Mardi 17 décembre 2024 Le lion de Juda

Lecture du livre de la Genèse (Gn 49, 1-2.8-10) : « En ces jours-là, Jacob appela ses fils et dit : « Assemblez-vous ! Je veux vous dévoiler ce qui vous arrivera dans les temps à venir. Rassemblez-vous, écoutez, fils de Jacob, écoutez Israël, votre père. Juda, à toi, tes frères rendront hommage, ta main fera plier la nuque de tes ennemis et les fils de ton père se prosterneront devant toi.  Juda est un jeune lion. Tu remontes du carnage, mon fils. Il s’est accroupi, il s’est couché comme un lion ; ce fauve, qui le fera lever ? Le sceptre royal n’échappera pas à Juda, ni le bâton de commandement, à sa descendance, jusqu’à ce que vienne celui à qui le pouvoir appartient, à qui les peuples obéiront. »

Le lion de Juda, il y eut une communauté issue du Renouveau Charismatique qui s’appelait ainsi. Et puis, un jour son fondateur a expliqué qu’ils décidaient de changer le nom. Le lion de Juda est devenue les Béatitudes. Ephraïm expliquait avec humour qu’ils recevaient du courrier à l’adresse du Lion du Judo, ou du lion de Judas, avec un « s », l’apôtre qui a trahi Jésus, ou de Léon de Juda. Certains les plaisantaient en leur demandant s’ils allaient repeindre la cage du lion… Les Béatitudes c’est aussi bien en effet pour qui n’a pas la culture biblique.

Le Lion de Juda a pour origine le livre de la Genèse dans lequel le lion est l’emblème de la Tribu de Juda. Le Lion de Juda est actuellement sur le blason israélien de Jérusalem. Dans la Genèse, – nous venons de l’entendre – C’est le patriarche Jacob qui désigne son fils Juda par l’expression  « jeune lion ». Dans le christianisme, le lion de Juda représente Jésus. Dans l’Apocalypse (Apocalypse 5,5) on peut lire : « Ne pleure point ; voici, le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David, a vaincu pour ouvrir le livre et ses sept sceaux. ». Inspiré par le Lion de Juda, l’écrivain chrétien C.S. Lewis fait du lion Aslan une figure et une représentation christique dans Le monde de Narnia. La « communauté du Lion de Juda et de l’Agneau Immolé » est donc une communauté charismatique chrétienne fondée en 1973, qui prend ensuite le nom de « communauté des Béatitudes ».

Peut-être connaissez-vous la parabole du petit lion : un jour dans la savane,une lionne meurt laissant un bébé lion. Une brebis l’adopte et l’allaite. Mais problème : le lionceau se prend pour un agneau. Il bêle, il broute. Un jour, cependant, il rencontre un vrai lion qui le conduit au bord d’un lac. Voyant son reflet dans l’eau, il découvre alors sa vraie nature… Devinez qui est ce lion qui nous révèle notre vraie nature ! on le voit le jour de la Transfiguration. En même temps que nous découvrons la vraie nature de Jésus, nous prenons conscience de ce que nous sommes fondamentalement. Jésus est Dieu le Fils. Il est la deuxième Personne de la Sainte Trinité. Et de par son Incarnation, nous sommes ses frères adoptifs. Nous ne sommes pas issus d’un big-bang aveugle mais de la tendresse du Cœur de Dieu ! Et nous sommes des lions !

Le Père Henri Caffarel dans Présence à Dieu – Cent lettres sur la prière raconte : Vers la fin de sa vie, pour mieux trouver Dieu, un saint homme se retira dans une grotte de la montagne. Les paysans des environs ne manquaient pas de lui faire porter des fruits et des galettes et parfois ils montaient jusqu’à lui. Les jeunes gens protestaient contre ces prodigalités pour un homme inutile. Mais les vieux faisaient taire ces jeunes rationalistes : ” Il faut envoyer des offrandes à un saint homme, qu’il vive ou non pour le bien de quelqu’un. La sainteté n’est-elle pas le joyau de l’existence ? ” Au bout de vingt ans, un jour on le trouva étendu mort à l’entrée de la grotte. Six semaines plus tard, un crime horrible se commit dans le village. La population fut bouleversée de dégoût et de peur. Les anciens partirent jeûner et prier. Tout à coup l’un d’eux s’écria : ” J’ai découvert le secret. ” Et devant les paysans rassemblés il s’expliqua : ” Il est vrai que le saint homme, tout le temps qu’il vécut dans sa grotte, n’a jamais levé un doigt pour nous aider, ni porté secours à un miséreux, ni soigné un malade. Mais la vertu engendrait la vertu, la vie produisait une vie meilleure. Tout allait bien parmi nous. Pas un homme n’a enlevé la vie à son frère tant que le saint a vécu. La piste n’est-elle pas claire ? Il n’a jamais travaillé pour nous, mais sa présence de lion éloignait de nos portes le loup du malheur. “

Sa présence de lion ! … Et le père Caffarel commente : « Ne peut-on pas parfois surprendre la stratégie du Seigneur : pour s’obliger à ne pas se détourner de telle famille coupable, de tel petit village déchristianisé, il suscite en leur sein une âme de prière. Et il bénit ce lieu, ce groupe humain où il possède un enfant chéri : c’est un jeune infirme, une humble paysanne, un pauvre curé de campagne tout brûlant de prière… La prière de ces intercesseurs n’est autre que la prière du Christ lui-même, sinon elle ne serait rien, elle ne serait pas. Prière du Christ, suscitée en eux par l’Esprit du Christ. Cet Esprit dont un des noms propres est Paraclet : avocat, défenseur, intercesseur. Et sans doute l’Esprit Saint plaide pour ceux en qui il demeure, mais en même temps, en ceux-là et pas ceux-là, il intercède pour l’humanité. Intercéder, c’est vraiment un des grands mots du vocabulaire de la prière. C’est vraiment une très haute fonction : elle témoigne à la fois d’un grand amour de Dieu et d’un grand amour des hommes.

Les bonus : https://youtu.be/a0ufSI0b8fg?si=5NdU6FdK398QmPGP