Jeudi 2 janvier 2025 le menteur
Lecture de la première lettre de saint Jean (1 Jn 2, 22-28) : « Bien-aimés, le menteur n’est-il pas celui qui refuse que Jésus soit le Christ ? Celui-là est l’anti-Christ : il refuse à la fois le Père et le Fils ; quiconque refuse le Fils n’a pas non plus le Père ; celui qui reconnaît le Fils a aussi le Père. Quant à vous, que demeure en vous ce que vous avez entendu depuis le commencement. Si ce que vous avez entendu depuis le commencement demeure en vous, vous aussi, vous demeurerez dans le Fils et dans le Père. Et telle est la promesse que lui-même nous a faite : la vie éternelle. Je vous ai écrit cela à propos de ceux qui vous égarent. Quant à vous, l’onction que vous avez reçue de lui demeure en vous, et vous n’avez pas besoin d’enseignement. Cette onction vous enseigne toutes choses, elle qui est vérité et non pas mensonge ; et, selon ce qu’elle vous a enseigné, vous demeurez en lui. Et maintenant, petits enfants, demeurez en lui ; ainsi, quand il se manifestera, nous aurons de l’assurance, et non pas la honte d’être loin de lui à son avènement. »
Dans la Bible, notamment dans les écrits de saint Jean, le conflit entre vérité et mensonge n’est pas simplement une question d’exactitude, en décrivant ce qui se passe, même si cela n’est pas indifférent. Plus profondément, c’est le conflit entre la Parole de Dieu, qui donne l’être et le fait se développer, et la parole de l’accusateur, qui sape, rabaisse et dénigre. Chesterton pensait qu’il n’y a qu’un seul péché, dire que la feuille verte est grise.
En 2025 nous sommes en plein dans cette calamité. Le pire est très bien dit par cette histoire africaine. On y raconte qu’un jour, une hyène qui pénètre dans un village y trouve un chevreau mort et l’emporte dans la tanière. Alors qu’elle se dispose à le dévorer, elle voit s’approcher toute une horde de hyènes. Elle cache en vitesse le chevreau, s’allonge sur le bord de la piste et se met à roter bruyamment et à bâiller, comme au sortir d’un superbe festin. – Pourquoi tu rotes ? Pourquoi tu bâilles ? lui demandent les autres hyènes. – Mais vous n’êtes pas au courant ? leur dit-elle. Là-bas, au village on a tué tout le bétail et on a jeté les carcasses ! J’ai mangé autant que j’ai voulu ! C’était délicieux ! Et il en reste des quantités ! Des tas ! Les hyènes font aussitôt demi-tour et foncent vers le village. A la vue de cette hâte, et de la poussière qu’elles soulèvent, la hyène se dit : – Mais on ne peut pas s’exciter ainsi pour rien ! Il doit y avoir quelque chose de vrai dans mon mensonge ! Et elle s’élance à leur suite. Nous avons l’impression que ceux qui fomentent et diffusent des mensonges y croient eux-mêmes.
Dans la Bible, l’ennemi de la vérité de Dieu est Satan, le père du mensonge. Et ses mensonges ne consistent pas seulement à ne pas dire la vérité, ou à faire des erreurs de jugement, comme le disent nos politiciens ; ce n’est même pas raconter des histoires. Sa façon de mentir est de semer le doute et la méfiance contre Dieu. Adam et Eve, il les fait se méfier de Dieu. Son nom, Satan signifie « L’Accusateur » et la Bible se termine avec une voix qui clame que « l’on a jeté à bas l’accusateur de nos frères » (Ap. 12,10).
Certes, me direz-vous, mais il y a mensonge et mensonge. Ne faut-il pas distinguer entre la tromperie et un certain amoindrissement de la vérité quelque fois nécessaire pour ne pas heurter, pour ménager les susceptibilités, pour favoriser le vivre ensemble ? Le prieur de la Grande Chartreuse, Dom Dysmas de Lassus, a montré dans un livre remarquable que la plupart des dérives sectaires dans les communautés religieuses avaient commencé par une toute petite entorse à la vérité, juste pour ne pas faire de vague. Gardons-nous donc de toutes ces finasseries car comme l’écrit saint Augustin s’imaginer qu’il pourrait y avoir un mensonge exempt de péché, c’est se tromper grossièrement.
Accueillir la vérité suppose d’avoir des oreilles pour l’entendre. On raconte l’histoire exemplaire de ce pauvre Anatole, amant si passionné de la vérité qu’il parcourait le monde en tout sens, interrogeant les anciens, fouillant les bibliothèques, consultant les sages au fond des monastères les plus reculés. De retour chez lui sa femme lui fit voir à quel point il était injuste et négligent vis-à-vis de tel ou tel de ses enfants. Mais on s’aperçut soudain qu’Anatole n’éprouvait en fait aucun intérêt pour cette sorte de vérité ! En quête de vérités sublimes, il négligeait la vérité immédiate et prochaine. Il refusait de la prendre en considération. Souvent la vérité qui nous libère est précisément la vérité qui ne nous est plus audible. Demandons au Seigneur, de pouvoir entendre cette vérité inopportune qui sera notre libération, car seule la vérité rend libre (Jn 8,32). Que Dieu étende sur nous le règne de la Vérité !
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