Samedi 15 juin 2024 Oui si c’est oui
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 5, 33-37) : « En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Vous avez encore appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne manqueras pas à tes serments, mais tu t’acquitteras de tes serments envers le Seigneur. Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas jurer du tout, ni par le ciel, car c’est le trône de Dieu, ni par la terre, car elle est son marchepied, ni par Jérusalem, car elle est la Ville du grand Roi. Et ne jure pas non plus sur ta tête, parce que tu ne peux pas rendre un seul de tes cheveux blanc ou noir. Que votre parole soit “oui”, si c’est “oui”, “non”, si c’est “non”. Ce qui est en plus vient du Mauvais. »
A la fin de notre vie, nous paraîtrons devant le Seigneur. Il nous posera la question : Veux-tu être avec moi pour toujours ? Il faudra répondre « Oui ». Ce oui éternel se prépare durant toute notre vie. Où en suis-je de mon « Oui » ? C’est un mot qui revient souvent dans nos journées Il y a le « oui » tranquille de l’affirmation vraie et sans hésitation. Vous avez appelé Untel ? « Oui ». Il y a le « oui » exclamatif qui ne cache pas sa joie : ça vous dirait un pèlerinage à Rome ? « Ouiiii » ! Il y a le « oui » douteux qui se dédouble, pour faire semblant d’être un vrai consentement. Vous avez appelé Untel ? « Oui oui, je le fais tout de suite ». Il y a le « oui » qui veut dire « non ». Vous penserez à répondre à Machin qui se plaint de n’avoir toujours pas reçu de réponse de votre part ? « Mais oui, je m’en occupe. » C’est le « oui cause toujours ». Il y a des « oui » de tendresse, voire plus si affinités. Des « oui » solennels, sacramentels, que la foule émue guette dans les églises ou les salles de mariage quand les mères écrasent des larmes. Il y a la rubrique Carnet blanc de la presse locale : Marcel et Germaine se sont dit oui. Il y a le « oui » ironique, donneur de leçons : « Oui, bravo ! Eh bien maintenant il ne te reste plus qu’à ramasser les morceaux ». Il y a le « oui » triomphal du coup gagnant, souvent traduit aujourd’hui par un « yes » de conquérant. Et le « oui » pâteux, mollasson, sans conviction, extorqué, qui se prononce « mouaais ». Celui-là se rapproche dangereusement du « non » . Il y a le oui facile à dire mais pas facile à tenir. Un jeune amoureux écrivait à sa petite copine : et dans cette lettre il mettait tout son cœur et le maximum de poésie : « Ma chérie, je t’aime. Je t’aime tellement ! Pour toi je traverserais les torrents les plus impétueux, j’escaladerais les rochers les plus vertigineux, je braverais toutes les tempêtes Et il continuait ainsi, tout aussi lyrique. Puis il concluait : « Bon, alors, je te dis à dimanche s’il ne pleut pas. » ! »
Tous les enfants ont un passage où ils ne savent que dire « non ». Ils s’opposent en espérant retrouver la toute-puissance qu’ils avaient tout bébé quand on n’osait rien leur refuser. Tu veux aller te promener ? « non » Tu veux manger ? « non » Tu veux aller te coucher ? « non » Tu veux rester éveillé ? « non ». En grandissant, on devient plus filou. On ne s’oppose pas franchement mais on fait la sourde oreille, on répond « oui attends, attends ». Quand on a terminé le repas, on sait très bien qu’il faut lever le couvert, passer la balayette et l’éponge, donner un coup de balai, ranger les assiettes sales dans le lave-vaisselle. Quand chacun s’y met, c’est vite fait. Mais moi j’ai trouvé l’astuce : dès que le repas est terminé, je vais dans un petit endroit. Sur la porte il y a écrit « toilettes ». Là j’attends tranquillement.
Ce n’est pas facile de dire oui. Cela demande du courage, de la persévérance, de la fidélité, de l’humilité, et ce qu’on appelle du discernement. Discerner, cela veut dire réfléchir, chercher, se creuser la tête. Jésus a accompli lui-même ce qu’il nous demande : Que votre oui soit oui, que votre non soit non (Mt 5,37). Saint Paul nous dit : Jésus n’a pas été oui et non Il n’y a eu que oui en lui (2Co1,19) Tout Jésus se résume en « Oui Père ». Pour cela il lui a fallu dire non aux solutions de facilités de transformer des pierres en pain, de sauter du sommet du temple sans parachute ou de prendre un pouvoir international. C’eut été pourtant pour la bonne cause Il a dit non à Pierre quand celui-ci a sorti l’épée. La vie de Jésus c’est le « oui Père » de plus en plus libre, de plus en plus clair, de plus en plus ferme. Et saint Paul nous dit « C’est par lui que nous disons notre oui à Dieu pour sa gloire » (2Co1,20).
Les bonus: Bonne Nouvelle, je ne maîtrise rien ! (youtube.com)