vivre, en cette période de vaches maigres où les ressources de l’Eglise diminuent en même temps que le nombre de fidèles. L’offrande de messes pour les défunts permet qu’ils entrent dans la Vie, on vient de le dire, mais elle assure aussi concrètement que le Pain de Vie soit encore accessible ici-bas pour les vivants !

3 novembre 2024 31ème dim TO année B Pourquoi un Grand-Prêtre ?

Frères et sœurs,

Pourquoi à la messe, le prêtre parle de « mon sacrifice qui est aussi le vôtre » ? « Priez, frères et sœurs, que mon sacrifice qui est aussi le vôtre soit agréable à Dieu le Père Tout-Puissant »

Peut-être bien pour réussir ce commandement que le Seigneur nous répète trois fois aujourd’hui : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. »

Normalement nous devrions être choqués par cet ordre : « Tu aimeras ». On peut obliger un esclave, mais un amoureux ne peut pas obliger une fille à l’aimer, un Père ne peut pas contraindre son fils à l’aimer. Il ne peut pas lui dire « Tu m’aimeras ». Si le Seigneur nous donne l’ordre de l’aimer c’est qu’il ne veut pas notre cœur ; il veut que nous donnions notre cœur. Tout est là ! Le Père envoie son Fils pour nous rendre capables de donner notre cœur.

Petite explication. La deuxième lecture, extrait de la Lettre aux Hébreux, nous explique que Jésus est le Grand-Prêtre grâce auquel nous avons accès au Vrai Dieu. Aujourd’hui, quand on entend « prêtre », on pense à un homme qui a reçu le sacrement de l’ordre. La Lettre aux Hébreux parle du « pape » en quelque sorte de la religion juive qui jusqu’en l’an 70, 40 ans après la mort de Jésus, offrait le sacrifice dans le Saint-des-Saints pour entretenir l’Alliance en adorant, en intercédant, en demandant pardon au nom de tout le Peuple. L’épitre aux Hébreux, citant le psaume 40 nous dit que désormais il y a un seul Grand-Prêtre. Aujourd’hui, les prêtres ne font que représenter Jésus l’unique Grand-Prêtre.  Ils représentent Jésus, ils ne le remplacent pas. La messe rend présent le mystère de la croix, le seul vrai sacrifice, le sacrifice de la nouvelle alliance. Célébrer la messe ce n’est pas seulement faire mémoire, psychologiquement. C’est rendre présent sacramentellement le mystère du Christ mort et ressuscité. On n’a pas besoin de réitérer la croix. Le sacrifice de Jésus est « une fois pour toutes ». Mais la messe peut être le sacrifice du Père Pierre et aussi celui de chacun des participants à la messe. Chacun s’offre en sacrifice spirituel, pour consacrer toute sa vie, pour orienter toute sa vie dans la volonté de Dieu le Père. Prenons une comparaison : grâce aux champs magnétiques, la limaille de fer se met dans le même sens, le sens du champ. Toute ma vie est ordonnée selon Dieu alors que sans Dieu, elle part dans tous les sens. Le curé le soir regarde si la limaille de la paroisse est bien dans le sens du Christ. Et il dit : « Oulala il faut mettre un peu plus de champ ! ».

Toute la vie de Jésus est tournée vers son sacrifice. Relisons le miracle de Cana : « Mon heure n’est pas encore venue »… Jésus est orienté vers le don de lui-même pour le salut du monde. Jésus a voulu des hommes mis à part pour être signes pour rendre présente son Heure.

Quel est l’enjeu ? Il peut être dit par une petite comparaison. Nous sommes à la fin d’un concert, le « one-man-show » d’un violoniste. Les applaudissements éclatent tandis que le rideau tombe. Ils redoublent d’enthousiasme. Le violon – oui, l’instrument (c’est une fable) – vient sur le devant de la scène, fait une révérence et, désignant le violoniste timide qui se tient à l’écart s’adresse au public : « Je souhaite que vos félicitations aillent également à monsieur ; je dois à la vérité de reconnaître que privé de son concours je n’aurais pas aussi bien réussi. » En théologie, on distingue l’Amour « quod » et l’amour « quo ». Souvent, et nous avons bien raison, nous imaginons Dieu face à nous, et nous le prions, nous lui disons merci, nous lui faisons des demandes, nous lui demandons pardon. Il est l’Amour « quod », l’Amour que nous offensons, que nous prions, que nous célébrons, que nous louons, que nous remercions. Mais il n’est pas seulement l’Amour « quod », l’amour que nous aimons. Il est aussi l’amour « quo », l’amour par lequel nous aimons. Le chrétien sait qu’il n’est qu’un instrument, et il en fait sa joie… Il est un canal de l’Amour de Dieu et cela fait son bonheur et son espérance : Dieu peut donner beaucoup à son insu, à travers lui. Au fond, l’humanitaire c’est – dans le meilleur des cas – « l’affaire de l’homme avec le concours de Dieu… » Tandis que la charité chrétienne c’est « l’affaire de Dieu avec le concours de l’homme. »

En lui donnant mon cœur, je Lui permets d’agir à travers moi. Le Père Samuel m’a raconté que peu de temps avant la Première communion, il demande à un enfant concerné ce que cela va lui faire, la communion. Il aurait pu répondre : je vais recevoir une montre, une play station, ou -un peu plus spirituel – « Je vais recevoir Jésus ». L’enfant a répondu : « Je vais pouvoir me donner à Jésus.

Priez frères et sœurs que Jésus qui se donne au Père fasse que moi aussi je puisse me donner par Lui, avec Lui, et en Lui. Ett vous aussi ! Que le Seigneur reçoive de vos mains ce sacrifice, à la louange et à la Gloire de Son Nom, pour notre Bien et Celui de toute l’Eglise et le salut du monde ! Amen !

10 novembre 2024  32ème dimanche du Temps Ordinaire Année B

Frères et sœurs,

Ce dimanche, le Seigneur nous fait une perfusion d’Espérance. Dans notre société de l’image, nous pouvons penser que ce qui fait la pluie et le beau temps ce sont les journalistes en vue, les « zélites » qui tirent les ficelles. Jésus nous dit que ce sont plutôt tous les actes de charité dont personne ne parle.

Un peu comme dans l’histoire de ce couple. Des petits vieux comme on en rencontre dans les contes d’Alphonse Daudet : elle, menue, proprette, bavarde comme une pie, mais surtout rieuse, très rieuse !… Pourtant, Juliette était aveugle depuis, 20 ou 30 ans. Lui, gros ours en peluche attentionné, était aux petits soins pour elle, veillant à tout, s’inquiétant, s’ingéniant à lui faire plaisir. “Comme le Bon Dieu est bon de m’avoir donné Albert !…, répétait souvent Juliette avec émotion. Albert ne disait rien, mais dans son regard attendri, on lisait que, pour lui, la réciproque était vraie. En riant beaucoup, Juliette racontait qu’ils ne s’étaient pas rencontrés vraiment : ils se connaissaient depuis l’enfance et c’étaient leurs parents respectifs qui avaient arrangé l’affaire. Après quelques entrevues pas très emballantes, Juliette avait décidé qu’au prochain rendez-vous, elle annoncerait bien honnêtement à Albert qu’elle ne souhaitait plus le revoir. Or voilà qu’au moment où Albert arrive, Juliette est piquée par une abeille !… Albert s’empresse, s’affole, tente de faire quelque chose, emmène finalement Juliette chez le pharmacien… “Vous comprenez que je ne pouvais pas lui dire ce jour-là ce que j’avais à lui dire…”, me dit Juliette, en riant de plus belle… Apparemment, elle n’en trouva plus jamais l’occasion ! A quoi ça tient, l’amour !… Une abeille !…

A Londres, il y a une femme qui se rend chaque jour dans le métro et qui reste assise sur le quai  juste pour écouter l’annonce enregistrée par son mari en 1950. Margaret Mc Collum après la mort de son Oswald Laurence s’asseoit sur le banc et attend d’entendre cet enregistrement devenu l’un des plus célèbre de Londres. En 2023 Oswald est mort en laissant un grand vide dans le cœur de Margaret . Donc Margaret a trouvé un moyen de sentir sa présence la plus proche. Mais , du jour au lendemain, après plus d’un demi-siècle, cette voix a été remplacée par un enregistrement électronique vide. Prise de détresse, Margeret a demandé cette cassette à l’entreprise du métro londonien pour continuer à écouter la voix de son mari chez elle. L’entreprise a eu connaissance de l’histoire émouvante et a décidé de restaurer l’annonce au seul arrêt de métro situé près de la maison où vit la femme, où tous les passagers peuvent écouter aujourd’hui la voix  d’Oswald Laurence et penser que l’Amour éternel existe vraiment !

On ne cesse de nous affirmer que la famille traditionnelle vit ses dernières heures. Quant à la natalité, elle bat des records à la baisse dans l’Hexagone, tandis que l’on n’a jamais autant recensé d’avortements en France. Pourtant, un sondage « Dans la tête des Français » visant à prendre le pouls de la société française tourne au plébiscite pro-famille : 83 % des sondés estiment que la famille est « ce qu’il y a de plus important » dans la vie. En ces temps complexes, comment ne pas considérer comme rassurant de voir cette réponse s’imposer loin devant l’argent (45 % des sondés), la sécurité (41 %), le logement (39 %), les loisirs (38 %), l’environnement (38 %) ou le simple fait de consommer (27 %) ? Quels que soient les oiseaux de mauvais augure, la famille perdure donc. Pourtant, nombreux sont ceux qui souhaitent clairement sa perte de nos jours, que ce soit par sectarisme ou par ultralibéralisme : après tout, rien de plus rentable qu’une société, qu’une famille qui dysfonctionnent. Deux appartements, deux voitures, consommer plus pour tenter de remplacer l’absence… Ou bien vivre seul chez soi, comme désormais la majorité des habitants de certaines grandes villes de France, telles que Rennes. En 2024, même si elle demeure un idéal de bonheur à bâtir et rebâtir chaque jour que Dieu fait, la famille passera donc encore et toujours avant tout le reste, l’argent, et même la sécurité.

Or la famille c’est une multiplicité de services au quotidien, des trouvailles d’attentions, ce sont des actes d’amour à fonds perdus, des pardons exprimés ou exercés dans le secret des cœurs, c’est l’obole de la veuve répétés des milliers de fois.

Nous pouvons prier pour que nos gouvernants repensent vraiment  la famille comme cellule de base de la société, qu’ils lui donnent les moyens de la Mission que le Seigneur lui a confiée, Mission de faire découvrir la joie du Don de soi, et ce faisant de nous rapprocher du Ciel un peu plus chaque jour tout en tricotant le meilleur pour une société de bienveillance. Amen !  

17 novembre 33° B La mort fin du monde

Frères et sœurs,

Au premier abord, les textes de ce dimanche semblent parler de la fin du monde. Et s’ils parlaient d’abord de la mort ? La fin du monde pour chacun c’est l’heure de sa mort. Le Seigneur a levé le voile sur le mystère de la mort.

Le prophète Daniel : « temps de détresse… mais délivrance,… éveil, les uns pour la vie éternelle, …pour d’autres honte et déchéance éternelles »…
            Le psaume 15 :  « tu ne peux m’abandonner à la mort … devant ta face, débordement de joie ! À ta droite, éternité de délices ! »

La lettre aux Hébreux : « Jésus  … s’est assis pour toujours à la droite de Dieu…Par son unique offrande, il a mené pour toujours à leur perfection ceux qu’il sanctifie. »

L’Évangile : « Ce jour-là, … après une grande détresse,… on verra le Fils de l’homme venir dans les nuées avec grande puissance et avec gloire. »

Dans ces pages, nous pouvons donc recueillir beaucoup de renseignements : que la mort soit un temps de détresse, c’est évident. On n’y va pas de gaité de cœur. Tout le monde veut aller au Ciel mais personne ne veut mourir. Mais la mort n’est pas un mur, une chute dans le néant. C’est une rencontre. C’est à un rendez-vous que nous nous préparons. Nous verrons Jésus. Pour les bouddhistes, il s’agit de se fondre dans le nirvana comme la goutte d’eau se fond dans l’océan. C’est la dilution de toute personnalité. Pour les musulmans, c’est un paradis dans lequel Dieu restera encore très très lointain, invisible, inaccessible. Ste Thérèse de l’Enfant Jésus a résumé toute la révélation en disant que le Ciel c’est la Trinité. A moins d’avoir une idée très petite de celui qui tient dans ses mains tout l’univers, qui oserait prétendre entrer chez lui, dans son intimité, à cheval, comme en pays conquis ?

Et c’est toute la question : est-ce que nous serons sauvés ? Qu’est-ce que le salut ?  Etre sauvé c’est la mise en conformité avec le Don qui nous a été fait. Nous avons une vie pour être en adéquation avec l’Amour du Seigneur incommensurable. En effet, pourquoi sommes-nous sur la terre ? Pourquoi moi personnellement j’existe ? Le professeur Hawking disait aux jeunes : « il y a deux jours importants dans ta vie : le jour où tu nais et le jour où tu sais pourquoi tu es né ». Si l’on suit Jean-Paul Sartre, « on nait par hasard et on meurt par accident », mais on peut trouver la vraie raison pour laquelle on est né ; c’est saint Paul qui l’écrit : « Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ ! Il nous a bénis et comblés des bénédictions de l’Esprit, au ciel, dans le Christ. Il nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, sous son regard, dans l’agapé. » (Ephésiens 1, 4-8) 

Nous sommes confrontés au péché celui des autres et le nôtre !. L’évangile nous apprend contrairement aux Media actuels, qu’un acte ne peut pas nous condamner définitivement. Il faut dire et redire que l’être humain est toujours « sauvable ». L’homme n’a pas qu’un visage de monstre. Tout être humain a des qualités, des circonstances atténuantes, des blessures ; avec la grâce de Dieu tout peut être rattrapé. Le péché contre l’Esprit-Saint c’est quand on pense qu’on n’est pas pardonnable. J’ai fermé la possibilité que Dieu me pardonne. Dans une église à Lyon, il y avait une belle inscription sur un confessionnal « Ici on ressuscite ». Un jeune d’un groupe dit à leur animateur : « J’y vais ». L’animateur qui les accompagnait ne s’attendait pas à ce que ce jeune-là aille se confesser. Or, ce jeune ressort du confessionnal un moment après en disant « Je n’ai pas été jugé ». Que voulait-il par-là ? « Je n’ai pas été mis à l’écart de la miséricorde divine ».

            Il faut dire cependant ceci : tout homme est sauvable … tant qu’il est en vie sur terre. A la mort, nous sommes irrémédiablement fixés dans l’orientation de vie que nous avons choisie, l’option fondamentale sur laquelle Dieu était en droit de nous attendre (car il ne peut pas demander à tout le monde la même chose). Notre volonté s’appliquera éternellement. Il n’y aura pas de retour.

Et cela nous renvoie à l’importance de chaque instant. Est-ce que je me donne ou est-ce que je me replie ? Est-ce que c’est mon ego qui compte ou Jésus ? Voilà pourquoi lorsque nous prions le je vous salue Marie, nous demandons à la Vierge Marie de nous aider à réussir les deux seuls instants qui comptent : l’instant présent, le main-tenant, le seul instant que la main puisse tenir, le main-tenant, et l’instant de la mort où nous espérons bien basculer dans la Plénitude de l’amour de Dieu. C’est l’amour dont nous remplissons chaque instant qui germera dans l’éternité. Pourtant, nous savons que la responsabilité humaine, ce n’est pas la chose la plus absolue, c’est l’amour de Dieu qui est le plus sérieux dans la vie d’un homme. C’est pour confesser cela que nous célébrons l’eucharistie pour nos défunts. A l’homélie d’une messe télévisée, le Cardinal Marty s’exprimait ainsi : « Nous devons nous préparer à la mort comme nous nous sommes préparés à la première Communion : car c’est une Rencontre avec Le Seigneur vers Qui nous allons… et qui vient vers nous : La Mort est une Communion ». Par sa croix Jésus a jeté un pont. Ce qui aurait dû être la fin du monde est devenu le but de la vie le plus enthousiasmant. Amen

24 novembre 2024 Christ-Roi de l’Univers année B.

Les sujets du Roi des Rois

 Frères et sœurs, la fête du Christ-Roi a été instituée par le pape Pie XI, en 1925, par l’encyclique Quas primas. Pourquoi cette fête ? Dans l’esprit du Pape Pie XI, afin de mettre en lumière la doctrine que les nations doivent obéir aux lois du Christ. Depuis la réforme liturgique de 1969, l’orientation et le nom même de la fête ont été changés : devenue la fête du « Christ-Roi de l’univers », elle met l’accent sur l’idée que dans le Christ toute la création est récapitulée, idée que nous trouvons dans les Lettres de saint Paul.”

On peut tout de même revenir sur la première raison de l’institution de cette fête.  

Pour le dire de façon un peu abrupte, faisons ces constatations :

Jésus est le législateur universel,

sauf pour les lois de la république, laïcité oblige;

Jésus est le roi universel,

sauf sur les sociétés humaines qui sont régies par le contrat social.

Jésus est le Seigneur des Seigneurs,

mais pas de la finance internationale qui gouverne l’économie mondiale etc

A notre niveau que pouvons-nous faire ?

Voici 5 propositions.

Ne pas confondre le moral et le légal.

Ce n’est pas parce que c’est permis par la loi de la république

que c’est autorisé par Jésus.

Ce n’est pas parce que c’est encouragé par les media dominant

que c’est bien.

Ce n’est pas parce que la technique l’a rendu possible qu’il faut le faire.
Ce n’est pas parce que la majorité pense une chose que c’est la vérité.

Etre attentif aux manipulations surtout les plus sournoises. On peut manipuler l’opinion simplement en faisant évoluer le vocabulaire. Par exemple, lorsqu’il y a un attentat, tous les media annoncent « l’attentat n’a toujours pas été revendiqué ». Or, on revendique un droit, un héritage, une nationalité. Mais quand il s’agit d’un mal, on ne revendique pas, on avoue. L’air de rien on nous laisse penser que la cause de criminels a quelque part quelque chose de juste. Des sociologues savent nous alerter sur les manipulations par l’ingénierie sociale. Jean-Claude Guillebaud a publié un livre à grand succès qui s’appelle « les jardins d’acclimatation » : il démontre qu’on fait accepter n’importe quoi à l’opinion publique. Il suffit de sondages orientés, d’un film qui fait pleurer, de matraquages sur les plateaux de télévision, et le tour est joué.  Pauvre Jésus qui lui ne veut pas nous manipuler. Alors que par la manipulation, on installe a minima le relativisme : tout se vaut, rien n’a vraiment d’importance.

Avoir à l‘esprit que le bien commun n’est pas l’intérêt général.

L’intérêt général se dégagerait arbitrairement au gré de la convergence et des conflits d’intérêts particuliers, il risque d’être défini de façon partisane par les plus forts. Le bien commun est toujours concrètement donné d’emblée par la générosité du Créateur envers tous. Le Catéchisme de l’Eglise Catholique en donne une première définition : le bien commun est l’ensemble des conditions sociales qui permettent tant aux groupes qu’à chacun de leurs membres d’atteindre leur perfection d’une façon plus totale et plus aisée. Etant à tous et à chacun, il est indivisible et ne peut être atteint qu’ensemble. C’est, si vous voulez, la promotion de l’autre comme soi-même, activement menée par tous et par chacun.

Surtout ne pas s’autocensurer. La république voudrait être un modèle pour le monde entier en raison de la laïcité à la française ! Mais la société a dérivé loin du prétexte de départ qui serait le soi-disant respect de toutes les religions. C’est devenu du laïcisme. Voici deux petits exemples qui montrent à quel point s’est étendue l’ignorance très probablement en raison de cette mentalité laïciste. On s’interdit le spirituel. On s’interdit le religieux. Une présentatrice de la météo, sur une très grande chaîne télévisée, a dit, un soir de Mardi-Gras : « Et demain, n’oubliez pas de souhaiter une bonne fête aux Cendres ». De même quand Monseigneur François Touvet a été nommé évêque coadjuteur de Fréjus-Toulon auprès de Monseigneur Dominique Rey, une journaliste de la télévision a parlé sans arrêt de M.G.R. Rey, et de M.G.R Touvet, ne sachant pas que Mgr se lit Monseigneur comme Mr se lit Mister, M se lit Monsieur, et Mme se lit Madame.

Ne pas se laisser impressionner. A l’instar de ce Mgr, évêque délégué de l’épiscopat français pour les questions de bioéthique. Dans les concertations du parlement avec les représentants des religions, ce Père évêque est interpellé par un député qui lui dit : « De toute façon, la GPA est dans la Bible ».  – « ah bon, réagit l’évêque, faisant semblant d’être étonné ». « Oui, répond le député, Abraham s’est fait faire un fils à Agar ». Et l’évêque rebondit aussitôt : « Oui, mais Agar était une esclave ». Le député n’a pas su quoi dire. Car l’argument en faveur de la GPA d’Abraham et Agar pour concevoir Ismaël ne tient pas, sauf à reconnaître que les femmes que l’on paie pour concevoir un enfant à des tiers sont des esclaves. CQFD.

Le Seigneur est le meilleur des rois ; il voudrait que chacun soit vraiment un sujet. Pas un objet que certains manipulent à leur guise, pas un individu interchangeable, pas un mouton de panurge mais un sujet responsable c’est-à-dire étymologiquement « capable de réponse ». Que  la Vierge Marie qui a dit un OUI parfait pour que le Roi des Rois puisse prendre visage humain nous aide à être de vrais sujets de ce Roi de l’univers. Amen !