5° dim. carême année C 2025 Le peuple adultère
Frères et sœurs ! Quelle affaire ! regardons les personnes en place :
La femme adultère. Certains pensent qu’il s’agit d’une femme répudiée puisque le mari à cette époque a le droit de la mettre à la porte si elle fait brûler les plats trop souvent. Mais il la surveille du coin de l’œil. Et le jour où elle se met sous la protection d’un home parce qu’elle n’a ni allocation ni assurance chômage, il la dénonce. Cette hypothèse fait ressortir que curieusement on ne parle ni du mari ni de l’homme avec qui elle a fauté.
Ceux qui l’accusent et qui veulent la faire condamner. Ou plutôt qui veulent tendre un piège à Jésus. En effet, s’il dit de lapider cette femme, il n’est pas aussi bon que ses disciples le disent et qu’il veut le faire croire. S’il dit de la laisser libre, il se positionne contre la sacro-sainte loi de Moïse.
Jésus. Il est venu pour sauver pas pour condamner. Pour faire un jeu de mots : il n’est pas venu pour éliminer mais pour illuminer. Et il va nous illuminer en effet. Quand il dira : « personne ne t’a condamnée ?! » le mot est très fort ; quand on dit d’une porte qu’elle est condamnée c’est que non seulement on l’a fermée à double tour mais souvent qu’on a bâti un mur à la place. Quand on dit d’un malade qu’il est condamné, on sait que la médecine a abandonné tout espoir de guérison. Cette femme est condamnée.
Mais Jésus a plus d’un tour dans son sac ! Il commence par se baisser et écrire sur le sol. Certains ont imaginé ce qu’il écrivait.
- Pour saint Ambroise et saint Augustin, il s’agit d’un geste prophétique qu’ils comprennent à la lumière de Jérémie 17,13 : « Ceux qui se détournent de toi seront inscrits dans la terre ».
- Pour d’autres, Jésus écrit les versets d’Exode 23,1-7 : « Tu ne colporteras pas de fausses rumeurs tu ne prendras pas le parti du plus grand nombre pour commettre le mal Tu ne feras pas dévier le droit de ton pauvre dans son procès. »
- D’autres encore émettent l’hypothèse qu’il écrivait la Loi nouvelle, le cœur de l’évangile.
- D’après saint Jérôme, il a écrit tous les péchés des présents. Vous voyez qu’on ne manque pas d’imagination !
Peu importe au fond. C’est d’abord un geste génial pour arrêter la violence et imposer à tous les spectateurs un temps de réflexion. C’est un geste de délicatesse : pour ne gêner personne, il fait autre chose ; il s’est baissé, il regarde le sol, il ne porte pas de regard accusateur.
Ils s’en vont les uns après les autres. Pourquoi d’abord les plus vieux ? Moi qui suis vieux maintenant, je dis : parce qu’ils ont plus de sagesse. Les jeunes disent : parce que ce sont eux qui ont commis le plus de péchés … !
Il nous faut adopter trois attitudes :
- Nous reconnaître pécheurs.
- Accueillir le pardon de Jésus.
- Imiter Jésus qui garde toujours l’espérance sur tout homme, qui donne toujours une autre chance.
Nous reconnaître pécheurs. Nous sommes le peuple adultère à qui le Seigneur ne suffit pas et va trouver autre chose notamment son petit ego. Nous souffrons tous, comme dit le psaume 19 (verset 3) « d’un mal secret ». Pour nous en débarrasser, il faut que Dieu nous le montre, ce mal secret… Il le fait d’une manière très simple quand nous disons : « Tu as vu l’autre comme il est ? C’est un égoïste, il est coléreux. Tu as vu comment il se comporte avec sa femme ? Tu as vu comment il se comporte avec ses enfants ? mais il est complètement possessif, c’est normal que ses enfants soient comme ça, tu as vu ? Et puis tu as vu l’autre là, mais ce n’est pas possible, c’est un orgueilleux. » Observez : quand on montre du doigt quelqu’un, il y a un doigt qui montre la personne et trois qui nous montrent nous. Quand je vois quelque chose chez un autre, je dois me dire : « C’est peut-être trois fois pire chez moi, mais je ne me rends pas compte. Si Dieu m’a permis de voir chez l’autre un défaut, un péché caché, une petite faiblesse, peut-être est-elle chez moi à la puissance trois. Il m’a montré cela chez mon frère, pour que je la découvre chez moi. » C’est ainsi qu’avec beaucoup de délicatesse, Dieu me permet de faire la vérité en moi. Ainsi, je pense progresser dans l’amour et donc dans l’unité.
Accueillir le pardon de Jésus. Quand nous avons péché, deux attitudes s’offrent à nous. Il faut choisir la troisième, celle de Jésus. Soit nous décourager (Je suis nul, je n’y arriverai jamais, ce n’est pas pour moi) soit nous justifier (« et alors !? certains font tellement pire ! ce n’est pas si grave ! tout le monde le fait !). Il faut faire comme la femme adultère : saisir la main que Jésus nous tend et nous laisser relever. Et si comme elle, notre péché est l’occasion d’une honte publique, se dire et se redire qu’il faut beaucoup d’humiliation pour un peu d’humilité.
Et puis imiter Jésus. Jésus n’a jamais dit : Il n’y a rien de bon dans celui-ci, dans celui-là, dans ce milieu-ci, dans ce milieu-là. De nos jours il n’aurait jamais dit : Ce n’est qu’un intégriste, qu’un moderniste, qu’un gauchiste, qu’un fasciste, … Il nous faut bannir les « ne que ».. Pour Jésus, les autres, quels qu’ils soient, quels que soient leurs actes, leur statut, leur réputation, sont toujours des êtres aimés de Dieu. Jamais homme n’a respecté les autres comme cet homme. Il est unique.
Il est le Fils Unique de Celui qui fait briller son soleil sur les bons et sur les méchants.
Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de nous, pécheurs ! Amen !
Les bonus : https://youtu.be/JoiRdhN-vAE?si=VsbefhNciMPmuaBC
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