Mercredi 11 juin 2025 Yotas
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 5, 17-19) : «En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. Amen, je vous le dis : Avant que le ciel et la terre disparaissent, pas un seul iota, pas un seul trait ne disparaîtra de la Loi jusqu’à ce que tout se réalise. Donc, celui qui rejettera un seul de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire ainsi, sera déclaré le plus petit dans le royaume des Cieux. Mais celui qui les observera et les enseignera, celui-là sera déclaré grand dans le royaume des Cieux. »
« Pas un seul yota de la loi ne disparaitra ». Jésus nous invite à ne pas négliger les détails. Le cardinal François Marty disait : “Dans un livre il y a les minuscules et les majuscules. Si on enlève les majuscules on peut encore lire. Mais si on enlève les minuscules c’est impossible. Le Royaume de Dieu se construit d’abord avec les petites choses de nos vies…”, pas les grands exploits, les décisions qui font la une des journaux, mais la fidélité au quotidien, les actes d’héroïsme que personne ne saura jamais sauf Dieu.
On peut dire aussi qu’à bicyclette on ne tient debout qu’en avançant ; dans la foi on tient debout en aimant concrètement, en priant concrètement, en pratiquant concrètement. Les moines ont cette règle qui leur permet de traverser même les périodes de désert, même les périodes de doute au sujet de leur vocation : « Garde la Règle et la Règle te gardera ». M’appliquer aux détails auxquels mon devoir d’état me soumet me permet de tenir bon.
Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la sainte Face nous encourage avec cette confidence : « A l’extase, je préfère la monotonie du sacrifice”. Les yotas, cela peut paraître rébarbatifs, et pourtant Jésus nous attend là.
S’il fallait un encouragement par la négative, on dit que pour abattre un baobab, il y a deux solutions : la tronçonneuse ou les termites. Les termites ce sont les petits yotas que l’on néglige, que l’on regarde comme des broutilles. Ne pas les accomplir peut s’avérer catastrophique. On racontait autrefois qu’un marchand venait de conclure d’excellentes affaires à la foire. Désirant rentrer chez lui avant la tombée de la nuit, il attacha solidement sa bourse gonflée de pièces d’or à la selle de son cheval, l’éperonna et partit au galop. Vers midi il fit une première étape dans une ville. Il allait repartir quand un palefrenier attira son attention sur un petit détail : ” Monsieur il manque un clou au fer arrière gauche de votre cheval ! ” ” Laisse tomber, s’écria le marchand, cela tiendra encore les six lieues qui me restent à parcourir. Je suis pressé ! ” Au milieu de l’après-midi le marchand s’arrêta dans une auberge et fit donner une ration d’avoine à sa monture. Le valet qui s’occupait de l’écurie vint lui dire : ” Monsieur, il manque un fer à la patte arrière gauche de votre cheval. Si vous le souhaitez, je vais tout de suite lui en remettre un. ” ” Mais non, dit le marchand, je suis très pressé. la bête supportera bien les deux lieues qui restent à faire. ” Il remonta en selle et poursuivit son chemin. Mais peu après le cheval se mit à boiter. .. puis à vaciller… et tomba à terre. Sa patte était cassée. Contraint d’abandonner sa monture, le marchand chargea la bourse sur ses épaules et partit à pied. La nuit le surprit alors qu’il traversait une forêt lugubre et dangereuse. Deux malandrins le dépouillèrent de ses biens. Finalement, il arriva chez lui, courbatu et furieux. ” Tout cela à cause d’un malheureux clou ! ” conclut-il dépité ! Ce ne sont pas des chaînes qui maintiennent les liens entre époux, mais ces centaines de petits fils tissés jour après jour au fil des ans. Des filaments qu’un rien peut rompre ! Dans la précipitation, il nous arrive de casser l’un ou l’autre… jusqu’à ce que survienne la rupture.
Le Père Michel Quoist s’est rendu célèbre par son recueil de belles prières sur des sujets du quotidien et par son livre Réussir, une succession de beaux conseils à un adolescent. Il écrit ceci : L’amour n’est pas tout fait. Il se fait. Il n’est pas robe ou costume prêt à porter, mais pièce d’étoffe à tailler, à monter et à coudre. Il n’est pas appartement, livré clés en main, mais maison à concevoir, bâtir, entretenir, et souvent réparer. Il n’est pas sommet vaincu, mais départ de la vallée, escalades passionnantes, chutes douloureuses. Il n’est pas solide ancrage au port du bonheur, mais levée d’ancre et voyage en pleine mer, dans la brise ou la tempête. Il n’est pas OUI triomphant, énorme point final qu’on écrit en musique, au milieu des sourires et des bravos, mais il est multitude de “oui” qui pointillent la vie, parmi une multitude de “non” qu’on efface en marchant. Il n’est pas brusque apparition de vie nouvelle, parfaite dès sa naissance, mais jaillissement de source et long trajet de fleuve aux multiples méandres asséché quelquefois, débordant d’autres fois, mais toujours cheminant vers la mer infinie.
La fidélité n’est pas toute faite, comme l’amour elle se fait, car elle en est l’indissoluble compagne. Ainsi, être fidèle, vois-tu, ce n’est pas : Ne pas s’égarer, ne pas se perdre, ne pas tomber. C’est : toujours se relever et toujours marcher. C’est vouloir poursuivre jusqu’au bout le projet
ensemble préparé, librement décidé. C’est faire confiance à l’autre, au-delà des ombres et des nuits, C’est se soutenir mutuellement, au-delà des chutes et des blessures. C’est avoir foi en l’AMOUR tout-puissant, au-delà de l’amour.
Les bonus : RIEN n’égale la charité de l’Église – Documentaire