Ascension 2023 18 mai 2023 Saint-Antoine Guitard Valvert
Frères et sœurs, aujourd’hui, trois mots.
THEOPHILE. La traduction liturgique nous laisse entendre que c’est un prénom. Saint Luc écrit son évangile et les Actes des Apôtres pour un certain monsieur Théophile. Mais « Théophile » en grec cela veut dire aimé de Dieu ou aimant Dieu. Nous sommes tous aimés du Seigneur et notre présence ici signifie que nous aimons le Seigneur. C’est facile de croire que Dieu existe, mais croire que j’existe pour Dieu, c’est une autre paire de manche. Un des moyens de le réaliser, c’est de lire l’évangile selon saint Luc et les Actes des apôtres.
Deuxième mot : aujourd’hui c’est la fête de … l’ASCENSEUR. Un jour, en ouvrant la porte d’un ascenseur, un employé voit un enfant de sept ans, blotti par terre, son cartable sur le dos. – Mais que fais-tu là ? La réponse inattendue fuse aussitôt : – « Je ne fais pas le poids ». Il réalise alors que cet ascenseur est « étudié » pour qu’un utilisateur pesant moins de 25 kg ne puisse pas s’en servir. Après être monté avec l’enfant à son étage, les idées vont bon train dans sa tête car tout événement surprenant suscite réflexion : Quel adulte ferait le poids pour s’élever au plus haut du ciel ? Aucun être humain ne peut prétendre rejoindre Dieu si celui-ci ne vient pas le chercher, se mettre à ses côtés, pour le hisser jusqu’à lui. Jeune ou vieil écolier de la vie, redisons-nous : « je ne fais pas le poids ». Alors ne cherchons plus à nous élever par nos seules propres forces, mais, blottis comme un enfant, mettons notre confiance dans celui qui nous élèvera. Dans les ascenseurs, il y a toujours écrit : charge autorisée 400 kg. Interdit à plus de quatre personnes. Avec Jésus, il n’y a pas de limite. Tout le monde peut monter.
Le troisième mot : VIE. Dieu est Vie… Vie éminemment spirituelle. Il ne s’agit pas de se le représenter comme un « bloc » inerte, une excellence figée, mais comme l’activité infinie d’une conscience absolument lumineuse et parfaitement bonne. Il sait tout sur tout ce qui existe, ce qui aurait pu être, ce qui a été, ce qui sera. Il est possession de toute vérité, de toute bonté. Il est Tout. Il le sait et il en est ravi. Il est tout ce qu’il y a à connaître et tout ce qui est bien. Il est Quelqu’un, le suprême Quelqu’un. Il est la Vérité subsistante, la Bonté infinie, d’une unité extraordinaire. On dit de Dieu qu’il est transcendant : C’est le fait que Dieu n’existe pas par un autre. Nous disons qu’il est saint, trois fois saint, saint à la puissance dix-millionnième : c’est pour dire sa séparation d’avec tout le créé. Dieu est séparé absolument de toutes les créatures qui se rapportent cependant toutes à Lui : à son être quant à leur existence, à son excellence quant à leur bonté.
Dans la vie de saint Augustin, évêque d’Afrique du Nord et l’un des plus grands penseurs du christianisme, il y a cette belle anecdote : Il se promène sur la plage. De loin, il aperçoit un enfant qui fait sans cesse le trajet entre la mer et un point fixe sur la plage, à dix mètres du bord de la mer. L’enfant puise de l’eau dans une coquille saint Jacques. Il va la vider dans un trou qu’il a aménagé dans le sable. Saint Augustin, en s’approchant, lui demande ce qu’il est en train de faire. Et l’enfant lui répond : « Tu vois, je veux mettre toute la mer dans le trou que j’ai creusé. » Saint Augustin sourit et lui fait remarquer qu’il n’y arrivera jamais. L’enfant lui dit alors : « Toi, Augustin, tu ne peux pas non plus mettre tous les secrets de Dieu dans ton intelligence. Dieu est tellement grand ! Bien plus grand que la terre, la mer et le ciel et même que l’intelligence des savants ! »
On raconte qu’un marchand de vaches voulait absolument acheter une vache très précise à un paysan. Celui-ci ne voulait pas la lui vendre mais le marchand était tellement insistant, tellement crampon, que le paysan lui dit : « C’est d’accord ; mais alors, pour le prix, je te propose ce marché : chez moi, il y a un escalier en bois qui monte au grenier. Il y a vingt-deux marches. Quand tu viendras chercher la vache, tu mettras un franc sur la première marche, puis tu doubleras : deux francs sur la deuxième, quatre francs sur la quatrième, huit francs sur la cinquième… etc… Le marchand fait un rapide calcul : à la huitième marche il est à 128 francs seulement. Trop content d’avoir enfin la vache, il accepte le marché. Mais une fois chez lui, en calculant mieux, il s’est aperçu qu’il lui faudrait mettre plus de quatre millions de francs sur la vingt-deuxième marche. Pour une vache il avait été bien imprudent… !
Conclusion : Méfiez-vous des mathématiques. Méfiez-vous aussi de Dieu quand il vous parle de centuple, de vie éternelle, et de résurrection. Dieu est plus magnanime que nous. Avec lui, on sera toujours surpris. Avec lui il faut toujours voir plus haut, plus grand, différent. Voilà pourquoi, dans le Ciel, notre principale activité sera de louer Dieu – non pas une louange répétitive et infiniment ennuyeuse qui ferait de l’éternité une éternullité, mais un chant toujours nouveau, toujours plus émerveillé envers « Dieu toujours plus grand ». Amen !