Purgatoire

Quand on traverse une période d’épreuve de santé, on peut compter sur la solidarité qui s’appelle sécurité sociale. Quand on traverse une période sans travail on peut compter sur la solidarité qui s’appelle allocation chômage. Quand on a un accident, on peut compter sur la solidarité qui s’appelle assurance. Quand on traverse la mort, on peut compter sur la solidarité qui s’appelle la Communion des Saints. Comment savons-nous que nous pouvons encore quelque chose pour les défunts ?  Parce que le Seigneur nous a révélé que si la mort nous surprend alors que nous ne sommes pas imprégnés de son amour à 100 % , que notre être n’est pas complétement évangélisé, qu’il reste des poches de jalousie , de repli sur soi, de rancune, de péchés, nous pouvons vivre le purgatoire. Qu’est-ce que le purgatoire ? Il est difficile de le définir come un temps, ni come un lieu. Après la mort nous serons probablement hors du temps et de l’espace. Mais nous pouvons en parler plutôt comme d’une expérience mystique.

Jacques Brel parle, dans une de ses plus belles chansons, de « la quête de l’inaccessible étoile » – Il est le signe du projet du Seigneur. Le Projet du Seigneur c’est que nous le voyions vraiment et que tous ses enfants soient en parfaite harmonie, en parfait communion d’Amour, sauf ceux qui auront préféré le Mensonge.  Le Christ est mort pour que ce Projet de Son Père aboutisse.

Et le Christ vaincra. Ce sera le plus grand miracle de l’histoire de l’humanité : imaginez que nous serons tous ensemble, sans plus aucun agacement, sans plus aucune tension, sans plus aucun différend, sans plus aucune gêne. Il n’y aura plus que la Joie d’être ensemble, que le plaisir de s’aimer ! « The » miracle quoi !

Mais quand on regarde les miracles de Jésus dans l’évangile on constate une chose. Il y a des miracles que Jésus a refusé de faire : transformer des pierres en du pain, sauter du haut du temple sans parachute, descendre de la croix, envoyer le feu du Ciel sur la Samarie. Pourquoi ? Parce qu’il n’est pas venu nous manipuler.

En revanche chaque fois qu’il fait un miracle, il donne à l’homme de pouvoir y contribuer pour une part. Il va nourrir 5000 hommes sans compter les femmes et les enfants; or l’un d’eux a accepté de donner son propre pique-nique : cinq pains et deux poissons.  Il va transformer 700 litres d’eau en du vin pour que la noce soit pleinement réussie et que tout le monde commence à comprendre qu’il est l’Epoux, l’Alliance en personne, le « mariage réussi » entre Dieu et l’homme. Et de fait, les serviteurs sortent l’eau du puits, seau par seau; et déjà avant cela, la Vierge Marie a intercédé pour eux. Il va redonner ses jambes au paralysé de Capharnaüm, parce que quatre amis le lui amènent en passant par-dessus les toits. Mais au-delà de ce qui est matériel, il demande surtout la foi confiante et sans fanfaronnade, sans provocation ; il dit à Marthe devant le tombeau fermé de son frère Lazare : « Je te dis que si tu crois, tu verras la Gloire de Dieu ». Elle croit et elle voit Jésus ressusciter son frère ! A l’inverse, l’évangéliste navré constate ailleurs : et là, il ne fit pas beaucoup de miracles, parce qu’ils n’avaient pas la foi (il guérit seulement quelques malades). Vous voyez la déduction: le Ciel est à notre portée, parce que le Seigneur fera le miracle mais… est-ce que nous y contribuerons afin d’y avoir part?!

Nous le faisons entre autres, en priant pour nos défunts, et en faisant célébrer des messes en suffrage. Un prêtre prenait cette comparaison pour approcher le mystère du purgatoire. Il raconte qu’un jour il avait rendez -vous avec un ami pour aller voir un match de tennis à Roland Garos. Cet ami n’arrivant pas, il est quand même entré dans l’enceinte du stade. Il ne voyait pas le match mais il entendait les clameurs du public. Au purgatoire, nous serons assurés d’entrer un jour dans le match mais ce sera le temps de la purification, de l’espérance laborieuse, grâce à la prière continue de l’Eglise pour les défunts partis mais pas encore arrivés. 

Prenons une autre image.  Vous êtes à la campagne. C’est l’été. Vous vous êtes couchés tard mais vous avez pris soin de bien fermer volets et rideaux pour que la lumière du jour ne vous empêche pas de faire la grasse matinée. Le matin vous vous réveillez. Et vous vous dites : « Ah ce que l’air est pur ! Comme on est bien à la campagne ! » Mais dès que vous entrebâillez les persiennes, le rai de lumière qui pénètre dans la chambre montre que cet air si pur est plein de grains de poussière. Le purgatoire c’est cela. La Lumière du Seigneur éclairera notre âme et comme le projecteur qui accuse le relief, elle mettra en évidence toutes nos poussières, tout notre péché. Et il faudra que ces grains de poussière deviennent grains de soleil.

            Deuxième image (donnée par Carlo Carretto, petit frère de Jésus à la suite de Charles de Foucauld, dans son livre Lettre du Désert, à partir d’une anecdote qui lui est arrivée réellement). Un jour, il traverse en jeep le désert. Seul. A midi, il fait trop chaud pour continuer. Il s’arrête pour dormir pendant quelques heures à l’ombre de gros blocs de granit. Cependant, il y a déjà des habitants : deux belles vipères… ! Il les tue toutes les deux d’un seul coup de fusil. Mais quand il nettoie le sable, et dit son bréviaire, sa prière est troublée par l’incident de ces deux vipères… Puis il s’allonge. Alors il pense à deux événements : la veille, traversant un village, il avait remarqué un vieil esclave des touaregs qui tremblait de froid, mais il n’avait pas eu le courage de lui donner une de ses deux couvertures. Et maintenant, il en avait du scrupule. Deuxième chose : il se souvient qu’un mois auparavant, un targhi a été écrasé par un bloc de granit précisément pendant qu’il faisait sa sieste. Finalement, il s’endort… Mais très vite il fait un cauchemar. Il voit le bloc rocheux bouger et basculer sur lui. Des secondes horribles ! Il sent craquer tous ses os et se croit mort. Mais non. Il voit alors le vieil homme qui tremblait devant lui. Alors, il n’hésite plus à lui donner la couverture d’autant plus qu’elle lui est inutile et à un mètre de lui. Il essaie d’allonger la main mais… le bloc qui l’a écrasé l’empêche de faire le moindre mouvement… Voilà le purgatoire : la souffrance de l’âme est de ne pas pouvoir accomplir ce que l’on pouvait accomplir auparavant et que l’on aurait dû faire.

Dès à présent délivrons ns défunts du purgatoire. Ce faisant nous espérons l’éviter pour nous-mêmes. Car il ne faut surtout désirer le purgatoire mais viser le Ciel.

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