Mercredi 18 décembre 2024 Terre Promise en vue
Lecture du livre du prophète Jérémie (Jr 23, 5-8) : « Voici venir des jours – oracle du Seigneur –, où je susciterai pour David un Germe juste : il régnera en vrai roi, il agira avec intelligence, il exercera dans le pays le droit et la justice. En ces jours-là, Juda sera sauvé, et Israël habitera en sécurité. Voici le nom qu’on lui donnera : « Le-Seigneur-est-notre-justice. » C’est pourquoi, voici venir des jours – oracle du Seigneur – où, pour prêter serment, on ne dira plus : « Par le Seigneur vivant, qui a fait monter du pays d’Égypte les fils d’Israël », mais :« Par le Seigneur vivant, qui a fait monter du pays du nord les gens de la maison d’Israël, qui les a ramenés de tous les pays où il les avait chassés. » Car ils demeureront sur leur sol ».
Le prophète Jérémie ne nous parle-t-il pas de l’accès au Ciel rendu possible par Jésus ? Il est question en effet par deux fois de monter. De même que les hébreux par la grâce de Dieu sont montés d’Egypte jusqu’à la Terre Promise, de même par la grâce de Jésus nous pouvons prétendre monter au Ciel, la Terre Promise définitive. Nous serons ramenés de tous les pays où nous étions dispersés. Il y a même peut-être une évocation de la résurrection : « Ils demeureront sur leur sol »… En tous cas, on pourra dire : « le Seigneur est notre Justice »
Qu’est-ce que le Ciel, qu’est-ce que le Paradis ? Le Concile Vatican II a défini le salut comme « l’union intime avec Dieu et l’unité de tout le genre humain ». Union intime avec Dieu ! Ce doit être quelque chose ! On en parle en terme de vision : la Vision Béatifique. Quand on voit les couchers de soleil, la beauté du visage humain qui n’est pourtant qu’un reflet de celui du Seigneur, on peut se dire que le Ciel ce sera fantastique. Ceux qui sont plutôt introvertis envisagent le diner aux chandelles tel que Jésus le laisse entrevoir : « je prendrai mon repas avec lui et lui avec moi ». D’autres entendent plutôt « unité du genre humain » et certains qui aiment danser voient le ciel comme une extraordinaire fiesta, d’autres comme des parties de pétanque inépuisables. Je connais une professeure de philosophie qui s’imagine déjà avoir des rendez-vous personnels avec Platon, Aristote, saint Augustin, saint Thomas d’Aquin, René Girard, Emmanuel Levinas, ou Paul Ricoeur. Le meilleur sera porté à sa Plénitude.
L’unité du genre humain : nous en avons bien des avant-goûts quand nous vivons des amours ou des amitiés très intenses. Et cependant force est de constater que nos affections sont toujours marquées un jour ou l’autre par des agacements, des désaccords, des malentendus, des tensions. Donc l’unité de tout le genre humain, sans plus aucune ombre, sans plus aucune gêne ni aucune amertume, ce sera un grand miracle du Seigneur. Or quand on lit l’évangile, on voit que Jésus a refusé de faire certains miracle come transformer de pierres en du pain ou sauter du haut du temple ou descendre de la croix. Chaque fois qu’il accomplit un miracle, on peut être sûr qu’il y a participation de l’homme. Bien sûr il nourrit 5000 hommes sans compter les femmes et les enfants, mais il a fallu que l’un d’entre eux donne son piquenique, ses cinq pains et ses deux poissons. Bien sûr il transforme 700 litres d’eau en du vin mais il a fallu que les serviteurs s’éreintent au puits. Bien sûr il redonne ses jambes au paralysé de Capharnaüm, mais il a fallu que quatre hommes aient assez d’audace pour le lui amener en passant par derrière sur les toits des maisons. Au minimum, il demande la foi. La mort nous fige dans nos postures. Elle peut nous surprendre alors que notre rapport à l’argent n’est pas très libre, alors qu’il y en a nous des poches de jalousie, de rancune, d’égocentrisme, que bien des zones de nôtre être ne soient pas encore évangélisées. La Bonne Nouvelle c’est que le Seigneur nous sauve en famille, e nous inscrivant dans un réseau qui s’appelle l’Eglise. Après la mort nous ne pourrons plus poser d’actes pour demander pardon, pour nous confesser, pour partager, pour accomplir un pèlerinage réparateur, etc.. Nous ne pourrons que nous laisser faire. Ce n’est pas rigolo ; ceux qui se retrouvent sur un lit d’hôpital très dépendants le savent. Il faut triompher de son orgueil. Mais c’est possible. Le saint Curé d’Ars appelait le purgatoire « l’infirmerie du Bon Dieu ». Et nous, pour aider nos défunts , le moyen le plus efficace, c’est la messe. La messe c’est l’Action par excellence de Jésus. C’est Jésus qui rend actuel le plus grand acte d’amour de tous les temps, la Croix. Elle nous donne un avant-goût de cette famille où chacun sera le tout de l’autre. Cela ne peut pas être comme des pommes sur le pommier, parce que, dans cette situation, chacune est finalement pour soi et le soleil pour tous. Cela ne peut pas être non plus comme des fruits dans une même corbeille : il y a diversité, mais juxtaposée. La meilleure comparaison ne serait-ce pas la compote ? Ce serait une communion passée à la moulinette ou au mixer…? Tout y passe en effet : la peau, les pépins. Il en sort un jus plein de vitamines. Mais un jus uniforme : chacun y a perdu sa personnalité. En fait, il existe une meilleure solution : la salade de fruits. Chacun reste lui-même : poire, pomme, banane, ananas. Et chacun bénéficie du goût propre de l’autre. Mais à une condition : accepter évangéliquement d’être coupé en quatre, dix ou douze morceaux si l’on est un beau fruit. Seuls les très humbles restent entiers : une cerise, un grain de raisin, une groseille… Pourquoi l’humilité ? Parce que l’on pressent bien que l’on n’entre pas chez Dieu, à cheval, comme en pays conquis. Si l’on parle de pardon, c’est que nous espérons un Don au-delà du possible, un Don par-dessus le marché, un Don hors de notre portée. Un jour j’expliquais à des enfants de CE2 que si l’on avait à former ce mot aujourd’hui on dirait sans doute un Sur-Don, ou un super-Don. Un petit Louca m’a dit : « Père, on dirait plutôt un méga-Don » !… Dieu veut nous méga-donner. Il est parmi le Germe juste.
Les bonus : https://youtu.be/t71qs9yNQpw?si=W2U1Jxe3XQkGEzSu