Vendredi 13 décembre 2024 si seulement !

Lecture du livre du prophète Isaïe (Is 48, 17-19) :  «Ainsi parle le Seigneur, ton rédempteur, Saint d’Israël : Je suis le Seigneur ton Dieu, je te donne un enseignement utile, je te guide sur le chemin où tu marches. Si seulement tu avais prêté attention à mes commandements, ta paix serait comme un fleuve, ta justice, comme les flots de la mer. Ta postérité serait comme le sable, comme les grains de sable, ta descendance ; son nom ne serait ni retranché ni effacé devant moi.

« Si seulement tu avais prêté attention à mes commandements, ta paix serait comme un fleuve » ! Une blagounette. Dans une petite ville de province, un voyageur sort de la gare et prend un taxi. Le chauffeur démarre et brûle tranquillement le premier feu rouge. – « Vous venez de passer au rouge… », fait remarquer le client.  – « Je sais ! Ne vous inquiétez pas, mon beau-frère le fait tout le temps ! »  Au deuxième feu, il a déjà pris de la vitesse et passe à nouveau au rouge.  – « Oh ! sursaute le passager. Vous en avez encore brûlé un ! »  – « Et alors ? Je vous dis que mon beau-frère le fait sans arrêt, il n’a jamais eu de problème… » Au troisième feu, le taxi, lancé à fond, passe au rouge sans même ralentir. – « Mais vous êtes fou ! crie le client. Vous allez nous tuer !  – Mais non, rassurez-vous ! Je vous ai déjà dit que mon beau-frère le fait tout le temps, et il est en parfaite santé… » Le quatrième feu est vert. Alors le chauffeur freine et s’arrête. – « Qu’est-ce qui vous prend ? dit la passager. Vous venez de griller trois feux rouges, et quand celui-là est au vert, vous vous arrêtez ? – Oh que oui ! Je me méfie ! Des fois qu’on croise mon beau-frère… »

Cette « blagounette » fait bien comprendre que (les commandements) les lois sont absolument nécessaires. Si je grille les feux rouges, je risque d’en subir les conséquences. Comme on dit aujourd’hui : « ça n‘ pardonne pas »…. ! André Frossard disait avec humour :« Quand chacun fera sa loi, on finira peut-être par regretter les Commandements qui n’étaient que dix. »

Mais les commandements ne font pas qu’éviter les ennuis. Les contraintes sont une source de liberté et de plus grande beauté. Le jour où un peintre n’est pas limité par sa toile ou par une surface déterminée, il est perdu. Le sculpteur doit respecter son chêne ou sa pierre pour faire une oeuvre. Quand la contrainte disparaît, cela donne n’importe quoi. Exemple le béton armé ! Vous faites ce que vous voulez avec le béton et vous perdez l’avantage formidable de la discipline, de la convention, de la règle qui, en fait, structurent l’esprit humain.

Mais il faut aller plus loin que la loi… Un monsieur que j’ai connu à plus de 80 ans, Henri, et qui était devenu un ami, me disait : « Vous savez, Père, on a été élevé dans une religion de codes : Grand A, Premièrement chiffre romain, alpha, petit a. Il m’a fallu passer d’un Dieu de crainte à un Dieu d’Amour. C’est autrement plus exigeant. Henri répétait souvent qu’il est plus difficile de suivre un Dieu d’Amour qu’un Dieu de crainte. On préfère avoir à obéir à un règlement qu’aimer un Père. Et il donnait cette image pleine d’humour : « Vous avez un feu vert. Vous passez. Vous avez un feu orange clignotant, vous passez mais vous ralentissez. Et si vous avez un feu rouge…. Eh bien vous allez voir le premier vicaire. »  Il voulait dire qu’avec un code, vous essaierez toujours de vous en tirer, de trouver des raisons de passer outre. « Mais face à un Dieu d’Amour, face au Dieu de l’Evangile, ce n’est plus sur l’interdit ou le possible, sur les arrangements ou les aménagements que vous avancez. C’est une histoire de cœur.  C’est la peur de blesser un ami. On ne peut pas faire le malin. »

En résumé, Dieu nous attend sur deux points. Appliquer la loi avec le plus d’intelligence et d’amour possible. Intelligence parce qu’il peut y avoir des lois civiles qui vont contre la volonté du Seigneur, contre l’évangile. Amour : on peut mettre beaucoup d’amour à mettre son clignotant quand on dépasse un véhicule sur une double voie. Cela veut dire : « Je tiens compte de vous » Et quand on se rabat : « Je vous salue. » On peut mettre beaucoup d’amour  à mettre en place les normes de Jeunesse et Sport pourtant fastidieuses pour organiser un camp. On peut payer ses impôts à contre cœur ; on peut aussi mettre beaucoup d’amour à les payer ; c’est accomplir un devoir de justice et de solidarité.

Mais il est bon d’aller plus loin que la Loi. Par exemple, on peut mettre beaucoup d’amour à accuser bonne réception de nos courriels immédiatement. Cela rassure celui ou celle qui nous l’a envoyé. Autre exemple, dans un héritage, j’ai droit au service en argent de ma grand-mère. J’y ai droit, le notaire me le redit. Mais je sais que ma cousine germaine, même si elle ne le dit pas, aimerait beaucoup ce souvenir qui lui rappelle des moments de grande complicité avec sa mamy qui l’a gardée pendant plusieurs années. Est-ce que le Seigneur ne me demande pas de le lui laisser ?

L’Amour de Dieu nous « oblige » au sens où l’on disait autrefois « Noblesse oblige ». Nous sommes ses obligés !

Les bonus : Où es-tu ma fille chérie ? le témoignage d’Alain