3 novembre 2024 31ème dim TO année B Pourquoi un Grand-Prêtre ?

Frères et sœurs,

Pourquoi à la messe, le prêtre parle de « mon sacrifice qui est aussi le vôtre » ? « Priez, frères et sœurs, que mon sacrifice qui est aussi le vôtre soit agréable à Dieu le Père Tout-Puissant »

Peut-être bien pour réussir ce commandement que le Seigneur nous répète trois fois aujourd’hui : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. »

Normalement nous devrions être choqués par cet ordre : « Tu aimeras ». On peut obliger un esclave, mais un amoureux ne peut pas obliger une fille à l’aimer, un Père ne peut pas contraindre son fils à l’aimer. Il ne peut pas lui dire « Tu m’aimeras ». Si le Seigneur nous donne l’ordre de l’aimer c’est qu’il ne veut pas notre cœur ; il veut que nous donnions notre cœur. Tout est là ! Le Père envoie son Fils pour nous rendre capables de donner notre cœur.

Petite explication. La deuxième lecture, extrait de la Lettre aux Hébreux, nous explique que Jésus est le Grand-Prêtre grâce auquel nous avons accès au Vrai Dieu. Aujourd’hui, quand on entend « prêtre », on pense à un homme qui a reçu le sacrement de l’ordre. La Lettre aux Hébreux parle du « pape » en quelque sorte de la religion juive qui jusqu’en l’an 70, 40 ans après la mort de Jésus, offrait le sacrifice dans le Saint-des-Saints pour entretenir l’Alliance en adorant, en intercédant, en demandant pardon au nom de tout le Peuple. L’épitre aux Hébreux, citant le psaume 40 nous dit que désormais il y a un seul Grand-Prêtre. Aujourd’hui, les prêtres ne font que représenter Jésus l’unique Grand-Prêtre.  Ils représentent Jésus, ils ne le remplacent pas. La messe rend présent le mystère de la croix, le seul vrai sacrifice, le sacrifice de la nouvelle alliance. Célébrer la messe ce n’est pas seulement faire mémoire, psychologiquement. C’est rendre présent sacramentellement le mystère du Christ mort et ressuscité. On n’a pas besoin de réitérer la croix. Le sacrifice de Jésus est « une fois pour toutes ». Mais la messe peut être le sacrifice du Père Pierre et aussi celui de chacun des participants à la messe. Chacun s’offre en sacrifice spirituel, pour consacrer toute sa vie, pour orienter toute sa vie dans la volonté de Dieu le Père. Prenons une comparaison : grâce aux champs magnétiques, la limaille de fer se met dans le même sens, le sens du champ. Toute ma vie est ordonnée selon Dieu alors que sans Dieu, elle part dans tous les sens. Le curé le soir regarde si la limaille de la paroisse est bien dans le sens du Christ. Et il dit : « Oulala il faut mettre un peu plus de champ ! ».

Toute la vie de Jésus est tournée vers son sacrifice. Relisons le miracle de Cana : « Mon heure n’est pas encore venue »… Jésus est orienté vers le don de lui-même pour le salut du monde. Jésus a voulu des hommes mis à part pour être signes pour rendre présente son Heure.

Quel est l’enjeu ? Il peut être dit par une petite comparaison. Nous sommes à la fin d’un concert, le « one-man-show » d’un violoniste. Les applaudissements éclatent tandis que le rideau tombe. Ils redoublent d’enthousiasme. Le violon – oui, l’instrument (c’est une fable) – vient sur le devant de la scène, fait une révérence et, désignant le violoniste timide qui se tient à l’écart s’adresse au public : « Je souhaite que vos félicitations aillent également à monsieur ; je dois à la vérité de reconnaître que privé de son concours je n’aurais pas aussi bien réussi. » En théologie, on distingue l’Amour « quod » et l’amour « quo ». Souvent, et nous avons bien raison, nous imaginons Dieu face à nous, et nous le prions, nous lui disons merci, nous lui faisons des demandes, nous lui demandons pardon. Il est l’Amour « quod », l’Amour que nous offensons, que nous prions, que nous célébrons, que nous louons, que nous remercions. Mais il n’est pas seulement l’Amour « quod », l’amour que nous aimons. Il est aussi l’amour « quo », l’amour par lequel nous aimons. Le chrétien sait qu’il n’est qu’un instrument, et il en fait sa joie… Il est un canal de l’Amour de Dieu et cela fait son bonheur et son espérance : Dieu peut donner beaucoup à son insu, à travers lui. Au fond, l’humanitaire c’est – dans le meilleur des cas – « l’affaire de l’homme avec le concours de Dieu… » Tandis que la charité chrétienne c’est « l’affaire de Dieu avec le concours de l’homme. »

En lui donnant mon cœur, je Lui permets d’agir à travers moi. Le Père Samuel m’a raconté que peu de temps avant la Première communion, il demande à un enfant concerné ce que cela va lui faire, la communion. Il aurait pu répondre : je vais recevoir une montre, une play station, ou -un peu plus spirituel – « Je vais recevoir Jésus ». L’enfant a répondu : « Je vais pouvoir me donner à Jésus.

Priez frères et sœurs que Jésus qui se donne au Père fasse que moi aussi je puisse me donner par Lui, avec Lui, et en Lui. Ett vous aussi ! Que le Seigneur reçoive de vos mains ce sacrifice, à la louange et à la Gloire de Son Nom, pour notre Bien et Celui de toute l’Eglise et le salut du monde ! Amen !

Les bonus : On interview un prêtre de 91 ans! (fr. Daniel-Ange) (youtube.com)