16° dim. ord B 21 juillet 2024 Saint-Antoine et Carmes

Frères et sœurs, est-ce que nous n’avons pas ici les sentiments de Jésus quand il nous considère en 2024 ?  « Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. »

A moins que le problème soit qu’il y a trop de bergers. On pourrait paraphraser le psaume : « Internet est mon berger, je ne voudrais pour rien en manquer.  Il me fait reposer dans un fauteuil confortable, il me dirige près d’une vie inutile mais tranquille.  Il divertit mon âme et je me délecte de l’injustice à cause d’internet.  Quand je suis menacé par les conséquences de mes choix, j’ignore tout mal, car tu m’aveugles. Ton écran et tes programmes, voilà tout ce qui m’intéresse. Tu dresses devant moi une table où je fraternise avec mes adversaires. Tu remplis ma tête d’illusions et mon âme évidée se laisse vivre par tes idées. Oui, le plaisir et la futilité m’accompagneront aussi longtemps que tu existeras, mais je n’habiterai jamais dans la maison du Seigneur, car tu m’en fermes la porte toutes les soirées de ma vie. »

Une jeune maman m’a envoyé ce courriel : « Les bras m’en sont tombés lorsque notre garçon de 6 ans est revenu de l’école (toute petite école privée catholique !…) en rapportant les mots de sa maîtresse qui aurait dit – à  sa classe d’enfants de 6 ans -que deux garçons pouvaient se marier…. Comment réagir ? »

J’ai répondu que je partage bien son indignation. Et que ce peut être l’occasion de dire que certains adultes ont perdu la boussole. Jules,  est-ce que tu voudrais avoir deux mamans ? Ou deux papas !? Est-ce que tu ne préfères pas un papa et une maman. Eh bien dit Jésus, ce que tu préfères pour toi, fais-le pour les autres. Est-ce que la maîtresse aurait voulu être élevée par deux papas ? Sur cette question elle n’a pas bien réfléchi. Jésus veut pour chaque enfant un papa qui protège et une maman qui écoute et câline.

Or, quand on prend Jésus pour berger il se passe inévitablement des choses. Pensons livre de Wilhelm Buntz :”le fumeur de Bible”: Une enfance martyr qui ne pouvait que le conduire à la violence. Le jour où il est arrêté, i est condamné à une très longue peine même s’il n’a avoué que 10% de ses méfaits. L’aumônier lui offre une Bible. Il s’en fiche mais c’est le seul objet qu’il peut emporter au mitard, la prison de la prison car il est violent même en prison. Il n’a pas le droit d’empoter du tabac mais il arrive à le cacher dans ses chaussettes. Et le papier ? il arrache une page de la Bible et la coupe en quatre pour quatre cigarettes. Cependant avant de fumer la page de la Bible, il la lit.   Ainsi, en 6 ans, il a lu tout l’AT. Et c’est une phrase du NT qui va bouleverser sa vie.  Son comportement change tellement qu’il a une remise de peine même après avoi avoué le reste de ses crimes. Une fois sorti, il fait le tour de tous ceux qu’il a blessés, dont il a tué un des membres de la famille, ou qu’il a volés, pour leur demander pardon. Un itinéraire étonnant car, depuis, il vit du Christ, avec le Christ et pour le Christ…

Quand on reçoit Jésus pour Berger tout peut changer.

Et pour ceux qui se demandent si être catho, être fan de Jésus, ça n’est pas un risque d’être fermé, coincé, voici le témoignage du Père Guillaume de Menthière : Le curé de paroisse que je suis n’a que peu souvent l’occasion de regarder le dimanche matin les émissions religieuses sur une chaîne de la télévision publique. Je me souviens pourtant d’avoir suivi une fois avec beaucoup d’intérêt l’émission juive, l’émission orthodoxe, puis l’émission protestante. On y voyait un rabbin qui commentait la Torah, un prêtre oriental qui déroulait les splendeurs de la liturgie, puis un pasteur qui expliquait les saintes Écritures. C’était passionnant. Puis vint l’émission catholique « Le jour du Seigneur ». Je m’attendais à voir un dominicain expliquer tel ou tel dogme de la foi catholique, ou un historien retracer la belle et riche Tradition de l’Église. Mais point du tout. Dans l’émission catholique on avait invité un imam, un athée spécialiste de la laïcité, un bonze tout d’orange vêtu pour parler du dialogue interreligieux. Dans un premier temps vous l’avouerais-je, je fus outré. Eh quoi ! les quelques minutes parcimonieuses que le service public accorde à la voix catholique, on s’en sert pour donner la parole à tous ceux qui ne partagent pas notre foi, c’est un comble ! Revenu de ma grande fureur, je me suis dit qu’au fond les cathos étaient incorrigiblement catholiques, c’est-à-dire qu’ils portaient constamment le souci de l’universel, c’était plus fort qu’eux, c’était dans leurs gènes. Les juifs avaient parlé des juifs : c’était brillant, c’était dans l’ordre. Les orthodoxes avaient célébré le culte : c’était magnifique et prévisible. Les protestants s’étaient réfugiés dans la Sola Scriptura : c’était savant et conforme à ce qu’ils sont. Mais les catholiques eux s’étaient spontanément intéressés non au cercle des leurs mais à la terre entière ! Ils avaient allongé le plus possible les cordages, planté au plus loin les piquets, élargi au maximum l’espace de leur tente (Is 54,2). Car l’Epouse du Christ ne cesse pas d’avoir conscience de cette Humanité tout entière dont elle porte dans ses flancs la destinée.

Que chacun puisse désirer nouer une relation aussi forte que possible avec Jésus.  Amen !

Les bonus : La prière de délivrance – fr. Baudouin (youtube.com)