Mercredi 10 juillet 2024 L’un des Douze

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 10, 1-7) : «En ce temps-là,  Jésus appela ses douze disciples et leur donna le pouvoir d’expulser les esprits impurs et de guérir toute maladie et toute infirmité. Voici les noms des douze Apôtres : le premier, Simon, nommé Pierre ; André son frère ; Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère ; Philippe et Barthélemy ; Thomas et Matthieu le publicain ; Jacques, fils d’Alphée, et Thaddée ; Simon le Zélote et Judas l’Iscariote, celui-là même qui le livra. Ces douze, Jésus les envoya en mission avec les instructions suivantes : « Ne prenez pas le chemin qui mène vers les nations païennes et n’entrez dans aucune ville des Samaritains. Allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël. Sur votre route, proclamez que le royaume des Cieux est tout proche. »

Pourquoi les évangélistes ont-ils pris la peine de nous donner les noms des douze Apôtres ?

Parce que c’est le propre du christianisme de nous révéler que chacun est une personne, et pas un individu, encore moins un dossier, un numéro anonyme.

Ce qui nous frappe quand nous apprenons des  tragédies comme un raz de marée en Asie, ou un tremblement de terre à Haïti, c’est l’annonce du nombre de morts. On nous  parle d’abord de huit mille morts, puis de vingt cinq mille, puis on dit quarante mille, quatre-vingt mille, deux cent mille. Mais a-t-on assez parlé du combat de chacun pour la vie, du poids de la vie de chacun avec ses ombres et ses lumières, son désir de vivre et ses lâcher-prises, de l’unicité de chacun ?

Il y a un humoriste, qui a eu ses heures de gloire en imitant le Général de Gaulle, qui s’est converti au moment de la mort de son père. A partir de cet événement à la fois douloureux et heureux de par la grâce de conversion, il mettait ses talents de comédien au service de sa foi retrouvée. Henri Tisot dit : « Dieu ne sait compter que jusqu’à un. » Ce n’est pas tout à fait vrai puisque le Seigneur nous sauve en nous insérant dans une famille, dans un Peuple ; mais on voit ce qu’il veut dire ; tout part de là, de cette conscience aiguë que Dieu m’aime personnellement, que j’ai cette dignité incroyable d’être aimé de Dieu.

Cette crise que l’on voit aujourd’hui, cette culture de mort, selon l’expression percutante de saint Jean Paul II, ne doit pas nous impressionner. Ce monde est aimé infiniment par Dieu. Chaque être qu’il le sache ou non est aimé infiniment par le Seigneur. A la fin d’une semaine de retraite spirituelle, chacun des deux cent vingt cinq retraitants était invité à dire ce qu’il avait découvert. Un jeune a dit : « Je suis venu à cette retraite K.O. dans tous les sens du terme. J’en repars O.K. » Un autre a dit : « J’ai compris pendant cette semaine que pour le Seigneur, je suis le nombril du monde. Seigneur, je te prie pour les huit milliards de nombrils qui peuplent cette planète. » Je suis aimé par le Seigneur ! De savoir cela, ça chasse de nos cœurs bien des agressivités, des jalousies, des rancœurs, des violences.

A la fin de chaque messe, mais aussi des célébrations de mariages des Baptêmes et des Offices liturgiques, le prêtre nous bénit. Qu’apporte une bénédiction ? Le Saint Père, à Pâques bénit « Urbi et Orbi ».

Vous savez que lorsque nous nous confessons, il est bien de commencer en disant : « Père, bénissez-moi parce que j’ai péché. » C’est assez merveilleux que l’Eglise nous fasse demander au prêtre de nous bénir alors que logiquement, c’est : « Père punissez-moi » qu’il faudrait dire, puisque nous venons avouer nos fautes contre Dieu et contre mes frères.

Une petite fille avait bien compris que c’était bien de faire cette entrée en matière. Elle s’appliquait de tout son cœur, mais une fois devant le prêtre, un peu émue, elle a confondu avec une autre prière et elle a dit : « Père, bénissez-moi… entre toutes les femmes » ! C’était sans doute un coup du Saint Esprit. Parce qu’une bénédiction a d’abord pour but de rappeler à chacun son unicité aux yeux de Dieu. Bénédiction cela signifie étymologiquement : « dire du bien ». C’est très important pour chacun d’entendre que Dieu dit du bien de lui, que Dieu nous veut du bien, que Dieu ne veut que notre bien. Mais Dieu « cause en causant ». Ses dires sont efficaces. Quand il parle, il se communique. Il infuse la bonté et le bien en nous.

Dans un de ses livres le Père Stan Rougier écrit ce témoignage très personnel : « Je revois le petit enfant que j’étais à huit ans, bête, pataud, superflu. Je me croyais né par erreur, incapable d’inspirer un intérêt quelconque, de trop ! Et l’on m’annonça que le Créateur venait me rendre visite. En sortant de l’église, ce matin de printemps, je pus marcher la tête haute. Cette première communion fut pour moi un « permis d’exister ». Victor Hugo fait dire à Ruy Blas : « Je suis plus que le roi puisque la reine m’aime. » Il y avait là bien plus que toutes les reines. C’est Dieu qui m’aimait. L’eucharistie ! Mystère tellement fabuleux ! Merveille qui nous coupe le souffle et nous laisse balbutiants, sans voix, aveuglés comme la chouette par trop de lumière. Je ne m’étonne pas qu’en France dix pour cent seulement des catholiques aillent à la messe. « Ce message est trop fort, qui peut l’entendre ? » disaient déjà les disciples à l’annonce du  « pain de vie ». Dieu se donne à chacun en nourriture. Les Douze ont été les premiers à savoir que dans la collection du Seigneur, chacun est une perle rare, une pièce unique, irremplaçable.

Les bonus : Ce qui est extraordinaire dans le christianisme… ???? (youtube.com)