Lundi 6 janvier 2025 Venu dans la chair

Lecture de la première lettre de saint Jean (1 Jn 3, 22 – 4, 6) : «Bien-aimés, quoi que nous demandions à Dieu, nous le recevons de lui, parce que nous gardons ses commandements, et que nous faisons ce qui est agréable à ses yeux.Or, voici son commandement : mettre notre foi dans le nom de son Fils Jésus Christ, et nous aimer les uns les autres comme il nous l’a commandé. Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui ; et voilà comment nous reconnaissons qu’il demeure en nous, puisqu’il nous a donné part à son Esprit.Bien-aimés, ne vous fiez pas à n’importe quelle inspiration, mais examinez les esprits pour voir s’ils sont de Dieu, car beaucoup de faux prophètes se sont répandus dans le monde. Voici comment vous reconnaîtrez l’Esprit de Dieu : tout esprit qui proclame que Jésus Christ est venu dans la chair, celui-là est de Dieu. Tout esprit qui refuse de proclamer Jésus, celui-là n’est pas de Dieu : c’est l’esprit de l’anti-Christ, dont on vous a annoncé la venue et qui, dès maintenant, est déjà dans le monde. Vous, petits enfants, vous êtes de Dieu, et vous avez vaincu ces gens-là ; car Celui qui est en vous est plus grand que celui qui est dans le monde. Eux, ils sont du monde ; voilà pourquoi ils parlent le langage du monde, et le monde les écoute. Nous, nous sommes de Dieu ; celui qui connaît Dieu nous écoute ; celui qui n’est pas de Dieu ne nous écoute pas. C’est ainsi que nous reconnaissons l’esprit de la vérité et l’esprit de l’erreur. »

Un prêtre curé en milieu rural visite une famille. Il trouve la grand-mère qui garde son petit-fils de sept ou huit ans. Elle lui dit tout de go : « Monsieur le Curé, je suis en colère    –  Et pourquoi ?   –  Parce que le petit vient de blasphémer.»  Le Père curé se demande bien ce qu’un petit de cet âge peut dire pour blasphémer et mettre sa grand-mère dans un pareil état.
 « Qu’est-ce qu’il vous a dit ?   –  …  –  Vous n’osez pas me le dire ?   –  Il a dit que le petit Jésus faisait pipi dans ses culottes. »   Le prêtre se tourne alors vers le petit : «  Tu t’es trompé parce qu’à cette époque-là, les petits ne portaient pas de culotte. »    Et, en se tournant vers la grand-mère, il lui dit : « Jésus, c’était un homme comme nous.   –  Mais il est Dieu ! – Oui mais il était vraiment homme. »  Alors, il lui dit : « Je vais vous dire une chose : vous êtes monophysite. »  Cette dame se demandait sans doute s’il s’agissait d’une maladie psychiatrique ou d’un nouveau péché ;  c’est une hérésie.

Qu’est-ce qu’un hérésie ? Étymologiquement, il s’agit bien de « choisir ». C’est une entreprise de déconstruction d’un corps de doctrine unifié et homogène par la négation d’un élément inséparable de l’ensemble. Comme le rappelle le Catéchisme de l’Église Catholique, citant le Code de Droit Canonique, l’hérésie est la “négation obstinée, après la réception du baptême, d’une vérité qui doit être crue de foi divine et catholique, ou le doute obstiné sur cette vérité”.Par exemple Ariusprêtre egyptien du IVe siècle, déclare que le Fils a eu un commencement et que, subordonné au Père, Il n’est pas de même substance que lui. En refusant de reconnaître la pleine nature du Fils, l’arianisme ne rejette pas en bloc la doctrine chrétienne : il laisse “indemnes de larges pans de la structure” qu’il préfère “miner dans ses fondements”. En s’abritant dans “une ombre de christianisme”, selon la formule de saint Augustin, l’hérésie paraît “plus vraie que la Vérité elle-même pour abuser par ses aspects extérieurs les esprits les plus simples”, écrit un autre Père de l’Église, saint Irénée, dans son célèbre Contre les hérésies.

Le monophysisme, c’est une des hérésies qui niaient l’humanité de Jésus, qui disaient qu’en Jésus il n’y avait qu’une seule nature (mono -physis), la nature divine. Selon eux, le Fils de Dieu avait fait semblant d’être homme. Le chemin a été long avant que l’Eglise définisse qu’en Jésus, il y a une seule Personne, et deux natures…

Pour nous prêtres, cela fait partie de nos plus grandes joies quand nous sommes témoins de la prise de conscience que Jésus est 100 % Dieu et 100 % homme. Un jour, une fille en terminale, Hélène, demande à me rencontrer. Elle m’expose sa question : « Jean, Fabrice, Julien et Cyril, lui ont proposé de jouer dans la pièce qu’ils préparent pour la soirée CCFD et qui s’appelle « Mademoiselle Sara. » Ils ont pris cette pièce dans le répertoire de « Théopolis », les jeunes de la Communauté du Verbe de Vie. Elle vient de lire les dialogues. C’est l’histoire d’une fille qui est déjà sortie avec cinq garçons mais qui a toujours été cruellement déçue. Elle mijote dans la tristesse. Un jour, elle rencontre un garçon qui s’appelle Théo. Et c’est le grand amour. Elle se sent comprise, respectée, aimée. Sa vie a enfin un sens. Elle a trouvé le Bonheur. Hélène me dit alors : « J’ai vite compris que ce Théo, c’est Dieu ; mais ce n’est pas possible que Dieu soit représenté comme un homme ». Je lui dis alors : « Hélène, remercie Dieu. Il vient de te faire entrevoir le mystère de l’Incarnation! Cette histoire de « Mademoiselle Sara » est dans la Bible, au quatrième chapitre de l’évangile selon saint Jean. C’est la rencontre de la Samaritaine et de Jésus. »  Et pendant près d’une heure, nous avons parlé du Dieu « Très-Haut » qui s’est fait le « Très-Bas », le « Tout-Autre », qui a voulu être le « Tout-Nôtre. » Dieu s’est mis à notre portée pour nous hisser à son niveau. Dieu s’est rendu visible en Jésus pour nous faire entrer dans l’invisible.   Il s’est mis à notre disposition, à notre merci. Et comme l’écrit saint Jean « tout esprit qui proclame que Jésus Christ est venu dans la chair, celui-là est de Dieu »

Les bonus : Se délester de ses fardeaux en Christ – Enseignement du père Étienne Kern