Jeudi 6 février 2025 Un avant-goût du Ciel
Lecture de la lettre aux Hébreux (He 12, 18-19.21-24) : «Frères, quand vous êtes venus vers Dieu, vous n’êtes pas venus vers une réalité palpable, embrasée par le feu, comme la montagne du Sinaï : pas d’obscurité, de ténèbres ni d’ouragan, pas de son de trompettes ni de paroles prononcées par cette voix que les fils d’Israël demandèrent à ne plus entendre. Le spectacle était si effrayant que Moïse dit : Je suis effrayé et tremblant.Mais vous êtes venus vers la montagne de Sion et vers la ville du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, vers des myriades d’anges en fête et vers l’assemblée des premiers-nés dont les noms sont inscrits dans les cieux. Vous êtes venus vers Dieu, le juge de tous, et vers les esprits des justes amenés à la perfection. Vous êtes venus vers Jésus, le médiateur d’une alliance nouvelle, et vers le sang de l’aspersion, son sang qui parle plus fort que celui d’Abel. »
Un jour, le Père Guy Vandevelde a répondu à une de ses nièces qui lui posait des questions sur l’Au-Delà. Voici un extrait de sa lettre qui met en relief la beauté de ce que nous venons d’entendre : « Dans la vie éternelle, Dieu seul est Dieu, nous sommes en communion avec lui, et cette communion nous déifie, nous divinise. Il est la Vérité, il est le Bien, et nous ne sommes pas la Vérité ni le Bien, mais nous communions à la Vérité et au Bien à la mesure de la capacité de notre âme selon ce qu’elle était à la conception et selon ce qu’elle est devenue pendant sa vie ici-bas, ce qu’elle a acquis, développé, gâché, confirmé… Pour se le représenter, la meilleure image est celle de la lumière et de l’oeil. La lumière est Dieu, Vérité et Bien, l’oeil est l’âme. Elle voit selon ses capacités spirituelles, comme l’oeil voit selon ses capacités visuelles, par la lumière du jour (dans la nuit l’oeil ne voit pas) et l’âme par la Vérité et la Bonté qu’est Dieu (sans vérité ni bonté, on ne sait rien, on n’aime rien). Elle voit à la fois la lumière et tout ce que la lumière éclaire et elle le voit d’autant mieux qu’elle a le regard plus clair. Ainsi voyons-nous Dieu et tout ce que Dieu crée et sauve et aime, et nous le voyons dans sa lumière, c’est à dire comme il les voit, nous les aimons dans sa bonté, c’est-à-dire comme il les aime et dans son amour même; plus notre regard est pur et large, plus il voit loin où va cette lumière de Dieu et son amour.
D’où l’importance de développer ici-bas notre vie chrétienne qui est notre “appareillage éternel” et le commencement même de la vie éternelle: par la foi nous savons comment Dieu voit les choses et nous y conformons notre intelligence, par l’espérance nous les envisageons comme il les possède, non plus dans leur devenir mais dans leur être plénier, par la charité nous nous les unissons et elles sont nôtres. On comprend aussi pourquoi cette vie chrétienne est essentiellement catholique c’est-à-dire universelle, regard qui se veut aussi large que le regard même de Dieu. Revenons à la vie éternelle. J’ai dit “nous déifie, nous divinise”, tout en disant que nous ne sommes pas la Vérité, mais que nous connaissons dans la Vérité qu’est
Dieu, et que nous ne sommes pas le Bien mais que nous aimons dans la Bonté qu’est Dieu. Pour comprendre cela il faut se rappeler que Dieu est l’Esprit infini. In-fini veut dire sans borne et sans limite, de sorte qu’en Dieu les “éléments” ne se dé-limitent pas les uns par rapport aux autres comme chez nous où l’intelligence et la volonté sont deux choses bien distinctes et parfois contradictoires, où la vérité est autre chose que l’intelligence car je peux me tromper, mais j’ai raison seulement lorsque je connais “en vérité” etc… En Dieu Esprit Infini, “Vérité, Connaître, Bonté, Vouloir, Aimer, Vivre, Etre” sont une seule chose: “Dieu”. C’est ainsi qu’en connaissant la vérité et en aimant le bien nous participons à la vie de Dieu qui n’est pas autre chose que de connaître la vérité et d’aimer le bien qu’il est lui-même”, et comme “connaître la Vérité et aimer le bien”, pour Dieu c’est vivre et être Dieu, “connaître la vérité et aimer le bien qui est Dieu” nous fait participer à la vie éternelle de Dieu, nous divinise, nous rend semblables à lui parce que nous le voyons tel qu’il est, nous dit encore saint Jean. La même vie divine est vécue infiniment par Dieu, et cette même vie divine est vécue par nous à notre mesure sans qu’elle en soit rapetissée, mais nous grandit! Ainsi la Vérité n’est pas moindre dans une addition à deux chiffres ou dans une division à quatre chiffres, mais cette opération est plus élaborée que l’autre. C’est ainsi que la Vie qui est en Dieu et qui est Dieu, nous est donnée, en ce que nous sommes immergés en cette Vie, en Dieu; elle ne se réduit pas à nos capacités, mais ce sont nos capacités qui s’exercent en elle. Pour faire encore le parallèle ici-bas et là-haut, ici-bas l’âme a une capacité supérieure à la vie terrestre de son corps bien qu’elle l’anime pourtant, et c’est sa vie spirituelle; là-haut l’âme a une capacité inférieure à la vie éternelle et pourtant elle en vit, elle n’égale pas la gloire de Dieu et pourtant elle en est glorifiée, c’est en elle qu’elle resplendit, comme Dieu resplendit aussi de cette même gloire. Tout cela s’éclaire singulièrement si l’on se rappelle que Dieu est Amour, nous dit saint Jean, celui qui aime demeure en Dieu et Dieu demeure en lui. Déjà ici-bas, combien plus là-haut. Mais on comprend aussi que seuls participent à cela ceux qui aiment, puisque ce n’est pas autre chose qu’aimer. On comprend aussi que si nous avons été créés à l’image de Dieu, plus nous aimerons plus nous deviendrons nous-mêmes et plus nous deviendrons aussi semblables à Dieu, plus nous aimerons et plus nous “exercerons” en nous l’être même de Dieu qui est Aimer, plus nous deviendrons Dieu.. par l’Amour, c’est à dire par Dieu!
A Dieu la Gloire insurpassable et en même temps son effusion sans limite sur nous, à l’être humain la dignité inouïe puisque tout ce plan magnifique ne prend consistance dans l’homme et pour l’homme que par “aimer”, c’est-à-dire dans le jaillissement le plus intime et le plus personnel du don de lui-même. »
les bonus : The chosen : critique honnête (saison 1 à 4)