Lundi 2 décembre 2024 Avec des épées des socs de charrue

Lecture du livre du prophète Isaïe  (Is 2, 1-5) : « Parole d’Isaïe, – ce qu’il a vu au sujet de Juda et de Jérusalem. Il arrivera dans les derniers jours que la montagne de la maison du Seigneur se tiendra plus haut que les monts, s’élèvera au-dessus des collines. Vers elle, afflueront toutes les nations et viendront des peuples nombreux. Ils diront : « Venez ! montons à la montagne du Seigneur, à la maison du Dieu de Jacob ! Qu’il nous enseigne ses chemins, et nous irons par ses sentiers. » Oui, la loi sortira de Sion, et de Jérusalem, la parole du Seigneur. Il sera juge entre les nations et l’arbitre de peuples nombreux. De leurs épées, ils forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles. Jamais nation contre nation ne lèvera l’épée ; ils n’apprendront plus la guerre. Venez, maison de Jacob, marchons à la lumière du Seigneur. »

Toutes les premières lectures jusqu’à Noël nous annoncent Jésus. Aujourd’hui, l’image est superbe : grâce à Jésus, nous pouvons transformer des épées en socs de charrue, et des lances en faucilles ! C’est-à-dire que nous pouvons pardonner ! Rappelons-nous Maïti Girtanner.   A 16 ans déjà elle est promise à une brillante carrière internationale de pianiste. Mais en 1940, c’est la guerre. Parce qu’elle parle parfaitement et le français et l’allemand, parce que la ligne de démarcation passe au milieu de la rivière qui longe la propriété de ses parents dans le Poitou, elle entre dans la Résistance. Elle a 18 ans. Parce qu’elle est pleine d’astuce, elle fait passer des centaines de personnes et du courrier ultra secret en zone libre. Mais au bout de trois ans, elle est arrêtée et torturée à mort par Léo, un bourreau médecin. Par de multiples atteintes au système nerveux sensitif de la moelle épinière, il la condamne à souffrir atrocement au moindre toucher jusqu’à la fin de ses jours. Providentiellement, elle en sort vivante. Mais même après huit années d’hôpital, elle continuera à souffrir et ne jouera plus de piano. Elle deviendra professeur de philo et fera de l’accompagnement spirituel individuel. En 1984, Maïti reçoit un coup de fil. Elle reconnaît tout de suite la voix de son bourreau : il a réussi à retrouver sa trace. Très malade et terrifié par la mort, il n’y a qu’une personne avec qui il souhaite en parler… Alitée à cause d’un accès de douleurs, Maïti s’entend répondre :  Venez.   Elle parle longuement de la mort à Léo. Léo écoute et dit :  Cela fait du bien ce que vous me dites. Mais êtes-vous sûre que Dieu peut recevoir quelqu’un comme moi ?   Maïti rectifie :  Un homme qui a fait tant de mal .  Par ces mots, elle cherche à le mettre en vérité face à lui-même… Elle lui révèle que, depuis quarante ans, elle prie pour lui. Elle lui explique que l’amour de Dieu est tel qu’il peut tout transformer en amour.  Que puis-je faire maintenant ?   demande Léo.  Cherchez au fond de vous-même le lieu ou vous avez laissé Dieu habiter en vous, car Il habite en ses créatures même les plus enténébrées. Parlez à Dieu comme un enfant, et donnez de l’amour à tous ceux à qui vous le pouvez.  Puis Maïti se soulève et embrasse Léo :  Je me suis sentie prise par un désir fou de prendre cet homme dans mes mains pour le déposer dans le c ur de Dieu   , raconte-t-elle. Léo a murmuré :  Pardon. Longtemps Maïti a téléphoné à sa veuve pour la soutenir.

J’étais vicaire et aumônier d’un collège. Un mois avant Pâques, avec Marie-Claire, une jeune maman catéchiste, nous passons dans les classes de troisième pour leur annoncer le prochain temps fort de catéchèse sur le pardon. Je leur dis en souriant : « On vous propose ce thème parce que si un jour vous vous mariez, vous aurez à pardonner à l’autre au moins une fois par semaine. » Une semaine plus tard, Marie-Claire me dit : « Ce dimanche, nous avons reçu mes beaux-parents. J’ai raconté à ma belle-mère ce que vous aviez dit aux troisièmes. Elle m’a dit « On voit bien qu’il n’est pas marié. C’est sept fois par jour qu’il faut pardonner : les chaussettes qui traînent, le plat mal lavé, la remarque agressive, la voiture encore rayée, les courses oubliées, le beurre pas rangé à sa place dans le réfrigérateur, la lampe de la cave laissée éclairée, et puis le voisin qui met sa radio trop fort, le pingouin qui a pris deux places de parking en se rangeant de travers, le petit qui a encore mis du feutre sur la tapisserie, etc »  Il faut faire du pardon notre pain quotidien.

Ce qui nous aide à avancer dans le pardon c’est la découverte qu’il s’agit d’un processus.  C’est le Père Jean Monbourquette, prêtre et psychanalyste qui a identifié les douze étapes vers le pardon. Si vous êtes sur la première des douze marches, il vous reste du travail mais vous êtes déjà dans le pardon. – 1 : ne pas se venger et faire cesser les gestes offensants – 2 : reconnaître sa blessure et sa pauvreté – 3 : partager sa blessure avec quelqu’un de confiance et dont on est sûr de la discrétion. – 4 : bien identifier sa perte pour en faire le deuil
– 5 : accepter la colère et l’envie de se venger
– 6 : se pardonner à soi-même
– 7 : comprendre son offenseur
– 8 : trouver dans sa vie un sens à l’offense
– 9 : se savoir digne de pardon et déjà pardonné
– 10 : cesser de s’acharner à vouloir pardonner
– 11 : s’ouvrir à la grâce de pardonner
– 12 : décider de mettre fin à la relation ou de la renouveler. Car pardon ne signifie pas forcément réconciliation.

Seigneur, tu es venu pour transformer des guerriers violents en laboureurs, et des combattants haineux en moissonneurs. N’arrête pas l’œuvre de Tes Mains.  

Les bonus : Est-ce que tout est vrai dans la bible N

https://youtu.be/k6cb8X88j-4?si=TEsLiVlRVifbD-0A