Samedi 20 juillet 2024 souffler n’est pas piétiner

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 12, 14-21) : «En ce temps-là, une fois sortis de la synagogue, les pharisiens se réunirent en conseil contre Jésus pour voir comment le faire périr. Jésus, l’ayant appris, se retira de là ; beaucoup de gens le suivirent, et il les guérit tous. Mais il leur défendit vivement de parler de lui. Ainsi devait s’accomplir la parole prononcée par le prophète Isaïe : Voici mon serviteur que j’ai choisi, mon bien-aimé en qui je trouve mon bonheur. Je ferai reposer sur lui mon Esprit, aux nations il fera connaître le jugement. Il ne cherchera pas querelle, il ne criera pas, on n’entendra pas sa voix sur les places publiques.   Il n’écrasera pas le roseau froissé, il n’éteindra pas la mèche qui faiblit, jusqu’à ce qu’il ait fait triompher le jugement.  Les nations mettront en son nom leur espérance. »

Saint Matthieu écrit pour des communautés de judéo-chrétiens, c’est-à-dire des juifs qui se sont convertis et ont reçu le baptême. Il a grand souci de leur montrer que Jésus accomplit tout ce qui était annoncé dans l’Ancien Testament dont ils sont familiers. Aujourd’hui il cite Isaïe. Dans cette prophétie, il y a beaucoup de sujets de méditation. Retenons-en un : Jésus est annoncé comme « Celui qui n’écrasera pas le roseau froissé, qui n’éteindra pas la mèche qui faiblit. » Monseigneur Henri Brincard avait cette formule : « il ne faut pas piétiner les braises, il faut souffler dessus »

Je connais un  vieux monsieur très bricoleur dont l’atelier est aussi bien rangé et aussi propre qu’une pharmacie. Il a fabriqué lui-même un mur de tiroirs. Sur chacun d’eux, il a écrit le contenu : « vis de 4,5 x 25 » ; « pointes tête homme de 30 » ; « pointes tête plate de 40 » ; « écrous de 10 » ; « écrous de 12 » ; « boulon de 12mm x 10 cm » ; « vis cruciformes 5 x 45 » ; etc… La « nomenclature » est parfaite. Il y a aussi la rangée de tiroirs contenant les « équerres », les « happes à scellement » de « 10 », de « 12 », de « 15 » ou de « 20 » et autres « ampoules baïonnettes 60 watts », « pitons », « ampoules à vis 75 watts »,  « crampons », « tire-fonds », etc … En regardant de près, on trouve même un tiroir sur lequel il y a écrit : « Pièces diverses ne pouvant servir à rien »… Il me semble que ce tiroir illustre bien l’espérance chrétienne. Ces pièces ne peuvent servir à rien mais on les garde quand même. On ne sait jamais. Ou plutôt, secrètement, on sait qu’elles serviront un jour. L’espérance est un combiné de patience et de bienveillance. « Patienter » vient du verbe latin qui signifie souffrir. Le mot italien correspondant se dirait en français « supportation »…

Dans certaines situations, il en faut de la patience. Le Père Paul racontait ce fait paroissial : un de ses fidèles paroissiens faisait le catéchisme aux CM1 et CM 2. Il préparait donc les enfants à la communion solennelle. Il s’investissait beaucoup. Un jour, une  maman vient le trouver et lui demande pourquoi il ne veut pas que son fils fasse sa communion. Le catéchiste  lui explique que son fils n’est pas prêt, qu’il vient trop rarement au catéchisme, mais qu’il en parlera au Père Paul J. (le curé) et que c’est lui seul qui décidera. Le Père Paul rencontre cette maman et lui confirme que ce n’est pas possible que son fils fasse sa communion cette année. La maman dépitée dit d’une voix autoritaire : « Bon, eh bien, puisque c’est comme ça, je le présenterai en candidat libre ».

Comment faire pour monsieur le curé pour ne pas piétiner les braises, que faire pour tenter de ranimer le feu ? Certains convertis racontent des témoignage personnels époustouflants. Je pense à Georges qui avoue avoir embêté son curé pendant les trois mois du parcours Alpha jusqu’à la ligne d’arrivée où il a enfin baissé les armes et s’est donné à Jésus.  Je pense au Père Michel qui demandait à un couple de fiancés pourquoi ils demandaient le mariage à l’église. La fiancée lui répond : « Parce que je l’ai promis à ma grand-mère avant qu’elle ne meure ». Plutôt que de dire que ce n’était pas une bonne réponse, que ce n’était pas une raison suffisante, le Père Michel lui a dit doucement : la promesse que vous avez faite à votre grand-mère est très très importante. La Promesse que vous allez faire à votre fiancé et à Jésus va être encore plus importante.

Le baptisé, parce qu’il est un autre Jésus, n’écrase pas le roseau froissé, il  n’éteint pas la mèche qui faiblit. On peut trouver des exemples admirables justement auprès de certains couples..

Une maman de 4 enfants de 20 ans à 9 ans a un mari très difficile. Depuis des années elle ne sait que faire pour l’aider. Les médecins viennent de diagnostiquer, entre autre, une grave paranoïa.  Ils lui ont dit : « Bon courage ».  Son mari la considère comme son ennemie. Il lui dit qu’il ne l’aime plus et qu’il ne sait pas pourquoi il reste avec elle. Je les ai rencontrés l’un et l’autre, séparément. Je me suis rendu compte de la gravité de l’état du mari. Elle m’écrit : « Je suis soutenue, je me fais aider et connaissant mieux les moyens d’agir, je peux mieux répondre et ainsi permettre une meilleure communication. Mais je sais que ce sera long. et je ne connais pas le résultat. Alors j’ai inventé un mot : « je Pénélope ». J’attends mon Ulysse tout en m’occupant au maximum pour être utile et rester sereine. A côté de mon métier d’enseignante, je suis à la chorale de l’église, et je fais beaucoup de sorties avec mes enfants. La foi m’aide énormément. Je sais que ce qui nous attend de l’autre côté est magnifique, qu’il faut garder confiance sans cesse. » Seigneur bénis le Souffle de ceux qui s’efforcent de ne pas piétiner les braiser mais de les ranimer !

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