Mardi 17 septembre 2024 Résurrection
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 7, 11-17) : « En ce temps-là, Jésus se rendit dans une ville appelée Naïm. Ses disciples faisaient route avec lui, ainsi qu’une grande foule. Il arriva près de la porte de la ville au moment où l’on emportait un mort pour l’enterrer ; c’était un fils unique, et sa mère était veuve. Une foule importante de la ville accompagnait cette femme. Voyant celle-ci, le Seigneur fut saisi de compassion pour elle et lui dit : « Ne pleure pas. » Il s’approcha et toucha le cercueil ; les porteurs s’arrêtèrent, et Jésus dit : « Jeune homme, je te l’ordonne, lève-toi. » Alors le mort se redressa et se mit à parler. Et Jésus le rendit à sa mère.La crainte s’empara de tous, et ils rendaient gloire à Dieu en disant : « Un grand prophète s’est levé parmi nous, et Dieu a visité son peuple. » Et cette parole sur Jésus se répandit dans la Judée entière et dans toute la région. »
Jésus ressuscite ce jeune homme par compassion pour sa maman qui était déjà veuve mais aussi pour annoncer sa propre résurrection, et la nôtre. On a vu à la télévision le journaliste Pascal Praud interpeler Charlotte D’Ornellas qui ne cache jamais sa foi catholique : « Comment vous, Charlotte qui êtes d’une intelligence supérieure, pouvez-vous croire en la résurrection ? » Elle n’a pas eu le temps de faire une démonstration mais elle a commencé par dire que sa foi a été de plus en plus confortée, au fur et à mesure qu’elle découvrait dans l’Eglise autant de sommités d’intelligence, comme saint Thomas d’Aquin a-t-elle dit, pour ne citer que lui.
La résurrection ! un corps s’inscrit dans un contexte spatio-temporel. Comment se situe-t-il donc dans un contexte d’éternité? Voici un extrait de l’explication que le Père Guy Vandevelde a donné un jour à une de ses nièces : Je propose une réponse de saint Thomas d’Aquin. Effectivement, le corps ici-bas, est situé dans le contexte spatio-temporel, exerçant ses fonctions corporelles au service de l’âme qui s’exprime et fonctionne par lui et à travers sa médiation. Dans l’au-delà, le corps est ressuscité non plus pour exercer cette médiation qui n’est plus nécessaire, mais pour la beauté de l’âme et son intégrité “d’âme incarnée”. Saint Thomas prend cet exemple: C’est un peu comme les mamelles sur le corps de l’homme, qui ne servent pas à nourrir ses petits, comme chez la femme, mais ne sont là que pour la beauté de son corps; ainsi en sera-t-il du corps ressuscité, qui est là pour la beauté de l’âme et non plus pour sa fonction. De sorte que le corps ressuscité n’existe précisément plus dans l’espace et le temps, (où il grandit et se corrompt) mais dans son âme. Ce que l’on peut comprendre, puisqu’ici bas c’est elle qui l’anime, et que là-haut c’est elle aussi qui lui communiquera sa vie éternelle incorruptible. Si l’âme semble un support un peu “éthéré” pour soutenir un corps qui n’est pas dans l’espace mais en elle, il faut se rappeler que les réalités spirituelles, incorruptibles, sont plus consistantes, malgré les apparences, que le rocher qui s’effrite… Par ailleurs, dans la vie éternelle, c’est la gloire de Dieu qui maintient dans l’être tout ce que sa création a fait et que sa grâce a sauvé et porté à leur accomplissement plénier: s’il a fallu temps et espace pour avoir les grands parents puis les petits enfants, une fois qu’on a les uns et les autres dans l’éternité et non plus dans le devenir, ils sont dans la réalité éternelle comme ils étaient dans le projet de Dieu avant la création, c’est à dire les uns avec les autres, les uns par les autres et les uns pour les autres, dans Son amour et par Lui.
La résurrection concerne mieux que des individualités, elle concerne les personnes. La nuance est cruciale. L’in-dividu dit l’en soi, indivisé en lui-même et divisé de tout le reste; autant d’individus, autant d’entités, autant de numéros, autant d’incommuniqués. La personne dit au contraire la personnalisation unique de l’individu par sa relation au reste. Chacun se personnalise et se distingue des autres par sa manière d’être. Les individus sont posés dans l’être en rang d’oignons, les personnes sont autant de “tour d’être”, de “tournure”, de “style”, de relations toujours nouvelles, toujours nouvellement entretissées qui font à la fois la personnalité unique de chacun et sa communion aux autres. La résurrection glorieuse sera notre suprême personnalisation, est aussi notre suprême communion à tout le reste, où tout notre “en soi” est relationnel, et où toutes nos relations sont notre vie la plus intime, c’est le cas de dire notre coeur le plus cher. Chacun se réjouira autant de son propre bonheur que du bonheur des autres comme le sien propre, lequel bonheur consistera justement à le partager aux autres et à se réjouir qu’ils se réjouissent du nôtre autant que du leur et ainsi dans la redondance infinie de l’amour qui fait l’unité de tout sans rien noyer ni confondre. Dans le genre “je suis content. je suis content que tu sois content. tu es content. tu es content que je sois content. je suis content que tu sois content que je sois content. tu es content que je sois content que tu sois content que je sois content. je suis content que tu sois content que je sois content que tu sois content que je sois content que tu sois content. Ce qui est un peu risible ici-bas, parce que nous souffrons d’une incommunicabilité naturelle, sans parler infirmité et péché.. sera magnifique là-haut à cause de la communion surnaturelle de par Dieu, où tout sera enfin “personnel”
et non pas individuel.
Les bonus : Hildegarde de Bingen : De Spiritu Sancto (Esprit Saint, vivificateur de Vie) (youtube.com)