25 janvier 2025 la conversion de saint Paul

Voici ce que disait de saint Paul le Pape Benoît XVI à l’audience du mercredi 25 octobre 2006.

Il brille comme une étoile de première grandeur dans l’histoire de l’Eglise, et non seulement celle des origines. Saint Jean Chrysostome l’exalte comme un personnage étant même supérieur à de nombreux anges et archanges. Dante, dans la Divine Comédie, s’inspirant du récit de Luc dans les Actes (cf. 9, 15), le définit simplement comme un « vase d’élection », ce qui signifie:  instrument choisi de Dieu. D’autres l’ont appelé le “treizième Apôtre” – et il insiste réellement beaucoup sur le fait d’être un véritable Apôtre, ayant été appelé par le Ressuscité -, voire “le premier après l’Unique”. Certes, après Jésus, il est le personnage des origines sur lequel nous possédons le plus d’informations. En effet, nous possédons non seulement le récit qu’en fait Luc dans les Actes des Apôtres, mais également un groupe de Lettres qui proviennent directement de sa main et qui, sans intermédiaires, nous en révèlent la personnalité et la pensée. Luc nous informe que son nom originel était Saul ou plutôt en hébreu Saoul comme le roi Saül et qu’il était un juif de la diaspora, la ville de Tarse étant située entre l’Anatolie et la Syrie. Il s’était rendu très tôt à Jérusalem pour étudier en profondeur la Loi de Moïse aux pieds du grand Rabbi Gamaliel. Il avait également appris un métier manuel et rude, la fabrication de tentes, qui devait ensuite lui permettre de pourvoir personnellement à son entretien sans peser sur les Eglises.

Rencontrer la communauté de ceux qui se professaient les disciples du Christ fut un événement décisif pour lui. C’est par eux qu’il avait connu une foi nouvelle – un nouveau “chemin” comme l’on disait alors – , qui ne plaçait pas tant la Loi de Dieu en son centre, que plutôt la personne de Jésus, crucifié et ressuscité, auquel était désormais liée la rémission des péchés. En juif zélé, il considérait ce message comme inacceptable, et même scandaleux, et il se sentit donc en devoir de poursuivre les disciples du Christ, même en dehors de Jérusalem. Ce fut précisément sur le chemin de Damas, au début des années 30, que Saul, selon ses paroles, fut “ravi par le Christ”. Alors que Luc raconte le fait avec une abondance de détails – comment la lumière du Ressuscité l’a touché et a profondément changé toute sa vie -, dans ses lettres Paul va droit à l’essentiel et parle non seulement de vision, mais d’illumination et surtout de révélation et de vocation dans la rencontre avec le Ressuscité.  En effet, il se définira explicitement “apôtre par vocation”  ou “apôtre par la volonté de Dieu” comme pour souligner que sa conversion n’était pas le résultat d’un développement de pensées, de réflexions, mais le fruit d’une intervention divine, d’une grâce divine imprévisible. Dès lors, tout ce qui auparavant constituait pour lui une valeur devint paradoxalement, selon ses termes, une perte et des balayures. Et, à partir de ce moment-là, toutes ses énergies furent placées au service exclusif de Jésus Christ et de son Evangile. Son existence sera désormais celle d’un Apôtre souhaitant “se faire tout à tous” sans réserve.

Une leçon très importante en découle pour nous :  ce qui compte c’est de placer Jésus Christ au centre de sa propre vie, de manière à ce que notre identité soit essentiellement marquée par la rencontre, la communion avec le Christ et sa Parole. A sa lumière, toute autre valeur est rétablie et, en même temps, purifiée de résidus éventuels. Une autre leçon fondamentale offerte par Paul est le souffle universel qui caractérise son apostolat. Ressentant de manière aiguë le problème de l’accès des Gentils, c’est-à-dire des païens, à Dieu, qui en Jésus Christ crucifié et ressuscité offre le salut à tous les hommes sans exception, il se consacra à faire connaître cet Evangile, littéralement “bonne nouvelle”, c’est-à-dire annonce de grâce destinée à réconcilier l’homme avec Dieu, avec lui-même et avec les autres. Dès le premier moment, il avait compris qu’il s’agissait d’une réalité qui ne concernait pas seulement les juifs ou un certain groupe d’hommes, mais qui avait une valeur universelle et concernait chacun, car Dieu est le Dieu de tous. Le point de départ de ses voyages fut l’Eglise d’Antioche de Syrie, où pour la première fois l’Evangile fut annoncé aux Grecs et où fut également forgé le nom de “chrétiens”, c’est-à-dire de croyants en Christ. De là, il se dirigea tout d’abord vers Chypre et ensuite, à plusieurs reprises, vers les régions de l’Asie mineure (Pisidie, Lycaonie, Galatie), puis vers celles d’Europe (Macédoine, Grèce). Les plus importantes furent les villes d’Ephèse, de Philippe, de Thessalonique, de Corinthe, sans toutefois oublier Beréa, Athènes et Milet.

Dans l’apostolat de Paul, les difficultés ne manquèrent pas, qu’il affronta avec courage par amour du Christ. […] Comment ne pas admirer un tel homme? Comment ne pas rendre grâce au Seigneur de nous avoir donné un Apôtre de cette envergure? Il est clair qu’il ne lui aurait pas été possible d’affronter des situations si difficiles et parfois désespérées, s’il n’y avait pas eu une raison de valeur absolue, face à laquelle  aucune limite ne pouvait être considérée comme infranchissable. Pour Paul, cette raison, nous le savons, est Jésus Christ, dont il écrit:  “En effet l’amour du Christ nous saisit… afin que les vivants n’aient plus leur vie centrée sur eux-mêmes, mais sur lui, qui est mort et ressuscité pour eux” (2 Co 5, 14-15) pour nous, pour tous.

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