Sandales

 « En ce temps-là, Jean le Baptiste proclamait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales.  Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »

« Je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire ses sandales ». En entendant cette expression, on pense d’abord que Jean-Baptiste se compare à l’esclave à qui le maître présente son pied pour qu’il défasse la courroie, ce qui lui évite de s’abaisser lui-même. Par rapport à Jésus, Jean Baptiste se considère moins qu’un esclave. Cette image dit son humilité et son désir de servir Jésus, sa fierté et sa joie d’être à son service.

Certains exégètes ou historiens pensent qu’il s’agit plutôt d’un geste qui appartient à la démarche pour un mariage. Deux familles se rencontrent pour étudier si leurs jeunes ne sont pas faits l’un pour l’autre. Finalement, les discussions avancent bien et le jour arrive où les deux familles présentent l’une son fils l’autre sa fille. On palabre, on parlemente. Si la fille est d’accord pour ce mariage, elle ne dit rien mais elle se baisse et dénoue la courroie des sandales du garçon. C’est la joie. Les préparatifs peuvent se préciser. Les noces ne sont plus très loin ! Cette image de saint Jean Baptiste confirmerait ce qu’il dit : « Celui qui a l’épouse, c’est l’époux, mais l’ami de l’époux qui se tient là est ravi de joie en entendant la voix de l’époux. Telle est ma joie et elle est parfaite ». Saint Jean Baptiste se considère simplement comme l’entremetteur en quelque sorte, celui qui sert d’intermédiaire pour la rencontre entre l’Epoux divin et l’épouse qui est soit l’Eglise dans son ensemble soit l’âme de chacun. « Je ne vous appelle plus serviteur, mais ami », et même épouse !

Quand on est dans les sandales, ajoutons cette parabole qui pourrait être dans l’évangile. Un cordonnier s’était pris d’une passion pour les sandales, et il était devenu le meilleur spécialiste du pays. Son échoppe sentait bon le cuir. Il reproduisait tous les modèles… celui dit “Corinthe” ou “Galates” ou “Ephèse” ou encore “La Romaine”. Et il avait assez de ne faire que des sandales, de toutes les pointures, et de tous les coloris. On venait chez lui pour se former. Des jeunes se faisaient apprentis pendant plusieurs mois pour profiter de son savoir, de son savoir-faire. Beaucoup de clients affluaient de partout. Mais parmi tous ceux-ci, certains demandaient : “Ne pourriez-vous pas me faire des sandales, sans aucune ouverture et du cuir qui monte jusqu’au genou ?” – “ça s’appelle des bottes, ici, on fait des sandales” – “oui, je veux bien des sandales, mais sans ouverture et qui monte jusqu’au genou…”- “ça, ce n’est plus des sandales, si tu veux on te propose des bottes” – Ah non, moi je veux des sandales… mais…” N’est-ce pas notre attitude ? Nous voulons bien du Seigneur, mais à notre façon. Nous voulons bien de la foi mais nous l’avons arrangée à notre sauce. Nous nous disons chrétiens mais nous en prenons et nous en laissons. Régulièrement, ne faut-il pas nous poser la question : est-ce que l’étiquette correspond bien au contenu du bocal ?

Tiens, encore une histoire de sandales ! On raconte qu’un jour Gandhi courait pour rattraper le train. Il arriva à monter au moment où le train s’ébranlait. En montant, une de ses sandales tombe de son pied. Que fait-il ? On le voit alors enlever l’autre sandale et la jeter vivement à côté de l’autre près des rails du train. Etonnés, ses amis lui demandent : « Qu’est-ce qui t’a poussé à faire cela ? Pourquoi as-tu jeté l’autre sandale ? » Et Gandhi le Sage de répondre : « J’aime que le pauvre homme qui trouvera la sandale trouve une paire qui lui sera utile. S’il ne trouve qu’une seule sandale, ce sera une pure perte pour lui et pour moi ».

Décidément, les sandales de saint Jean Baptiste peuvent nous emmener loin !

Les bonus : La signification des croix et calvaires #culture #foi #art #patrimoine #catholique (youtube.com)