Lundi 10 février 2025 guérisons
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 6, 53-56) : « En ce temps-là, après la traversée, abordant à Génésareth Jésus et ses disciples accostèrent. Ils sortirent de la barque, et aussitôt les gens reconnurent Jésus : ils parcoururent toute la région, et se mirent à apporter les malades sur des brancards là où l’on apprenait que Jésus se trouvait. Et dans tous les endroits où il se rendait, dans les villages, les villes ou les campagnes, on déposait les infirmes sur les places. Ils le suppliaient de leur laisser toucher ne serait-ce que la frange de son manteau. Et tous ceux qui la touchèrent étaient sauvés. »
Mgr Jean Rodhain, on le sait, est le fondateur du Secours Catholique. Pendant la guerre de 39-45 il envoyait des valises-chapelles aux prêtres retenus prisonniers en Allemagne. Au sortir de la guerre, il y avait tellement de misère que son oeuvre a un peu changé d’objectifs. La misère persistant, son œuvre s’est perrenisée. Aujourd’hui le Secours Catholique ayant acquis une expertise étonnante accomplit une Œuvre merveilleuse.Mgr Rodhain était aussi une plume. Il publiait des éditos qui ont été édités dans plusieurs livres au titre évocateur : Charité à géométrie variable (éditions S.O.S., Desclée de Brower, Paris 1969) Pages 125-128, on trouve ces lignes :
« Si le Christ revenait? Il continuerait.
Vous me dites ce qu’Il a fait, mais veuillez un instant, pour une fois, dresser le bilan de ce que le Christ n’a pas fait.
En trois ans de Galilée, Il a guéri trois paralytiques. Admettons que les Évangélistes n’aient pas donné le détail complet, et supposons douze guéris. Mais dans cette époque sans hospices, Il a trébuché dans les ruelles de Jérusalem sur des centaines de grabats. Sur les routes de Samarie, le Christ a croisé des milliers de paralytiques. Il aurait pu aussi, d’un mot, les guérir un par un. Il ne l’a pas fait.
L’aveugle‑né, pour le guérir, Notre‑Seigneur a mélangé de la boue avec de la salive. Il aurait pu employer de la pénicilline, en dévoiler la formule. Avec ce médicament révélé, quel gain pour des millions de malades qui, sans lui, ont dû souffrir jusqu’au XXe siècle. Quel adoucissement pour l’humanité souffrante : une phrase suffisait. Ce geste, Il aurait pu le faire. Il ne l’a pas fait.
Le Christ aurait pu écrire un livre. Quel écrivain unique Il aurait été! Quel texte précieux pour l’humanité! De sa propre main, le Verbe aurait pu écrire au moins une page, une phrase. Quelle incomparable relique! On viendrait visiter, du monde entier, la vitrine où serait exposé le parchemin avec l’écriture même du Seigneur Jésus. Il aurait pu écrire un volume indiscutable, un texte indiscuté des exégètes. Il ne l’a pas fait.
Il a parlé pendant trois ans. Pourquoi pas six ou neuf ans? Au lieu d’envoyer Pierre et Paul à Rome, pour un séjour dont nous savons si peu, Il aurait pu faire le voyage Lui‑même, entrer au Palatin, dialoguer avec César, implanter Lui‑même son Église au cœur même de cet Empire Romain. Cela gagnait des siècles à l’Église et cela lui gagnait à Lui‑même des âmes par millions. Il aurait pu le faire. Il ne l’a pas fait.
Mais je tiens à ma méditation sur « ce que le Christ n’a pas fait » parce que je pense au vertige de tant d’âmes authentiquement charitables : justement, parce qu’elles voient mieux la misère du monde, elles risquent de céder au découragement dès qu’elles font le bilan, le maigre bilan de leurs réalisations.
Le responsable national ou international d’une entreprise charitable, le délégué diocésain ou le représentant très local d’une œuvre secourable sont à la merci de ce vertige. La fin de l’année, la simple lecture des nouvelles du monde entier ou l’examen clair de sa propre conscience provoquent ce bilan et cet effroi. Devant les gigantesques statistiques de la famine, du froid, de la misère publique ou secrète, de l’esclavage nommé ou déguisé, que l’aveu de nos bilans personnels conduise à se donner plus, mais qu’il ne paralyse point.
Méditons sur les quelques miracles de l’Évangile, bien sûr. Sur tout ce que le Seigneur a fait. Mais aussi, je vous prie, sur ce qu’Il aurait pu faire et qu’Il n’a pas fait.
Du travail, oui, mais à l’échelle de nos humaines dimensions : ne pas vouloir tout faire… »
Pour ne pas se décourager, Jésus voyait une personne à la fois. Bien sûr il était en butte à la fatigue physique, à la lenteur à comprendre de ses apôtres, à l’opposition des pharisiens, à la perversité de certains qui essayaient de le piéger, à l’incompréhension de sa famille. Mais il voyait Zachée qui en acceptant de descendre de son arbre avait trouvé le Salut, la samaritaine, qui, en acceptant de converser avec lui, avait trouvé la joie, Marie-Madeleine qui avait accepté sa prière de libération, Bartimée qui ne s’était pas laissé décourager par la foule et à qui il avait permis de recouvrer la vue, Nicodème qui venait le consulter de nuit. Jésus ne savait compter que jusqu’à un. Que ce soit aussi notre grâce.
Les bonus : Little Friends Have Melting Moments With Animals