16 mars 2025 Deuxième dimanche de Carême. Son Exode

Frère et sœurs, je le dis avec un peu d’humour. J’ai dû prêcher environ 80 fois sur cette page d’évangile. Puisque nous l’entendons à chaque deuxième dimanche de carême et chaque 6 août, fête de la transfiguration. Comment être original ? Je choisis de commenter le verset de l’évangile selon saint Luc qui n’est pas dans celui selon saint Matthieu ni dans celui selon saint Marc. En effet, saint Luc est le seul à préciser ce que faisaient Moïse et Elie.  « Voici que deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Élie, apparus dans la gloire. Ils parlaient de son départ qui allait s’accomplir à Jérusalem. » Moïse et Elie, sont bien deux personnes qui ont existé et que nous pourrons rencontre nous aussi au Ciel. Mais ils représentent tout l‘Ancien Testament. Moïse : les cinq premiers livres que l’on appelle le Pentateuque : Genèse, Exode, Nombre, Lévitique, Deutéronome. Et Elie représente tout le reste que Jésus appelle « Les Prophètes ».

Ainsi tout l’Ancien Testament ne parle au fond que d’une chose : le Départ de Jésus, son Exode, littéralement, son Passage, sa Croix. Dans le film de Mel Gibson La Passion, Jésus fait un geste qui déconcerte, étonne, les soldats romains ; il embrasse sa croix. Nous employons parfois l’expression “l’horrible Passion”. C’est une expression malheureuse, c’est le cas de le dire, car elle pose un regard sans foi sur la Passion. Lorsque le Canon Romain (la Première Prière eucharistique) en parle, il n’hésite pas à dire “sa bienheureuse passion”, et dans le chapelet de la Miséricorde divine “sa douloureuse passion”. Ces deux expressions sont plus justes. Malgré son horreur on ne peut parler de la Passion avec justesse qu’en disant avec toute la foi de l’Eglise culminant au coeur de la Prière Eucharistique: sa bienheureuse passion. Car Jésus était heureux de montrer tout son amour au Père et de nous sauver au point que nous le rejoindrions jusque dans sa mort, pour partager aussi sa résurrection. Est-ce que Dieu avait besoin que celui qui lui était le plus cher aille sur la terre, et par sa douloureuse passion, apaiser sa colère contre l’humanité ? Est-ce que c’est son sens de la Justice qui exigeait ce sacrifice ? « D’accord, les hommes scandaleusement méchants auront droit à rentrer au paradis mais cela se paie ! Eh bien, mon Fils, c’est toi qui vas payer… » Le connaissant un peu, je pense que le Père, le Fils et le Saint Esprit ont fait un colloque. Le Père disait : « Je vais y aller ». « Ah non ! » a dit le Fils, c’est moi qui dois y aller ». Et le Saint Esprit : « Non ! c’est à moi… ». Le Père a dit : « Toi, tu iras plus tard… pas tout de suite. » Alors, le Père s’est laissé convaincre par le Fils qui a dit : « Il vaut mieux que ce soit moi qui y aille, je leur apprendrai à dire : « Notre Père qui es aux cieux », ils auraient du mal à dire : Notre Fils qui es aux Cieux. »

Jésus réussit à Passer et fait Passer. Alors où est-il question du passage de Jésus de la mort à la vie, de la terre au Ciel ? Partout dans l’Ancien Testament. On appelle cela des « préfigurations ».  Quelques exemples : le Déluge : Noé préfigure Jésus qui sauve en construisant l’arche c’est à dire l’Eglise.  Le sacrifice d’Isaac : Isaac préfigure Jésus qui porte le bois du sacrifice sur le mont Moriya. L’histoire extraordinaire de Joseph et ses onze frères qui le persécutent et le vendent mais qui devient ainsi premier ministre de Pharaon et sauveur de ses frères.  Moïse sauvé des eaux qui devient le libérateur du Peuple.  Le Passage de la Mer Rouge à pieds secs.  Isaïe annonçant le Messie comme un agneau conduit à l’abattoir, qui rendra juste, qui ajustera la multitude.

Nous entendrons tous ces textes dans les semaines à venir à l’approche de la Semaine Sainte.

La croix est vraiment l’Exode de Jésus vers le Ciel. Et son souhait c’est que nous lui emboitions tous le pas .Et la croix aujourd’hui en 2025 c’est la messe. Imaginons. Christophe, un enfant très pauvre veut envoyer un petit cadeau à un correspondant en Afrique. Il se prive de plusieurs cadeaux pour pouvoir lui envoyer quelques médicaments, un beau tee-shirt, des friandises et un très beau livre. Christophe confectionne le paquet patiemment. Il ne faut pas qu’il dépasse deux kilogrammes. Quand enfin il a réussi à constituer le paquet, il s’aperçoit que l’envoi coûte très cher, trop cher pour lui en tout cas. Il est très déçu. Quel dommage, son paquet ne parviendra jamais à son ami !… Il est vraiment très attristé. Et puis un matin, Christophe apprend qu’un ami très riche s’apprête justement à envoyer au même correspondant, de l’autre côté de la mer, un conteneur entier de marchandises. Quelle aubaine ! Christophe va glisser son petit paquet dans l’énorme conteneur. Il demande à son ami de joindre son tout petit cadeau  au sien. Et ainsi le tout petit cadeau arrivera avec le grand cadeau, et il réjouira le coeur de celui qui le recevra. Mais jamais il n’aurait pu arriver s’il n’avait été joint au cadeau de celui qui était riche. Nous voulons offrir à Dieu nos petits sacrifices, notre cœur, nous-mêmes, mais nous sommes pauvres en Amour et surtout bien marqués par le péché Jésus s’offre à Dieu son Père. Son coeur est rempli d’Amour. Alors, nous demandons à Jésus de joindre nos petits sacrifices, notre coeur, nous-mêmes, à son sacrifice à Lui. Et ainsi, nos tout petits sacrifices arriveront avec le Sacrifice de Jésus. Nos coeurs blessés par le péché n’ont pas assez d’Amour pour parvenir jusqu’à Dieu, s’ils ne sont pas offerts par Jésus, avec Jésus, en Jésus. Le pape Benoît XVI écrit dans son encyclique « Dieu est amour » : « L’Eucharistie nous attire dans l’acte d’offrande de Jésus … nous sommes entraînés dans la dynamique de son offrande. » Amen !

Les bonus ; Les dangers de l’occultisme – Conférence, questions, réponses du P Beaublat, exorciste – 2ème partie