17 novembre 33° B La mort fin du monde

Frères et sœurs,

Au premier abord, les textes de ce dimanche semblent parler de la fin du monde. Et s’ils parlaient d’abord de la mort ? La fin du monde pour chacun c’est l’heure de sa mort. Le Seigneur a levé le voile sur le mystère de la mort.

Le prophète Daniel : « temps de détresse… mais délivrance,… éveil, les uns pour la vie éternelle, …pour d’autres honte et déchéance éternelles »…
            Le psaume 15 :  « tu ne peux m’abandonner à la mort … devant ta face, débordement de joie ! À ta droite, éternité de délices ! »

La lettre aux Hébreux : « Jésus  … s’est assis pour toujours à la droite de Dieu…Par son unique offrande, il a mené pour toujours à leur perfection ceux qu’il sanctifie. »

L’Évangile : « Ce jour-là, … après une grande détresse,… on verra le Fils de l’homme venir dans les nuées avec grande puissance et avec gloire. »

Dans ces pages, nous pouvons donc recueillir beaucoup de renseignements : que la mort soit un temps de détresse, c’est évident. On n’y va pas de gaité de cœur. Tout le monde veut aller au Ciel mais personne ne veut mourir. Mais la mort n’est pas un mur, une chute dans le néant. C’est une rencontre. C’est à un rendez-vous que nous nous préparons. Nous verrons Jésus. Pour les bouddhistes, il s’agit de se fondre dans le nirvana comme la goutte d’eau se fond dans l’océan. C’est la dilution de toute personnalité. Pour les musulmans, c’est un paradis dans lequel Dieu restera encore très très lointain, invisible, inaccessible. Ste Thérèse de l’Enfant Jésus a résumé toute la révélation en disant que le Ciel c’est la Trinité. A moins d’avoir une idée très petite de celui qui tient dans ses mains tout l’univers, qui oserait prétendre entrer chez lui, dans son intimité, à cheval, comme en pays conquis ?

Et c’est toute la question : est-ce que nous serons sauvés ? Qu’est-ce que le salut ?  Etre sauvé c’est la mise en conformité avec le Don qui nous a été fait. Nous avons une vie pour être en adéquation avec l’Amour du Seigneur incommensurable. En effet, pourquoi sommes-nous sur la terre ? Pourquoi moi personnellement j’existe ? Le professeur Hawking disait aux jeunes : « il y a deux jours importants dans ta vie : le jour où tu nais et le jour où tu sais pourquoi tu es né ». Si l’on suit Jean-Paul Sartre, « on nait par hasard et on meurt par accident », mais on peut trouver la vraie raison pour laquelle on est né ; c’est saint Paul qui l’écrit : « Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ ! Il nous a bénis et comblés des bénédictions de l’Esprit, au ciel, dans le Christ. Il nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, sous son regard, dans l’agapé. » (Ephésiens 1, 4-8) 

Nous sommes confrontés au péché celui des autres et le nôtre !. L’évangile nous apprend contrairement aux Media actuels, qu’un acte ne peut pas nous condamner définitivement. Il faut dire et redire que l’être humain est toujours « sauvable ». L’homme n’a pas qu’un visage de monstre. Tout être humain a des qualités, des circonstances atténuantes, des blessures ; avec la grâce de Dieu tout peut être rattrapé. Le péché contre l’Esprit-Saint c’est quand on pense qu’on n’est pas pardonnable. J’ai fermé la possibilité que Dieu me pardonne. Dans une église à Lyon, il y avait une belle inscription sur un confessionnal « Ici on ressuscite ». Un jeune d’un groupe dit à leur animateur : « J’y vais ». L’animateur qui les accompagnait ne s’attendait pas à ce que ce jeune-là aille se confesser. Or, ce jeune ressort du confessionnal un moment après en disant « Je n’ai pas été jugé ». Que voulait-il par-là ? « Je n’ai pas été mis à l’écart de la miséricorde divine ».

            Il faut dire cependant ceci : tout homme est sauvable … tant qu’il est en vie sur terre. A la mort, nous sommes irrémédiablement fixés dans l’orientation de vie que nous avons choisie, l’option fondamentale sur laquelle Dieu était en droit de nous attendre (car il ne peut pas demander à tout le monde la même chose). Notre volonté s’appliquera éternellement. Il n’y aura pas de retour.

Et cela nous renvoie à l’importance de chaque instant. Est-ce que je me donne ou est-ce que je me replie ? Est-ce que c’est mon ego qui compte ou Jésus ? Voilà pourquoi lorsque nous prions le je vous salue Marie, nous demandons à la Vierge Marie de nous aider à réussir les deux seuls instants qui comptent : l’instant présent, le main-tenant, le seul instant que la main puisse tenir, le main-tenant, et l’instant de la mort où nous espérons bien basculer dans la Plénitude de l’amour de Dieu. C’est l’amour dont nous remplissons chaque instant qui germera dans l’éternité. Pourtant, nous savons que la responsabilité humaine, ce n’est pas la chose la plus absolue, c’est l’amour de Dieu qui est le plus sérieux dans la vie d’un homme. C’est pour confesser cela que nous célébrons l’eucharistie pour nos défunts. A l’homélie d’une messe télévisée, le Cardinal Marty s’exprimait ainsi : « Nous devons nous préparer à la mort comme nous nous sommes préparés à la première Communion : car c’est une Rencontre avec Le Seigneur vers Qui nous allons… et qui vient vers nous : La Mort est une Communion ». Par sa croix Jésus a jeté un pont. Ce qui aurait dû être la fin du monde est devenu le but de la vie le plus enthousiasmant. Amen

Les bonus : L’anthropologue et le prêtre, regards croisés sur la spiritualité (entretien avec l’abbé Romain) (youtube.com)