Lundi 23 juin 2025 Commérages interdits.
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 7, 1-5) : «En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Ne jugez pas, pour ne pas être jugés ; de la manière dont vous jugez, vous serez jugés ; de la mesure dont vous mesurez, on vous mesurera. Quoi ! tu regardes la paille dans l’œil de ton frère ; et la poutre qui est dans ton œil, tu ne la remarques pas ? Ou encore : Comment vas- tu dire à ton frère : “Laisse- moi enlever la paille de ton œil”, alors qu’il y a une poutre dans ton œil à toi ? Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ; alors tu verras clair pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère. »
Comme je vivrais mieux si je cessais de juger les autres! Je critique intérieurement mon frère parce qu’il ne va pas à la messe. À l’église, je regarde si ceux qui vont communier le méritent. Lorsque je sors, je relève les défauts de l’homélie, la longueur de l’office, celui qui est parti avant la fin…
Il était une fois deux messes. Dans la première se trouvent rassemblées des personnes promptes au jugement, chacune spécialisée dans son registre. Le professeur de français ne supporte pas l’élocution d’un lecteur. Les oreilles d’un musicien grincent devant la pauvreté musicale des chants. L’agent d’entretien est obnubilé par la toile d’araignée suspendue à un lustre, l’électricien par l’ampoule manquante, une dame très ordonnée par ces chaises mal rangées…
Dans la seconde messe, les personnes sont venues pour le Seigneur, désirant un véritable cœur-à-cœur avec lui. Ayant ouvert l’intelligence du cœur, elles passent facilement outre à ces petits inconvénients. Quel recueillement, quelle profondeur dans la prière, quelle beauté sur les visages!
Quelle est ma propre façon de vivre les offices ?
Et si un prédicateur renommé frappe la foule par son érudition, ce n’est pas forcément lui qui touchera les cœurs. Certains prêtres tout simples, qui n’ont pas la parole facile, débordent de tant de miséricorde qu’ils deviennent de vrais témoins de l’amour divin. Quelle beauté intérieure traverse leur pauvre élocution critiquée par certains!
Effectivement, dans le domaine de la charité, ce point est à travailler plus particulièrement dans l’Eglise et dans le monde en général : la question des jugements réciproques. Ce n’est pas le fait de juger qui est mauvais mais le « venin » qui vient de notre jugement, la rancune et la condamnation qu’il implique. L’amour doit avant tout être « sincère », « sans feinte ». Aimer, ce n’est pas seulement « faire du bien » mais avant tout « vouloir du bien ». La bienveillance vient avant la bienfaisance. L’Eglise a besoin, de façon urgente, d’une bouffée de charité qui guérisse ses fractures. Seul l’amour guérit. On peut le comparer à l’huile du samaritain. Il y a un domaine particulier où il faudrait vivre cette charité : celui des « jugements réciproques ». « Ne jugez pas, afin de n’être pas jugés (…) Qu’as-tu à regarder la paille qui est dans l’oeil de ton frère ? Et la poutre qui est dans ton oeil à toi, tu ne la remarques pas ! » (Mt 7, 1-3) Jésus compare le péché du prochain (le péché jugé), quel qu’il soit, à de la paille, et celui de qui juge (le péché de juger) à une poutre. La poutre est le fait même de juger, tellement il est grave aux yeux de Dieu. Le discours sur le jugement est délicat car on ne peut pas vivre sans jamais juger. Certains le font même comme un service à l’Eglise ou à la société, comme les juges. Et notre esprit est ainsi fait qu’il est sans cesse en train d’évaluer, de soupeser, de comparer, de rapprocher. Mais ce n’est pas tant le jugement que nous devons ôter de notre coeur, mais le venin qui vient de notre jugement ! C’est-à-dire la rancune, la condamnation. En soi, l’action de juger est neutre, le jugement peut se terminer aussi bien par une condamnation que par une absolution ou une justification. Ce sont les jugements négatifs qui sont repris et bannis de la parole de Dieu, ceux qui condamnent le pécheur en même temps que le péché, ceux qui visent davantage la punition que la correction du frère. Il ne suffit pas de ne pas dire du mal des autres, il faut aussi empêcher que les autres le fassent en notre présence, leur faire comprendre, même sans rien dire, qu’on n’est pas d’accord. L’ambiance d’un lieu de travail ou d’une communauté est tellement différente quand on prend au sérieux l’avertissement de saint Jacques : « Parlez et agissez comme des gens qui vont être jugés par une loi de liberté. Car le jugement est sans miséricorde pour celui qui n’a pas fait miséricorde, mais la miséricorde l’emporte sur le jugement. » Dans beaucoup de lieux publics, à une certaine époque il était écrit : ‘Interdiction de fumer’ ou même ‘Interdiction de blasphémer’. Ce ne serait pas mal de le remplacer, dans certains cas, par ‘Commérages interdits’ ».
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