Vendredi 29 novembre 2024 Mes paroles ne passeront pas

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 21, 29-33) : «En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples cette parabole : « Voyez le figuier et tous les autres arbres.  Regardez-les : dès qu’ils bourgeonnent, vous savez que l’été est tout proche. De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le royaume de Dieu est proche. Amen, je vous le dis : cette génération ne passera pas sans que tout cela n’arrive. Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. »

Des rabbins sont réunis dans une synagogue remplie de fidèles juifs. Pour s’aider à la méditation et à la louange, ils font entre eux comme un concours. Il s’agit de raconter l’histoire biblique la plus émouvante.

            Un rabbin se lève et se met à raconter l’histoire de David…  Le plus jeune des fils de Jessé choisi par le prophète Samuel. Le vainqueur du géant Goliath avec sa fronde. Le jeune roi adulé et très vite, adultère et même commanditaire du meurtre de son général d’armée, Urie, le mari de Bethsabée. Le roi David émouvant d’humilité, de contrition et de foi dans le Seigneur… On applaudit longuement.

Un autre rabbin se lève. Il a choisi de raconter l’histoire de Judith. La ville de Jérusalem assiégée par les armées d’Holopherne, la longue prière de Judith, son courage extraordinaire pour sortir de la ville assiégée et aller rencontrer Holopherne, son long discours.  Et sa participation au banquet au cours duquel elle le séduit et l’enivre avant de lui trancher la tête. « Plus personne n’inquiéta les Israélites du temps de Judith ni longtemps encore après sa mort. » Pendant que le rabbin s’assoit, fier de lui, on applaudit à tout rompre.

Un troisième demande à prendre la parole. Il a choisi de raconter l’histoire d’Esther, une autre femme courageuse qui réussit à faire abolir le décret d’extermination des juifs promulguée par Assuérus, et à éliminer Aman qui avait suggéré cette entreprise à son roi.  Tonnerre d’applaudissements.

Un quatrième se lève et se met à raconter l’histoire des fils Maccabées. Ces résistants torturés et exécutés devant leur mère. Cette maman avait eu le courage de tromper les bourreaux. Ils croyaient l’avoir eu en lui demandant de dire à son fils d’abjurer leur foi. Mais s’adressant à eux en hébreu, elle leur dit le contraire : « Mon fils, aie pitié de moi qui t’ai porté neuf mois dans mon sein, qui t’ai allaité trois ans, qui t’ai nourri et élevé jusqu’à l’âge où tu es. Je t’en conjure, mon enfant, regarde le ciel et la terre et vois tout ce qui est en eux, et sache que Dieu les a faits à partir de rien et que la race des hommes est faite de la même manière. Ne crains pas ce bourreau, mais, te montrant digne de tes frères, accepte la mort, afin que je te retrouve avec eux dans la miséricorde. »

Toute la salle est dans l’admiration pour le choix du récit et l’éloquence du Rabbin.

Enfin, le plus vieux se lève. Grand silence. Silence rempli de respect et de curiosité. Que va-t-il raconter ? Il commence son récit, profondément ému… « Alors Dieu, Adonaï, Béni soit-il, … alors Dieu dit… » Et il ne peut pas aller plus loin que ces trois mots… « Alors Dieu parla. » Et le vieux Rabbin se met à pleurer en se rasseyant… Après quelques secondes de flottement, pour réaliser l’immensité de ce que la sagesse du vieux maître vient de mettre en évidence, c’est lui qu’on applaudit le plus fort et le plus longtemps. Dieu nous a parlé !

Dieu nous a adressé la Parole, parole coup de semonce ou parole de consolation, parole pour nous remonter les bretelles ou pour nous transmettre sa tendresse, parole qui nous renseigne ou parole qui nous pardonne, parole qui nous réconforte ou parole qui nous bouscule, parole qui rectifie ou confirme notre décision. Aucune parole ne sera vaine.

Un dimanche vers midi, une jeune femme était en train de laver la salade dans la cuisine, quand son mari s’approche. Pour la taquiner, il lui demande : « Saurais-tu me dire ce que le curé a dit dans le sermon de ce matin ? » – « Non, je ne me souviens plus de rien », confesse la femme. » – « Alors pourquoi tu vas à l’église écouter des sermons, si c’est pour oublier ? » Alors elle lui explique calmement, un léger sourire aux lèvres :- « Regarde, chéri, l’eau lave ma salade sans rester dans le panier ; pourtant ma salade est complètement lavée. » (…. !)

Récemment une paroissienne nous disait sa grande peine d’avoir perdu leur chienne dont elle nous montrait la photo, après 14 ans de complicité. Elle nous disait notamment que chaque matin elle faisait une heure de marche en sa compagnie et qu’auprès d’elle elle apprenait par cœur des psaumes (elle peut  désormais en réciter quatorze !).  

Ce qui est important en effet, c’est de se mettre sous la douche bienfaisante de la Parole de Dieu ou de la savourer par les yeux. Mais le mieux est encore de la mémoriser, de la ruminer. Car la Parole du Seigneur ne passera pas. Elle demeura quand tout aura disparu, chien, salade, eau, et même mémoire… !

Les bonus : Une vie de miracles. Témoignage de Carlos Payan