Jeudi 9 janvier 2025 amour pour amour

Lecture de la première lettre de saint Jean (1 Jn 4, 19 – 5, 4) : « Bien-aimés, nous aimons parce que Dieu lui-même nous a aimés le premier. Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. Et voici le commandement que nous tenons de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère. Celui qui croit que Jésus est le Christ, celui-là est né de Dieu ; celui qui aime le Père qui a engendré aime aussi le Fils qui est né de lui. Voici comment nous reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu : lorsque nous aimons Dieu et que nous accomplissons ses commandements. Car tel est l’amour de Dieu : garder ses commandements ; et ses commandements ne sont pas un fardeau, puisque tout être qui est né de Dieu est vainqueur du monde. Or la victoire remportée sur le monde, c’est notre foi. »

On demandait un jour au Père Sève comment il expliquait que si peu de chrétiens vivent vraiment l’amour pour leurs frères. André Sève a répondu : « J’ai peut-être une explication. Sur ma route, je n’ai pas tellement fréquenté de chrétiens inébranlablement persuadés que Dieu les aime avec tendresse. La plupart n’arrive pas à vivre dans cette certitude. Alors, eux-mêmes, pour Dieu et pour leurs frères, n’ont guère de tendresse. Les deux choses se tiennent, je le vois bien : plus on se sent aimé par Dieu, plus on a envie d’être bon. » « Bien-aimés, écrit saint Jean, nous aimons parce que Dieu lui-même nous a aimés le premier. »

Comment distinguer le péché d’orgueil du juste amour de soi ou d’une légitime fierté ? Il existe deux critères majeurs : d’abord, l’orgueilleux vit pour soi. Il n’aime pas l’autre ou s’il l’aime, c’est pour lui. Cette forme d’orgueil est ce que l’on appelle l’égoïsme. Un enfant l’a défini ainsi : « L’égoïste, c’est celui qui ne pense pas à moi ! » Lorsque, dans La grande vadrouille, de Funès et Bourvil sont faits prisonniers par les Allemands, Bourvil affirme : « Ils pourront me faire tout ce qu’ils veulent, ME torturer, je ne parlerai pas. » – « Moi aussi » renchérit De Funès. – « Vous aussi ? » interroge Bourvil, touché de cette solidarité. – « Oui, explique De Funès. Ils pourront vous faire tout ce qu’ils veulent, vous torturer, je ne parlerai pas. » L’orgueilleux est tellement au centre de ses préoccupations que Dieu en est évacué. Or, si Dieu n’est pas au centre, Il est nulle part. L’orgueilleux n’agit ni pour la gloire de Dieu, ni pour l’amour d’autrui, mais pour sa propre personne. Quelques remèdes : premièrement, reconnaître ses dettes. L’indépendant peut entrer doucement dans la dépendance par la reconnaissance de tout ce qu’il reçoit. Le musicien Olivier Messiaen était franciscain dans l’âme, et témoignait sans cesse de la dette contractée à l’égard de ceux qui l’avaient formé. A un journaliste venu l’interviewer en 1931, il dit : « Si vous voulez me faire plaisir, dites surtout du bien de Marcel Dupré. Je lui dois tout. » Deuxièmement, savoir rire de soi-même. Jean Nohain racontait qu’un producteur rempli de lui-même répétait sans cesse : « Je suis d’autant plus heureux de ma réussite que je suis parti de rien. » Agacé de cette vanité, quelqu’un murmura : « Il a dû prendre un aller et retour ! »

Le salut réside dans la capacité à rire de soi-même. « Humour » commence comme « humilité » et finit comme « amour ». Grâce à l’humilité, l’orgueilleux apprend qu’il existe non par soi mais par les autres ; et grâce à l’amour, il apprend qu’il existe non pour soi mais pour les autres.

Un passage d’une pièce de théâtre peu connue de Marcel Pagnol peut aussi nous aider à aller à l’essentiel.  (C’est un extrait de « La prière aux étoiles »)  Le garçon demande : « Alors, l’amour qu’est-ce que c’est ? » Et sa princesse répond : « Je ne sais peut-être pas ce que c’est, mais je vais te dire comment ça se passe : un homme voit une femme. Ils se plaisent. Bon. Et alors, ils vont prendre le thé, ou ils vont se promener au bois de Boulogne. Et on s’embrasse et on se dit : « Je t’aime », et on se fait du charme, et tout le reste, et ça va très bien… Et tout d’un coup, il y en a un des deux qui donne à l’autre un sou d’amour. Mais de vrai amour, tu comprends. Un sou, pas plus. Oh !… Ce n’est presque rien, c’est peut-être une nouvelle robe de la couleur de sa cravate, c’est peut-être de répéter une phrase qu’il a dite la veille… c’est une façon de tenir une main, un regard plus bleu, un petit tremblement dans la voix… Alors, il faut que l’autre le comprenne… Il faut que tout à coup il sente que ce n’est pas trois mille francs de coquetterie, ou dix mille francs de flirt, mais que c’est beaucoup plus que ça, parce que c’est un sou d’amour. Et alors, tout de suite, il faut que, pour un sou, il rende tout à coup deux sous d’amour. »

« Car, écrit saint Jean,  tel est l’amour de Dieu : garder ses commandements ; et ses commandements ne sont pas un fardeau, puisque tout être qui est né de Dieu est vainqueur du monde. Or la victoire remportée sur le monde, c’est notre foi. »

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