Vendredi 7 mars 2025 Le Mystère de l’Epoux
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu : « En ce temps-là, les disciples de Jean le Baptiste s’approchèrent de Jésus en disant : « Pourquoi, alors que nous et les pharisiens, nous jeûnons, tes disciples ne jeûnent-ils pas ? » Jésus leur répondit : « Les invités de la noce pourraient-ils donc être en deuil pendant le temps où l’Époux est avec eux ? Mais des jours viendront où l’Époux leur sera enlevé ; alors ils jeûneront. »
POURQUOI LE JEUNE ? Toutes les cultures, toutes les religions le connaissent et le préconisent.
1. On peut jeûner pour assainir son organisme. Aujourd’hui bien des thérapies prônent la diète, ou l’abstinence de viande, ou de sucres, ou d’autres substances qui sont plutôt néfastes.
2. On peut jeûner pour partager. Je me prive de riz, de pain, d’alcool, de cigarette, de nourriture pour pouvoir donner à ceux qui n’ont pas le minimum vital, à ceux qui vivent le jeûne forcé tous les jours.
3. On peut jeûner pour revendiquer. C’est la grève de la faim de Gandhi. En silence on crie que telle cause vaut mieux que sa propre vie.
4. On peut jeûner par solidarité. Ce n’est pas rien de ressentir dans son corps ce qu’éprouvent ceux qui font carême à longueur d’année parce qu’ils ne peuvent pas s’acheter de quoi manger ou parce qu’ils sont malades.
5. On peut jeûner pour faire pénitence. Pour demander pardon d’une faute ou pour réparer. “Il y a des démons qui ne se chassent que par le jeûne et la prière” dit Jésus.
6. Et puis l’évangile parle du jeûne mystique. Je jeûne pour dire que je suis prêt à mettre en balance ma vie avec cette certitude : Jésus est Vivant, Il est l’Epoux. La prophétie d’Isaïe s’accomplit : « Comme un jeune homme épouse une vierge, ton Créateur t’épousera. Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu » (Isaïe 62,5). Attention à nos imaginations : on peut se représenter Dieu comme un vieux vieux vieux monsieur assis sur un nuage, comme un marionnettiste tirant les ficelles, comme un inventeur génial penché sur son bocal de laboratoire. Il est désormais au plus près de chacun ; il veut nouer avec chacun des liens semblables aux liens qu’un mari tisse avec sa femme tout au long d’une vie. Chaque vocation vit de ce mystère et en représente une facette. Un évêque avait réveilé la somnolence de son auditoire de façon bien involontaire. Il avait parlé de l’Eglise dont le Christ est à la fois la Tête et l’époux. Il n’avait pas voulu faire ce calembour. Dans une tête, une chevelure, il y a parfois des poux, en effet. Jésus est l’Epoux de l’Eglise, voilà pourquoi chacun de nous représente, rend présent ce mystère.
Les époux, eux, le rendent visibles par leur sacrement de mariage. Leur foyer est la vitrine du Dieu Trine. Ils représentent aussi l’Alliance du Christ avec l’Eglise. Et non seulement ils représentent cette alliance mais ils la rendent présente.
Le prêtre, lui, représente Jésus-Epoux. Notamment à l’eucharistie qui est un dialogue mystique. A la messe, Le Christ dialogue avec son épouse. Ils s’accueillent mutuellement par le chant d’entrée, elle demande pardon et il lui pardonne. Dans les lectures, il lui fait confidence de son amour. Avec le psaume, il lui donne les mots pour lui répondre. Il se donne à elle : « Ceci est mon Corps livré pour toi. »
Ceux et celles qui ne sont pas consacrés, qui ne sont pas mariés, ou qui sont veufs ou veuves vivent de façon aiguë cette parole de Jésus : « Un jour l’époux leur sera enlevé et alors ils jeûneront ». Ils nous rappellent qu’il nous faut tout faire pour que tout le monde puisse passer sa vie avec Jésus, l’Epoux merveilleux qui change notre eau en du vin, qui transforme nos amours souvent plombés par le péché en de l’or, nos élans naturels en du surnaturel.
La palme d’or revient à nos sœurs religieuses. Ce qui définit le mieux une religieuse, c’est qu’elle est l’épouse de Jésus. Un enfant posait la question : Comment cela se passe ma sœur ? c’est vous qui montez ou c’est Dieu qui descend ? » C’est Lui qui est descendu et qui veut entrer en cœur à cœur, « comme un ami parle à son ami ». Une religieuse est la preuve vivante que Jésus est bel et bien ressuscité. En effet qui aurait l’idée d’épouser un mort, de vivre avec une idée ? Quand on voit la joie d’une jeune carmélite, la fidélité d’une sœur de Saint-Joseph, on ne voit pas d’autre explication qu’un coup de foudre qui n’en finit pas.
C’est un mystère de joie, alors je termine par une blagounette : Un monsieur venait d’enterrer son épouse. Trois jours après, quand monsieur le curé lui annonce le prix de la cérémonie, il dit qu’il ne peut pas payer. -« Mais vous n’avez personne pour vous aider ? lui dit le bon prêtre -« He bien, je n’ai qu’une ma sœur, mais elle a mal tourné. » -« Elle n’a pas mal tourné, votre sœur, puisqu‘elle est religieuse ; elle a épousé Jésus », -« He bien faites donc payer mon beau-frère » … !!
Vierge Marie, veille à ce que chacun, dans nos vocations, nous soyons des diffuseurs de la Joie de ton Fils, notre Epoux.