Lundi 23 septembre 2024 Bien communiquer
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 8, 16-18) : «En ce temps-là, Jésus disait aux foules : « Personne, après avoir allumé une lampe, ne la couvre d’un vase ou ne la met sous le lit ; on la met sur le lampadaire pour que ceux qui entrent voient la lumière. Car rien n’est caché qui ne doive paraître au grand jour ; rien n’est secret qui ne doive être connu et venir au grand jour.Faites attention à la manière dont vous écoutez. Car à celui qui a, on donnera ; et à celui qui n’a pas, même ce qu’il croit avoir sera enlevé. »
Jésus nous invite à bien communiquer. Communiquer c’est d’abord parler : « Rien n’est caché qui ne doive paraître au grand jour ». Communiquer c’est écouter : « Faites attention à la manière dont vous écoutez ». Petite blagounette. Dans cette paroisse, les Pères jésuites et les Pères franciscains se chamaillaient chaque année pour préparer la messe de la nuit de Noël. Le Père Curé que cette dispute ennuyait eut l’idée de leur proposer une joute théologique pour désigner la communauté qui aurait cette responsabilité et cet honneur. Comme il savait que les deux ordres religieux avaient dans leurs rangs beaucoup de bavards, le concours se passerait en silence uniquement par des signes. Les pères Jésuites désignent leur champion ni plus ni moins que le Père Maître. Les franciscains, eux tirent au sort : c’est le frère portier qui va défendre leurs chances.
Le Père Curé reçoit les deux religieux. Il fait asseoir les deux concurrents à une table, un à chaque bout. On joue à pile ou face pour désigner celui qui commence. La pièce de monnaie parle en faveur du Père Jésuite. Il met sur la table une pomme. En réponse, le père franciscain sort une tranche de pain. Le Père Jésuite lève son index. Le frère franciscain montre son index et son pouce. Le Père Jésuite montre alors trois doigts, le pouce, l’index et le majeur. A ce moment-là, le frère franciscain lève ses deux avant-bras, les croise, avant-bras gauche à l’horizontale, avant-bras droit à la verticale… Le Père Jésuite fait une moue de vaincu, se lève de sa chaise et s’en va. C’est le frère franciscain qui a gagné.
Le Père Jésuite arrive dans sa Communauté. Ses confrères étaient sûrs qu’il ne ferait qu’une bouchée du frère franciscain. Ils sont très déçus d’apprendre que leur champion a perdu : « – Que s’est-il passé, Père ? – J’ai sorti une pomme pour lui poser la question : « Parlez-moi du péché originel » Je pensais le coincer. Il m’a parlé de l’eucharistie. C’est vrai que c’est la seule réponse au péché originel : l’arbre de vie rachète l’arbre de la connaissance du bien et du mal qui a fait sombrer l’humanité dans les ténèbres…. Alors je lui ai parlé de la transcendance de Dieu en pointant mon index vers le Ciel. A ma grande surprise, il m’a parlé de l’union hypostatique : il y a plus que cela puisque Jésus a les deux natures, la nature divine et la nature humaine, en montrant son index et son pouce. Je lui ai alors parlé de la Sainte Trinité. Et après il m’a eu par KO en me parlant de la Croix, en croisant ses deux avant-bras. Nous ne connaîtrions pas le mystère de l’eucharistie, ni celui de la divinité de Jésus, ni celui de la Trinité s’il n’y avait pas eu la croix. Je n’avais plus rien à ajouter. »
De son côté, le frère franciscain arrive tout sourire dans son couvent. Tous les frères l’accueillent : « – Comment avez-vous réussi à être victorieux du Père Jésuite ? – C’est lui a qui a commencé. Il a sorti une pomme sur la table. Moi, je lui ai dit : « Si tu veux parler repas, je peux aussi t’en parler, j’ai ce qu’il faut. » Quand il a vu que je répliquais aussitôt au coup de la pomme en lui sortant une tranche de pain, il m’a dit : « Je te fiche une baffe »…. Je lui ai répliqué : « Moi, je t’en fiche deux »…. Il m’a dit alors : « et moi trois »… Et je l’ai eu en lui disant : « Va te faire voir… »
Que les frères pardonnent à l’auteur de cette histoire. Si les franciscains symbolisent souvent la simplicité, beaucoup de frères sont aussi des champions d’intelligence. Et les Pères Jésuites malgré leurs immenses connaissances cultivent aussi beaucoup l’humilité. Mais reconnaissons que la communication orale facilite bien les relations. Cela va sans dire mais cela va mieux en le disant. « Rien n’est secret qui ne doive être connu et venir au grand jour » Il nous faut apprendre à exprimer nos ressentis, nos réflexions.
« Faites attention à la manière dont vous écoutez ». Il nous faut apprendre à écouter. Parler et écouter.
« Car, dit Jésus, à celui qui a, on donnera ; et à celui qui n’a pas, même ce qu’il croit avoir sera enlevé ».
Mais parler et écouter n’est pas qu’une affaire d’apprentissage de la communication. C’est une question spirituelle. Il y faut beaucoup de délicatesse, de discernement, et de sainteté. Le Père Henri Lacordaire (1802-1861), le grand prédicateur du XIXe siècle, disait un jour : « Quand je donne mes conférences de Carême à Notre-Dame de Paris, il y a tant de monde que les gens montent sur les confessionnaux pour m’entendre. Mais à Ars, il y a un petit curé qui dit peu de choses mais qui fait entrer les gens dedans. »
Les bonus : L’Eucharistie et la guérison – Père Nicolas Buttet (youtube.com)