2° avent « C », 8 décembre 2024
Frères et sœurs, est ce que vous ne trouvez pas qu’il y a un décalage entre l’atmosphère de la première lecture et ce que nous vivons ? Il y a comme une inflation d’enthousiasme dans tous les textes d’aujourd’hui. Y avait-il de quoi annoncer l’entrée en scène de saint Jean Baptiste avec autant de solennité ? Où avons-nous vu que Dieu « a déployé la splendeur (de son peuple) partout sous le ciel » ? Où avons-nous vu les enfants de Dieu « portés en triomphe » ? Où sont-ils ces « ravins comblés », ces « montagnes et ces collines abaissées », ces « passages tortueux et ces routes aplanis » ? Jusqu’à quand faudra-t-il attendre pour que ces prophéties se réalisent ?
Pour répondre, pensons à un « Saint-Jean-Baptiste » du XX° siècle, le Père Maximilien Kolbe. Vous voyez là, en 1941, dans ce camp d’Auschwitz, rassemblés, des gens qui sont des loques humaines, qui meurent de faim, une humanité désespérée et qui pourtant espère encore, car, tant qu’on est vivant, on peut toujours espérer.
Et voilà que le chef les a réunis pour leur dire que dix d’entre eux vont être condamnés à mourir de faim et de soif, dix d’entre eux, n’importe lesquels. Pendant un moment, chacun peut envisager qu’il peut être choisi pour cette mort ; qu’il ne pourra plus rentrer dans son foyer, revoir sa femme et ses enfants. Enfin, les dix sont choisis, après que le chef ait pris tout son temps. Les autres respirent honteusement, ils n’ont pas été choisis, ils ont échappé pour cette fois, et les dix savent que, désormais, ils doivent renoncer à tout espoir.
Et voici que, soudain, le Père Kolbe s’avance, sort des rangs. Le chef le dévisage : « Que veut ce cochon de Polonais ? – Je veux mourir pour l’un de ces hommes. » Ca alors, c’est quelque chose, une chose à laquelle on ne pouvait s’attendre, et le chef est désormais vaincu. C’est la première fois qu’un homme le met devant cette hauteur et, comme il est bas, il se sent vaincu par cette hauteur, il se sent confondu de cette grandeur. « Eh bien ! Pour qui veux-tu mourir ? – Pour ce père de famille, pour ce sergent qui a pleuré sa femme et ses enfants. »
On emmène le Père Kolbe, et voilà qu’il fait chanter ses camarades, il les fait chanter comme s’ils allaient à une Fête-Dieu.
Eh bien ! là, nous ne pouvons pas hésiter. Nous sommes devant quelque chose de tellement grand, de tellement transparent, de tellement divin que les bourreaux eux-mêmes sont obligés de dire : « Nous n’avons jamais rien vu de pareil. » Ce mot a quelque chose de bouleversant. Ces bourreaux, ces hommes prêts à tout, ces hommes qui avaient remis leur conscience aux mains d’Hitler, même ces bourreaux découvrent quelque chose d’unique. Il y a en eux comme une espèce d’effroi, ils se trouvent devant un autre monde.
Si nous n’avons pas fait nous-mêmes l’expérience de Dieu à un degré très profond, nous pouvons nous y acheminer à travers des exemples comme celui du Père Kolbe. Il suffit qu’il y ait dans l’humanité des êtres de cette grandeur pour que nous comprenions que depuis 2000 ans, les prophéties se réalisent : Dieu-Amour est plus fort que toutes les montagnes d’orgueil, que tous les ravins de haine, que tous les lacets vertigineux d’égoïsme.
Par la grâce de Dieu, chacun de nous peut aussi être un saint Jean Baptiste. Pour nous encourager dans cette voie, écoutons un magnifique texte de Mère Térésa :
« Les gens sont déraisonnables, illogiques et égocentriques,
Aimez-les quand même !
Si vous faites le bien, les gens vous prêtent des motifs égoïstes ou calculateurs, Faites le bien quand même !
Si vous réussissez, vous gagnerez de faux amis et de vrais ennemis.
Réussissez quand même ! Le bien que vous faites sera oublié demain.
Faites le bien quand même !
L’honnêteté et la franchise vous rendent vulnérable, Soyez honnête et franc quand même.
Ce que vous avez mis des années à construire peut être détruit du jour au lendemain. Construisez quand même !
Les pauvres ont vraiment besoin de votre secours, mais certains peuvent vous attaquer si vous les aidez. Aidez-les quand même !
Si vous donnez au monde le meilleur de vous-même, vous risquez d’y laisser des plumes. Donnez ce que vous avez de mieux quand même ! »
La victoire du Seigneur, n’est-elle pas dans ce « quand même » ?… Les enfants ont des trouvailles. Une catéchiste, un jour, demandait à son groupe : « Quelles sortes de lumières trouve-t-on dans une église ? » On lui répond : « Les lustres ! – les bougies ! – la lumière rouge du tabernacle ! – les vitraux ! » Et puis grand silence. « Y en a-t-il d’autres encore ? », demande la catéchiste. Un petit garçon lève le doigt et dit : « Les yeux des personnes. » (On sait que le bourreau qui est venu administrer la piqûre mortelle au Père Maximilien qui ne finissait pas de mourir dans le bunker de la faim, ne pouvait soutenir son regard parce qu’il était déjà un regard du Ciel.) Par le baptême, chacun de nous est autant sauvé que sauveur… Parce que quand on a dans le cœur la lumière de Dieu, on la réfléchit… Que ce soit notre grâce ! Amen !
Les bonus : https://youtu.be/HNxTQdN1sHc?si=P_PQu__UKcoP-njz Notre-Dame par TF1