Jeudi 23 octobre 2025 Le don gratuit de Dieu
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Romains (Rm 6, 19-23) : « Frères, j’emploie un langage humain, adapté à votre faiblesse. Vous aviez mis les membres de votre corps au service de l’impureté et du désordre, ce qui mène au désordre ; de la même manière, mettez-les à présent au service de la justice, ce qui mène à la sainteté. Quand vous étiez esclaves du péché, vous étiez libres par rapport aux exigences de la justice. Qu’avez-vous récolté alors, à commettre des actes dont vous avez honte maintenant ? En effet, ces actes-là aboutissent à la mort. Mais maintenant que vous avez été libérés du péché et que vous êtes devenus les esclaves de Dieu, vous récoltez ce qui mène à la sainteté, et cela aboutit à la vie éternelle. Car le salaire du péché, c’est la mort ; mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur. »
« Le salaire du péché c’est la mort ». Vous péchez : vous gagnez la mort dont la mort biologique n’est qu’un symbole. Le péché nous coupe de Dieu. Il nous « dévitalise ». Dans une suite logique, on pourrait s’attendre à lire : en revanche le salaire des bonnes œuvres c’est la vie éternelle. Mais saint Paul écrit : « mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur. » La vie éternelle nous est déjà acquise. Il faut s’en imprégner.
Une femme vétérinaire raconte qu’elle a dû procéder un jour à l’euthanasie d’un chien dans une famille. Alexis, le petit garçon de six ans, calme, le caressait une dernière fois. Je me suis demandé s’il comprenait vraiment ce qui se passait. Après quelques minutes de silence, nous nous sommes assis en nous demandant pourquoi la vie des chiens était si courte comparée à la nôtre. C’est alors qu’Alexis, qui avait écouté attentivement, a dit : « Moi, je sais pourquoi. » Ce qu’il a dit ensuite m’a bouleversé, et je n’ai jamais entendu une explication aussi belle : « Les gens viennent au monde pour apprendre à vivre une bonne vie : aimer les autres, être gentil, hein ? Eh bien… les chiens, eux, savent déjà faire tout ça. Alors, ils n’ont pas besoin de rester aussi longtemps que nous. » La morale de cette histoire : Si un chien était ton professeur, tu apprendrais : à courir saluer ceux que tu aimes quand ils rentrent. À ne jamais rater une occasion de partir en promenade. À sentir le vent et profiter de l’air frais. À courir, sauter et jouer chaque jour. À accepter les câlins et les contacts humains. À éviter de mordre quand un simple grognement suffit. À te coucher dans l’herbe les jours ensoleillés. Et surtout, quand quelqu’un passe une mauvaise journée : reste en silence, assieds-toi près de lui, et fais-lui sentir que tu es là. C’est là, tout simplement, le secret que les chiens nous enseignent, chaque jour, sans un mot.
On rapporte l’anecdote de cette dame catéchiste qui expliquait aux enfants la différence entre Judas qui se pendit et Simon-Pierre qui pleura amèrement et fut pardonné par le Seigneur de son triple reniement. Le traître n’a-t-il pas supprimé avec sa vie la possibilité même de recevoir la miséricorde de son Maître ? N’est-ce pas son désespoir qui est coupable ? N’aurait-il pas mieux fait d’imiter Pierre en s’ouvrant au pardon ? — Oh bien, moi, rétorqua un enfant, si j’étais Judas, je serais allé me pendre ! — Mais non enfin ! s’écria la catéchiste effarée, tu n’as rien compris, voyons, Jésus aurait certainement pardonné à Judas comme il a pardonné à Pierre. — Si, si, continue l’enfant buté, moi à la place de Judas, je serais allé me pendre. La catéchiste stupéfaite ne sait que répondre devant tant de sèche obstination mais l’enfant espiègle ajoute aussitôt : — moi si j’étais Judas, je serais allé me pendre au cou de Jésus … O bienheureuse ruse de l’enfance ! qui dira mieux l’insondable miséricorde du Sauveur, l’étreinte de Jésus qui pardonne, celle-là même dont nous faisons si souvent l’expérience, au confessionnal ! Père saint garde-moi du Mauvais, sors toi-même à ma recherche si je me suis égaré, et jette-toi à mon cou (cf Luc 15,20) lorsque je reviens à toi comme un Fils prodigue ! Car notre salut personnel non plus n’est pas assuré. Personne, sauf révélation spéciale, ne peut avoir ici-bas la certitude subjective d’être du nombre des élus. Il faut pour cela persévérer jusqu’à la fin dans l’état de grâce. Or personne ne peut savoir, d’une absolue certitude, s’il est ou non hic et nunc en état de grâce. On connaît à ce propos, la très célèbre réponse de sainte Jeanne d’Arc à ses juges : Si je n’y suis, Dieu m’y veuille mettre ; si j’y suis, Dieu m’y veuille garder. A bien plus forte raison nul ne peut savoir s’il persévèrera jusqu’à la fin dans la grâce. L’Église enseigne que la persévérance finale est un don spécial de Dieu qu’il faut demander dans la prière.
Nous ne savons donc rien d’assuré et de définitif sur notre sort éternel. N’y a-t-il pas cependant certains indices qui, sans nous fournir une certitude absolue, nous permettent de supposer néanmoins, avec une bonne probabilité, que nous persévèrerons jusqu’à la fin ? Les Pères de l’Église en ont évoqué quelques-uns d’après les Écritures. Ils ont énuméré comme signes engageants : la patience dans les adversités ; le goût de la Parole de Dieu ; la miséricorde à l’égard des pauvres ; l’amour des ennemis ; l’humilité.
Les bonus : (5004) Trouver la paix, c’est possible ? – Enseignement de Frère Thomas Joachim – YouTube