Lundi 8 juillet 2024  le sommeil de la mort

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 9, 18-26) : «En ce temps-là, tandis que Jésus parlait aux disciples de Jean le Baptiste, voilà qu’un notable s’approcha. Il se prosternait devant lui en disant : « Ma fille est morte à l’instant ; mais viens lui imposer la main, et elle vivra. » Jésus se leva et le suivit, ainsi que ses disciples.Et voici qu’une femme souffrant d’hémorragies depuis douze ans s’approcha par derrière et toucha la frange de son vêtement. Car elle se disait en elle-même : « Si je parviens seulement à toucher son vêtement, je serai sauvée. » Jésus se retourna et, la voyant, lui dit : « Confiance, ma fille ! Ta foi t’a sauvée. » Et, à l’heure même, la femme fut sauvée. Jésus, arrivé à la maison du notable, vit les joueurs de flûte et la foule qui s’agitait bruyamment. Il dit alors : « Retirez-vous. La jeune fille n’est pas morte : elle dort. » Mais on se moquait de lui. Quand la foule fut mise dehors, il entra, lui saisit la main, et la jeune fille se leva. Et la nouvelle se répandit dans toute la région ».

En quoi cette page d’évangile éclaire-t-elle le mystère de la mort, et le mystère de la vie?

Jésus parle de la mort comme d’un sommeil. « La jeune fille n’est pas morte, elle dort ». Saint Paul parlera de « ceux qui se sont endormis dans la mort ». Les chrétiens ont été tellement frappés par cette image qu’ils ont appelés le lieu où ils déposent le corps de leurs défunts le « cimetière ». Le mot «cimetière» vient du grec « koimêtêrion » qui signifie « lieu où l’on dort » ! On pourrait traduire par « dortoir ». Que Jésus parle de la mort comme d’un sommeil, c’est très éclairant !…Pour plusieurs raisons : premièrement, quand on dort, on ne contrôle plus son corps, mais l’âme reste bien vivante : la preuve c’est qu’on peut rêver. La mort c’est la séparation du corps et de l’âme mais l’âme reste bien vivante. Deuxièmement, quel soulagement pour nous de savoir que nos défunts ne sont plus dans les angoisses, l’anxiété, les tourments qui les ont agités ! Et troisièmement, le sommeil se termine toujours par le .. réveil : au cimetière, au « dortoir », le chrétien attend le réveil de la résurrection. Nous aurons toujours bien des raisons pour ne pas croire en la résurrection de la chair. Cela paraît tellement invraisemblable. Nous sommes comme la petite larve dans l’étang à qui il est impossible de s’imaginer petite libellule ; ou bien comme la chenille qui est incapable de penser qu’elle pourrait bien devenir papillon. Et pourtant quelle espérance : nous ne voyons pas nos âmes immortelles. Mais nous pourrons reconnaître nos corps aux signes de l’amour, comme Jésus reconnu par ses apôtres aux stigmates de sa Passion. Larve de libellule, chenille de papillon ;  il y a une meilleure image : nous sommes dans la situation du bébé avant la naissance ; il ne peut pas imaginer une vie en dehors de l’enveloppe du liquide amniotique, et sans le cordon ombilical.  Jésus a vécu le grand accouchement par sa mort sur la croix à notre profit. La tête est passée, le corps lavé de ses péchés peut espérer suivre !

Cet évangile pose aussi la question : y a -t-il une vie avant la mort ?

La femme qui souffrir d’hémorragie est en quelque sorte morte depuis douze ans. Elle perd du sang, elle se vide continuellement de la vie. De même il y a aujourd’hui des choix de vie qui font que l’on n’est pas vraiment vivant. Saint Jean-Paul II le premier a parlé de « culture de mort ».  Le père Matthieu Dauchez donc, est confronté au scandale et au mystère du mal puisqu’il s’occupe des enfants des rues et qui ont été abusés aux Philippines. Pour entrer dans le scandale du mal, il faut regarder la croix. On ne peut entrer dans le mystère du mal qu’avec Jésus. La croix a l’apparence d’une défaite, elle est pourtant une grande victoire. Au « descends de la croix » moqueur, répond le « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font «. Jésus a désamorcé l’engrenage du mal. Le père Matthieu Dauchez dit qu’il faut avoir une miséricorde intraitable, une compassion impitoyable. Ce sont des oxymores mais qui disent bien sa détermination à lui, sa détermination pressante à mettre la charité en priorité. Jésus vient nous inviter à poser un autre regard sur la question de la mort. Jésus, dans sa mort d’amour, ne veux pas nous éviter le chemin, mais il vient nous le rendre praticable. Au lieu de conduire à la désintégration, il conduit à la vie, à l’unification, à l’unité de notre être. C’est un père de l’église qui dit que, dans le corps qu’il avait, la mort l’a fait mourir mais c’est par les mêmes armes qu’il a tué la mort. C’est très beau… Jésus, dans le corps qu’il avait, la mort l’a fait mourir, mais, lui, a pris les mêmes armes pour tuer la mort. La mort a tué la vie naturelle poursuit-il mais, la vie surnaturelle a, à son tour, tué la mort. Tu as jeté ta croix comme un pont au-dessus de la mort pour que les hommes y passent.

La mort demeure mais elle a été dépouillée du pouvoir de nous anéantir. La résurrection de Jésus n’a pas effacé ses blessures d’amour donc peut-être qu’il ne faut pas effacer, à tout prix, nos blessures, mais il faut les transfigurer. Une religieuse disait, avec humour : « au ciel, j’aurais des sparadraps, mais des sparadraps glorieux, des Urgo glorieux ».

Les bonus : Xavier : “Un trader qui rencontre Dieu” (youtube.com)