Jeudi 16 janvier 2025 Encouragez-vous

Lecture de la lettre aux Hébreux (He 3, 7-14) : « Frères, comme le dit l’Esprit Saint dans un psaume : Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas votre cœur comme au temps du défi, comme au jour de l’épreuve dans le désert, quand vos pères m’ont mis à l’épreuve et provoqué. Alors ils m’ont vu à l’œuvre pendant quarante ans ; oui, je me suis emporté contre cette génération, et j’ai dit : Toujours ils ont le cœur égaré, ils n’ont pas connu mes chemins. Dans ma colère, j’en ai fait le serment : On verra bien s’ils entreront dans mon repos ! Frères, veillez à ce que personne d’entre vous n’ait un coeur mauvais que le manque de foi sépare du Dieu vivant. Au contraire, encouragez-vous les uns les autres jour après jour, aussi longtemps que retentit l’« aujourd’hui » de ce psaume, afin que personne parmi vous ne s’endurcisse en se laissant tromper par le péché. Car nous sommes devenus les compagnons du Christ, si du moins nous maintenons fermement, jusqu’à la fin, notre engagement premier. »

 « Encouragez-vous les uns les autres. » Mais comme nous sommes sans doute un peu sourds, nous entendons : « Corrigez-vous »… Ma génération, nous avons été formés (déformés !) à la dictée « cinq fautes = zéro ». Puissions-nous nous exercer à identifier le bien plutôt que la faute ou l’erreur chez l’autre, à le dire tout haut, à le lui dire à lui, et à le dire aux autres ! Depuis 2000 ans nous avons dans l’Eglise le principe de la Correction fraternelle : Le père Bernard BRO racontait qu’au couvent dominicain du Saulchoir où il avait fait ses études et où il avait enseigné, il y avait une curiosité dans un des tomes de la Somme Théologique de saint Thomas d’Aquin. Saint Thomas pose la question :  La correction fraternelle s’adresse-t-elle aussi aux supérieurs ?  Et un frère avait écrit dans la marge :  « A ne pas faire, j’ai essayé ». Il y a un beau psaume qui parle de la charité fraternelle, c’est le psaume 132 (133) :  Qu’il est bon, qu’il est doux pour des frères, de vivre ensemble et d’être unis.   La suite est une comparaison que je ne comprenais pas bien !  On dirait de l’huile, de l’huile sur la tête, qui descend sur la barbe, la barbe d’Aaron, qui descend sur le bord de son vêtement.   C’est ma tante trappistine qui m’en a donné l’exégèse. Elle s’y connaissait en charité fraternelle puisqu’elle était passée par la trappe de l’abbaye de Bonneval en Aveyron, 43 ans auparavant :  « C’est formidable de vivre en communauté mais pour que ça marche bien, il faut mettre de l’huile dans les rouages  ! »

Et mettre de l’huile cela passe par s’exercer à regarder l’autre avec bienveillance au sens étymologique du mot : voir le bien. Nous pourrions même traduire par « bien-voyance ». Voir le bien. Le Seigneur est celui qui infuse le bien, la bonté, dans les personnes. Et nous l’imitons en nous efforçant de voir le bien en eux. Dans une équipe il y a forcément des antipathies. C’est presque obligatoire. Dans le lot, il y a forcément un équipier ou une équipière qui vous agacera. Il faut se dire que ces antipathies sont évolutives . Elles peuvent passer ; un jour on apprécie ceux qu’on avait du mal à supporter. Parce que les autres ne portent pas le même regard et en nous demandant ce qu’ils trouvent de bien dans cette personne qui nous insupporte, nous finissons pas le voir aussi.

Malgré son jeune âge, l’enfant travaillait pour aider ses parents. Il vivait dans un petit village perché dans la montagne et, chaque matin, emmenait paître son troupeau de chèvres dans la vallée. Un jour, alors qu’il descendait avec ses chèvres un nouveau sentier il lui sembla entendre des bruits de pas et le bêlement d’autres bêtes. Le jeune garçon pensa qu’il devait y avoir, aux alentours, un berger tout comme lui, emmenant brouter son troupeau. Son coeur battit de joie car il aurait bien voulu avoir un ami. Les mains autour de la bouche, il cria : – Qui est là ? Aussitôt, il entendit des voix lui répondre : – Qui est là ? Qui est là ? Qui est là ? Les cris venaient de plusieurs côtés. Il y avait donc plusieurs bergers dans la montagne ? Comment ne les avait-il jamais rencontrés ? Il s’écria alors : – Venez, venez me voir ! Et les voix répondirent : – Venez me voir, venez me voir, venez me voir ! Mais personne n’apparut. L’enfant cria encore : – Pourquoi ne venez-vous pas me voir ? De tous côtés la réponse fusa : – Pas me voir, pas me voir, pas me voir ! Le jeune garçon pensa que quelqu’un se moquait de lui et cela le rendit triste. Comme il ne voulait pas le montrer, il s’écria d’un ton furieux : – Vous êtes des imbéciles ! Et un cri retentit dans toute la montagne : – Imbécile, imbécile, imbécile ! L’enfant commença à être effrayé. Certainement ces bergers devaient être bien méchants pour se moquer ainsi de lui et le traiter d’imbécile. Il rassembla ses bêtes à la hâte et regagna sa maison. Pauvre petit garçon, il avait maintenant très peur de retourner dans la montagne. Il était sûr qu’il y avait là plusieurs ennemis, qui se cachaient pour lui rendre une embuscade ! Comment ferait-il pour se défendre ? Comment leur échapperait-il ? Son sommeil était maintenant troublé de cauchemars. Il n’avait plus d’appétit et son coeur se serrait d’angoisse à l’idée de s’aventurer hors de sa maison. – Qu’y a-t-il, mon fils, lui demanda un matin sa mère, tu ne veux plus emmener les bêtes paître dans la vallée ? Que se passe-t-il ? Dis-moi ce qui te préoccupe, je pourrai peut-être t’aider. Alors l’enfant raconta tout à sa mère : les cris menaçants qui retentissaient dans la montagne, et les bergers invisibles prêts à l’attaquer. Après l’avoir écouté attentivement, sa mère comprit qu’il n’y avait personne dans la montagne. Seul l’écho renvoyait ses propres mots à l’enfant. – Ne t’inquiète pas, mon fils, lui dit-elle, ces bergers ne te veulent aucun mal. Ils ont juste très peur de toi et souhaiteraient certainement devenir tes amis. Demain, lorsque tu seras dans la vallée, dis leur bonjour et ajoute une phrase amicale. Je suis sûre qu’ils te la rendront. Le lendemain, lorsqu’il atteignit la vallée, l’enfant inspira profondément et cria : – Bonjour ! Et l’Echo répondit : – Bonjour, bonjour ! Le jeune garçon rassuré cria encore : – Je voudrais être votre ami ! Et l’Echo retentît dans la montagne. – Ami, ami, ami ! Ces mots firent plaisir à l’enfant. Il remarqua qu’à chaque fois qu’il disait quelque chose de gentil les voix lui répondaient gentiment. De même, en grandissant, il s’aperçut que les autres lui renvoyaient toujours l’écho de ses propres paroles.

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