28 décembre 2024. Le massacre des saints innocents.

Avec la fête des saints innocents, nous pensons au drame de l’avortement.  Or, il y a plus grave que l’avortement. Le Professeur Jérôme Lejeune, il y a soixante ans, a découvert la trisomie 21. Cette découverte annonçait une magnifique espérance aux patients et à leurs familles: la trisomie n’était pas une malédiction, mais une maladie. On allait donc pouvoir lui trouver un remède! Et le professeur Lejeune de médecin se fit chercheur, et la Fondation qui porte son nom continue la recherche après lui. Mais la bonne nouvelle n’a pas tardé à devenir une tragédie, comme l’appelle le président de la Fondation Jérôme Lejeune. De fait le monde moderne a réussi à transformer cette maladie en maladie mortelle alors qu’elle ne l’était pas ; on a arrêté de chercher un remède, pour engloutir d’abord des dizaines de millions de francs, puis des millions d’euros chaque année dans les tests et la mise en œuvre d’un dépistage, qui se termine dans presque tous les cas par une mise à mort des enfants atteints de la maladie. Un dépistage pourtant inutile puisqu’on n’a pas encore de remède, et on en a d’autant moins qu’on n’en cherche pas, sauf la Fondation Lejeune; et inefficace, puisque les résultats des tests restent incertains et non fiables: de sorte que pour attraper à coup sûr un fœtus trisomique, il faut accepter le dommage collatéral de tuer deux fœtus sains. La défaite scientifique est totale: le cœur du métier médical est en effet d’éviter de nuire, et ici on supprime le patient; il est aussi de soulager la douleur, or ici, on la multiplie. Les médecins ont en effet l’obligation de proposer à toutes les futures mamans le test de dépistage, gâchant immédiatement leur grossesse par l’angoisse énorme que la simple question suscite, probablement pour rien, et acculant ensuite les parents au soi-disant choix terrifiant: ou bien le meurtre, ou bien l’horreur comme on leur dit. Et lorsque l’unique pratique envisagée pour cette maladie a été appliquée, on les abandonne à la question lancinante de savoir s’ils ont fait le bon choix, si c’était même un choix. Dans cette situation, certains parlent d’eugénisme. Mais il n’y a pas d’eugénisme, puisque ce n’est pas imposé par les pouvoirs publics, c’est au coup par coup un choix individuel de chaque parent: comme le remarque Jean Marie Le Méné, on y atteint des scores de démocraties soviétiques, avec 96% de sentences unanimes. En fait, on est au-delà de l’eugénisme, parce que la situation correspond exactement à la définition du génocide dans le code pénal français: un groupe identifié par un critère arbitraire, ici le fameux troisième chromosome; un plan concerté, c’est le dépistage systématiquement proposé; une action visant à la destruction totale ou partielle des membres du groupe, c’est bien ce qui advient. Le nouveau avec la trisomie, c’est que le génocide n’est pas circonscrit à une période comme en Turquie, à Auschwitz ou au Rwanda: il est permanent, et tend à sa perfection, le zéro trisomique, avec l’accélération des progrès des tests et la mise en œuvre plus précoce du dépistage, encore plus généralisé. Or ils ne sont porteurs d’aucun maléfice, ne propagent aucune épidémie et ne font pas de mal; ils ne représentent même pas la figure la plus difficile du handicap. Le visage des rescapés se donne à nous: dans une grande humilité parce que sa pauvreté ne peut pas se cacher; mais avec sa formidable capacité d’aimer et d’être aimé, intacte, immense, qui nous interpelle. Dans le livre intitulé « Avocat du diable, avocat de Dieu »,  le célèbre avocat Maître Jacques Vergès (connu pour défendre des causes perdues comme Omar Hadad ou le nazi Klaus Barbie) dit ceci : « A partir du moment où vous vous arrogez le droit de tuer un enfant porteur de handicap dans le ventre de sa mère, moralement, quel obstacle y a-t-il à tuer un handicapé de trente ans, qui est déjà sorti du ventre de sa mère ? Quittant le domaine de l’absolu, nous sommes dans le relatif. C’est pourquoi je pense que la position de l’Eglise, dans ce domaine, est d’une nécessité absolue. Autrement la vie humaine devient quelque chose de relatif. Or, la vie humaine, n’est pas relative, c’est un absolu… La vie n’existe pas à moitié. » Allons-nous reconnaître la dignité de ces enfants et nous mettre à leur service, les aider et sauver ainsi nôtre dignité ? Dieu merci, il y a parfois des moments de grâces. Ainsi le film Le Huitième jour, et d’autres, comme Apprendre à t’aimer de la réalisatrice Stéphanie Pillonca. (Inspiré d’histoires vraies, c’est le parcours d’un papa qui peine à accepter la naissance de sa fille trisomique, avant qu’elle ne métamorphose sa vie) plus récemment encore Un petit truc en plus d’Artus, acteur et réalisateur.

Voici ce que nous disons dans l’Eglise: nous n’avons plus besoin de sacrifices humains ni d’idolâtrie cruelle et irraisonnée: nous avons l’Agneau de Dieu, Jésus Christ, qui a pris sur lui tout notre péché, qui a porté nos souffrances et nos maladies, et qui vient à notre secours. Il nous a libérés une fois pour toutes par sa Croix, et il vient à notre aide. Il vient sauver l’amour dans nos familles, par la grâce de sa Sainte Famille, de sa Sainte Enfance, de son Adolescence, par son Saint Ministère et par sa Passion. Il fait lever la lumière de sa vie dans nos ténèbres, dans la puissance de sa Résurrection, par la Consolation aussi douce que puissante de son Esprit. Jésus Fidèle, Vainqueur, Miséricordieux et toujours avec nous, nous aide à recommencer de progresser vers plus d’humanité, à défaut de vouloir devenir des saints.

Les bonus : Les confessions incorrectes de Christine Boutin !