Mercredi 6 novembre 2024 Devoir de s’asseoir

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 14, 25-33) :  «En ce temps-là, de grandes foules faisaient route avec Jésus ; il se retourna et leur dit : « Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple.Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple. Quel est celui d’entre vous qui, voulant bâtir une tour, ne commence par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ? Car, si jamais il pose les fondations et n’est pas capable d’achever, tous ceux qui le verront vont se moquer de lui : “Voilà un homme qui a commencé à bâtir et n’a pas été capable d’achever !” Et quel est le roi qui, partant en guerre contre un autre roi, ne commence par s’asseoir pour voir s’il peut, avec dix mille hommes, affronter l’autre qui marche contre lui avec vingt mille ? S’il ne le peut pas, il envoie, pendant que l’autre est encore loin, une délégation pour demander les conditions de paix. Ainsi donc, celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. »

Nous faisons erreur si nous pensons que lorsque Jésus nous invite à nous asseoir et réfléchir, c’est uniquement pour bien maîtriser, bien contrôler, bien anticiper, bien sécuriser (les maîtres-mots de notre époque).

Cette anecdote s’est passée en Extrême-Orient. Un orage épouvantable s’abat sur l’aéroport d’une grande ville. Les passagers se précipitent à travers la piste pour rejoindre leur avion. Un missionnaire, trempé jusqu’aux os, réussit à trouver une place agréable à côté d’un hublot. Une gracieuse hôtesse aide les autres passagers à s’installer. Le décollage est imminent et un membre de l’équipage ferme la lourde porte de l’avion. Tout à coup surgit un homme sur la piste. Il court vers l’avion et se protège comme il peut en serrant son imperméable. Le retardataire frappe énergiquement à la porte de l’avion et demande qu’on lui ouvre. En faisant des signes, l’hôtesse lui explique que c’est trop tard. L’homme insiste et redouble ses coupes contre la porte. L’hôtesse cherche à le convaincre d’abandonner. A travers le hublot, elle essaye de se faire comprendre : « C’est impossible… C’est trop tard… Nous devons partir… Nous n’avons plus le temps !… » Rien à faire. L’homme insiste et veut absolument entrer. L’hôtesse finit par céder et ouvre la porte. Elle tend la main à ce retardataire et l’aide à se hisser à l’intérieur de l’avion.  Oh, surprise ! Cet homme était le pilote de l’avion !

En fait, Jésus nous pose la question : est-ce que je suis bien le fondement de ta vie, le point d’appui de tes décisions, l’architecte de ce que tu construis. La Sagesse qui s’offre à nous dans la Bible, ce n’est pas le bon sens –- le bon sens c’est la chose au monde la mieux partagée, dit le proverbe ce qui signifie qu’il n’y en a qu’un petit bout pour chacun … !. La sagesse, en fait, c’est Jésus. 

Les Equipiers Notre-Dame ont cette parole de Jésus comme « marque de fabrique » : ils appellent cela le « DSA » : « Devoir de S’Asseoir ». Le couple engagé aux équipes Notre-Dame est tenu de réserver une heure ou deux chaque mois si possible sans les enfants, sans le téléphone, pour faire le point, en marchant dans la nature, dans un dîner aux chandelles à la maison ou au restaurant, ou dans une église. Dans quel but ? Pour se dire leurs quatre vérités ? pour régler leurs comptes ?  Pour bien communiquer sous le regard du Seigneur.

Conséquences pour ceux qui ne sont ni religieux ni équipiers Notre-Dame :  il me semble qu’aujourd’hui il serait important d’encourager tous nos jeunes à prendre une année sabbatique avant de se lancer dans les études supérieures ou dans la vie active. Il y a beaucoup de propositions dans l’Eglise de France pour cela. Autrefois, les garçons étaient soumis au service militaire. Aujourd’hui l’espérance de vie a augmenté ; on peut d’autant plus prendre une année disons de « mise à disposition du Seigneur ». Ceux et celles qui font le choix de donner une année au Seigneur pour qu’ils forment leur vie de foi et de prière, les ouvre à l’universel, ne le regrettent pas. Cela leur donne des bases solides pour toute leur vie.

Il se peut que nous rencontrions la croix. Vos proches partent en vrille ou bien vous couvrent de reproches quand vous auriez eu besoin de leur écoute bienveillante. Une autorité morale qui comptait à vos yeux, vous semble à côté de la plaque. Pendant ce temps votre prière est désertique. Dieu se tait. Pas de solution. Le monde est là et il impose sa réalité déconcertante. Dieu aussi est là mais il ne nous a pas promis qu’il nous consolerait à tous les coups. Mère Térésa a vécu son silence pendant cinquante ans.  Il s’agit de tenir bon obstinément pour vivre une union à Jésus sans émotion sensible. Vous en verrez vite les fruits. Par exemple, vous confiez au Seigneur votre vie, puis, en descendant l’escalier, ou tout en lavant la vaisselle, vous recevez une lumière. Elle est le fruit de votre union à Dieu. Le Seigneur ne hurle pas, il se joint à notre esprit.  Il y a six jours, une chrétienne me disait cette belle astuce : « Le Seigneur est un bon médecin ; il me prescrit au bon moment les pilules « Faustaire » (Il faut se taire). Il me souffle quand il faut insister. Parfois, il faut prendre la pilule « Fauparler »

Un chrétien ne devrait jamais agir en son propre nom mais toujours sur la Parole de Jésus. Il devrait se poser régulièrement la question : est-ce que sur ce choix, sur cette activité, sur cette conversation je peux vraiment dire : « Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit » ?

Les bonus : Du superficiel au spirituel – Enseignement du Père Pascal Ide et du Père Julien Guérin (youtube.com)