Vendredi 28 juin 2024 Une maladie quatre vocations
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 8, 1-4) : « Lorsque Jésus descendit de la montagne, des foules nombreuses le suivirent. Et voici qu’un lépreux s’approcha, se prosterna devant lui et dit : « Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier. » Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : « Je le veux, sois purifié. » Et aussitôt il fut purifié de sa lèpre. Jésus lui dit : « Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre. Et donne l’offrande que Moïse a prescrite : ce sera pour les gens un témoignage. »
Les hommes ont longtemps interprété cette maladie comme un signe de malédiction, un châtiment de la divinité. Elle reste un des plus grands symboles du péché, du malheur, de l’exclusion, de la marginalisation. Or, Jésus a guéri de nombreux lépreux, pour bien nous dire que Dieu nous veut en pleine santé. Mais il y a plus.
La lèpre est le cas typique d’une situation de mal où Dieu nous invite à rechercher ses grâces et ses appels. Bien des personnes ont reçu le message cinq sur cinq et cela a donné dans toutes les vocations, de formidables exemples de sainteté.
Un religieux, fondateur d’ordre, qui entrera aussi dans l’ordre des diacres. Sa vie a basculé en Dieu le jour où il est descendu de son cheval pour aller poser ses lèvres sur les chairs putrides dans une odeur pestilentielle d’un lépreux : saint François d’Assise.
Un prêtre de Belgique, Père des Sacrés-Coeurs. En 1864 il est missionnaire aux îles Hawaï quand ils se porte volontaire pour une mission impossible : aller évangéliser les lépreux parqués dans l’île Molokaï. Il veut faire ce cet enfer un paradis. Il y arrivera. Mais il y contractera la lèpre et il en mourra en 1889 à l’âge de 49 ans. C’est le Père Damien que Benoît XVI a canonisé le 11 octobre 2009. Son héroïsme a fait évoluer l’opinion à l’égard des lépreux. Grâce à lui un mouvement de solidarité a commencé à se dessiner. Un mouvement que la voix de Raoul Follereau amplifiera un demi-siècle plus tard. On connait Raoul, infatigable voyageur, journaliste qui a mis son merveilleux style au service de la charité. Mais en fait c’est la vocation d’un couple chrétien. Lui-même a dit souvent qu’il n’aurait rien fait sans Madeleine son épouse.
On les connaît comme « des chirurgiens aux mains nues » parce qu’ils ont voué toute leur vie aux lépreux. Raymond Jacquard, en effet, est parti en Inde soigner les lépreux. Il reste quatre ans à leur faire des pansements ce qui ne sert strictement à rien. Mais il ne connaît rien à la lèpre. Un jour, il rencontre un chirurgien à qui il dit : « Il faut venir soigner les lépreux ». Mais le chirurgien n’a absolument pas le temps. Alors, il dit à Raymond : « Si tu veux, en quatre heures, je t’apprends à les opérer. » Et Raymond a appris. Un jour, il reçoit une lettre de son frère qui lui écrit qu’il ressent l’appel à le rejoindre. Raymond lui répond que cet appel vient de Jésus. Il a tellement besoin d’aide ! Son frère arrive. On lui fait visiter la léproserie. Il entre dans une chambre. Quand il voit la femme malade et qu’il sent l’odeur, il fait volte-face et se retrouve le dos plaqué au mur du couloir. Il dit à son frère qui l’emmène : « Je dors chez toi cette nuit et demain, je reviendrai demander pardon à cette femme lépreuse et je repartirai en France. »
Le lendemain, il entre à la léproserie, pousse la porte de la chambre ; la malade lui tend la main ; il la saisit ; elle lui dit : « Maintenant qu’on se connaît, on ne se lâchera plus. » Il est resté.
Au soir de sa vie, Raymond qui est vraiment missionnaire dans l’âme témoigne dans les collèges et les lycées. Question de jeunes : « Comment avez-vous fait pour ne pas attraper la lèpre ? » – réponse : « Je n’avais pas le temps » « La prière m’ennuie » – réponse : « tu pries trop vite »
Un religieux, diacre, des prêtres, un couple, il ne manquait plus qu’une religieuse. Ce sont bien les lépreux qui ont été un déclic déterminant dans la vie de Mère Teresa.
Un jour, les deux frères vont trouver Mère Teresa pour lui expliquer qu’il faut que les sœurs s’occupent des lépreux. Première réaction de mère Teresa : « Il n’en n’est pas question, je ne veux pas que les sœurs attrapent la lèpre. » Les frères insistent. Mère Teresa tape du doigt sur la table en disant : les prêtres ont la tête dure comme cette table. Les prêtres rétorquent en tapant la main sur le mur : « Et mère Teresa a la tête dure comme ce mur ». Mais dans les jours qui ont suivi cette rencontre haute en couleurs, mère Teresa est allée avec quelques-unes de ses sœurs implanter une fraternité auprès des lépreux.
Un jour les deux frères Jacquard sont convoqués par l’ordre des médecins ; Ils n’ont pas le droit d’opérer alors qu’ils n’ont aucun diplôme. Ils prennent sur eux pour écouter patiemment le réquisitoire pendant une heure.
Quand le verdict tombe, Raymond se lève et va vers le premier médecin : « Avez-vous déjà opéré un lépreux ? » « Non » « Et vous ? » « Non, plus » « Et vous ? » « Non plus » etc « Eh bien, quand vous serez venus nous remplacer, nous arrêterons de soigner nos frères. »
Une seule maladie, quatre vocations. Un fléau qui nous invite nous aussi à réagir. Qu’est-ce que Dieu attend de moi dans Sa lutte contre le Mal ?
Les bonus : GPA: à 30 ans, elle découvre qu’elle est née d’une mère porteuse (youtube.com)