Mercredi18 septembre 2024 Etiquettes

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 7, 31-35) : «En ce temps-là, Jésus disait à la foule :  « À qui donc vais-je comparer les gens de cette génération ? À qui ressemblent-ils ? Ils ressemblent à des gamins assis sur la place, qui s’interpellent en disant : “Nous avons joué de la flûte, et vous n’avez pas dansé. Nous avons chanté des lamentations, et vous n’avez pas pleuré.” Jean le Baptiste est venu, en effet ; il ne mange pas de pain, il ne boit pas de vin, et vous dites : “C’est un possédé !” Le Fils de l’homme est venu ; il mange et il boit, et vous dites : “Voilà un glouton et un ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs.” Mais, par tous ses enfants, la sagesse de Dieu a été reconnue juste. »

Cette petite parabole de Jésus nous parle des difficultés de l’évangélisation malgré tous les registres que nous essayons de tirer, malgré toutes les formes qu’elle peut prendre (animation musicales, accompagnement des familles en deuil, porte à porte, réseaux sociaux, amitié toute simple, service discret ou interpellation, ….) Mais arrêtons-nous aujourd’hui sur les étiquettes que leurs contemporains avaient collées sur Jésus et sur saint Jean Baptiste. Glouton et ivrogne pour Jésus, Possédé pour saint Jean-Baptiste ! Nous sommes tellement prompts à coller des étiquettes sur les autres !!

Mais comment ça marche cette pose d’étiquette sur les autres et même sur soi-même ?

Avec les jeunes collégiens, nous prenons du temps pour découvrir les trois couches de notre personnalité… Il y a la façade c’est à dire l’aspect extérieur. Quelquefois, on est assez stupide pour juger sur la façade et en rester à la façade : « oh le rouquin ! oh le gros ! Oh la girafe, oh le bigleux (pour parler de quelqu’un qui porte des lunettes), etc etc..  Or la façade, notre silhouette, notre physionomie ne disent rien de notre personnalité, de notre cœur. On a vu des personnes handicapés physiques et suprêmement intelligentes ; pensons à Stephen Hawking physicien et cosmologiste britannique, à Jean-Christophe Parisot haut fonctionnaire français et un diacre permanent de l’Eglise de France, etc etc…  

Il y a deuxièmement la carapace (appelée aussi  l’étiquette ou le masque) : chez les uns, de la timidité, des peurs ; chez d’autres, de l’agressivité, de la méfiance, ou de la suffisance. Prenons un cas : Victor a un frère aîné brillant qui a toujours réussi ses apprentissages : il a appris à marcher très tôt, il a été propre très tôt, il est soigneux, il range bien ses affaires, il est docile. Victor lui est plus brouillon, plus turbulent, il est maladroit, il est plus lent. Et il y a toujours quelqu’un de bien intentionné chez ses parents ou ses grands-parents ou ses oncles et tantes pour lui dire : « mais enfin Victor, pourquoi tu ne fais pas comme Luc ? » Bref, à côté de ce grand frère, Victor a du mal à exister. Et puis un jour, en CE2, en sortant une petite bêtise il fait rire toute la classe : il vient de trouver le moyen d’exister. Victor va devenir le clown de service, le meneur qui occupe la place en faisant rire. Et trois ans plus tard, les enseignants sont obligés de lui dire « Ecoute Victor tu nous as bien fait rire mais laisse nous travailler, tais-toi sinon tu passes à la porte »  Et Victor lui-même peut passer sa vie en pensant qu’il est Le clown. IL y a plein d’autres étiquettes :un tel vivra en pensant  « je n’intéresse personne ». « asocial » ; un autre sera le chahuteur ; un autre l’intello, un autre encore le « sans problème » ou un autre « à problèmes » le « cas soce « ! …etc etc… Mais derrière cette carapace, cette étiquette, il y a notre trésor, notre caverne d’Ali Baba. Ali Baba ne savait pas qu’il possédait un trésor. Il ne voyait que des rochers. Il a commencé à découvrir son trésor le jour où il a entendu un voleur prononcer le sésame. Cela nous donne une précieuse indication ! Comment allons-nous découvrir notre trésor ? Si on demandait à chacun en ce moment : dis-moi une de tes qualité, on aurait sans doute un grand silence ;  nous voyons  plus facilement nos défauts. Nous doutons facilement de nous-mêmes.  On va découvrir le trésor en entendant le bien que les autres disent de nous, en accueillant sans fausse modestie les qualités qu’ils apprécient en nous. Le Seigneur n’a raté personne à la distribution.

Conclusion : méfions des étiquettes. Le fait de les appeler carapace dit leur côté positif : elles peuvent nous protéger car personne n’est un aquarium transparent à tout le monde, Dieu merci. Mais une étiquette, c’est toujours très restrictif, et pas juste.

Celui qui vous dit d’une autre personne : « Elle gagne à être connue ! » la connaît davantage que vous, il vous invite à la regarder différemment, à la regarder avec le cœur plutôt qu’avec les yeux, pour découvrir que, sous une carapace extérieure peut-être un peu repoussante, cette personne a un « intérieur » rempli de bonté et de bienveillance.

Puissions nous dire volontiers : « Cette personne gagne à être connue » et dire à chacun dès que nous en avons l’occasion : « Ce que j’apprécie en toi c’est …. L’autre jour, quand tu as dit ceci, tu m’as éclairé… Je trouve que tu es doué pour… N’attendons pas les enterrements pour dire du bien de nos proches. Recherchons activement le bien qui est en eux et exprimons le !

Les bonus : Le débat des Primaires Parodie Gad Elmaleh et Jamel Debbouze (youtube.com)