26° dim. ord. B 29 septembre 2024
« Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le jette à la mer. »
Frères et sœurs, ailleurs, Jésus dit : « il est inévitable que surviennent des scandales » Le Fils de Dieu n’avait guère d’illusions. Les paroles de Jésus sont terribles. On les connait par cœur et on frémit. « Mais malheureux par qui cela arrive » (Lc 17, 1-2) Jésus ne plaisante pas avec le caractère sacré des petits. Ils sont les plus grands, ils sont « lui-même ». A respecter, nourrir, soigner, servir. Dans le chapitre 17 de l’évangile selon saint Luc, Jésus, juste après ces paroles sur les scandales, évoque le pardon à donner à son frère, jusqu’à sept fois par jour si, sept fois, le frère vient à se repentir. L’enchainement tel que saint Luc l’a construit est intéressant. Il indique deux attitudes du cœur à tenir toujours ensemble : l’extrême gravité du respect des plus petits et la miséricorde inlassable de Dieu dans laquelle nous avons à entrer.
Dans la maison de l’Eglise secouée par la tempête, il y a ceux qui ont la charge de faire le ménage, de réparer les brèches, ceux qui doivent réfléchir à l’avenir pour consolider les réparations, ceux qui ont à communiquer sur l’état du chantier. Et puis, il y a des gens comme nous, de simples baptisés, de simples prêtres, de simples religieux. Sous nos pieds le sol est un secoué, c’est sûr. A nos oreilles sifflent parfois le brouhaha des reproches, des déceptions, de la défiance envers la hiérarchie, des découragements. Dans nos cœurs résonnent les cris des petits qu’on a souillés. Nous aussi nous avons du ménage à faire, des brèches à réparer, et nous devons réfléchir à l’avenir des reconstructions. Car dans la maison Eglise, tout le monde porte ensemble la responsabilité de la sainte demeure de Dieu, chacun à sa place. Mais quelle est-elle cette place ? Que pouvons-nous faire ?
A la veille de la Passion du Christ, alors que le démon est sur le point de triompher de Judas et qu’il paraitra avoir terrassé le Saint de Dieu lui-même, une femme qui, comme nous est dépassée par les événements qui se trament et dont elle ignore encore toute la gravité, fait quelque chose d’apparemment parfaitement inutile : elle verse un parfum extrêmement couteux sur les pieds de Jésus et elle les essuie avec ses cheveux. Un geste d’immense respect, d’une très grande tendresse pour le corps de Jésus bientôt violenté. Et le texte précise : « La maison fut remplie de l’odeur du parfum » (Jn 12, 3)
Voilà ce que nous pouvons faire, nous simples baptisés, simples religieux, simples prêtres : verser sur les pieds de Jésus le parfum de notre amour, dans la fidélité qui parfois coute cher. Nous accomplirons nos devoirs quotidiens, vous embrasserez vos enfants et petits-enfants … nous obéirons à la cloche, nous célébrerons la messe, nous servirons qui a besoin, nous nous laisserons humblement servir, avec davantage de ferveur encore.
Souvenons-nous de l’incendie de Notre-Dame. La cathédrale ne s’est pas effondrée, et la Vierge de pierre est restée intacte. La mère des croyants demeure debout dans tous les ciels de cendre et de honte. Aussi nous prendrons nos chapelets, nous dirons nos psaumes. La tempête faite rage ? nous nous rangerons près de ceux qui, la nuit, le jour, prient, espèrent, aiment. Ceux-là ne font que rarement des choses exceptionnelles. Ils tachent simplement de rester fidèles ; ils continuent d’aimer le Corps du Christ, et la maison de Dieu s’emplit toute entière de l’odeur du parfum. Amen !
Les bonus : https://youtu.be/-Vhi-Rp4-8Q