27 octobre 2024 30°dimanche année B le microscope
Frères et sœurs, cette page d’évangile est très inspirante comme on dit aujourd’hui. Le prédicteur n’a que l’embarras du choix.
Il pourrait parler de Jéricho, une des villes les plus anciennes du monde (7000 ans ?!), en tout cas la plus basse (-400mètres au-dessous du niveau de la mer (quand je dis cela aux enfants, ils imaginent une ville sous l’eau !…) et célèbre pour les trompettes de Jéricho qui en ont fait tomber les murailles après sept tours. Tout un programme.
Il pourrait parler du fait du manteau que l’aveugle jette avant de bondir vers Jésus sans se soucier des obstacles qu’il ne voit pas. Tout un programme aussi.
Il pourrait parler du fait que dans cet évangile selon saint marc il s’agit du dernier miracle de Jésus avant qu’il ne commence sa passion. Dès qu’il est guéri, Bartimée se met à suivre Jésus. Il est comme le prototype du disciple selon l’explication de Jésus en saint Jean : « Aussi longtemps que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde…Celui qui marche pendant le jour ne trébuche pas, parce qu’il voit la lumière de ce monde ; mais celui qui marche pendant la nuit trébuche, parce que la lumière n’est pas en lui… Pour peu de temps encore, la lumière est parmi vous ; marchez, tant que vous avez la lumière, afin que les ténèbres ne vous arrêtent pas ; celui qui marche dans les ténèbres ne sait pas où il va. Pendant que vous avez la lumière, croyez en la lumière : vous serez alors des fils de lumière. »
Chacun de nous est disciple et apôtre, ou pour le dire avec l’expression qu’affectionne particulièrement le Pape François : disciple missionnaire. Alors, pour nous encourager, voici deux témoignages tout simples de disciples missionnaires. Le disciple est quelqu’un qui a la grâce de la foi, c’est-à-dire qui a reçu comme un microscope qui lui permet de voir ce que les autres ne voient pas. Il suffit qu’il ait aussi l’oreillette pour entendre le Seigneur Esprit-Saint lui souffler et cela donne des choses vraiment très touchantes, très …éclairantes.
Fin avril nous avons vu arriver au Puy un frère avec une belle croix pectorale représentant le Christ de Saint Damien, sur une bure franciscaine bleue. Il marche avec une ânesse qui se prénomme Espérance, et un petit chien. Il a mis les deux animaux dans notre jardin des Carmes et il est venu partager notre repas du lundi soir 29 avril 2024 à la cure. Il nous a raconté son histoire pas banale. Ses parents sont athées et anticléricaux. Aujourd’hui ils ne comprennent absolument pas son choix mais préfèrent qu’il soit sur la route plutôt que dans un monastère, ce qui serait pour eux l’abomination de la désolation. La Moselle, son département d’origine étant concordataire, même à l’école publique, il a eu droit aux cours de religion chrétienne. Et c’est ainsi qu’il a préparé et fait sa première communion. Ne se doutant pas de la tournure qu’allaient prendre les choses, ses parents finissent par le mettre dans un collège privé catholique en raison de difficultés dans l’établissement public. A sa préadolescence, il lit les évangiles mais pour y rechercher des contradictions, des incohérences, des preuves que tout cela est faux ; dans le but d’embêter les prêtres avec ses questions. Un jour il va piéger un prêtre. Mais c’est le prêtre qui le piège en lui disant : « Maintenant ça suffit ; c’est moi qui vais poser les questions et toi qui vas répondre. Dis-moi si tu connais un Dieu comme celui de la religion catholique, un Dieu qui vient sur terre pour mourir sur une croix. Si tu avais eu à imaginer Dieu, est-ce que tu l’aurais imaginé comme celui dont parle l’évangile ? Et si tu avais eu à fonder une Eglise, est-ce que tu aurais raconté ce que dans l’évangile on dit des apôtres : on les décrit comme jaloux, peureux, lâches, renégat, lents à comprendre ? ». Ce sont ces questions qui le font basculer dans la foi en Jésus. Ce prêtre était le Père André Dukiel et il est devenu le Père spirituel de Brice. J’ai connu André Dukiel au séminaire français. Avec sa Volkswagen noire il m’avait emmené avec deux autres séminaristes d’abord à Assise pendant les vacances de février après les examens semestriels ; puis en France pour les vacances de Noël parce que cette année-là les trains étaient en grève. Je souscris à l’avis de frère Brice quand il en parle comme d’un saint. Le Père André Dukiel est mort d’un cancer à soixante ans il y a cinq ou six ans. Il a eu le temps d’aider Brice à trouver sa vocation : ni chez les Carmes, ni chez les Bénédictins, ni chez les trappistes, mais une vie d’évangélisation au grand vent comme une espèce de saint Benoît Joseph Labre.
Deuxième témoignage : un jeune père de famille raconte qu’il venait de participer au pèlerinage des Pères de famille à Cotignac ; ensuite, il devait rejoindre Toulon pour une session sur l’Adoration eucharistique dans les paroisses de France à Toulon. Il choisit la solution BlaBlaCar pour passer de l’un à l’autre. Il tombe sur une conductrice qui est chirurgien cardiologue. Ils en viennent à parler de l’adoration eucharistique. Il lui explique aussi simplement qu’il peut que nous croyons que dans l’ostensoir qui ressemble à un soleil, nous adorons vraiment Jésus. Il est pain consacré. Il est hostie. Mais c’est bien lui. Et une parole va toucher beaucoup celle qui est cardiologue et chirurgien. Dans la conversation, il lui vient de lui dire : « Tu sais, dans l’eucharistie, il y a un cœur qui bat »…. ! Sainte Mère Térésa a eu cette belle explication : « Lorsque vous contemplez le crucifix, vous comprenez combien Jésus vous a aimés. Lorsque vous contemplez la Sainte Hostie, vous comprenez combien Jésus vous aime EN CE MOMENT. » Amen !
Les bonus : ThéoDom » De la Bonne Nouvelle aux évangiles (theodom.org)